Reprise de la mise au point du lénacapavir

Le lénacapavir est un médicament expérimental que l’on met au point pour les usages suivants, entre autres possibilités :

  • traitement d’association pour les personnes porteuses d’un VIH multirésistant (qui résiste à plusieurs médicaments différents)
  • réduction du risque de contracter le VIH

À propos du lénacapavir

Le lénacapavir est différent de tous les autres médicaments approuvés pour le traitement du VIH. Il appartient à une nouvelle classe de médicaments appelés inhibiteurs de la capside. Les médicaments de cette classe ont pour cible les protéines de capside.

Voici une description du rôle que jouent les protéines de capside dans l’infection au VIH :

Lorsque le VIH entre dans une cellule, la protéine de capside lui sert de coquille afin de protéger son matériel génétique contre les détecteurs de virus et le système de défense de la cellule. La capside facilite également le transport du matériel génétique du virus vers le centre de contrôle de la cellule, c’est-à-dire son noyau. À mesure qu’elle s’approche du noyau, la capside libère le matériel génétique du VIH afin qu’il puisse s’insérer dans le matériel génétique de la cellule. D’ordinaire, une fois cette insertion accomplie, le VIH s’empare du contrôle de la cellule et oblige celle-ci à devenir une mini-usine à virus. La cellule infectée produit ensuite de nouvelles copies du VIH.

Si la protéine de capside est absente ou défectueuse, le VIH est incapable d’infecter une cellule cible.

Lénacapavir

Le lénacapavir (anciennement GS-6207) est le premier inhibiteur de la capside mis au point pour combattre le VIH. Il en est actuellement aux essais cliniques de phase III, où il fait partie d’un traitement expérimental destiné aux personnes porteuses de souches multirésistantes du VIH. Il est également à l’étude dans d’autres essais cliniques à titre de traitement préventif contre le VIH.

Le lénacapavir est offert en deux formulations : un comprimé et un liquide. Les personnes qui commencent le traitement reçoivent en premier le comprimé. Cela permet d’établir des concentrations élevées de lénacapavir dans le sang. Après deux semaines, les gens peuvent décider s’ils veulent continuer à prendre le lénacapavir oral ou s’ils veulent passer à la version liquide, laquelle est injectée sous la peau (injection sous-cutanée). Si la poursuite du traitement oral est choisie, les patient·e·s peuvent réduire la fréquence des prises à une fois par semaine parce que le médicament aura atteint une concentration élevée. En ce qui concerne la formulation liquide, une fois l’injection faite, le lénacapavir est libéré graduellement dans la circulation. Notons aussi que le lénacapavir a été conçu pour se dégrader lentement. Grâce à ces deux propriétés, soit la libération graduelle à partir du tissu sous-cutané et la lente dégradation, il suffit d’injecter le lénacapavir une fois tous les six mois seulement.

Arrêt temporaire

En décembre 2021, on a mis fin à des essais de lénacapavir injectable à cause d’un problème se rapportant aux fioles de verre utilisées pour contenir le liquide. Il semble que, dans certains cas, de minuscules particules de verre soient entrées dans la solution de lénacapavir.

La compagnie Gilead a enquêté sur le problème et modifié la fabrication des fioles. La Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a autorisé depuis la reprise des essais cliniques du lénacapavir injectable.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Segal-Maurer S, DeJesus E, Stellbrink HJ et al. Capsid inhibition with lenacapavir in multidrug-resistant HIV-1 infection. New England Journal of Medicine. 2022 May 12;386(19):1793-1803.
  2. Marrazzo J. Lenacapavir for HIV-1 – Potential promise of a long-acting antiretroviral drug. New England Journal of Medicine. 2022 May 12;386(19):1848-1849. 
  3. Gilead Sciences. FDA Lifts Clinical Hold on Investigational Lenacapavir for the Treatment and Prevention of HIV. Communiqué de presse. 16 mai 2022.