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États-Unis
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Le programme InMOTION (Integrated Mobile Opioid Treatment and Infectious Disease Coordinated Care in Your Neighborhood, c.-à.-d. traitement ambulant intégré du trouble de l’usage des opioïdes et soins coordonnés des maladies infectieuses dans le quartier) est un service de pharmacie de détail et de clinique ambulantes (PCA) novateur œuvrant dans le Connecticut. Le programme de PCA InMOTION s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire composée de clinicien·ne·s, de pharmacien·ne·s et d’agent·e·s de santé communautaires (ASC) qui fournissent des services cliniques et pharmaceutiques intégrés sur place aux personnes qui utilisent des drogues dans les communautés où les taux de surdoses sont élevés. Les résultats d’une étude récente indiquent que le programme de PCA InMOTION a été mis en œuvre auprès de 414 personnes sur une période de 11 mois et a permis de fournir des soins intégrés concernant les troubles liés à l’usage de substances, les maladies infectieuses et les besoins liés aux déterminants sociaux de la santé au moyen d’une plateforme ambulante.

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Description du programme

InMOTION est le premier programme de PCA aux États-Unis légalement autorisé à intégrer des services de pharmacie de détail et de clinique de santé ambulantes destinés aux personnes qui utilisent des drogues. En mai 2024, le Connecticut a adopté une loi visant à légaliser les pharmacies de détail ambulantes, autorisant l’extension du champ d’exercice des pharmacien·ne·s.

En supprimant les obstacles liés au transport et en proposant des services là où les gens se trouvent (campements, refuges, autres lieux où les services sont insuffisants), l’équipe de PCA d’InMOTION est en mesure de fournir des soins cliniques et pharmaceutiques intégrés aux personnes qui utilisent des drogues dans les communautés où les taux de surdose sont élevés. L’équipe de PCA est composée d’un·e clinicien·ne, d’un·e conducteur·trice, d’un·e pharmacien·ne, de trois ASC et d’un·e technicien·ne médical·e ayant suivi une formation en phlébotomie (prises de sang) qui agit aussi à titre d’ASC. 

Le·la clinicien·ne administre des vaccins et des médicaments, effectue des tests de dépistage du VIH et de l’hépatite C, assure des services de télésanté et effectue des évaluations en personne, procède à des évaluations cliniques et rédige des ordonnances.

Le·la pharmacien·ne administre des vaccins, fournit des conseils concernant les médicaments, effectue des tests de dépistage du VIH et de l’hépatite C, dispense des services cliniques par télésanté et en personne, propose de l’information sur la prévention des surdoses et prescrit la naloxone. Le·la pharmacien·ne délivre des médicaments d’après des ordonnances électroniques transmises par télésanté ou par le·la clinicien·ne de PCA en poste sur place, ou des ordonnances établies par d’autres prestataires agréé·e·s œuvrant dans la communauté. 

Les ASC proposent de l’information sur la prévention des surdoses et la réduction des méfaits, effectuent des dépistages des TUS (p. ex. trouble de l’usage d’opioïdes [TUO], trouble de l’usage de stimulants [TUSt], trouble de l’usage d’alcool [TUA]), effectuent des tests rapides de dépistage du VIH et de détection des anticorps de l’hépatite C, évaluent l’admissibilité des client·e·s à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et vérifient s’ils ou elles présentent des maladies non transmissibles (p. ex., mesure de la tension artérielle, mesure de la glycémie capillaire au bout du doigt). Les ASC aident également les client·e·s à remplir les formulaires de demande d’assurance, d’aide alimentaire et d’autres prestations, assurent le transport et l’accès aux tablettes de télésanté, et fournissent des services et des médicaments aux client·e·s là où ils·elles se trouvent dans la communauté. Les ASC réduisent la stigmatisation en coopérant avec les membres de la communauté afin de cerner les besoins liés aux déterminants sociaux, de venir à bout des obstacles aux soins et de faciliter les interventions de proximité et l’arrimage aux clinicien·ne·s présent·e·s dans la plateforme de PCA, par télésanté ou par l’intermédiaire d’orientations vers les cliniques communautaires et les services sociaux de la région. 

À la lumière des données du ministère de la Santé publique du Connecticut et des observations des partenaires communautaires, l’équipe de la PCA détermine à quels endroits elle interviendra dans la communauté quatre jours par semaine entre 9 heures et 14 heures. La pharmacie ambulante est approvisionnée en médicaments visant à soigner de nombreuses affections, entre autres des antibiotiques, des vaccins, la PrEP au VIH, des médicaments contre les TUS, des médicaments contre les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et la prophylaxie post-exposition à base de doxycycline (doxy-PPE). Le·la pharmacien·ne, le·la clinicien·ne, le·la technicien·ne médical·e et les ASC assurent en collaboration le suivi des soins et le renouvellement des ordonnances des client·e·s.

Résultats

Entre décembre 2023 et novembre 2024, les participant·e·s à l’étude ont été recruté·e·s dans trois villes du Connecticut où un besoin élevé en services médicaux et sociaux était avéré. Durant les 11 premiers mois de la mise en œuvre du projet, 414 personnes ont bénéficié des services de l’équipe de PCA dans le cadre de 543 consultations médicales. Sur ces consultations, 85 % (463 consultations) ont eu lieu en personne, et les 15 % restants (85) ont été effectués par télésanté. Sur les 414 personnes qui ont participé au programme, 43 % s’identifiaient comme des femmes, 26 % comme des Noir·e·s ou des Afro-Américain·ne·s, 45 % comme des Hispaniques, 32 % n’étaient pas assuré·e·s et 37 % étaient sans domicile ou en situation de logement précaire.

VIH, hépatite C et autres ITSS

Sur les 414 participant·e·s ayant bénéficié des services de l’équipe de PCA, quatre personnes (1 %) avaient déjà reçu un diagnostic de VIH. En tout, sur les 410 personnes n’ayant jamais reçu de tel diagnostic, 166 (41 %) ont accepté de passer un test rapide de dépistage du VIH, et une de ces personnes (1 %) a reçu un nouveau diagnostic de VIH. Les cinq personnes qui vivaient avec le VIH ont reçu un traitement antirétroviral de la part de l’équipe de PCA. Neuf personnes (6 %) dont le résultat au test de dépistage du VIH était négatif ont accepté de se faire prescrire pour la première fois une PrEP.

Vingt-deux personnes (22/414; 5 %) avaient déjà reçu un diagnostic d’hépatite C; sur les 392 personnes n’ayant jamais reçu de tel diagnostic, 157 (40 %) ont accepté de passer un test rapide de détection des anticorps de l’hépatite C au point de service, et 9 personnes sur ces 157 (6 %) ont obtenu un résultat positif au test. Sur les 31 participant·e·s qui ont reçu un nouveau diagnostic ou qui en avaient reçu un antérieurement, 11 ont accepté de passer un test de confirmation le même jour que le test de détection des anticorps; 9 présentaient une charge virale détectable et 8 ont entamé un traitement dans le cadre du programme de PCA.

Sur les 9 personnes (9/414; 2 %) qui ont effectué un test de dépistage des ITSS (à savoir celles qui ont fait part d’inquiétudes concernant une possible exposition à une ITSS), 3 (33 %) ont obtenu des résultats positifs; toutes se sont vu prescrire un traitement, et une personne (11 %) a reçu une doxy-PPE dans le cadre du programme de PCA.

TUS, prévention des surdoses et autres services de réduction des méfaits

Sur les 414 participant·e·s ayant bénéficié des services de l’équipe de PCA, 51 (12 %) avaient déjà reçu un diagnostic de TUO. Sur les 363 personnes qui n’avaient jamais reçu de diagnostic de TUO, 163 (45 %) ont passé un test de dépistage du TUO; un nouveau cas de TUO modéré à grave a été diagnostiqué (1/163; 1 %). Parmi les 52 personnes qui ont reçu un nouveau diagnostic de TUO ou qui en avaient reçu un antérieurement, 37 (71 %) se sont vu prescrire des médicaments visant à traiter le TUO (p. ex. méthadone) par des prestataires ne faisant pas partie de l’équipe de PCA, et 5 (10 %) se sont vu prescrire des médicaments visant à traiter le TUO par les prestataires de l’équipe de PCA. 

Vingt-quatre personnes (24/414; 6 %) avaient déjà reçu un diagnostic de TUA, et sur les 390 personnes qui n’avaient jamais reçu de diagnostic de TUA, 147 (38 %) ont accepté de passer un test de dépistage du TUA, ce qui a donné lieu à 6 (6/147; 4 %) nouveaux diagnostics de TUA modéré à grave. Parmi les 30 participant·e·s qui ont reçu un nouveau diagnostic de TUA ou qui en avaient reçu un antérieurement, 11 (11/30; 37 %) se sont vu prescrire un médicament visant à traiter le TUA (p. ex. naltrexone orale et injectable à libération prolongée, acamprosate) dans le cadre du programme de PCA. 

Vingt-sept participant·e·s (27/414; 7 %) avaient déjà reçu un diagnostic de TUSt et 175 personnes sur 387 (45 %) ont accepté de passer un test de dépistage du TUSt. Sur les 175 personnes qui ont passé ce test, 10 (6 %) ont reçu un nouveau diagnostic de TUSt modéré à grave et ont été orientées vers des programmes de prise en charge d’un trouble lié à l’usage de substances dans la communauté. 

Dans l’ensemble, 35 personnes ont accepté de recevoir et ont obtenu de l’information sur la prévention des surdoses et une trousse de naloxone; 15 personnes ont obtenu des bandelettes de détection de fentanyl; 18 personnes ont obtenu des bandelettes de détection de xylazine; et 6 personnes ont été traitées en raison de lésions liées à la xylazine.

Qu’est-ce que cela signifie pour les prestataires de services?

Le modèle de services de PCA InMOTION permet de réduire les obstacles au niveau individuel et de combler les lacunes au niveau communautaire en mobilisant les communautés dans lesquelles les taux de surdoses sont élevés. Les résultats permettent de confirmer la capacité de ce modèle de soins de santé entièrement intégré à opérer aux points d’intersection entre les TUS, les maladies infectieuses et les déterminants sociaux de la santé au moyen d’une plateforme ambulante unique qui se déplace dans les communautés où les besoins en services sont élevés. En allant à la rencontre des participant·e·s là où ils·elles se trouvaient, le programme de PCA a su joindre un large éventail de personnes insuffisamment soutenues par les systèmes de santé classiques, notamment les personnes itinérantes ou en situation de logement précaire, les personnes non assurées et les personnes issues de divers horizons ethniques, raciaux et de genre. En disposant d’une clinique et d’une pharmacie sur place, l’équipe de PCA pouvait procurer de manière collaborative un accès immédiat à des traitements généralement ignorés des client·e·s ou dont ces dernier·ère·s n’auraient pas pu bénéficier rapidement.

Ressources connexes

Clinique Mobile Outreach Street Health (MOSH) – Étude de cas de CATIE

Cliniques communautaires éphémères – Étude de cas de CATIE

Une approche de prise en charge adaptable et ambulante de l’hépatite C pour les personnes itinérantes – Article de CATIE

Service ambulant de prise en charge du sevrage – Article de CATIE

Référence

Tarfa A, Di Paola A, Frank CA et al. Pilot findings from the first legalized mobile retail pharmacy clinic in the United States for infectious disease treatment and prevention tailored to reach people who use drugs. Open Forum Infectious Diseases. 2025;12(4):ofaf200. À l’adresse : https://doi.org/10.1093/ofid/ofaf200