Une intervention ontarienne permet d’améliorer la détection de la syphilis

Depuis 20 ans au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé, les taux de nouveaux diagnostics de syphilis ont augmenté parmi les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH), y compris chez ceux vivant avec le VIH.

La syphilis peut causer une maladie complexe évoluant en plusieurs phases, et elle peut nuire à de nombreux systèmes organiques. Comme la syphilis est une infection transmissible sexuellement (ITS) relativement courante, il est important que les personnes sexuellement actives passent régulièrement des tests de dépistage. La détection et le traitement précoces permettent de minimiser les complications liées à la syphilis et de prévenir sa propagation.

Une équipe composée de chefs de file de la recherche en Ontario a mené une étude dans quatre cliniques VIH importantes de Toronto et d’Ottawa, deux villes dont les taux de syphilis sont relativement élevés. L’équipe a comparé deux interventions :

  • Chaque fois qu’un homme séropositif se faisait prélever du sang pour mesurer sa charge virale, on effectuait également un test de dépistage de la syphilis.
  • On effectuait un test de dépistage de la syphilis conformément aux pratiques usuelles : le patient signalait (ou encore son ou sa médecin remarquait) des signes ou symptômes caractéristiques de l’infection; le patient dévoilait des activités sexuelles qui justifiaient un test de dépistage, et ainsi de suite.

L’étude s’est déroulée entre février 2015 et juillet 2017. Durant cette période, les quatre cliniques adoptaient dans un premier temps les pratiques de dépistage habituelles. Puis, au fil du temps, elles commençaient l’une après l’autre à effectuer des tests de dépistage de la syphilis chaque fois qu’un test de la charge virale était effectué.

Près de 4 000 hommes séropositifs ont pris part à cette étude.

Les événements suivants se sont produits au cours de l’étude :

  • On a constaté une augmentation de 25 % de la détection de la syphilis de phase précoce.
  • En moyenne, chaque participant se faisait tester pour la syphilis au moins deux fois par an.
  • Le nombre de personnes se faisant tester pour la syphilis au moins une fois annuellement s’est multiplié par quatre.

L’inclusion de la détection de la syphilis dans les tests de dépistage de routine était perçue comme une bonne chose par les participants pour les raisons suivantes :

  • pratique et facile
  • réduction de la stigmatisation associée aux ITS
  • moindre risque de manquer des occasions de dépistage de la syphilis

À l’avenir

Des simulations informatiques laissent croire que le dépistage de la syphilis aux trois mois améliorerait vraisemblablement la capacité des médecins et des infirmier·ère·s à détecter les cas de syphilis précoce et permettrait d’interrompre la transmission du microbe responsable de cette maladie. La présente étude n’était pas conçue pour susciter une telle fréquence de dépistage, mais elle a permis aux médecins et aux patients séropositifs de s’engager dans la voie menant au dépistage régulier de la syphilis. Selon l’équipe ontarienne, pour réussir à tester les patients tous les trois mois, des interventions additionnelles seraient nécessaires, dont les suivantes :

  • « méthodes diagnostiques améliorées permettant l’autodépistage »
  • « dépistage virtuel et express » : les patients pourraient obtenir des formulaires de laboratoire pour demander un test de dépistage de la syphilis en utilisant leur téléphone intelligent ou leur ordinateur, sans être obligés de voir leur médecin au préalable.
  • messages envoyés aux patients pour leur rappeler la nécessité de dépistages fréquents

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Burchell AN, Tan DHS, Grewal R, et al. Routinized syphilis screening among men living with human immunodeficiency virus: A stepped wedge cluster randomized controlled trial. Clinical Infectious Diseases. 2022 Mar 9;74(5):846-853. 
  2. Aho J, Lybeck C, Tetteh A, et coll. Hausse des taux de syphilis au Canada, 2011-2020. Relevé des maladies transmissibles au Canada. Février/mars 2022; 48(2,3): 52.