Souhaitez-vous recevoir nos publications directement dans votre boîte de réception?

CATIE
Image
  • Les traitements injectables à longue durée d’action sont très efficaces contre le VIH, mais ne réussissent pas chez tout le monde
  • Une équipe d’Ottawa a exploré des options de rechange auprès de cinq personnes dont le traitement injectable a échoué
  • Dans les cinq cas, le passage à Biktarvy par voie orale a réussi à rendre la charge virale indétectable

Recevez Nouvelles CATIE dans votre boîte de réception :

Les traitements contre le VIH (traitements antirétroviraux ou TAR) sont très efficaces lorsqu’ils sont utilisés comme il se doit. L’un des objectifs principaux du TAR consiste à réduire la quantité de VIH (charge virale) jusqu’à un niveau indétectable et à la maintenir ainsi. Cela permet au système immunitaire de se réparer dans une grande mesure. L’efficacité du TAR est tellement transformative que les scientifiques prévoient de plus en plus qu’un grand nombre de personnes sous TAR vivront jusqu’à un âge bien avancé.

Les lignes directrices thérapeutiques des États-Unis recommandent les coformulations suivantes (associations de médicaments offertes dans un seul comprimé), entre autres, pour le traitement initial des personnes vivant avec le VIH : 

  • Biktarvy (bictégravir + TAF + FTC)
  • Dovato (dolutégravir + 3TC)
  • Delstrigo (Dovato + TDF + FTC)

Ces schémas thérapeutiques sont très efficaces et généralement sans danger.

Il existe un autre schéma thérapeutique consistant en deux médicaments pris une seule fois par jour qui est également très efficace et recommandé :

  • dolutégravir + ténofovir + soit 3TC soit FTC

Il y a plusieurs années, une formulation injectable à longue durée d’action associant deux médicaments contre le VIH, soit le cabotégavir et la rilpivirine, a été approuvée pour l’usage chez des personnes séropositives. Ce médicament se vend sous le nom de Cabenuva en Amérique du Nord et en Australie.

Cabenuva est très efficace, autant dans les études que dans la vraie vie. Il n’empêche qu’environ 1 % des personnes utilisant ce traitement peuvent subir un échec virologique (charge virale constamment détectable) même si elles reçoivent très fidèlement leurs injections. Les raisons pour ces cas rares d’échec virologique ne sont pas claires.

Ottawa

Une équipe de scientifiques et de médecins d’Ottawa (Ontario) est devenue chef de file du déploiement du TAR injectable à longue durée d’action. Sur une période de deux ans, cette équipe n’a constaté que cinq cas d’échec virologique chez 250 personnes recevant Cabenuva.

Lorsqu’un cas d’échec virologique survient, il est important de poser la question suivante : Quel schéma thérapeutique les médecins devraient-ils ou elles prescrire ensuite?

L’équipe d’Ottawa a rendu compte des résultats obtenus auprès de cinq personnes ayant subi un échec virologique pendant un traitement injectable à longue durée d’action. Après l’échec, toutes les personnes en question sont passées à Biktarvy (un comprimé par voie orale une seule fois par jour), et leur charge virale est redevenue indétectable subséquemment. 

Détails des cas

Les cinq personnes en question avaient entre 24 et 50 ans. Trois d’entre elles avaient été assignées filles à la naissance et les deux autres, garçons. L’indice de masse corporelle (IMC) des cinq personnes allait de 25 à 37 kg/m2.

Dans un premier temps, les participant·e·s avaient demandé à utiliser Cabenuva parce que ce traitement était plus simple que de prendre des comprimés tous les jours. Avant de commencer leur TAR injectable, le VIH d’aucune des cinq personnes n’avait acquis de résistance au cabotégravir ou à la rilpivirine. 

Selon l’équipe de recherche, quatre participant·e·s recevaient leurs injections de Cabenuva en suivant fidèlement le calendrier fixé. 

En ce qui concerne l’autre personne, l’équipe de recherche a souligné que, après avoir reçu sa première dose de TAR injectable, cette personne est partie à l’étranger pour une période prolongée et ne pouvait avoir accès facilement au TAR injectable. Pour maintenir sa charge virale indétectable, elle a pris l’association cabotégravir + rilpivirine par voie orale, puis son TAR injectable a recommencé dès son retour à la clinique d’Ottawa. Or, quelques mois plus tard, des tests sanguins ont révélé une charge virale de plus de 91 000 copies/ml. Chez les quatre autres participant·e·s, la charge virale se situait entre 1 280 et 9 340 copies/ml, lors de la découverte de l’échec virologique.

L’analyse d’échantillons de sang prélevés chez les cinq participant·e·s a révélé que le VIH avait muté et acquis une résistance au cabotégravir et à la rilpivirine. 

Les médecins ont prescrit Biktarvy par voie orale (un comprimé une fois par jour, sans consignes alimentaires), et la charge virale des cinq participant·e·s est rapidement devenue indétectable à nouveau. Notons que cela est encore vrai depuis presqu’un an de traitement par Biktarvy.

À retenir

Biktarvy s’est révélé très efficace comme traitement chez cinq personnes dont le TAR injectable avait échoué. Ce rapport provenant d’Ottawa est encourageant, mais des études de plus grande envergure et de plus longue durée sont nécessaires afin que les scientifiques puissent confirmer l’efficacité de Biktarvy chez des personnes dont le schéma de TAR injectable a échoué.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Giguère P, Agtarap K, McGuinty M et al. Bictegravir/emtricitabine/tenofovir alafenamide after virologic failure to cabotegravir/rilpivirine. AIDS. 2025; sous presse
  2. Trickey A, Sabin CA, Burkholder G et al. Life expectancy after 2015 of adults with HIV on long-term antiretroviral therapy in Europe and North America: a collaborative analysis of cohort studies. Lancet HIV. 2023 May;10(5):e295-e307. 
  3. Ring K, Orkin C. Long-acting antiretroviral therapy in the context of viral suppression. Current Opinion in HIV/AIDS. 2025 Jan 1;20(1):4-10. 535.
  4. Serris A, Ferre VM, Le Hingrat Q et al. Real-world data on long-acting intramuscular maintenance therapy with cabotegravir and rilpivirine mirror Phase 3 results. Journal of Antimicrobial Chemotherapy. 2024 Nov 4;79(11):2932-2938.   
  5. Gutiérrez F, Fernández-González M, Ledesma C et al. Virological History Predicts Non-Sustained Viral Suppression with Long-Acting Cabotegravir and Rilpivirine Therapy, Independent of Pharmacokinetic Parameters. Clinical Infectious Diseases.  2025 Apr 30;80(4):842-853.