Le projet HOPE

Le projet HOPE

États-Unis
2017

Une étude randomisée américaine1 a démontré qu’un soutien intensif et à court terme offert aux personnes hospitalisées qui sont séropositives et qui consomment des substances afin de les aider à naviguer le système de santé n’a aucun impact sur le taux de suppression de la charge virale.

L’étude : le projet HOPE

Ce programme de navigation du système de santé a été conçu pour les personnes séropositives qui consomment des drogues. Les participants ont été exclusivement recrutés des unités de malades hospitalisés dans différents hôpitaux. Les services de navigation du système de santé ont été offerts par du personnel de l’hôpital ayant une expérience en travail social, en gestion de cas, en planification des sorties ou en prestation de services de santé ou de prévention.

L’intervention comportait trois branches :

  1. Six mois de navigation du système de santé avec des incitatifs financiers
  2. Six mois de navigation du système de santé sans incitatifs financiers
  3. Traitement comme d’habitude

Les participants ayant pris part à l’intervention de navigation du système de santé (avec et sans incitatifs financiers) ont bénéficié d’un maximum de 11 séances avec un navigateur sur une période de six mois. Les navigateurs ont mis à profit les forces des clients et ont aidé à organiser les soins avec les cliniciens; ils ont passé en revue leurs informations médicales; les ont aidés à surmonter tout obstacle personnel à l’accès aux soins, y compris le transport et le gardiennage; ont offert du soutien psychosocial et les ont référéss. Les navigateurs ont accompagné les clients à leur premier traitement contre la consommation de substances et à leurs rendez-vous de soins liés au VIH.

Les participants qui ont obtenu des incitatifs financiers ont eu l’occasion de gagner pas moins de 1 160 $ US au cours de la période de six mois. Leur participation aux onze séances de navigation, leur présence aux rendez-vous à la clinique spécialisée en VIH et au programme de traitement contre la consommation de substances, leur devoir de soumettre des tests négatifs à l’alcool et aux autres substances, et de subir des tests d’analyses sanguines ainsi que d’avoir une ordonnance active pour le traitement du VIH, ont été récompensés par des incitatifs financiers. En outre, les participants qui observaient une réduction de leur charge virale et qui avaient une charge virale indétectable lors de leur rendez-vous de suivi six mois après avaient droit à ces incitatifs financiers.

Les participants faisant partie de la branche Traitement comme d’habitude ont été arrimés vers des soins liés au VIH et vers un traitement pour leur consommation de substances à l’aide des protocoles standards utilisés dans chacun des hôpitaux. Un membre désigné du personnel était responsable de prendre les rendez-vous de soins liés au VIH en consultation externe, et les participants obtenaient une référence par écrit pour un traitement pour leur consommation de substances.

La charge virale et d’autres mesures étaient prises au début de l'intervention, après six mois (à la fin de l’intervention) et un an après la fin de l'intervention.

Les résultats

Les participants ont été recrutés dans onze hôpitaux américains entre juillet 2012 et janvier 2014. Un total de 801 participants ont été répartis au hasard dans l’une des trois branches. Les participants étaient admissibles à l’étude à condition :

  • d’être des malades hospitalisés dans un hôpital et de vivre avec le VIH
  • de fournir de l’information sur la façon et l’endroit où les joindre
  • d’avoir signalé ou de posséder un dossier médical faisant état de leur consommation d’opioïdes, de stimulants ou de leur consommation excessive d’alcool
  • d’avoir une maladie définissant le sida; ou un compte de cellules CD4 de moins de 350 cellules/μL et une charge virale de plus de 200 copies/mL dans les six derniers mois; ou un compte de cellules CD4 de moins de 500 cellules/μL dans les douze derniers mois; ou une charge virale de moins de 200 copies/mL dans les douze derniers mois
  • d’être âgés d’au moins 18 ans et de parler anglais

Un tiers des participantes étaient des femmes, 78 % des participants étaient noirs et 38 % n’avaient pas de domicile stable au cours des six derniers mois. Trois quarts des participants avaient fait de la prison ou avaient été incarcérés en pénitencier à un moment de leur vie. La plupart des participants ont signalé consommer des stimulants (71 %) et de l’alcool (59 %). Une minorité des participants ont signalé consommer de la marijuana (45 %), des opioïdes (22 %) et des drogues de clubs (8 %).

Le paramètre d'évaluation primaire de l'étude était la charge virale indétectable. L’étude a conclu qu’il n’y avait aucune différence dans le taux d’indétectabilité à travers les trois branches de l’étude après 12 mois (six mois après la fin de l’intervention) :

  • branche Navigation – 36 %
  • branche Navigation, plus incitatifs – 39 %
  • branche Traitement comme d’habitude – 35 %

L’étude incluait également un certain nombre de paramètres secondaires d’évaluation. À six mois, contrairement à l’évaluation à douze mois, l’étude a démontré que, comparativement au groupe faisant partie de la branche Traitement comme d’habitude, le groupe Navigation, plus incitatifs était considérablement plus susceptible :

  • d’avoir une charge virale indétectable (46 % vs 35 %)
  • de signaler participer à ses rendez-vous de soins liés au VIH (87 % vs 67 %)
  • de signaler prendre ses médicaments contre le VIH (91 % vs 84 %)
  • de participer à un programme professionnel de traitement pour sa consommation de substances (31 % vs 18 %)

L’étude a également conclu que (à six mois, mais pas à douze mois), comparativement au groupe Traitement comme d’habitude, le groupe Navigation était considérablement plus susceptible de :

  • signaler participer à ses rendez-vous de soins liés au VIH (79 % vs 67 %)
  • de signaler prendre ses médicaments contre le VIH (84 % vs 77 %)
  • de participer à un programme professionnel de traitement pour sa consommation de substances (26 % vs 18 %)

Aucune différence n’a été constatée entre les différentes branches à six ou à 12 mois relativement aux tests de dépistage de drogues dans l’urine, aux journées durant lesquelles les participants ont déclaré avoir consommé des substances ni à la gravité de leur consommation de substances.

Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services canadiens?

Bien que cette étude n’ait pas signalé de différences à long terme relativement aux résultats pour la santé entre les participants ayant bénéficié de navigation et ceux n’en ayant pas bénéficié, elle a cependant démontré que lorsque les participants disposaient des services de navigation (avec et sans incitatifs financiers), ils réussissaient considérablement mieux que ceux qui suivaient le traitement comme d’habitude. Cette conclusion pourrait suggérer que les personnes vivant avec le VIH qui consomment des substances font peut-être face à des obstacles personnels et structurels pour l’accès aux soins (racisme, logement inadéquat, pauvreté) et qu’ils ont donc besoin de soutien continu afin d’aborder la question de leur santé et de leur bien-être et de parvenir à les améliorer. Les programmes de navigation au Canada, notamment les services de navigateurs pairs, le Programme de navigation pour problèmes de santé chroniques et le Programme d'entraide par les pairs adoptent cette approche et ne fixent aucune limite quant à la durée de la participation.

Ressource

La navigation du système de santé : un examen des données probantesPoint de mire sur la prévention

Référence

Metsch L, Feaster DJ, Gooden L, et coll., Effect of patient navigation with or without financial incentives on viral suppression among hospitalized patients with HIV infection and substance use: a randomized clinical trial, Journal of the American Medical Association, 2016 Jul 12;316(2):156–70.

Dépistage pour les personnes accompagnatrices

Dépistage pour les personnes accompagnatrices

Caroline du Nord, États-Unis
2016

Un programme novateur de dépistage rapide aux points de services pour les personnes accompagnant les clients séropositifs à leurs rendez-vous est efficace pour le diagnostic de nouvelles infections au VIH

Depuis 2007, la clinique des maladies infectieuses de l’Université de la Caroline du Nord offre un test de dépistage rapide du VIH aux points de service à toute personne accompagnant un client séropositif à son rendez-vous à la clinique de soins VIH. Une évaluation de ce programme de dépistage a démontré que le dépistage des personnes accompagnatrices permet de formuler de nouveaux diagnostics de VIH et de parvenir à un taux élevé d’arrimage aux soins liés au VIH.(1)

Initiative de dépistage du VIH pour les personnes accompagnatrices

Dans le cadre de ce programme, le test de dépistage rapide du VIH aux points de service est volontaire et annoncé par le biais de dépliants offerts à la clinique. Les personnes qui accompagnent un client de la clinique à son rendez-vous peuvent demander au personnel de la clinique de subir un test. Le dépistage est confidentiel; on ne demande pas le lien entre le client et la personne qui l’accompagne et aucune information au sujet des résultats du test de la personne accompagnatrice ne sera dévoilée au client sauf si ce dernier requiert du soutien face au dévoilement. Du counseling avant et après le test fait partie du processus de dépistage aux points de service.

Si le test des personnes accompagnatrices est réactif (un résultat positif provisoire), on leur donne un rendez-vous à la clinique pour subir un test de dépistage de confirmation. Si le test de confirmation est positif, la personne est immédiatement arrimée aux soins à la clinique, qui offre l’accès à des fournisseurs de soins primaires, des travailleurs sociaux, des conseillers en consommation de substances et des conseillers en aide financière.

Le programme de dépistage détecte le taux de positivité dans une proportion de 5 %

Entre octobre 2007 et juin 2013, 452 personnes accompagnatrices ont subi un test de dépistage. Dix-huit pour cent (72) d’entre elles étaient des personnes qui subissaient un test pour la première fois. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent (450) ont obtenu leur résultat de test de dépistage aux points de service la même journée.

Vingt-deux tests se sont révélés être réactifs et des tests de dépistage de confirmation ont été effectués pour 86 % (19) d’entre elles. Toutes les personnes recevant la confirmation d'un diagnostic positif au VIH étaient arrimées aux soins de la clinique. Plus de 70 % (16) des personnes accompagnatrices ayant reçu un test positif grâce au programme n’avaient jamais obtenu de résultat positif auparavant; le taux de positivité général (qui incluait les personnes ayant déjà reçu un diagnostic) était de 4,9 %.

Un programme bien reçu par l’ensemble de la clientèle de la clinique

Entre janvier et avril 2009, un sondage anonyme a été distribué à tous les clients afin d’évaluer l’acceptabilité du programme au sein de la clientèle générale de la clinique.

Quatre cents répondants ont rempli le sondage anonyme et quatre-vingt-seize pour cent d’entre eux approuvaient le programme de dépistage.

Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services canadiens?

Les programmes de dépistage ciblant les réseaux sociaux des personnes vivant avec le VIH facilitent l’accès au dépistage au sein des communautés de personnes pouvant être à risque plus élevé de contracter le VIH. Des programmes de réseautage social semblables à celui-ci sont utilisés par la Région sanitaire de Saskatoon afin d’inciter les contacts sociaux des personnes ayant récemment reçu un diagnostic de VIH à subir un test de dépistage. À Vancouver, l’Hôpital St-Paul offre le dépistage régulier du VIH aux partenaires sexuels sérodifférents des clients participants à des soins continus liés au VIH.

Le programme de l’Université de la Caroline du Nord n’a nécessité aucun nouveau financement et il fonctionne au sein de l'infrastructure et avec le personnel existants. Ce type de dépistage du VIH en clinique pour les personnes accompagnatrices de clients séropositifs pourrait considérablement accroître le nombre de personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut VIH et qui sont arrimées à des soins. De plus, ce programme peut être adopté dans les cliniques VIH à travers le Canada, dans les provinces où le dépistage rapide aux points de service est offert.

Référence

Bischof JJ, Bell LL, Pierce JK, Cooper KL, Heine AD, Quinlivan EB, et coll., Detecting HIV Among Persons Accompanying Patients to an Infectious Diseases Clinic: Sexually Transmitted Diseases, 2015 Jan;42(1):54–6.

Arrimage et rétention dans les soins liés au VIH

Arrimage et rétention dans les soins liés au VIH

États-Unis
2016

Une étude américaine démontre que les programmes d’arrimage et de rétention dans les soins liés au VIH permettent de réaliser des économies

Une récente étude américaine1 analysant 12 programmes d’arrimage et de rétention dans les soins liés au VIH a révélé que les programmes constituent un moyen économique d’améliorer les résultats en matière de santé et de bien-être pour les personnes vivant avec le VIH et de réduire les nouveaux cas de transmission du VIH.

Quels types de programmes ont été examinés dans le cadre de cette étude?

Les 12 programmes d’arrimage et de rétention dans les soins s’adressaient à une variété de personnes vivant avec le VIH, notamment des femmes, des personnes trans, des personnes de couleur, des détenus, des jeunes et des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. L’objectif de chacun de ces programmes visait à arrimer et à maintenir dans les soins les personnes ayant reçu un diagnostic de VIH qui :  

  • n’avaient jamais été arrimées aux soins;
  • étaient tombées entre les mailles du filet d’un programme de soins;
  • risquaient de décrocher des soins.

Les programmes employaient une variété de stratégies pour arrimer les personnes aux soins et veiller à ce qu’elles continuent d’y participer, y compris la télémédecine dans les régions rurales, des équipes de proximité mobiles dans les régions urbaines et l’aide aux détenus avant leur libération dans la communauté.    

La plupart des programmes comptaient au moins un membre du personnel chargé de travailler avec les clients pour les arrimer aux soins et les aider à poursuivre leurs soins. Ces membres portaient le titre de mentor en matière de soins, gestionnaire de cas, spécialiste en arrimage dans les soins ou encore navigateur. Malgré ces diverses appellations, leurs rôles étaient similaires : collaborer avec les clients pour déterminer les obstacles individuels à l’arrimage et à la rétention dans les soins et les aider à surmonter ces obstacles en coordonnant les services dont ils ont besoin. La plupart des programmes offraient des services de soins multidisciplinaires aux clients comme des soins de santé, des services de soutien, un soutien au logement et des traitements pour la consommation de substances.

Comment a-t-on calculé les économies de coûts?

Pendant une période de six ou douze mois, pour chacun des programmes, nous avons examiné les coûts du payeur (assurances gouvernementale et privée), les coûts pour la société (coûts du payeur et du client) et les seuils d’économie et d’efficacité en fonction des coûts liés à chaque programme.  

Les résultats

Les chercheurs ont conclu que les programmes d’arrimage et de rétention dans les soins, comme ceux examinés dans le cadre de cette étude, constituaient vraisemblablement une utilisation efficace des ressources pour contrer l’épidémie du VIH.    

Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services canadiens?

Compte tenu des estimations en Ontario2 et en Colombie-Britannique3, nous savons que nous n’arrimons pas aux soins ni ne retenons de façon optimale les personnes qui reçoivent un diagnostic de VIH. Cette étude démontre que des services complexes adaptés aux besoins des personnes vivant avec le VIH pour les inciter à recevoir des soins et à les poursuivre peuvent paraître dispendieux, mais coûtent moins cher que le traitement à vie d’une personne vivant avec le VIH.  

À l’heure actuelle, un certain nombre de programmes canadiens ont été mis sur pied précisément pour arrimer aux soins les personnes ayant reçu un diagnostic de VIH, notamment le programme Making the Links à Toronto et l'équipe d'intervention de proximité de STOP à Vancouver.

Référence

  1. Jain KM, Maulsby C, Brantley M, et coll., Cost and cost threshold analyses for 12 innovative US HIV linkage and retention in care programs, AIDS Care, 2016 Mar 28;1–6.
  2. Gilbert M, Gardner S, Murray J, et coll., Quantifying the HIV care cascade in Ontario: Challenges and future directions, Affiche présentée lors du 24e Congrès canadien annuel de recherche sur le VIH/sida; 30 mai 2015; Toronto, Ontario. Disponible à l'adresse : http://www.cahr-acrv.ca/wp-content/uploads/2012/10/InfDis_26_SB_MarApr2015_Final.pdf
  3. Nosyk B, Montaner JSG, Colley G, et coll., The cascade of HIV care in British Columbia, Canada, 1996–2011: a population-based retrospective cohort study, The Lancet Infectious Diseases, 2014 Jan;14(1):40–9.

Healthcare Provider Mentorship Program

Healthcare Provider Mentorship Program

Canada
2016

Une intervention par mentorat pour le personnel infirmier peut-elle améliorer les soins de santé pour les personnes vivant avec le VIH?

Au Canada, une intervention par mentorat1 unissant des infirmières en VIH expérimentées, des personnes vivant avec le VIH et des infirmières en VIH moins expérimentés a démontré que le mentorat peut améliorer l’attitude des infirmières à l’égard des questions liées au VIH et leurs connaissances en la matière.  

L’intervention par mentorat

L’intervention par mentorat, menée dans quatre sites (deux ruraux, deux urbains) à travers le Canada, a permis de réunir des infirmières en VIH expérimentées (infirmières mentors), des personnes vivant avec le VIH (mentors séropositifs) et des infirmières en VIH moins expérimentées (infirmières mentorées) dans le but d’accroître la capacité des mentorées à fournir des soins liés au VIH complets aux personnes vivant avec le VIH. L’intervention a été évaluée par le biais de sondages menés avant et après l’initiative auprès des trois groupes de participants.  

Le contenu de l’intervention de même que son mode d’exécution ont été déterminés conjointement par les infirmières mentors, les mentors séropositifs et les infirmières mentorées de chaque site, le comité consultatif communautaire ayant contribué à l’intervention et l’équipe de recherche. Les participants ont pu adapter le contenu et le format à leurs milieux de pratique et besoins en apprentissage.  

À trois des sites, l’intervention comportait trois ateliers : un au début de l’intervention, un six mois après et le dernier, six mois plus tard. Au quatrième site, seulement deux ateliers ont eu lieu, soit un au début de l’intervention et l’autre six mois plus tard, en raison de la préférence des participants et des contraintes de temps.

Ces ateliers ont été animés par l’équipe de recherche qui a fait appel à une variété de méthodes comme la cartographie corporelle, des vidéos, des conférenciers et des vignettes d’étude de cas. Le premier atelier était axé sur le développement des relations et l’acquisition de connaissances sur les soins, le traitement et la prévention liés au VIH. Les discussions ont porté sur les principaux enjeux sociaux et politiques influençant les soins et les problèmes associés aux populations clés touchées par le virus. Les sujets et la structure du deuxième et du troisième atelier ont été déterminés à chaque site au cours du premier atelier.

Entre les ateliers, des réunions de groupe mensuelles ont eu lieu afin d’approfondir les discussions au sein des trois groupes de participants. Ces rencontres en personne ont été animées par les mentors. Les infirmières mentors, les mentors séropositifs et les infirmières mentorées ont abordé l’expérience vécue des personnes vivant avec le VIH, l’engagement des clients dans les soins de santé et les pratiques interdisciplinaires dans les soins liés au VIH.    

Dans l’ensemble, l’engagement en temps pour ce programme était de deux heures par semaine pour les ateliers, les réunions et les entrevues, et ce, pendant la durée de l’intervention (six ou douze mois).

Les résultats

Au début du programme, il y avait :

  • 40 infirmières mentorées (entre 8 et 12 par site)
  • 8 mentors séropositifs (entre 1 et 3 par site)
  • 8 infirmières mentors (entre 1 et 3 par site)

Au total, 70 % des infirmières mentorées (28) et 87 % (14) des mentors ont terminé le programme.

Toutes les infirmières mentors étaient spécialisées en soins liés au VIH depuis plus de 10 ans et la plupart des mentors séropositifs vivaient avec le VIH depuis plus de 10 ans. Toutes les infirmières mentorées avaient donné des soins à au moins une personne vivant avec le VIH pendant leur carrière et 71 % ont déclaré avoir reçu une certaine formation en soins liés au VIH.

Amélioration importante des connaissances et changement d’attitude des infirmières mentorées

L’étude a révélé :

  • une augmentation considérable du niveau de préparation à offrir des soins aux personnes vivant avec le VIH chez les participantes qui avaient déclaré ne pas être prêtes ou être incertaines avant l’intervention;  
  • une amélioration notable des connaissances liées au VIH chez les infirmières mentorées;
  • une amélioration notable des connaissances liées aux soins infirmiers chez les infirmières mentorées.

Des entrevues avec les infirmières mentorées ont appuyé les effets positifs dévoilés par le sondage. Les infirmières mentorées ont déclaré que l’intervention les a aidées à :

  • adopter des attitudes plus positives à l’égard des personnes vivant avec le VIH;
  • reconnaître leurs idées préconçues vis-à-vis des clients vivant avec le VIH, des hommes gais, des personnes qui consomment des drogues et des personnes souffrant de problèmes de santé mentale;
  • accroître leurs capacités et leur confiance à donner des soins aux clients atteints du VIH;
  • se sentir plus à l’aise à partager leurs nouvelles connaissances avec des collègues;
  • développer un désir de plaider en faveur de changements dans le système de santé afin d’améliorer les soins offerts aux personnes vivant avec le VIH.

Le programme a aussi eu une incidence positive sur les infirmières mentors et les mentors séropositifs

Les sondages menés avant et après l’intervention n’ont enregistré aucun changement important en ce qui a trait aux connaissances, à l’attitude et aux pratiques des infirmières mentors ou des mentors séropositifs. Ce résultat est probablement attribuable au niveau élevé d’expérience des mentors.

Ceci étant dit, les infirmières mentors et les mentors séropositifs ont également bénéficié de l’intervention. Les entrevues ont suggéré que les mentors ont acquis de l’assurance, ont mis à jour leurs connaissances et, dans le cas des mentors séropositifs, ont réussi à mieux comprendre les pratiques et les procédures relatives aux services de santé.  

Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services canadiens?

Au Canada, les personnes vivant avec le VIH ne sont pas impliquées de manière optimale dans les programmes de soins.2,3 Bon nombre de facteurs peuvent contribuer à la réticence chez certaines personnes vivant avec le VIH à accéder à des services de soins de santé liés au VIH et autres services et à poursuivre les soins, y compris la stigmatisation de la part des fournisseurs de soins. Cette intervention par mentorat a démontré que des changements positifs dans les connaissances, l’attitude et les pratiques peuvent se produire si les infirmières ont la chance d’apprendre d’infirmières expérimentées et de personnes vivant avec le VIH. Des programmes d’éducation et de soutien pour les cliniciens visant à améliorer les soins offerts aux personnes dont les besoins en santé sont complexes, y compris les personnes vivant avec le VIH, existent au Québec, au Manitoba, en Alberta et en Colombie-Britannique.

Références

  1. Worthington C, O’Brien K, Mill J, et coll., A mixed-methods outcomes evaluation of a mentorship intervention for Canadian nurses in HIV care, Journal of the Association of Nurses in AIDS Care, 2016 (sous presse).
  2. Nosyk B, Montaner JSG, Colley G, et coll., The cascade of HIV care in British Columbia, Canada, 1996–2011: a population-based retrospective cohort study, The Lancet Infectious Diseases, 2014 Jan;14(1):40–9.
  3. Gilbert M, Gardner S, Murray J, et coll., Quantifying the HIV care cascade in Ontario: Challenges and future directions, affiche présentée lors du 24e Congrès canadien annuel de recherche sur le VIH/sida; 30 mai 2015; Toronto, Ontario. Disponible à l'adresse : http://www.cahr-acrv.ca/wp-content/uploads/2012/10/InfDis_26_SB_MarApr2015_Final.pdf

ARTAS

ARTAS

Comté de Los Angeles, États-Unis
2016

Un programme de navigation du système de santé de courte durée fait croître le pourcentage de personnes vivant avec le VIH impliquées dans les soins

Un programme de navigation qui cherche activement des clients qui ne sont pas impliqués dans des soins liés au VIH et les soutient peut réussir à arrimer des clients aux soins. Une étude1 a démontré que le programme, implanté dans le comté de Los Angeles, en Californie, peut aussi accroître considérablement le pourcentage de clients qui ont une charge virale indétectable.

Le Programme de navigation

Le Programme de navigation s’inscrit dans un partenariat entre le département de santé publique du comté de Los Angeles, l’organisme AIDS Project de Los Angeles, l’organisme AIDS United et l’Université Johns Hopkins. Il vise à arrimer aux soins les personnes vivant avec le VIH qui ne sont pas pleinement impliquées dans un programme de soins. Il emploie six navigateurs paraprofessionnels du domaine de la santé qui possèdent une expérience de travail auprès des personnes vivant avec le VIH. L’intervention comporte quatre volets :

  1. Établir des relations avec les clients
  2. Évaluer les besoins des clients
  3. Arrimer les clients vers les ressources et renforcer leurs capacités
  4. Orienter les clients vers des soins de plus longue durée à la fin du programme

Les navigateurs utilisent les dossiers cliniques pour déterminer les participants potentiels. À l’aide des dossiers cliniques et des bases de données de santé publique, ils tentent ensuite de localiser et de communiquer avec les participants potentiels par l’entremise d’appels téléphoniques, de messages textes, de courriels, de lettres ou de visites à domicile. Si cette approche ne donne pas les résultats escomptés, ils consultent les bases de données des prisons et des pénitenciers, les sites Web de services de renseignements personnels et, si la personne a des antécédents d’itinérance, ils entrent en communication avec des refuges. Une fois que les clients sont inscrits au programme, les navigateurs prennent les rendez-vous et les rappellent aux clients et effectuent le suivi d’orientation. Après trois mois de participation au programme, les clients retournent à leur ancienne clinique ou à une nouvelle clinique de leur choix.

Les résultats

Les participants à cette étude ont été recrutés auprès de sept cliniques entre janvier 2012 et août 2014. Pour être admissibles, ils ne devaient pas recevoir de soins, c’est-à-dire qu’ils :

  • n’avaient participé à aucune visite de soins liés au VIH au cours des 6 à 12 mois précédents et avaient une charge virale supérieure à 200 copies/ml;
  • n’avaient participé à aucune visite de soins liés au VIH depuis plus de 12 mois;
  • venaient de recevoir un diagnostic et n’avaient jamais reçu de soins;
  • venaient d’être libérés d’une prison, d’un pénitencier ou de tout autre établissement et n’avaient aucun fournisseur régulier pour leurs soins liés au VIH.

Le programme a permis d’identifier 1 139 clients qui ne recevaient pas de soins et de ce nombre, 7 % (78) ont été localisés et inscrits au programme. Parmi les clients contactés, 5 % ont recommencé à participer aux soins grâce à l’appel initial d’un navigateur, mais ne se sont pas inscrits au programme. Les clients qui ne se sont pas inscrits au programme recevaient des soins ailleurs, avaient quitté le comté de Los Angeles, étaient décédés, se trouvaient dans une prison, un pénitencier ou un établissement psychiatrique, n’ont pas pu être localisés ou ont refusé de s'inscrire.   

La majorité des participants au programme étaient des hommes (78 %), Latino (71 %), gais (50 %) et touchaient un revenu annuel de moins de 10 000 $ (64 %). Une minorité importante s’est classée dans la catégorie des personnes de race noire (18 %).

Des 78 personnes inscrites au programme :

  • 47 % (37) n’avaient pas reçu de soins au cours des 12 derniers mois
  • On a jugé que 32 % (25) recevaient des soins irréguliers (récemment sortis d’une institution et sans fournisseur régulier de soins liés au VIH)
  • 18 % (14) n’avaient pas reçu de soins liés au VIH au cours des 6 à 12 derniers mois et leur charge virale était de plus de 200 copies/ml  
  • 3 % (2) venaient de recevoir un diagnostic et n’avaient jamais reçu de soins

La plupart des clients avaient un certain nombre de besoins en services au moment de l’inscription. En moyenne, les navigateurs ont rencontré les clients cinq fois et ces derniers ont eu besoin de cinq orientations (santé mentale, logement/transport et aide financière/emploi) pendant qu’ils participaient au programme. Près de la moitié des participants (46 %) ont eu besoin de moins de trois visites pour réintégrer un programme de soins. Parmi les services courants requis par les clients au moment de l’inscription, notons les suivants :

  • soins dentaires (60 %)
  • aide en matière de prestations (43 %)
  • aide en matière de médicaments (42 %)
  • alimentation et autres besoins fondamentaux (35 %)
  • soins de santé liés au VIH (34 %)

Presque tous les clients (94 %) ont été arrimés aux soins dans les 12 mois suivant leur inscription au programme. De ce nombre, 82 % ont continué les soins, c’est-à-dire qu’ils ont participé à une deuxième consultation médicale de 3 à 12 mois après avoir été arrimés aux soins. Le pourcentage de participants affichant une charge virale indétectable s’est accru de manière considérable après la rétention aux soins (63 %) comparativement à 52 % au moment de l’inscription.

Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services canadiens?

Cette étude montre que la navigation intensive de courte durée par des paraprofessionnels peut réussir à arrimer aux soins les clients qui n’ont pas maintenu leurs soins. Dans la plupart des cas, il n’a suffi que d’un appel ou de moins de trois visites pour les arrimer dans les soins, et une fois qu’ils participaient aux soins, la plupart des clients continuaient leurs soins.

À l’heure actuelle, il existe bon nombre de programmes de navigation du système de santé au Canada visant à inciter les clients à participer à des soins, notamment les Services de pairs navigateurs à Vancouver, le Programme de navigation pour problèmes de santé chroniques à Kelowna, le Programme d’entraide par les pairs à Regina et le programme Making The Links à Toronto.

Les lignes directrices des pratiques canadiennes à l’intention des pairs navigateurs de la santé pour les personnes vivant avec le VIH paraîtront en 2017.

Ressource

La navigation du système de santé : un examen des données probantes —CATIE

Référence

Wohl AR, Dierst-Davies R, Victoroff A, et coll., Implementation and operational research: The Navigation Program: An intervention to reengage lost patients at 7 HIV clinics in Los Angeles County, 2012–2014, Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes, 2016;71(2):e44–e50.

Le dépistage de routine

Le dépistage de routine

Le dépistage de routine pourrait-il aider à réduire le nombre de personnes qui ne savent pas qu’elles sont séropositives au VIH?

En 2011, on estimait que 25 % des 71 300 personnes vivant avec le VIH au Canada n’étaient pas au courant de leur infection.1 Les personnes qui ne sont ni dépistées ni diagnostiquées ne peuvent pas bénéficier de l’arrimage à des soins, à du soutien et à des traitements qui améliorent la santé et réduisent la transmission du VIH.

En 2013, l’Agence de la santé publique du Canada a publié un Guide pour le dépistage et le diagnostic de l’infection par le VIH 2 visant à « réduire le nombre d’infections par le VIH non diagnostiquées au Canada en offrant aux fournisseurs de soins un cadre de travail pour explorer les options qui amélioreront leur capacité à offrir le dépistage du VIH, ainsi que pour mieux adapter leurs approches de dépistage afin de répondre aux besoins précis de leur pratique et de leurs clients. » Une des recommandations pour améliorer le dépistage du VIH au Canada consiste à ajouter l’offre d’un test de dépistage du VIH aux soins médicaux de routine. Cette approche pourrait-elle contribuer à améliorer le diagnostic du VIH?

Le dépistage de routine à New York et à la Nouvelle-Orléans

Entre 2011 et 2013, le dépistage périodique de routine a été intégré dans deux contextes de soins de santé, dans les villes de New York et de la Nouvelle-Orléans;3 l’approche s’est avérée très efficace pour diagnostiquer des cas d’infection à VIH et pour arrimer les patients à des soins.

À New York, le pourcentage de personnes dépistées pour le VIH est passé de 8 % avant l’introduction du dépistage de routine, à 56 % après celle-ci. Entre 2011 et 2013, 32 534 individus ont été dépistés pour le VIH; 0,45 % d’entre eux ont reçu un résultat positif. Des personnes trouvées séropositives, 99 % ont été informées de leur résultat et 81 % ont été dirigées vers des soins.

À la Nouvelle-Orléans, le test de routine a été mis en œuvre dans deux centres. Dans le premier, le pourcentage de personnes dépistées pour le VIH est passé de 17 % avant l’introduction du dépistage de routine, à 26 % après celle-ci. Dans l’autre, le taux de dépistage a augmenté de 3 % à 17 %. En 2012, 11 257 individus ont été dépistés pour le VIH et 0,94 % d’entre eux ont reçu un résultat positif. Toutes les personnes trouvées séropositives ont été informées de leur résultat et 74 % ont été dirigées vers des soins.

Un modèle canadien

Des programmes de dépistage de routine comme ceux de New York et de la Nouvelle-Orléans pourraient servir de modèles à adapter. Toutefois, les Canadien-nes n’ont pas besoin de chercher aussi loin les exemples de programmes de dépistage de routine. À Vancouver, l’offre systématique de test de dépistage du VIH a été intégrée dans la médecine familiale et dans les soins aigus, dans le cadre du Projet STOP de Vancouver. Le dépistage de routine dans ces contextes fait partie d’une stratégie à multiples facettes, qui continue d’inclure un dépistage ciblé chez les personnes à risque élevé d’infection par le VIH. Dans le contexte des soins aigus, par exemple, 10 102 tests de dépistage du VIH ont livré un résultat positif dans 0,3 % à 0,8 % des cas. Ces taux de diagnostic sont semblables à ceux mesurés à New York et à la Nouvelle-Orléans. Ils sont supérieurs au seuil de rentabilité, généralement établi à 0,1 % pour les soins aigus.

Une approche prometteuse

Ces résultats démontrent que l’offre routinière d’un test de dépistage du VIH dans les soins de santé, en complément à d’autres initiatives de test, peut accroître la connaissance du statut VIH chez les personnes qui ne demanderaient peut-être pas d’elles-mêmes ce dépistage. Elle peut également favoriser une meilleure implication dans les soins continus, parmi les personnes diagnostiquées séropositives au VIH.

Références

  1. Agence de la santé publique du Canada. Résumé : Estimations de la prévalence et de l'incidence du VIH au Canada, 2011. Division de la surveillance et de l’épidémiologie, Division des lignes directrices professionnelles et des pratiques de santé publique, Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, Agence de la santé publique du Canada, 2012. Accessible à : http://www.phac-aspc.gc.ca/aids-sida/publication/survreport/estimat2011-fra.php
  2. Agence de la santé publique du Canada (ASPC). Guide pour le dépistage et le diagnostic de l’infection par le VIH. Ottawa : ASPC; 2013. Accessible à : http://www.catie.ca/sites/default/files/FR_Guide-pour-le-depistage-et-le-diagnostic-de-linfection-par-le-VIH-2013.pdf [consulté le 1er avril 2014]
  3. Xia Lin X, Dietz PM, Rodriguez V, et al. Routine HIV Screening in Two Health-Care Settings — New York City and New Orleans, 2011–2013. Morbidity and Mortality Weekly Report. 2014 Jun 27:63(25);537–41. Accessible à : http://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm6325a2.htm

Queer Women’s Conversations

Queer Women’s Conversations

Toronto et Calgary, Canada
2016

Une courte intervention en groupe réduit les pratiques sexuelles à risque susceptibles d’entraîner la transmission du VIH et des ITS chez les femmes queer

La recherche suggère que jusqu’à 20 % des femmes lesbiennes, bisexuelles et queer ont reçu un diagnostic d’infection transmissible sexuellement (ITS) au cours de leur vie1,2,3,4 et que cette population a peu tendance à adopter des pratiques sexuelles plus sécuritaires.2,5 Malgré les données appuyant le besoin d’interventions visant à réduire les pratiques sexuelles à risque pour prévenir la transmission des ITS chez les femmes queer, il existe au Canada peu de programmes de prévention du VIH et des ITS spécifiquement adaptés aux besoins de cette population.

« Queer Women’s Conversations »

« Queer Women’s Conversations » est un programme psychoéducatif d’intervention en groupe pour la prévention du VIH et des ITS qui s’adresse aux femmes lesbiennes, bisexuelles et queer et autres femmes qui ont des relations sexuelles avec des femmes. L’initiative s’inspire de Many Men, Many Voices, un programme de promotion de la santé pour les jeunes hommes noirs gais élaboré à l’origine aux États-Unis.

L’intervention comprenait six séances consécutives (d’une durée de deux à trois heures) tenues dans le cadre de retraites de fin de semaine à Toronto et Calgary en mars et avril 2014. Le contenu a été dispensé à l’aide d’une variété de techniques – discussions en petits et gros groupes, jeux de rôles, méthodes axées sur l’art, etc.

Parmi les sujets abordés, citons :

  • Les relations sexuelles, les corps, le plaisir, les relations sexuelles plus sécuritaires
  • La stigmatisation sexuelle, la sexualité, les obstacles, comment faciliter les relations sexuelles plus sécuritaires, la santé mentale et émotionnelle
  • Les relations de pouvoir, les relations saines, les aptitudes à la communication, l’auto-efficacité en matière de relations sexuelles plus sécuritaires, l’intimité
  • La stigmatisation internalisée, l’estime de soi, l’acceptation de soi et la résilience
  • Les services sociaux et de santé, les ressources et systèmes de soutien communautaires, les stratégies pour bâtir des communautés LGBTQ et forger des liens entre elles.

L’étude pilote de « Queer Women’s Conversations » comptait 44 participantes, à qui on avait demandé de remplir un questionnaire avant l’intervention afin de déterminer les réponses de référence aux questions. Les participantes ont de nouveau été invitées à remplir le questionnaire immédiatement après l’intervention et six semaines plus tard. Le dernier questionnaire a été rempli par 38 des 44 participantes.

Dans l’ensemble, les participantes ont réduit leurs pratiques sexuelles à risque de façon drastique immédiatement après l’intervention et six semaines après celle-ci, comparativement aux données de référence.6

La recherche a aussi démontré que l’initiative « Queer Women’s Conversations » a grandement contribué à changer les croyances des participantes quant à leur capacité d’adopter des pratiques sexuelles plus sécuritaires (auto-efficacité), à augmenter leurs connaissances sur les ITS et à réduire la stigmatisation sexuelle immédiatement après l’intervention et six semaines plus tard, comparativement aux données de référence.

Des améliorations sur le plan du soutien social (alliances et conseils fiables) et des liens avec la communauté ont été observées immédiatement après l’intervention comparativement aux données de référence, mais cette incidence positive n’a pas été observée six semaines après la fin de l’intervention.

L’intervention n’a pas influencé les aspects comme la résilience, l’estime de soi et la dépression, ni les dimensions liées au soutien social comme l’attachement, l’intégration sociale, les occasions de nurturance et de valorisation de soi.

Un modèle de programme possible pour la santé sexuelle des femmes queer

L’étude est l’une des premières du genre à démontrer qu’un court programme de prévention du VIH et des ITS peut influencer les pratiques sexuelles à risque des femmes queer. Bien qu’il y ait au Canada un certain nombre d’approches prometteuses en matière de prévention du VIH et des ITS chez les jeunes, les communautés africaines, caribéennes et noires et les communautés autochtones, et, tout récemment, l’émergence du programme Totally Outright au Canada pour les hommes queer, l’initiative « Queer Women’s Conversations » pourrait aider à combler une lacune dans le continuum des services de prévention du VIH et des ITS au pays.

Références

  1. Steele LS, Ross LE, Dobinson C, et al. Women’s Sexual Orientation and Health: Results from a Canadian Population-Based Survey. Women & Health. 2009 Oct 19;49(5):353–67.
  2. Pinto VM, Tancredi MV, Neto AT, Buchalla CM. Sexually transmitted disease/HIV risk behaviour among women who have sex with women. AIDS. 2005;19:S64–9.
  3. Bauer GR, Welles SL. Beyond assumptions of negligible risk: sexually transmitted diseases and women who have sex with women. American Journal of Public Health. 2001;91(8):1282–6.
  4. Logie C, Navia D, Loutfy M. Correlates of a lifetime history of sexually transmitted infections among women who have sex with women in Toronto, Canada: results from a cross-sectional internet-based survey. Sexually Transmitted Infections. 2014. [Epub]
  5. Schick V, Rosenberger JG, Herbenick D, Reece M. Sexual behaviour and risk reduction strategies among a multinational sample of women who have sex with women. Sexually Transmitted Infections. 2012;88(6):407–12.
  6. Logie CH, Lacombe-Duncan A, Weaver J, et al. A Pilot Study of a Group-based HIV and STI Prevention Intervention for Lesbian, Bisexual, Queer, and Other Women Who Have Sex with Women.AIDS Patient Care and STDs. 2015;29(6).[Epub ahead of print]

Sondage en ligne ontarienne des services de proximité

Sondage en ligne ontarienne des services de proximité

Ontario
2016

Une étude ontarienne démontre que des services de proximité en ligne sont bénéfiques aux hommes gais, bisexuels, bispirituels et autres HARSAH

Entre décembre 2013 et janvier 2014, des hommes utilisant Internet pour chercher des relations sexuelles avec d’autres hommes ont été recrutés via des sites Web de réseautage sexuel, des applications mobiles et des organismes en VIH, en Ontario, pour un sondage anonyme en ligne. Le sondage visait à savoir si les hommes gais, bisexuels, bispirituels et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) utilisent des services de proximité en ligne et à connaître les expériences des utilisateurs. L’étude ontarienne1 a révélé qu’une minorité d’hommes avaient utilisé une intervention de proximité en ligne (8 %), mais que la plupart de ceux-ci avaient perçu un changement positif dans leurs comportements de prévention et de dépistage du VIH et d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS) à l’issue de leur contact avec ces services.

Les services de proximité en ligne ont un impact positif sur le changement comportemental et la prise de décision

Les participants à l’étude ont rattaché des changements comportementaux à leur plus récent contact avec des services de proximité en ligne :

  • 34 % ont déclaré s’être fait dépister pour le VIH
  • 29 % ont déclaré s’être fait dépister pour des ITS
  • 33 % ont déclaré utiliser le condom plus fréquemment
  • 24 % ont déclaré utiliser le condom plus efficacement

Les répondants ont affirmé que leur dernier contact avec des services de proximité en ligne avait influencé leurs décisions sexuelles :

  • 25 % ont déclaré avoir des relations sexuelles uniquement avec des partenaires dont ils connaissent le statut VIH
  • 18 % ont déclaré avoir des relations sexuelles uniquement avec des partenaires de même statut VIH qu’eux
  • 5 % ont déclaré avoir des relations sexuelles uniquement avec des partenaires séropositifs au VIH dont ils connaissent la charge virale

Les services de proximité en ligne joignent des populations généralement mal desservies

Point crucial, l’étude a démontré que les services de proximité en ligne joignent des populations d’hommes queer comme des hommes séropositifs au VIH, des hommes autochtones et bispirituels, des hommes de régions rurales ainsi que de milieu socioéconomique défavorisé, qui sont souvent mal desservis par les services communautaires et de santé. Par exemple, les hommes bispirituels étaient trois fois plus susceptibles d’avoir été en contact avec des services de proximité en ligne que les hommes non bispirituels.

Les utilisateurs apprécient l’expérience des services de proximité en ligne

Les participants à l’étude ont fait état d’expériences positives dans leur recours aux services de proximité en ligne :

  • 87 % ont déclaré que l’intervenant des services de proximité avait utilisé un langage qu’ils comprenaient
  • 84 % ont déclaré qu’ils utiliseraient de nouveau les services
  • 82 % ont déclaré que l’intervenant leur avait été utile
  • 80 % ont déclaré avoir été à l’aise dans l’interaction
  • 69 % ont déclaré que l’intervenant était bien informé
  • 50 % ont déclaré avoir reçu une orientation utile

Quelles sont les implications pour les organismes canadiens?

Nous savons que les hommes gais, bisexuels, bispirituels et autres HARSAH sont affectés de façon disproportionnée par le VIH, au Canada. Ces hommes ont 131 fois plus de chances de contracter le VIH que les hommes n’ayant pas de relations sexuelles avec d’autres hommes.2 Nous savons également que les HARSAH utilisent de plus en plus les technologies de communication modernes comme les téléphones cellulaires et l’Internet pour rencontrer des hommes et chercher des rencontres sexuelles ou de l’information sur la santé sexuelle.3 Cela offre une occasion nouvelle d’interagir efficacement avec les hommes gais, bisexuels, bispirituels et autres HARSAH par le biais de services de proximité en ligne.

L’étude ontarienne a révélé que les HARSAH trouvent les services de proximité en ligne bénéfiques; et, fait important, les données démontrent que ces services joignent des hommes qui peuvent être mal desservis par d’autres approches, notamment les hommes vivant avec le VIH et les hommes autochtones. Toutefois, environ un tiers (32 %) des participants ont déclaré n’avoir jamais utilisé de tels services parce qu’ils n’en connaissaient pas l’existence ou ne savaient pas comment les trouver, ce qui indique que les organismes qui fournissent des services de proximité en ligne pourraient en intensifier la publicité.

Références

  1. Brennan DJ, Lachowsky NJ, Georgievski G, et al. Online Outreach Services Among Men Who Use the Internet to Seek Sex With Other Men (MISM) in Ontario, Canada: An Online Survey. Journal of Medical Internet Research. 2015;17(12):e277.
  2. Yang Q, Ogunnaike-Cooke S, Halverson J, et al. Estimated national HIV incidence rates among key sub-populations in Canada, 2014. Presented at 25th Annual Canadian Conference on HIV/AIDS Research (CAHR), 12–15 May 2016, Winnipeg, Canada. Abstract EPH3.5.
  3. Community-Based Research Centre for Gay Men’s Health. Pride, Prejudice, & Determinants of Health: What’s trending with young gay men?. Community-Based Research Centre for Gay Men’s Health; 2013. Disponible à l'adresse : http://cbrc.net/sites/cbrc.net/files/PPDYouthF%20-AC.pdf [consulté le 19 février 2016]

La notification des partenaires

La notification des partenaires

Edmonton, Alberta
2016

La notification intensive des partenaires identifie des personnes qui ne sont pas au courant de leur statut VIH, à Edmonton

De nouvelles lignes directrices sur la notification des partenaires sont en vigueur à Edmonton depuis avril 2010. Avant celles-ci, il n’existait pas de processus systématique pour notifier les partenaires. Depuis 2010, une infirmière spécialisée offre des services de notification des partenaires à toutes les personnes qui reçoivent un diagnostic d’infection à VIH. Alberta Health Services a évalué l’impact des nouvelles lignes directrices à partir de données tirées d’examens de dossiers médicaux et de bases de données locales, entre avril 2010 et décembre 2013.1

Au cours de cette période, 346 personnes ont reçu un diagnostic de VIH (clients index). De ces 346 personnes diagnostiquées, 70 % (243) ont fourni des informations sur des partenaires susceptibles d’avoir été exposés au virus. Au total, 642 partenaires ont été déclarés au personnel de la santé publique; 77 % (495) habitaient dans la région d’Edmonton. De ceux qui habitaient dans la région, 18 % (91) avaient déjà été diagnostiqués. Parmi les contacts restants (habitant à Edmonton et n’étant pas connus comme étant séropositifs au VIH), 86 % (346) ont été retracés par une infirmière de santé publique et 88 % (305) d’entre eux ont été dépistés.

Sept pour cent (20) des partenaires retrouvés ont reçu un diagnostic d’infection à VIH. Les données indiquent que l’identification de nouvelles infections à VIH était plus probable parmi les populations à forte prévalence comme les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HARSAH) et les personnes qui s’injectent des drogues. Le nombre de clients index à interviewer pour repérer une nouvelle personne séropositive au VIH était d’environ 10 chez les HARSAH et de 12 chez les personnes qui consomment des drogues, mais de 144 chez les clients hétérosexuels.

Le nouveau processus de notification des partenaires a également permis d’identifier des personnes vivant avec le VIH qui n’étaient pas adéquatement impliquées dans des soins. Des 91 contacts déjà connus comme étant séropositifs au VIH, 45 % ne recevaient aucun traitement, et plus de 40 % de ceux qui suivaient un traitement n’avaient pas une charge virale supprimée. L’étude ne mentionne pas si des efforts ont été déployés pour aider ces personnes à s’impliquer dans les soins.

Même si les services de notification des partenaires sont obligatoires dans toutes les provinces et tous les territoires, les modèles de prestation varient à travers le pays. Les partenaires sexuels et de consommation de drogue des personnes nouvellement diagnostiquées sont à risque élevé d’infection par le VIH et devraient se voir offrir un dépistage du VIH et du counseling dans les plus brefs délais. À Edmonton, un processus de notification des partenaires doté d’une infirmière a été efficace pour repérer des personnes qui n’étaient pas au courant de leur séropositivité et pour identifier des personnes vivant avec le VIH qui n’étaient pas adéquatement impliquées dans les soins.

Références

Bergman J, Gratrix J, Pillay T, et al. Intensive HIV Partner Notification Is Effective in Identifying New and Previously Diagnosed HIV Infections in Edmonton, Canada. AIDS Patient Care and STDs. 2015. Available at: http://online.liebertpub.com/doi/full/10.1089/apc.2015.0033