Sondage en ligne ontarienne des services de proximité

Sondage en ligne ontarienne des services de proximité

Ontario
2016

Une étude ontarienne démontre que des services de proximité en ligne sont bénéfiques aux hommes gais, bisexuels, bispirituels et autres HARSAH

Entre décembre 2013 et janvier 2014, des hommes utilisant Internet pour chercher des relations sexuelles avec d’autres hommes ont été recrutés via des sites Web de réseautage sexuel, des applications mobiles et des organismes en VIH, en Ontario, pour un sondage anonyme en ligne. Le sondage visait à savoir si les hommes gais, bisexuels, bispirituels et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) utilisent des services de proximité en ligne et à connaître les expériences des utilisateurs. L’étude ontarienne1 a révélé qu’une minorité d’hommes avaient utilisé une intervention de proximité en ligne (8 %), mais que la plupart de ceux-ci avaient perçu un changement positif dans leurs comportements de prévention et de dépistage du VIH et d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS) à l’issue de leur contact avec ces services.

Les services de proximité en ligne ont un impact positif sur le changement comportemental et la prise de décision

Les participants à l’étude ont rattaché des changements comportementaux à leur plus récent contact avec des services de proximité en ligne :

  • 34 % ont déclaré s’être fait dépister pour le VIH
  • 29 % ont déclaré s’être fait dépister pour des ITS
  • 33 % ont déclaré utiliser le condom plus fréquemment
  • 24 % ont déclaré utiliser le condom plus efficacement

Les répondants ont affirmé que leur dernier contact avec des services de proximité en ligne avait influencé leurs décisions sexuelles :

  • 25 % ont déclaré avoir des relations sexuelles uniquement avec des partenaires dont ils connaissent le statut VIH
  • 18 % ont déclaré avoir des relations sexuelles uniquement avec des partenaires de même statut VIH qu’eux
  • 5 % ont déclaré avoir des relations sexuelles uniquement avec des partenaires séropositifs au VIH dont ils connaissent la charge virale

Les services de proximité en ligne joignent des populations généralement mal desservies

Point crucial, l’étude a démontré que les services de proximité en ligne joignent des populations d’hommes queer comme des hommes séropositifs au VIH, des hommes autochtones et bispirituels, des hommes de régions rurales ainsi que de milieu socioéconomique défavorisé, qui sont souvent mal desservis par les services communautaires et de santé. Par exemple, les hommes bispirituels étaient trois fois plus susceptibles d’avoir été en contact avec des services de proximité en ligne que les hommes non bispirituels.

Les utilisateurs apprécient l’expérience des services de proximité en ligne

Les participants à l’étude ont fait état d’expériences positives dans leur recours aux services de proximité en ligne :

  • 87 % ont déclaré que l’intervenant des services de proximité avait utilisé un langage qu’ils comprenaient
  • 84 % ont déclaré qu’ils utiliseraient de nouveau les services
  • 82 % ont déclaré que l’intervenant leur avait été utile
  • 80 % ont déclaré avoir été à l’aise dans l’interaction
  • 69 % ont déclaré que l’intervenant était bien informé
  • 50 % ont déclaré avoir reçu une orientation utile

Quelles sont les implications pour les organismes canadiens?

Nous savons que les hommes gais, bisexuels, bispirituels et autres HARSAH sont affectés de façon disproportionnée par le VIH, au Canada. Ces hommes ont 131 fois plus de chances de contracter le VIH que les hommes n’ayant pas de relations sexuelles avec d’autres hommes.2 Nous savons également que les HARSAH utilisent de plus en plus les technologies de communication modernes comme les téléphones cellulaires et l’Internet pour rencontrer des hommes et chercher des rencontres sexuelles ou de l’information sur la santé sexuelle.3 Cela offre une occasion nouvelle d’interagir efficacement avec les hommes gais, bisexuels, bispirituels et autres HARSAH par le biais de services de proximité en ligne.

L’étude ontarienne a révélé que les HARSAH trouvent les services de proximité en ligne bénéfiques; et, fait important, les données démontrent que ces services joignent des hommes qui peuvent être mal desservis par d’autres approches, notamment les hommes vivant avec le VIH et les hommes autochtones. Toutefois, environ un tiers (32 %) des participants ont déclaré n’avoir jamais utilisé de tels services parce qu’ils n’en connaissaient pas l’existence ou ne savaient pas comment les trouver, ce qui indique que les organismes qui fournissent des services de proximité en ligne pourraient en intensifier la publicité.

Références

  1. Brennan DJ, Lachowsky NJ, Georgievski G, et al. Online Outreach Services Among Men Who Use the Internet to Seek Sex With Other Men (MISM) in Ontario, Canada: An Online Survey. Journal of Medical Internet Research. 2015;17(12):e277.
  2. Yang Q, Ogunnaike-Cooke S, Halverson J, et al. Estimated national HIV incidence rates among key sub-populations in Canada, 2014. Presented at 25th Annual Canadian Conference on HIV/AIDS Research (CAHR), 12–15 May 2016, Winnipeg, Canada. Abstract EPH3.5.
  3. Community-Based Research Centre for Gay Men’s Health. Pride, Prejudice, & Determinants of Health: What’s trending with young gay men?. Community-Based Research Centre for Gay Men’s Health; 2013. Disponible à l'adresse : http://cbrc.net/sites/cbrc.net/files/PPDYouthF%20-AC.pdf [consulté le 19 février 2016]

La notification des partenaires

La notification des partenaires

Edmonton, Alberta
2016

La notification intensive des partenaires identifie des personnes qui ne sont pas au courant de leur statut VIH, à Edmonton

De nouvelles lignes directrices sur la notification des partenaires sont en vigueur à Edmonton depuis avril 2010. Avant celles-ci, il n’existait pas de processus systématique pour notifier les partenaires. Depuis 2010, une infirmière spécialisée offre des services de notification des partenaires à toutes les personnes qui reçoivent un diagnostic d’infection à VIH. Alberta Health Services a évalué l’impact des nouvelles lignes directrices à partir de données tirées d’examens de dossiers médicaux et de bases de données locales, entre avril 2010 et décembre 2013.1

Au cours de cette période, 346 personnes ont reçu un diagnostic de VIH (clients index). De ces 346 personnes diagnostiquées, 70 % (243) ont fourni des informations sur des partenaires susceptibles d’avoir été exposés au virus. Au total, 642 partenaires ont été déclarés au personnel de la santé publique; 77 % (495) habitaient dans la région d’Edmonton. De ceux qui habitaient dans la région, 18 % (91) avaient déjà été diagnostiqués. Parmi les contacts restants (habitant à Edmonton et n’étant pas connus comme étant séropositifs au VIH), 86 % (346) ont été retracés par une infirmière de santé publique et 88 % (305) d’entre eux ont été dépistés.

Sept pour cent (20) des partenaires retrouvés ont reçu un diagnostic d’infection à VIH. Les données indiquent que l’identification de nouvelles infections à VIH était plus probable parmi les populations à forte prévalence comme les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HARSAH) et les personnes qui s’injectent des drogues. Le nombre de clients index à interviewer pour repérer une nouvelle personne séropositive au VIH était d’environ 10 chez les HARSAH et de 12 chez les personnes qui consomment des drogues, mais de 144 chez les clients hétérosexuels.

Le nouveau processus de notification des partenaires a également permis d’identifier des personnes vivant avec le VIH qui n’étaient pas adéquatement impliquées dans des soins. Des 91 contacts déjà connus comme étant séropositifs au VIH, 45 % ne recevaient aucun traitement, et plus de 40 % de ceux qui suivaient un traitement n’avaient pas une charge virale supprimée. L’étude ne mentionne pas si des efforts ont été déployés pour aider ces personnes à s’impliquer dans les soins.

Même si les services de notification des partenaires sont obligatoires dans toutes les provinces et tous les territoires, les modèles de prestation varient à travers le pays. Les partenaires sexuels et de consommation de drogue des personnes nouvellement diagnostiquées sont à risque élevé d’infection par le VIH et devraient se voir offrir un dépistage du VIH et du counseling dans les plus brefs délais. À Edmonton, un processus de notification des partenaires doté d’une infirmière a été efficace pour repérer des personnes qui n’étaient pas au courant de leur séropositivité et pour identifier des personnes vivant avec le VIH qui n’étaient pas adéquatement impliquées dans les soins.

Références

Bergman J, Gratrix J, Pillay T, et al. Intensive HIV Partner Notification Is Effective in Identifying New and Previously Diagnosed HIV Infections in Edmonton, Canada. AIDS Patient Care and STDs. 2015. Available at: http://online.liebertpub.com/doi/full/10.1089/apc.2015.0033

National HIV Testing Day

National HIV Testing Day

États-Unis
2016

Quelles leçons peut-on tirer de la campagne américaine de dépistage du VIH?

Une étude sur les effets de la National HIV Testing Day (NHTD), Journée nationale de dépistage du VIH, portant sur les tendances en matière de dépistage du VIH aux États-Unis a révélé une augmentation à la fois du nombre de tests effectués et du nombre de nouveaux résultats positifs pendant la semaine de la National HIV Testing Day comparativement à deux semaines de contrôle. L’étude a aussi révélé une augmentation significative du pourcentage de tests de dépistage du VIH chez les populations à risque élevé, y compris les hommes  ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) et les Noirs non hispaniques.

La National HIV Testing Day aux États-Unis vise à promouvoir et à augmenter le dépistage du VIH. Elle se tient le 27 juin de chaque année et des centaines d’événements locaux sont organisés à cette occasion. La plupart des événements locaux offrent des tests de dépistage du VIH et sont accompagnés de campagnes médiatiques et de marketing social qui renseignent sur la prévention du VIH, le dépistage et les soins. Ces événements abordent aussi les obstacles au dépistage du VIH et encouragent le public à se faire tester.

Les objectifs de la National HIV Testing Day sont d’encourager les gens à :

  • Subir un test de dépistage du VIH
  • Prendre connaissance de leur statut sérologique
  • Se prévaloir des services de prévention, de soins et de traitement
  • Déployer des efforts pour réduire la stigmatisation associée au VIH

Bien que la National HIV Testing Day soit organisée aux États-Unis depuis 1995, il n’existe aucune journée semblable au Canada.

L’étude

En 2010, la semaine entourant la National HIV Testing Day (24 au 30 juin) a été comparée à deux autres « semaines de contrôle » cette année-là, soit la semaine du 7 au 13 janvier et celle du 12 au 18 août. Ces semaines de contrôle ont été choisies parce qu’aucune campagne de dépistage ou de sensibilisation au VIH n’était prévue dans les quatre semaines précédant ou suivant ces périodes et qu’aucun congé majeur ne tombait la semaine précédant ou suivant ces périodes.

Les résultats1

En 2010, 52 autorités sanitaires ont effectué 161 844 tests de dépistage financés par le CDC pendant les trois semaines visées par l’étude. Pendant la semaine de la National HIV Testing Day en 2010, il y a eu considérablement plus de tests effectués que pendant les semaines de contrôle (63 914 tests comparativement à 48 748 pendant la 1ère semaine de contrôle et à 49 182 pendant la 2e).

Durant la semaine de la National HIV Testing Day, il y a eu considérablement plus de nouveaux résultats positifs comparativement aux deux semaines de contrôle (467 pendant la semaine de la National HIV Testing Day comparativement à 367 dans la 1ère semaine de contrôle et à 356 dans la 2e).

Le profil des personnes qui ont subi un test de dépistage a également changé pendant la National HIV Testing Day. L’étude a démontré que, comparativement à la 1ère et à la 2e semaine de contrôle :

  • Le pourcentage de personnes de 20 à 29 ans qui ont subi un test de dépistage pendant la semaine de la National HIV Testing Day était considérablement plus faible (4,5 % et 1,8 % plus faible, respectivement).
  • Le pourcentage de personnes de 50 ans et plus qui ont obtenu un résultat positif au test de dépistage pendant la semaine de la National HIV Testing Day était considérablement plus élevé (2,7 % et 1,6 % plus élevé, respectivement).
  • Le pourcentage de Blancs non hispaniques qui ont subi un test de dépistage pendant la semaine de la National HIV Testing Day était considérablement plus faible (2,8 % et 1,4 % plus faible, respectivement).
  • Le pourcentage de Noirs non hispaniques qui ont subi un test de dépistage pendant la semaine de la National HIV Testing Day était considérablement plus élevé (2,9 % et 1,9 % plus élevé, respectivement).
  • Le pourcentage de HARSAH qui ont subi un test de dépistage pendant la semaine de la National HIV Testing Day était considérablement plus élevé (0,8 % et 1,0 % plus élevé, respectivement).
  • Le pourcentage d’hétérosexuels à faible risque qui ont subi un test de dépistage pendant la semaine de la National HIV Testing Day était considérablement plus élevé (2,0 % et 1,8 % plus élevé, respectivement).

L’étude a démontré que pendant la semaine de la National HIV Testing Day, le pourcentage de personnes qui ont subi un test de dépistage rapide était considérablement plus élevé (6,6 % et 4,9 % plus élevé, respectivement) comparativement aux deux semaines de contrôle. L’étude a aussi révélé que le pourcentage de personnes qui ont subi un test de dépistage dans un endroit autre qu’un établissement de soins de santé pendant la semaine de la National HIV Testing Day était considérablement plus élevé (13,1 % et 10,1 % plus élevé, respectivement) comparativement aux deux semaines de contrôle. Enfin, comparativement à la 1ère semaine de contrôle (mais pas la 2e), le pourcentage de personnes qui ont reçu le résultat de leur test était considérablement plus élevé (3,0 %). 

Qu’est-ce que cela nous indique sur le potentiel d’une journée nationale de dépistage du VIH au Canada?

Cette étude a démontré que la National HIV Testing Day a augmenté le nombre global de tests de dépistage et de nouveaux résultats positifs comparativement aux deux semaines de contrôle. Elle a aussi révélé une augmentation du dépistage chez certaines populations à risque élevé, y compris les Noirs non hispaniques et les HARSAH mais pas chez les autres populations comme les Hispaniques et les Latino-américains. 

L’utilisation de la technologie de dépistage rapide – 66 % de tous les tests effectués pendant la  National HIV Testing Day étaient des tests rapides – peut avoir permis aux fournisseurs de services d’effectuer davantage de tests. L’offre de tests de dépistage dans des endroits autres que des établissements de soins de santé pendant la campagne peut aussi avoir joué un rôle-clé. Le taux élevé de résultats communiqués (81 %) pendant la semaine de la National HIV Testing Day nous indique que la majorité des personnes qui ont subi le test ont pris connaissance de leur statut sérologique.

Une journée nationale de dépistage du VIH au Canada pourrait potentiellement augmenter le nombre de personnes qui se font tester et qui prennent donc connaissance de leur statut sérologique. On devrait utiliser les données sur les obstacles au dépistage chez les populations à risque spécifiques pour mieux éclairer les campagnes de marketing social et s’assurer que ces obstacles sont abordés.

Ressources

Guide pour le dépistage et le diagnostic de l’infection par le VIH – Agence de la santé publique du Canada

Référence

Van Handel MM, Mulatu MS. « Effectiveness of the U.S. National HIV Testing Day campaigns in promoting HIV testing: Evidence from CDC-funded HIV testing sites », 2010. Public Health Reports. Octobre 2014; 129 : 446–54.

Appel aux hommes Canada

Appel aux hommes Canada

Canada
2016

Depuis le début de l’épidémie, le VIH a touché de manière disproportionnée les hommes gais et les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) au Canada. En 2011, on estimait que sur les 71 300 personnes vivant avec le VIH au Canada (prévalence), 50 % d’entre elles étaient des HARSAH. On estime de plus que 50 % de tous les nouveaux cas d’infection au VIH en 2011 (incidence) touchaient les HARSAH, un pourcentage qui est généralement demeuré stable avec les années. Compte tenu des taux élevés de prévalence et d’incidence du VIH au sein des HARSAH, un besoin pressant se fait sentir de comprendre les attitudes, les opinions et les comportements des HARSAH ― et de leurs besoins en prévention du VIH ― afin d’influencer et d’améliorer l’éducation, les politiques et les programmes.

Récemment, deux importants projets de recherche ont cherché à combler ces besoins en menant 1) un sondage téléphonique à l’aide d’une ligne sans frais auprès des HARSAH de partout au Canada et 2) un sondage auprès des organismes canadiens de lutte contre le sida travaillant dans le domaine de la santé des HARSAH.

Appel aux hommes Canada

Le sondage téléphonique à l’échelle nationale ― Appel aux hommes Canada ― était une collaboration bilingue, entre une université et une communauté, entreprise par des enquêteurs universitaires et communautaires des quatre coins du Canada. Cette étude visait à mieux comprendre les contextes sociaux des HARSAH, leurs attitudes et leurs connaissances relativement au sexe, à la sexualité, à la santé et au bien-être ainsi que leur compréhension des comportements à risque liés au VIH et aux ITS. Les HARSAH ont été recrutés à l’aide d’une variété de moyens (y compris les traditionnelles petites annonces et des campagnes de médias sociaux) et ont été encouragés à se porter bénévole pour une entrevue en téléphonant à une ligne téléphonique anonyme et sans frais.

Entre octobre 2011 et février 2012, plus de 1 200 entrevues ont été effectuées par téléphone. Les appels ont été reçus de toutes les provinces et de tous les territoires du Canada. La moyenne d’âge des participants était de 45 ans (de 16 à 89 ans), et la majorité (68 %) habitait en milieu urbain. La plupart des participants (55 %) s’identifiaient comme gais et les autres s’identifiaient comme hétérosexuels, bisexuels, « queer », bispirituels ou autres. À l’échelle nationale, 6,6 % des participants ont signalé qu’ils vivaient avec le VIH.

Voici quelques exemples de conclusions importantes :

  • Utilisation du condom : Environ 50 % des participants ont signalé toujours utiliser un condom. Par contre, la moitié avait l’impression que leurs rapports sexuels étaient moins satisfaisants avec les condoms et une importante proportion (30 %) a suggéré qu’ils seraient prêts à avoir des rapports sexuels non protégés avec une personne séropositive.
  • Dépistage du VIH : La majorité des participants (75 %) avaient déjà subi un test de dépistage du VIH et 35 % en avaient subi un au cours des six derniers mois. Pour les participants n’ayant jamais subi de test de dépistage du VIH, les principales raisons de ne pas subir de test étaient qu’ils se croyaient séronégatifs (84 %) ou qu’ils ne couraient que très peu de risques de contracter l’infection au VIH (74 %).
  • Transmission du VIH : Les connaissances générales concernant la façon dont le VIH pouvait être transmis étaient élevées. La moitié des hommes (50 %) était d’accord pour dire qu’un homme s’expose à plus de risques pour le VIH s’il a des relations sexuelles anales passives (bottom).

Le présent document n’est qu’un aperçu de l’information disponible. Un rapport technique complet (en anglaise seulement) et 20 feuillets de type bande dessinée sont disponibles et offrent un portrait plus complet des conclusions.

Sondage national auprès des organismes canadiens de lutte contre le sida

Un projet connexe a sondé les organismes canadiens de lutte contre le sida afin de préciser davantage les besoins en recherche pour la promotion de la santé sexuelle auprès de HARSAH. En tout, 34 membres du personnel provenant des régions de l’Atlantique (13 %), de l’Ontario (33 %), du Pacifique (10 %), des Prairies (13 %) et du Québec (30 %) ont rempli le sondage en ligne.

En se basant sur les résultats du sondage, les enquêteurs ont formulé une série de recommandations pour la recherche, l’élaboration de programmes et de politiques, comme la nécessité :

  • D’effectuer davantage d’études de recherche, tant quantitatives que qualitatives, pour examiner la vie des HARSAH des régions rurales, des jeunes HARSAH ainsi que les problèmes complexes soulevés par la criminalisation du VIH.
  • D’identifier et d’utiliser les sources de revenus pour la recherche sur la prévention du VIH auprès des HARSAH. Seulement une minorité (27 %) des répondants avaient déjà obtenu du financement pour effectuer leur propre recherche en prévention du VIH auprès des HARSAH.
  • De développer davantage les capacités de recherche des organismes de lutte contre le sida afin de favoriser davantage la recherche communautaire auprès des HARSAH grâce à la disponibilité accrue d’outils de recherche, d’un meilleur accès aux conférences et d’une plus grande capacité à mener des recherches indépendantes.
  • D’élaborer des programmes pour les groupes « occultes », comme les HARSAH religieux, les HARSAH trans et les HARSAH qui ne s’identifient pas comme gais. Ces groupes ont été identifiés par les participants comme étant mis à l’écart des programmes existants ou dont les besoins en matière de promotion de la santé sexuelle n’étaient pas comblés.
  • De déployer des efforts continus en termes de défense des droits afin de financer les programmes de prévention du VIH et le personnel œuvrant auprès des HARSAH. Dans l’ensemble, 33 % des répondants ont signalé que leur organisme ne possédait pas de poste consacré à l’élaboration de programmes pour travailler avec les HARSAH et 13 % ont déclaré qu’ils n’avaient obtenu aucun financement pour la prévention du VIH à l’intention des HARSAH.
  • De développer des programmes permanents sur la prévention du VIH qui ciblent l’Internet et exploitent ce support.
  • De renforcer les services existants de santé mentale à l’intention des HARSAH et de les incorporer à la majorité des organismes de lutte contre le sida.

Le rapport final comprend des recommandations supplémentaires et identifie les besoins continus et changeants des HARSAH en fonction d’une comparaison avec des sondages/évaluations précédents.

Que nous indique le sondage?

Le sondage « Appel aux hommes Canada » a amélioré notre compréhension des comportements, des connaissances, des attitudes et des opinions des HARSAH vivant au Canada. Les conclusions peuvent être utilisées par les personnes travaillant dans le domaine du VIH pour les aider à influencer les discussions communautaires et à modeler les programmes et la recherche pour cette population. Le sondage connexe auprès des organismes canadiens de lutte contre le sida peut aider les organismes, les bailleurs de fonds et les responsables de l’élaboration des politiques à acquérir une meilleure compréhension des besoins en recherche, en programmes et en politiques tout en les aidant à mieux élaborer des programmes et des politiques à l’intention des HARSAH au Canada.

Linkage to Care Intervention

Linkage to Care Intervention

Wisconsin, États-Unis
2016

Une intervention intensive et limitée dans le temps en arrimage aux soins a une incidence positive sur l’implication dans les soins du VIH

En 2014, l’ONUSIDA a proposé un ambitieux ensemble d’objectifs visant à intensifier les efforts de traitement du VIH à l’échelle mondiale. Cette approche dans la lutte contre le VIH s’appuie sur des travaux de recherche qui démontrent que le traitement précoce peut améliorer considérablement la santé des personnes vivant avec le VIH1 et peut aussi réduire de façon drastique la transmission du virus.2

Malgré les bienfaits évidents que procurent les soins et le traitement, le Canada n’atteint pas les objectifs de l’ONUSIDA; si ces derniers sont atteints, ils pourraient permettre d’enrayer l’épidémie de VIH d’ici 2030.3   L’ONUSIDA a proposé que d’ici 2020 :

  • 90 % de toutes les personnes vivant avec le VIH  connaîtront leur statut sérologique;
  • 90 % de toutes les personnes chez qui on a diagnostiqué une infection au VIH recevront une TAR de façon soutenue;
  • 90 % de toutes les personnes sous traitement atteindront une charge virale indétectable.

Si ces cibles sont atteintes, 81 % de toutes les personnes vivant avec le VIH recevront un traitement et 73 % des personnes en traitement auront une charge virale indétectable. Bien que le Canada n’ait pas publié de données nationales pour les objectifs de l’ONUSIDA, des données de la Colombie-Britannique et de l’Ontario révèlent que le Canada ne réussit pas aussi bien que d’autres pays. Par exemple, seulement 35 % des personnes vivant avec le VIH en Colombie-Britannique ont une charge virale indétectable; en Ontario, ce pourcentage est de seulement 27 % à 40 %.4,5 Ce pourcentage est considérablement plus faible que l’objectif de 73 % et signifie que nous devons en faire plus pour favoriser l’implication des clients dans tout le continuum de soins.

Pour atteindre les objectifs de 90-90-90, les personnes vivant avec le VIH devront s’impliquer dans leurs soins du VIH. Des programmes efficaces qui améliorent l’implication dans les soins pour les personnes vivant avec le VIH sont nécessaires pour nous aider à atteindre les objectifs de l’ONUSIDA.

Programme d’intervention en arrimage aux soins du Wisconsin

En vertu de ce programme, des spécialistes en arrimage aux soins (professionnels non médicaux qui reçoivent une formation spécifique sur les notions fondamentales de la transmission du VIH, la progression et le traitement de la maladie, les principes de la gestion de cas, les techniques d’entrevue motivationnelle et l’éthique professionnelle) sont jumelés à des participants séropositifs qui ont récemment reçu leur diagnostic, qui sont récemment sortis de prison ou qui ne reçoivent actuellement aucun soin médical lié au VIH.

Les spécialistes fournissent et coordonnent les services, les recommandations et les rendez-vous, accompagnent les participants à leurs rendez-vous et les aident à naviguer dans le système de soins de santé. Les spécialistes accompagnent les participants pendant une période pouvant aller jusqu’à neuf mois, et chaque spécialiste travaille avec au plus 15 clients à la fois.

L’étude

Entre février et août 2013, 16 participants de la phase pilote du programme « Linkage to Care Intervention » ont été interviewés au sujet de leur expérience avec le programme.

Dans l’ensemble, les participants ont dit que leur relation avec le spécialiste en arrimage aux soins a été la clé de leur implication réussie dans les soins du VIH.6  Ce lien personnel avec leur spécialiste a aidé les participants à se sentir plus à l’aise avec les soins médicaux, malgré les perceptions et les expériences de stigmatisation liée au VIH qui les avaient empêchés de rechercher des soins par le passé. Les participants ont aussi indiqué que la relation avec leur spécialiste les a motivés à accorder une importance accrue à leur santé, ce qu’ils ne faisaient pas auparavant.

Enrichir nos connaissances

Cette étude montre qu’une intervention intensive et limitée dans le temps en arrimage aux soins est généralement bien accueillie par les participants. Elle démontre aussi que les interventions qui assurent l’établissement de relations solides entre les participants et les fournisseurs de services peuvent avoir une incidence positive sur l’implication des clients dans les soins.

Cette étude vient augmenter le nombre croissant de données probantes selon lesquelles la navigation du système de santé pour les personnes vivant avec le VIH peut avoir une incidence positive sur l’implication, l’arrimage et la rétention dans les soins. Plusieurs programmes de navigation semblables sont déjà en place à Vancouver, Kamloops et Regina

Références

  1. Samji H, Cescon A, Hogg RS, et al. Closing the Gap: Increases in Life Expectancy among Treated HIV-Positive Individuals in the United States and Canada. Okulicz JF, editor. PLoS ONE. 18 décembre 2013;8(12):e81355.
  2. Cohen M, Chen YQ, Macauley M, et al. Prevention of HIV-1 Infection with Early Antiretroviral Therapy. New England Journal of Medicine. 365(6):493–505.
  3. Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). 90-90-90 : Une cible ambitieuse de traitement pour aider à mettre fin à l'épidémie du sida [Internet]. Genève, Suisse : ONUSIDA; oct. 2014 [consulté le 18 novembre2014] p. 33. Disponible à l'adresse : http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/90-90-90_fr.pdf
  4. Nosyk B, Montaner JSG, Colley G, et al. The cascade of HIV care in British Columbia, Canada, 1996–2011: a population-based retrospective cohort study. Lancet Infectious Diseases. janvier 2014 ;14(1):40–9.
  5. Gilbert M, Gardner S, Murray J, et al. Quantifying the HIV Care Cascade in Ontario: Challenges and Future Directions [Internet]. Affiche présentée à : 24e conférence annuelle sur la recherche sur le VIH/sida; 30 mai 2015; Toronto, Ontario. Disponible à l'adresse :  http://www.cahr-acrv.ca/wp-content/uploads/2012/10/InfDis_26_SB_MarApr2015_Final.pdf
  6. Broaddus M, Hanna CR, Schumann C, Meier A. “She makes me feel I’m not alone”: Linkage to Care Specialists provide social support to people living with HIV. AIDS Care. 2015 Apr 9.

Gay Poz Sex

Gay Poz Sex

Toronto, Ontario
2016

Gay Poz Sex (GPS)1,2 est un programme de counseling en santé sexuelle destiné aux hommes gais, bisexuels et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) et qui vivent avec le VIH. Il a été démontré que cette intervention de prévention positive réduit considérablement les comportements sexuels à risque pour le VIH et améliore les résultats de santé mentale chez les HARSAH vivant avec le VIH.

Gay Poz Sex

GPS est un programme de counseling en santé sexuelle qui vise à aider les hommes à améliorer leur vie sexuelle en harmonie avec leurs valeurs personnelles, tout en réduisant leurs risques de transmettre le VIH et de contracter des ITS. L’usage du condom n’est pas un point de mire du programme, car chaque participant identifie ses propres objectifs de santé sexuelle d’après ses valeurs. Une étude du programme a été réalisée à Toronto de mars 2009 à avril 2013.

Des HARSAH vivant avec le VIH ont été recrutés à l’aide d’affiches et de dépliants dans des lieux et espaces communautaires, des médias sociaux, du site Web de GPS et lors de la Fierté de Toronto. Les participants étaient admissibles à l’intervention s’ils :

  • déclaraient avoir eu une relation anale sans condom avec un autre homme au cours des trois mois précédents
  • s’autodéclaraient comme vivant avec le VIH
  • s’identifiaient comme étant de sexe masculin
  • avaient plus de 18 ans
  • pouvaient lire et écrire en anglais

Le programme consiste en sept séances hebdomadaires de deux heures animées par deux hommes gais vivant avec le VIH. Chaque groupe compte entre cinq à huit participants. Les séances 1 et 2 portent sur des sujets liés à la transmission du VIH, aux infections transmissibles sexuellement (ITS) et aux défis du dévoilement du VIH.

Les séances 3 à 5 visent à aider les participants à identifier leurs objectifs personnels de santé sexuelle et à explorer tout conflit entre ceux-ci et leur comportement actuel.

Les séances 6 et 7 permettent aux participants d’acquérir des compétences comme l’affirmation de soi pour les aider à avoir le type de sexe qu’ils désirent.

Les participants ont répondu au même sondage avant et immédiatement après l’intervention, puis trois mois plus tard. Le sondage a évalué l’impact de l’intervention sur :

  • la fréquence des relations anales sans condom avec des partenaires séronégatifs ou de statut VIH inconnu
  • la fréquence des relations anales sans condom avec des partenaires vivant avec le VIH
  • les sentiments de dépression et de solitude
  • la peur du rejet sexuel
  • les comportements sexuels compulsifs et la recherche de sensations sexuelles
  • la capacité de réduire les comportements sexuels à risque

Résultats

Au total, 59 HARSAH vivant avec le VIH ont participé à GPS jusqu’à la fin. La majorité des participants étaient blancs, plusieurs étaient prestataires d’aide sociale et environ la moitié d’entre eux avaient un revenu annuel inférieur à 20 000 $.

De façon générale, GPS a réduit considérablement le nombre de relations anales sans condom des participants avec des partenaires de tous types (réguliers et occasionnels) et de tous les statuts VIH (positif, négatif, inconnu). Au début, 85 % des hommes ont déclaré avoir des relations anales sans condom, tous partenaires confondus. Cette proportion a diminué à 65 % immédiatement après l’intervention et à 58 % trois mois après la fin du programme.

L’étude a révélé une diminution considérable, immédiatement après l’intervention (comparativement aux données initiales), du nombre de relations anales sans condom avec :  

  • des partenaires occasionnels de tout statut (de 73 % à 58 %)
  • des partenaires occasionnels de statut VIH inconnu (de 42 % à 27 %)
  • des partenaires occasionnels de statut VIH positif (de 62 % à 46 %)
  • tout partenaire de statut VIH négatif ou inconnu (de 54 % à 37 %)
  • tout partenaire de statut VIH positif (de 73 % à 54 %)

L’étude a également révélé une diminution considérable, trois mois après l’intervention (comparativement aux données initiales), du nombre de relations anales sans condom avec :

  • des partenaires occasionnels de tout statut (de 73 % à 50 %)
  • des partenaires occasionnels de statut VIH inconnu (de 42 % à 21 %)
  • des partenaires occasionnels de statut VIH positif (de 62 % à 42 %)
  • tout partenaire de statut VIH négatif ou inconnu (de 54 % à 29 %)
  • tout partenaire de statut VIH positif (de 73 % à 52 %)

Conformément aux valeurs du programme, consistant à promouvoir à la fois la santé sexuelle et mentale, GPS a atténué le sentiment de solitude, la peur du rejet sexuel et les comportements sexuels compulsifs.

Quelles sont les implications pour les organismes canadiens?

L’approche de GPS à la promotion de la santé chez les HARSAH vivant avec le VIH est fondée sur des données probantes. L’étude a démontré que GPS peut réduire les comportements sexuels à risque parmi les HARSAH vivant avec le VIH et améliorer leurs résultats de santé mentale. Le programme GPS est offert à Toronto et à Vancouver (le site de Vancouver n’était toutefois pas inclus dans l’étude). L’intervention pourrait être adaptée à d’autres régions du pays, car elle est offerte en milieu communautaire par des pairs animateurs vivant avec le VIH.

Références

  1. Hart TA, Stratton N, Coleman TA, et al. A Pilot Trial of a Sexual Health Counseling Intervention for HIV-Positive Gay and Bisexual Men Who Report Anal Sex without Condoms. PLOS ONE. 2016 Apr 7;11(4):e0152762.
  2. Hart T.A, Willis AC, Simpson SH, et al. Gay Poz Sex: A Sexual Health Promotion Intervention For HIV-Positive Gay And Bisexual Men. Cognitive and Behavioral Practice. 2016; sous presse.