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Région sanitaire de Saskatoon (RSS)
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En quoi consiste le programme?

Les enquêtes VIH et la notification des partenaires sont une pratique de santé publique en vertu de laquelle on communique avec les récents partenaires sexuels des personnes qui viennent de recevoir un diagnostic d’infection au VIH et les personnes avec qui elles ont partagé du matériel d’injection de drogues pour leur donner l’occasion de se faire tester. Une enquête VIH comporte plusieurs éléments, dont des services de suivi pour la personne qui vient de recevoir le diagnostic, la notification des partenaires, des tests de dépistage du VIH, le counseling sur la réduction des risques et l’éducation sur la prévention.

L’approche axée sur le réseau social pour les enquêtes VIH et la notification des partenaires est une stratégie de recrutement qui facilite la dissémination rapide de tests de dépistage du VIH, le counseling sur la réduction des risques et l’éducation sur la prévention par l’entremise du réseau social. Cela donne aux personnes qui viennent de recevoir un diagnostic de séropositivité l’occasion d’aiguiller des gens qu’elles connaissent – mais qui ne sont pas des contacts directs – vers des établissements de santé publique pour se faire tester et recevoir du counseling et de l’information.

Le but de cette intervention est d’augmenter l’accès à des tests de dépistage du VIH, au counseling et à l’éducation sur la prévention pendant une éclosion de VIH chez des personnes qui courent peut-être un risque élevé continu d’infection au VIH et qui ignorent peut-être leur statut sérologique. Cette méthode s’applique facilement à toute enquête VIH menée par le personnel de la santé publique parce qu’elle s’appuie sur les pratiques traditionnelles d’enquête VIH et de notification des partenaires.

Depuis 2005, la région sanitaire de Saskatoon inclut, s’il y a lieu, une composante de réseau social dans son travail traditionnel d’enquête VIH et de notification des partenaires. En plus de leurs partenaires sexuels et des personnes avec qui elles ont partagé du matériel d’injection, on demande aussi aux personnes qui viennent de recevoir un diagnostic de séropositivité s’il y a d’autres membres de leur réseau social qui, selon elles, courent un risque élevé d’infection au VIH. Une infirmière de la santé publique communique avec les personnes identifiées grâce à l’approche axée sur le réseau social et leur offre l’occasion de passer un test de dépistage. On leur dit qu’il n’y a aucune raison de croire qu’elles ont été exposées au VIH, mais que la région sanitaire de Saskatoon encourage tout le monde à se faire tester afin de connaître leur statut sérologique.

Une approche axée sur le réseau social met l’accent sur le contexte dans lequel les comportements à risque élevé surviennent. En déployant cette approche, la région sanitaire de Saskatoon a appris que la stigmatisation associée à l’utilisation de drogues (surtout avec certains partenaires spécifiques*) et aux relations sexuelles empêche certaines personnes de dévoiler tous leurs contacts directs. L’approche axée sur le réseau social a permis de réduire cette stigmatisation parce qu’on demande aux gens d’indiquer si certains membres de leur réseau social pourraient tirer profit d’une séance de counseling et d’un test de dépistage du VIH.

Bien que la présente étude de cas mette l’accent sur l’utilisation d’une approche axée sur le réseau social pour les enquêtes VIH et la notification des partenaires, on peut utiliser une approche semblable pour les autres infections transmissibles sexuellement ainsi que d’autres maladies infectieuses transmissibles fondées sur les relations comme la tuberculose.

*Dans le cadre de l’approche axée sur le réseau social, lorsqu’on demande aux gens d’indiquer s’il y a des membres de leur réseau social au sujet desquels ils s’inquiètent, ils mentionnent notamment des proches comme les parents, les oncles, les tantes, les frères et sœurs, et les amis.

Raison d'être du programme

L’approche axée sur le réseau social a été utilisée pour la première fois dans la région sanitaire de Saskatoon (RSS) en 2005. À l’époque, la RSS était confrontée à une augmentation inattendue du nombre de diagnostics d’infection au VIH, et le médecin hygiéniste croyait que cette hausse était peut-être due à une éclosion au sein d’un réseau de personnes qui s’injectaient des drogues. Les pratiques traditionnelles en fait d’enquêtes VIH et de notification des partenaires n’ont pas permis au personnel de la santé publique de remonter à la source de transmission active du virus. L’équipe de la santé publique a décidé d’innover en faisant passer des tests de dépistage à l’entourage connu des personnes qui venaient de recevoir un diagnostic de séropositivité comme la famille, les amis, etc.

Depuis juillet 2005, les services traditionnels d’enquête VIH et de notification des partenaires ont ajouté des questions sur les contacts sociaux aux procédures de suivi habituelles dans la région sanitaire de Saskatoon. Cette approche a permis de repérer un groupe de personnes étroitement liées par contact social et sexuel et le partage de matériel d’injection, et qui n’avaient pas été initialement identifiées par ceux qui venaient de recevoir un diagnostic de séropositivité comme étant des partenaires sexuels directs ou des gens avec qui ils avaient partagé des seringues. Beaucoup de ces contacts ont par la suite reçu un diagnostic de séropositivité. L’analyse subséquente a montré que l’approche de dépistage du VIH axée sur le réseau social a entraîné un taux de résultats positifs plus élevé que le processus traditionnel d’enquête VIH et de notification des partenaires.

Mise en œuvre du programme

Quand la région sanitaire de Saskatoon prend connaissance d’un nouveau résultat positif à un test de dépistage du VIH, elle charge des membres de son personnel de trouver la personne en question et de lui fournir des services. Des services de soutien sont fournis par une infirmière de la santé publique sous la direction du médecin hygiéniste et peuvent être offerts par téléphone ou en personne. Les services de suivi pour les personnes qui viennent de recevoir un diagnostic de séropositivité comprennent l’éducation sur la transmission du VIH, la prévention et le traitement, de l’information sur l’obligation légale de dévoiler son statut VIH, la notification des partenaires, le counseling après test et l’arrimage aux soins.

En vertu du processus traditionnel d’enquête VIH et de notification des partenaires, une infirmière de la santé publique travaille avec la personne qui a reçu le diagnostic d’infection au VIH en vue d’identifier et de communiquer avec ses partenaires sexuels directs et les gens avec qui elle a partagé du matériel d’injection. On encourage les personnes qui viennent de recevoir un diagnostic à informer elles-mêmes leurs partenaires, et le personnel infirmier de la région sanitaire de Saskatoon assure un suivi auprès des partenaires directs pour leur fournir des renseignements supplémentaires et leur rappeler qu’il est important de passer un test de dépistage du VIH dans les plus brefs délais possibles, que ce soit par l’entremise de la santé publique ou de leur fournisseur de soins primaires.

Tout partenaire qui obtient un résultat négatif au test de dépistage du VIH reçoit du counseling sur les mesures à prendre pour rester séronégatif et fait l’objet d’une évaluation pour déterminer s’il y a lieu de l’aiguiller vers d’autres services. Les partenaires qui reçoivent un résultat positif au test de dépistage sont par la suite arrimés à des soins.

Ajouter une approche axée sur le réseau social

L’approche axée sur le réseau social repose sur la méthodologie actuelle d’enquête VIH et de notification des partenaires et est donc facile à mettre en œuvre. L’approche met l’accent sur l’environnement social où les comportements à risque se produisent et fait participer les pairs, les familles et la communauté. Un des principaux buts de l’approche axée sur le réseau social est de disséminer des connaissances exactes et de sensibiliser la communauté afin de prévenir la transmission du VIH. Cela s’effectue par l’éducation des personnes qui viennent de recevoir un diagnostic et de leurs partenaires, proches et amis qu’ils considèrent comme faisant partie de leur réseau social. En augmentant les connaissances au sein de la communauté et en sensibilisant cette dernière, l’approche axée sur le réseau social aide à réduire la transmission du virus.

À Saskatoon, l’approche axée sur le réseau social a augmenté les occasions de dépistage du VIH et de counseling pour les personnes qui courent un risque élevé d’infection, mais qui n’ont pas été citées comme étant des contacts directs par quelqu’un qui vient de recevoir un diagnostic de séropositivité. Ces personnes courent un risque plus élevé parce que l’on sait que les comportements à risque comme le partage de matériel d’injection de drogues se produisent souvent au sein des cercles sociaux, et que les réseaux de personnes qui s’injectent des drogues comprennent souvent des personnes vivant avec le VIH.

Protocole de l’approche axée sur le réseau social

Dans le cadre d’une enquête VIH qui utilise une approche axée sur le réseau social, lorsqu’on communique avec une personne identifiée initialement comme faisant partie du réseau social de quelqu’un qui a récemment reçu un diagnostic d’infection au VIH, on lui dit qu’à la connaissance de la santé publique, il n’y a aucune raison de croire qu’elle ait été directement exposée au VIH. Une infirmière de la santé publique lui explique qu’on est en train de mener une enquête sur une éclosion de VIH dans la communauté et qu’on aimerait lui donner l’occasion de passer un test de dépistage. La plupart des personnes avec qui la région sanitaire de Saskatoon a communiqué dans le cadre de l’approche axée sur le réseau social ont accepté l’offre de test de dépistage.

La région sanitaire de Saskatoon a constaté que lorsqu’on utilise cette approche pendant des éclosions de VIH chez les personnes qui s’injectent des drogues, les personnes qui venaient de recevoir un diagnostic de séropositivité fournissaient une liste beaucoup plus longue de contacts sociaux que lorsqu’on leur demandait de divulguer les noms de ceux avec qui elles avaient eu des rapports sexuels ou partagé du matériel d’injection.

Ressources requises

  1. Un mandat clair enchâssé dans la loi sur la santé publique de la province ou du territoire, et l’ajout d’une approche axée sur le réseau social aux règlements sur les maladies transmissibles. Ces mesures donneront aux secteurs de compétence le fondement nécessaire pour demander aux gens de divulguer les noms de leurs contacts sociaux.
  2. Infirmières de la santé publique. On a besoin d’infirmières d’expérience et neutres pour fournir du counseling après test, la notification des partenaires, l’arrimage aux soins pour le VIH, l’aiguillage et le soutien.
  3. Médecin hygiéniste. Le médecin hygiéniste fournit des conseils et des directives médicales aux infirmières de la santé publique et doit être prêt à appliquer les dispositions de la loi sur la santé publique sur son territoire.

Défis

  1. Répartition des ressources. L’ajout d’une approche axée sur le réseau social pour les enquêtes VIH et la notification des partenaires peut augmenter le nombre d’heures de travail consacrées aux services. Cela peut s’avérer un défi dans un système qui ne dispose peut-être pas des ressources additionnelles nécessaires.
  2. Recherche des contacts. Les infirmières de la santé publique demandent aux personnes qui viennent de recevoir un diagnostic d’infection au VIH de fournir des renseignements personnels sur leurs habitudes sexuelles et d’utilisation de drogues, ainsi que sur leurs partenaires dans ces activités. Bon nombre de ces clients se méfient déjà du système de soins de santé. Les infirmières doivent être d’un abord facile et habiles à mener ce genre de discussions afin que les clients se sentent suffisamment à l’aise pour dévoiler les noms des contacts directs ou sociaux qui ont été exposés au VIH dans leurs réseaux.

Évaluation du programme

L’approche axée sur le réseau social est évaluée annuellement lorsque la région sanitaire de Saskatoon examine ses statistiques sur le VIH. Parmi les processus qui se sont améliorés grâce à cette approche, citons :

  • Augmentation du nombre de diagnostics d’infection au VIH : la région sanitaire de Saskatoon continue de relever une proportion plus élevée de cas par quantité de tests effectués (taux accru de résultats positifs) qu’avec son processus traditionnel d’enquête VIH et de notification des partenaires.
  • Élaboration d’une base de données de recherche des contacts qui est utilisée pour effectuer le suivi auprès des partenaires, le counseling et l’exécution de tests de dépistage, et pour produire une liste de tâches de suivi quotidiennes pour les infirmières de la santé publique.

En 2004, avant que l’approche axée sur le réseau social ne soit ajoutée aux services d’enquête VIH et de notification des partenaires dans la région sanitaire de Saskatoon, le taux de nouveaux diagnostics d’infection au VIH dans la région était de 5,57 par 100 000 habitants. En 2005, après la mise en œuvre de l’approche, ce chiffre a augmenté de façon considérable pour atteindre 20 nouveaux cas diagnostiqués par 100 000 habitants. Cette augmentation saisissante n’a été observée dans aucune autre région sanitaire en Saskatchewan; aucune d’entre elles n’avait adopté l’approche axée sur le réseau social pour les enquêtes VIH.

Leçons tirées

  1. Prendre le temps de fournir des messages clairs sur la prévention et le dépistage. Les approches axées sur le réseau social pour la notification des partenaires peuvent prendre considérablement plus de temps que l’approche traditionnelle. C’est parce qu’un des objectifs visés est d’augmenter les connaissances de la communauté et de sensibiliser cette dernière au VIH et à la prévention du virus.
  2. Une approche axée sur le réseau social peut augmenter le counseling sur la réduction des risques. Une approche axée sur le réseau social facilite l’accès au dépistage et au counseling pour le VIH et les autres infections transmissibles sexuellement dans un environnement où cela peut être nécessaire. Que les membres du réseau de contacts obtiennent un résultat positif ou négatif au test de dépistage, l’interaction avec une infirmière de la santé publique donne l’occasion d’offrir des services personnalisés en matière de prévention, de dépistage et de soins.
  3. Être clair lorsqu’on s’adresse aux contacts sociaux. On dit toujours aux contacts sociaux qu’ils ont été identifiés comme étant des personnes susceptibles de tirer profit d’un counseling sur le VIH et d’un test de dépistage, mais qu’il n’y a aucune raison de croire qu’ils ont été en contact direct avec une personne vivant avec le VIH. L’utilisation d’un langage clair peut réduire le risque de panique chez le contact social, permettant ainsi à ce dernier d’absorber l’information qui lui est fournie sur la prévention et le dépistage et d’agir en conséquence.
  4. Une approche axée sur le réseau social peut mener à des diagnostics plus précoces. Une approche axée sur le réseau social cible un milieu où il y a un risque connu. Un dépistage périodique dans un contexte de risque continu peut augmenter la probabilité que les nouvelles infections soient diagnostiquées plus tôt.

Information disponible sur le site Web de CATIE

Coordonnées

Dr Johnmark Opondo, médecin hygiéniste adjoint
Région sanitaire de Saskatoon
Johnmark.Opondo@saskatoonhealthregion.ca