Contenus

Prévention de la transmission de l’hépatite C durant les relations sexuelles

Points essentiels

  • Le risque de transmission de l’hépatite C durant les relations sexuelles est très faible. Cependant, la transmission est possible dans certaines circonstances. On estime généralement que le risque de transmission de l’hépatite C par voie sexuelle est beaucoup plus faible qu’en cas de partage d’articles servant à l’injection de drogues.
  • Des cas de transmission de l’hépatite C par voie sexuelle ont été signalés chez des hommes gais, bisexuels et des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, en particulier ceux vivant avec le VIH et certains hommes séronégatifs quant au VIH présentant certains facteurs de risque et prenant une prophylaxie pré-exposition (PrEP; plus de précisions ci-dessous).
  • L’hépatite C se transmet par contact de sang à sang. Par conséquent, les relations sexuelles dans lesquelles il y a présence de sang (même s’il n’est pas visible) peuvent donner lieu à la transmission de l’hépatite C. Celle-ci peut s’effectuer par de petites coupures, éraflures ou déchirures de la peau ou de la muqueuse délicate (paroi humide qui tapisse certaines parties corporelles) de l’anus, du rectum et des organes génitaux.
  • Certains facteurs ont été associés à un risque accru de transmission de l’hépatite C, comme l’utilisation de drogues avant ou pendant les relations sexuelles et, dans une moindre mesure, la présence d’une infection transmissible sexuellement, les relations sexuelles anales non protégées par un condom, la multiplicité des partenaires sexuels, la pénétration par le poing sans gant, les relations sexuelles en groupe, les jeux sexuels qui provoquent des déchirures de la peau (p. ex., certains jeux de type « bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme » ou BDSM), le partage des jouets sexuels, l’utilisation d’un lubrifiant provenant du même flacon par plus d’une personne et les lavements.
  • Le risque de transmission sexuelle de l’hépatite C entre partenaires hétérosexuels ayant une relation exclusive est très faible.

D’une manière générale, le risque de transmission de l’hépatite C durant les relations sexuelles est très bas. Toutefois, certains facteurs peuvent faire augmenter le risque, notamment certaines activités sexuelles où le contact de sang à sang est plus susceptible de se produire.

Vous trouverez ici de l’information sur les progrès de la recherche concernant la transmission sexuelle de l’hépatite C, les facteurs liés à la transmission de l’hépatite C durant les relations sexuelles, et les stratégies de prévention contre ce type de transmission.

Préoccupation croissante concernant la transmission sexuelle de l’hépatite C dans certaines populations

Hommes gais, bisexuels et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes

De nombreuses années après la découverte de l’hépatite C, on ignorait encore tout de la transmission sexuelle du virus. Puis, au début des années 2000, des éclosions d’hépatite C ont été signalées lors d’études menées auprès d’hommes gais, bisexuels et des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (hommes gbHARSAH)1 vivant avec le VIH. Étant donné que la majorité des hommes ayant participé à ces études n’ont pas signalé de facteurs de risque habituels de transmission par voie sanguine, tels que l’utilisation de drogues injectables ou un éventuel traitement médical ou dentaire, on en a déduit que l’hépatite C pouvait se transmettre par voie sexuelle chez les hommes gbHARSAH vivant avec le VIH.

Plus récemment, on a rapporté des cas d’infection par l’hépatite C contractée par voie sexuelle chez certains hommes gbHARSAH séronégatifs quant au VIH, notamment ceux qui prenaient une prophylaxie pré-exposition (PrEP) pour prévenir l’infection par le VIH. Le rôle de la PrEP dans la transmission de l’hépatite C n’est pas encore bien élucidé. Le dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), y compris l’hépatite C, fait partie des soins courants offerts aux personnes prenant une PrEP. De ce fait, les hommes gbHARSAH qui prennent une PrEP sont plus susceptibles de se rendre compte qu’ils ont contracté le virus de l’hépatite C grâce à des dépistages réguliers, ce qui peut accélérer le diagnostic, l’accès aux soins et le traitement. Contrairement à ce que l’on observe dans les études portant sur les hommes gbHARSAH vivant avec le VIH, dans le cadre des études portant sur les hommes gbHARSAH séronégatifs prenant une PrEP, l’utilisation de drogues est souvent établie comme un facteur contribuant à l’infection par le virus de l’hépatite C, notamment par le biais du « party and play ». Par conséquent, on ne sait pas si le risque est élevé en l’absence d’utilisation de drogues.

Personnes hétérosexuelles

À la différence des hommes gbHARSAH, rien ne prouve que la transmission sexuelle de l’hépatite C soit matière à préoccupation chez les personnes hétérosexuelles. D’après les résultats des études concernant les couples hétérosexuels ayant une relation exclusive et où l’un des partenaires a contracté l’hépatite C, le risque de transmission sexuelle de l’hépatite C est très faible ou négligeable. Parmi les couples hétérosexuels monogames, le risque estimé de transmission sexuelle de l’hépatite C représente au plus un cas sur 190 000 contacts sexuels. Dans le cadre de cette vaste étude, environ un tiers des couples ont déclaré avoir déjà eu des relations sexuelles anales sans condom; aucune activité sexuelle particulière n’a été associée à la transmission sexuelle de l’hépatite C. Néanmoins, les facteurs qui accroissent le risque de transmission sexuelle de l’hépatite C chez les hommes gbHARSAH (voir les deux rubriques suivantes) peuvent également avoir les mêmes effets chez les personnes hétérosexuelles.

Autres populations

La plupart des recherches sur la transmission sexuelle de l’hépatite C ont porté sur des hommes gbHARSAH cisgenres et des couples hétérosexuels cisgenres monogames. Les recherches concernant les autres populations, ou le degré d’applicabilité de ces données à d’autres populations telles que les personnes trans, sont limitées. D’autres études doivent être menées afin de mieux cerner la transmission sexuelle de l’hépatite C parmi d’autres populations.

Comment se produit la transmission sexuelle de l’hépatite C

Le mode de transmission de l’hépatite C par voie sexuelle n’est pas aussi bien élucidé que celui qui opère par d’autres voies de transmission, comme l’utilisation de drogues injectables, et fait encore l’objet d’études. Le risque de transmission de l’hépatite C par voie sexuelle est considéré comme faible par rapport au risque associé à l’utilisation de drogues injectables.

Il est très bien établi que l’hépatite C peut se transmettre par contact de sang à sang. Par conséquent, le risque de transmission de l’hépatite C par voie sexuelle augmente en présence de sang, même lorsque le sang n’est pas visible. La transmission peut s’effectuer par de minuscules coupures, éraflures ou déchirures de la peau ou de la muqueuse délicate (paroi humide qui tapisse certaines parties corporelles) de l’anus, du rectum et des organes génitaux.

On en sait moins sur le risque de transmission de l’hépatite C par les liquides génitaux et rectaux. Des recherches ont permis de montrer que le virus de l’hépatite C peut être présent en quantité suffisante dans le liquide séminal pour provoquer une éventuelle transmission de l’hépatite C. D’après les résultats de certaines études, l’exposition au sperme peut constituer un risque de transmission lorsque d’autres facteurs de risque connus sont absents, comme le sang, des lésions de la peau ou des muqueuses, ou l’utilisation partagée d’articles servant à l’utilisation de drogues. Des études récentes ont également permis d’établir que le liquide rectal peut contenir une quantité suffisante de virus de l’hépatite C pour entraîner une éventuelle transmission de cette maladie. Ces recherches n’ont porté que sur de petites cohortes, généralement des hommes co-infectés par le VIH et l’hépatite C, et cette question doit être approfondie.

Dans la plupart des études sur la transmission sexuelle de l’hépatite C, de nombreux et divers facteurs susceptibles de contribuer au risque sont entrés en jeu. Jusqu’à présent, les recherches se sont généralement concentrées sur les hommes gbHARSAH, car il est établi que l’hépatite C peut se transmettre par voie sexuelle anale dans cette population.

Facteurs associés à la transmission sexuelle de l’hépatite C

  • Infections transmissibles sexuellement (ITS) : La présence d’ITS qui provoquent une inflammation, des ulcères ou des plaies (comme l’herpès et la syphilis) peut faire augmenter le risque de transmission sexuelle, car ces plaies peuvent constituer une voie d’entrée pour le virus de l’hépatite C.
  • Relations sexuelles anales non protégées par un condom : Les relations sexuelles anales peuvent irriter ou endommager la délicate muqueuse de l’anus, du rectum et du pénis, ce qui augmente le risque de présence de sang ou de petites coupures ou éraflures de la peau ou de la muqueuse. La multiplicité des partenaires sexuels fait augmenter le risque de transmission sexuelle de l’hépatite C puisque la probabilité de relations sexuelles avec une personne porteuse du virus de l’hépatite C est supérieure.
  • Autres activités où la présence de sang est possible :
    • Le « fisting » ou pénétration du poing (qui consiste à introduire la main dans l’anus ou le vagin) sans gant
    • Les relations sexuelles en groupe
    • Les jeux sexuels pouvant occasionner des éraflures cutanées (p. ex. certains jeux de type « BDSM »)
    • Le partage de jouets sexuels
    • L’utilisation d’un lubrifiant provenant du même flacon par plus d’une personne
    • Les lavements

Autres facteurs ayant une incidence sur la transmission de l’hépatite C durant les relations sexuelles entre hommes gbHARSAH

Des recherches sont en cours afin de déterminer les nombreux facteurs susceptibles de contribuer à l’augmentation des taux de transmission de l’hépatite C chez certains hommes gbHARSAH. Les facteurs suivants ont été associés à un risque accru de transmission de l’hépatite C durant les relations sexuelles entres hommes gbHARSAH.

Utilisation de drogues avant ou pendant les relations sexuelles

Il arrive que certaines drogues soient utilisées avant ou pendant les relations sexuelles pour augmenter l’excitation, faciliter la désinhibition et améliorer ou prolonger les activités sexuelles. Dans certains contextes, on parle de « party and play » (« PnP ») ou de chemsex. Le PnP peut impliquer de multiples méthodes d’utilisation de drogues telles que l’injection, l’inhalation, le sniffage ou la projection de drogues dissoutes dans le rectum (qu’on appelle aussi « booty bumping » ou « boofing »). L’utilisation de drogues injectables peut également avoir une incidence sur les pratiques sexuelles et peut donner lieu à des types de relations sexuelles où la présence de sang est plus probable, comme les relations sexuelles prolongées ou les relations sexuelles en groupe.

Il est établi que l’utilisation active ou passée de drogues injectables est l’un des principaux facteurs contribuant à la plus forte incidence d’infections par l’hépatite C parmi les hommes gbHARSAH. D’autres types d’utilisation de drogues peuvent également favoriser la transmission de l’hépatite C, notamment le fait de fumer ou de sniffer des drogues. L’utilisation de drogues pendant les relations sexuelles – et le partage d’articles servant à l’utilisation de drogues – rend difficile à déterminer si la transmission de l’hépatite C est liée aux relations sexuelles ou au partage des articles en question.

Statut sérologique quant au VIH

Bien que les antécédents d’utilisation de drogues injectables soient le principal facteur contributif des infections par l’hépatite C chez les hommes gbHARSAH, la séropositivité quant au VIH est également associée à une prévalence plus élevée de l’hépatite C dans cette population. Les raisons de ce phénomène font encore l’objet de recherches; il peut s’agir de facteurs biologiques tels que la détérioration de la muqueuse rectale liée à l’infection par le VIH, qui peut faciliter le passage du virus de l’hépatite C lors de relations sexuelles anales réceptives, ou l’affaiblissement du système immunitaire (dans le cas d’une infection par le VIH non traitée).

En raison des taux élevés de VIH chez les hommes gbHARSAH, les efforts de prévention auprès de cette population se sont habituellement concentrés sur la prévention de la transmission sexuelle du VIH. Il existe désormais des méthodes de prévention du VIH très efficaces qui ne reposent pas sur l’utilisation du condom, comme l’obtention et le maintien d’une charge virale indétectable (« indétectable égale intransmissible » ou « I=I ») par les personnes séropositives pour le VIH, ou le recours à la PrEP par les personnes séronégatives pour le VIH. Cela dit, ces méthodes ne permettent pas de prévenir la transmission par voie sexuelle d’autres infections, comme l’hépatite C.

Au Canada, la prévalence de l’hépatite C chez les hommes gbHARSAH séronégatifs pour le VIH est plus élevée que dans la population générale. De nouveaux cas d’hépatite C ont été signalés au sein de ce groupe, en particulier chez les hommes gbHARSAH qui utilisent la PrEP pour prévenir l’infection par le VIH, bien que le rôle de la PrEP dans la transmission de l’hépatite C ne soit pas bien compris. Il est possible par ailleurs que, puisque le dépistage des ITSS, y compris l’hépatite C, fait partie des soins courants offerts aux personnes recevant une PrEP, les hommes gbHARSAH qui prennent la PrEP soient plus susceptibles de se rendre compte qu’ils ont contracté l’hépatite C par le biais des dépistages périodiques.

Stratégies visant à réduire la transmission de l’hépatite C qui survient lors des relations sexuelles

L’intégration du dépistage de l’hépatite C dans les services de santé sexuelle périodiques et ciblés permettrait de mieux être au fait de l’état sérologique quant à l’hépatite C et de favoriser le dépistage, de même que l’accès aux soins et au traitement. Le dépistage précoce d’une infection par le virus de l’hépatite C et l’arrimage aux soins et au traitement visant à guérir l’hépatite C permettent de réduire les probabilités de lésions hépatiques et de transmission ultérieure du virus.

Les lignes directrices canadiennes en matière de PrEP recommandent que les hommes gbHARSAH recevant une PrEP passent un test annuel de dépistage de l’hépatite C dans le cadre du dépistage systématique des ITSS.

Les hommes gbHARSAH doivent être davantage sensibilisés à la transmission de l’hépatite C par voie sexuelle. Il faut expliquer aux hommes gbHARSAH les facteurs susceptibles de contribuer au risque de transmission de l’hépatite C par voie sexuelle, ainsi que les stratégies de prévention. La stigmatisation liée aux pratiques sexuelles et à l’utilisation de drogues des hommes gbHARSAH peut faire barrière à l’accès à l’information sur la transmission de l’hépatite C pendant les relations sexuelles, et à d’autres services ayant trait aux pratiques sexuelles plus sécuritaires, à la réduction des méfaits et au dépistage et au traitement de l’hépatite C. Ces services doivent être proposés dans des milieux exempts de stigmatisation, tenant compte des traumatismes, culturellement sûrs et adaptés aux besoins des populations concernées.

Dans le cas des personnes qui ont déjà contracté l’hépatite C dans le passé et dont l’infection s’est spontanément résorbée ou qui ont été guéries par un traitement, il convient d’offrir de l’information sur la réinfection par l’hépatite C, les stratégies de prévention et les voies d’accès aux tests de dépistage périodiques d’une réinfection. Si un client présente une réinfection par l’hépatite C, il doit pouvoir bénéficier d’un traitement visant à guérir l’infection.

Les pratiques sexuelles plus sécuritaires sont un moyen efficace de prévenir la transmission de l’hépatite C et d’autres ITSS, notamment l’infection par le VIH. L’utilisation de méthodes de protection comme les condoms ou les gants permet de réduire les risques de contact de sang à sang. D’autres pratiques sexuelles plus sécuritaires consistent à appliquer régulièrement du lubrifiant pendant les relations sexuelles prolongées, à utiliser du lubrifiant provenant d’un flacon personnel (c.-à-d. non partagé) et à utiliser des accessoires stériles et non partagés pour les activités rendant la présence de sang plus probable pendant les relations sexuelles (p. ex. jouets sexuels, équipement de « BDSM »).

Des pratiques d’utilisation de drogues plus sécuritaires, y compris l’utilisation de drogues plus sécuritaires dans le cadre de relations sexuelles, sont un moyen efficace de prévenir la transmission de l’hépatite C. Dans le cas des drogues injectables, cela implique l’utilisation systématique d’articles neufs, y compris les aiguilles, les seringues, les filtres, l’eau et les stéricups, à chaque injection. Dans le cas des drogues à fumer, cela implique l’utilisation d’une pipe ou d’un tube et d’un embout buccal à usage personnel et non commun. En ce qui concerne les drogues à sniffer, cela implique l’utilisation de papier roulé ou de pailles à usage personnel et non commun. Dans le cas du « booty bumping » ou du « boofing » (pratique consistant à projeter des drogues dissoutes dans le rectum), il s’agit d’utiliser du lubrifiant provenant d’un flacon personnel (c.-à-d. non partagé), de l’eau stérile, un flacon personnel pour dissoudre et mélanger les drogues dans l’eau stérile, et une seringue sans aiguille ou un applicateur de lubrifiant à usage personnel et non commun.

Remarque :

  1. Dans la mesure où l’information ici présentée correspond à des données épidémiologiques, nous avons choisi un langage conforme aux publications scientifiques actuelles (p. ex. hommes gbHARSAH). Nous reconnaissons que cela ne rend pas compte de la diversité des expériences, des identités, des relations et des pratiques sexuelles des personnes susceptibles de bénéficier de ces connaissances.

Ressources à l’intention des prestataires de services

Ressources à l’intention des client·e·s

 

Révisé en 2022.