Paxlovid (nirmatrelvir + ritonavir) pour le traitement précoce de la COVID-19

Paxlovid est le nom de marque d’une association de deux médicaments (nirmatrelvir + ritonavir). Le nirmatrelvir est un antiviral qui réduit la production de nouvelles copies du SARS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19. Le ritonavir est utilisé pour ralentir la dégradation du nirmatrelvir dans l’organisme.

Le nirmatrelvir a été conçu pour contrecarrer l’activité d’une enzyme utilisée par le SARS-CoV-2 portant le nom de protéase principale.

Lors d’un essai clinique nommé Epic-HR, une équipe de recherche a réparti au hasard 2 246 personnes qui avaient récemment contracté le SARS-CoV-2 afin qu’elles reçoivent une des interventions suivantes toutes les 12 heures pendant cinq jours consécutifs :

  • nirmatrelvir à raison de 300 mg + ritonavir à raison de 100 mg
  • placebo

Au début de l’étude, les participant·e·s présentaient depuis récemment des symptômes de la COVID-19, mais personne n’était hospitalisé. L’équipe se doutait toutefois que les risques d’hospitalisation et de décès associés à la COVID-19 étaient plus élevés chez ces participant·e·s. Notons de plus qu’aucune vaccination contre le SARS-CoV-2 n’avait eu lieu.

Vingt-huit jours après l’admission à l’étude, les risques de complications graves, d’hospitalisation et de décès étaient 6 % moins élevés chez les personnes recevant Paxlovid que chez les personnes recevant le placebo. Une analyse statistique a révélé que l’usage de Paxlovid a donné lieu à une réduction de 89 % des risques de complications graves, d’hospitalisation et de décès liés à la COVID-19.

Neuf personnes sont décédées durant l’étude. Toutes ces personnes appartenaient au groupe placebo.

Détails de l’étude

Voici le profil moyen des 2 246 personnes inscrites à cette étude :

  • 51 % d’hommes, 49 % de femmes
  • âge : 46 ans
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blanc·he·s : 72 %; Asiatiques – 14 %; Autochtones – 9 %; Noir·e·s – 5 %

La majorité des personnes ont éprouvé des symptômes caractéristiques de la COVID-19 pendant trois jours ou moins. Un test de dépistage a révélé la présence du SARS-CoV-2 chez chacune d’entre elles.

L’inscription des participant·e·s a eu lieu entre le 16 juillet et le 9 décembre 2021 dans 343 cliniques situées un peu partout dans le monde.

Au début de l’étude, les facteurs sous-jacents les plus courants qui faisaient augmenter le risque d’aggravation de la COVID-19 étaient les suivants :

  • indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25 kg/m2 : 81 %
  • tabagisme : 39 %
  • hypertension : 33 %

Dans l’ensemble, 61 % des participant·e·s présentaient deux ou trois de ces caractéristiques.

Résultats : efficacité

Selon l’équipe de recherche, des hospitalisations et/ou des décès se sont produits dans les proportions suivantes :

  • Paxlovid : 0,72 % (5 personnes hospitalisées, aucun décès)
  • placebo : 6,45 % (35 personnes hospitalisées, 9 décès)

Cette différence est significative du point de vue statistique, c’est-à-dire non attribuable au seul hasard. Une analyse poussée a révélé que Paxlovid a réduit la probabilité d’évènements sérieux (hospitalisation et décès) de 89 %, comparativement au placebo.

Paxlovid a procuré des bienfaits significatifs indépendamment des facteurs suivants :

  • âge, IMC, sexe, groupe ethnoracial, maladies sous-jacentes, quantité de SARS-CoV-2 produite (charge virale)

Paxlovid a réduit la production moyenne de SARS-CoV-2 par un facteur de 10.

Innocuité

Dans l’ensemble, les participant·e·s ont signalé des manifestations indésirables dans des proportions semblables, soit 23 % chez les personnes sous Paxlovid et 24 % chez les membres du groupe placebo. Rappelons que le terme manifestations indésirables désigne toute manifestation malheureuse qui survient pendant un essai clinique. Il peut s’agir d’effets secondaires des médicaments, de problèmes liés au processus pathologique sous-jacent ou d’évènements n’ayant rien à voir avec les médicaments à l’étude (tels des accidents).

En général, les personnes traitées par Paxlovid ont signalé moins de manifestations indésirables graves ou potentiellement mortelles (4 %) que les personnes recevant le placebo (8 %). Cette différence est attribuable au fait que les personnes sous placebo étaient plus nombreuses à présenter des manifestations indésirables liées à la COVID-19, telle la pneumonie.

La plupart des personnes sous Paxlovid ont signalé ou éprouvé certains effets secondaires, comme suit :

Altération du sens du goût

  • Paxlovid : 6 %
  • placebo – 0,3 %

Diarrhée

  • Paxlovid : 3 %
  • placebo : 2 %

Vomissements

  • Paxlovid : 1 %
  • placebo – 0,8 %

Selon l’équipe de recherche, ces effets secondaires étaient majoritairement légers ou modérés et se sont résorbés après la fin du traitement.

Prise en charge des interactions médicamenteuses potentielles

De nombreuses personnes qui courent le risque d’éprouver de graves symptômes de la COVID-19 prennent déjà des médicaments pour traiter des maladies sous-jacentes (hypertension, cholestérol élevé, etc.). Paxlovid contient les médicaments nirmatrelvir et ritonavir, lesquels peuvent perturber la façon dont l’organisme dégrade les autres médicaments. On appelle ce genre d’effet exercé par un médicament sur un autre une interaction médicamenteuse. Le ritonavir est reconnu pour son potentiel de causer des interactions. Consciente de la possibilité d’interactions, l’équipe de recherche a suggéré les démarches suivantes aux professionnel·le·s de la santé préoccupé·e·s par ce problème, pourvu qu’elles soient cliniquement appropriées :

  • réduire la dose des autres médicaments
  • utiliser un médicament différent pour traiter une maladie sous-jacente
  • accroître la surveillance des effets secondaires éventuels
  • faire mesurer en laboratoire les concentrations sanguines des médicaments utilisés par les personnes recevant Paxlovid
  • discontinuer temporairement l’usage du médicament utilisé contre la maladie sous-jacente

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Hammond J, Leister-Tebbe H, Gardner A et al. Oral nirmatrelvir for high-risk, non-hospitalized adults with COVID-19. New England Journal of Medicine. 2022 Apr 14;386(15):1397-1408.