Traitements antiviraux pour la COVID-19 : les défis du déploiement

Le virus SRAS-CoV-2 provoque la maladie COVID-19. Dans ce numéro de TraitementActualités, nous résumons les résultats d’études sur des traitements autorisés et des traitements expérimentaux pour les cas légers à modérés de COVID-19.

Comme le traitement de l’infection au SRAS-CoV-2 est un domaine relativement nouveau, les équipes médicales et les systèmes de santé mettront du temps à acquérir l’expertise nécessaire au déploiement efficace des traitements.

Les antiviraux ne peuvent remplacer les vaccins

Il importe de souligner que les traitements de la COVID-19 ne sont pas des substituts à la vaccination. Les vaccins, et plus particulièrement ceux fabriqués par les compagnies Moderna et Pfizer-BioNTech, sont généralement sans danger et très efficaces pour prévenir les manifestations graves de la maladie et l’hospitalisation. De plus, les vaccins offrent une protection de plus longue durée que les antiviraux et coûtent moins cher.

Nettoyage et protection

Chez les personnes atteintes du SRAS-CoV-2, les taux du virus ont tendance à être élevés lors du stade précoce de la COVID-19. Par conséquent, les hôpitaux et les cliniques qui traitent des personnes durant ce stade doivent prendre des précautions pour protéger leur personnel et leurs autres patient·e·s contre le risque d’infection. Cela nécessite la désinfection des surfaces, le port d’équipement protecteur et, au besoin, la filtration de l’air ou l’injection d’air pur dans les salles de traitement. De plus, il faut réserver une période suffisante entre les consultations auprès des malades afin que les salles de traitement soient nettoyées. Toutes ces précautions peuvent prolonger les retards nécessaires pour traiter les malades.

Il faut aussi prendre en considération le facteur suivant : les 18 mois écoulés depuis le début de cette pandémie ont laissé les personnels médicaux épuisés, et les équipes de certaines cliniques ont par conséquent des postes à combler. Cela peut ajouter des retards dans l’administration du traitement et réduire le nombre de personnes atteintes de COVID-19 qu’il est possible de traiter dans une seule journée. Ainsi, de nombreux problèmes peuvent compromettre la capacité des hôpitaux et des cliniques à déployer des traitements fondés sur des anticorps comme le sotrovimab et Regen-CoV (nous parlons de ces derniers plus en détail plus loin dans ce numéro de TraitementActualités).

Traitements antiviraux contre le SRAS-CoV-2

Dans ce numéro de TraitementActualités, nous parlons de deux sortes de traitements pour la COVID-19 : les perfusions d’anticorps et les médicaments antiviraux par voie orale. Au moment de rédiger ce numéro, le seul traitement disponible au Canada repose sur l’administration d’anticorps s’attaquant au SRAS-CoV-2. Ces derniers sont offerts en formules liquides et doivent être administrés par perfusion intraveineuse. Si les mêmes anticorps étaient avalés, l’appareil digestif les dégraderait.

Il existe aussi des médicaments antiviraux sous forme orale. Certains d’entre eux sont actuellement à l’étude dans des essais cliniques, alors que d’autres font l’objet d’un examen de la part des autorités de réglementation. Ces traitements, qu’il s’agisse de perfusions d’anticorps ou d’antiviraux sous forme de comprimés, sont les plus efficaces lorsqu’ils sont administrés très tôt dans le cours de la COVID-19.

Les traitements de la COVID-19 coûtent cher et leur disponibilité est limitée relativement au nombre de personnes recevant un diagnostic d’infection au SRAS-CoV-2. La plupart des antiviraux intraveineux coûtent à peu près 2 100 $ US pour une seule dose (notons qu’une seule dose est nécessaire). En ce qui concerne le traitement oral expérimental molnupiravir, on prévoit un coût approximatif de 700 $ US pour un traitement complet.

Notons cependant que le gouvernement fédéral canadien a négocié avec des compagnies pharmaceutiques, signé des contrats et effectué des achats en gros d’anticorps thérapeutiques pour la COVID-19 (il s’agit de milliers de doses à la fois). Ces traitements, qui doivent être administrés par voie intraveineuse, ont été distribués aux provinces et territoires canadiens et peuvent être utilisés sans frais pour les patient·e·s.

La voie du traitement

Lorsqu’une exposition possible à la COVID-19 a lieu, la personne concernée a besoin de passer rapidement un test de dépistage du SRAS-CoV-2 facilement accessible. Si son test se révèle positif, la personne doit être évaluée par un·e professionnel·le de la santé compétent·e en la matière, afin de déterminer si elle court un risque élevé de tomber gravement malade de la COVID-19. Si un tel risque existe, il faut que le chemin menant au traitement soit clair et simple. Parmi les personnes susceptibles d’être priorisées pour le traitement, on peut trouver certaines populations vulnérables (voir ci-dessous) dont les capacités de combattre efficacement le SRAS-CoV-2 sont affaiblies, et ce, même si elles ont été vaccinées contre la COVID-19. 

Populations potentiellement vulnérables

Les grands essais cliniques sur les vaccins contre la COVID-19 qui ont eu lieu l’année passée n’ont pas évalué un nombre suffisant de personnes immunodéprimées pour pouvoir tirer des conclusions probantes quant à la l’efficacité des vaccins chez cette population. Par conséquent, des équipes de recherche ont dû mener des études auprès de telles personnes un peu partout dans le monde.

Les populations susceptibles de présenter un certain degré d’immunosuppression incluent les suivantes :

  • personnes atteintes de cancer
  • personnes souffrant d’affections inflammatoires chroniques nécessitant un traitement, dont l’arthrite, la maladie de Crohn et la colite, la sclérose en plaques et le psoriasis
  • personnes vivant avec le VIH
  • personnes âgées vivant dans des établissements de soins de longue durée
  • personnes ayant subi une greffe d’organe

À souligner

Il importe de noter que ce ne sont pas toutes les personnes figurant dans une population vulnérable qui ont une faible réponse à la vaccination contre la COVID-19 et qui courent par conséquent un risque élevé de tomber malades si elles se font infecter par le SRAS-CoV-2. À titre d’exemple, notons que des données provenant du Canada, d’Israël et du Royaume-Uni laissent croire que deux doses d’un vaccin contre la COVID-19 agissent aussi bien chez de nombreuses personnes séropositives suivant un traitement efficace contre le VIH (leur charge virale est supprimée) que chez la majorité des personnes séronégatives. De plus, de nombreuses personnes vivant avec les affections nommées ci-dessus connaissent une réponse adéquate à la vaccination, pourvu qu’au minimum deux doses soient administrées.

Les médecins s’efforcent de déterminer quels membres des populations vulnérables qui contractent le SRAS-CoV-2 devront être traités pour ce virus.

Déploiement du traitement

Idéalement, des projets pilotes seraient mis en œuvre pour aider à déterminer la meilleure façon d’administrer les anticorps thérapeutiques au Canada. Cela permettrait à davantage de médecins de déterminer quelles personnes et quels groupes pourraient bénéficier des traitements de la COVID-19. Cela pourrait également découvrir des obstacles qui empêcheraient certaines personnes d’avoir accès au traitement dès le stade précoce de la COVID-19.

Malgré l’accessibilité de vaccins puissants et généralement sans danger dans les pays à revenu élevé, la pandémie de la COVID-19 se poursuit, quoique beaucoup plus lentement qu’avant l’arrivée des vaccins. De nombreuses personnes prennent des précautions pour minimiser leurs expositions éventuelles au SRAS-CoV-2. Malgré la prise de telles mesures et la vaccination, une minorité de personnes risquent encore de se faire infecter par le SRAS-CoV-2, et une très faible proportion de ces personnes — comme celles se trouvant aux prises avec les problèmes mentionnés plus tôt — risquent d’éprouver des complications graves de la COVID-19.

Les médecins peuvent évaluer le risque que la COVID-19 s’aggrave chez les personnes recevant un diagnostic d’infection au SRAS-CoV-2 de stade précoce. Ils et elles peuvent ensuite orienter les personnes vulnérables afin qu’elles puissent recevoir un traitement pour la COVID-19 dès ce stade. Un tel traitement peut procurer plusieurs bienfaits, dont les suivants :

  • Il réduit la propagation du SRAS-CoV-2 vers d’autres personnes.
  • Il réduit le risque de complications graves et d’hospitalisation.
  • Il réduit le risque de décès.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. GlaxoSmithKline. Sotrovimab pour injection. Monographie de produit. 14 septembre 2021.
  2. Hoffmann-La Roche. Casirivimab et imdevimab pour injection. Monographie de produit. 9 juin 2021.
  3. Sherwin C. “Good news,” says doctor: Some Quebec COVID-19 patients to soon have access to monoclonal antibody treatment. CTV News. 14 October 2021. Disponible à l’adresse : https://montreal.ctvnews.ca/good-news-says-doctor-some-quebec-covid-19-patients-to-soon-have-access-to-monoclonal-antibody-treatment-1.5622809
  4. Rubin R. Monoclonal antibodies for COVID-19 preexposure prophylaxis can’t come fast enough for some people. JAMA. 2021; sous presse.
  5. Rahav G, Lustig Y, Lavee J, et al. BNT162b2 mRNA COVID-19 vaccination in immunocompromised patients: A prospective cohort study. EClinicalMedicine. 2021 Nov;41:101158.
  6. Brumme ZL, Mwimanzi F, Lapointe HR, et al. Humoral immune responses to COVID-19 vaccination in people living with HIV receiving suppressive antiretroviral therapy. medRxiv [préimpression]. 2021 Oct 15:2021.
  7. Frater J, Ewer KJ, Ogbe A, et al. Safety and immunogenicity of the ChAdOx1 nCoV-19 (AZD1222) vaccine against SARS-CoV-2 in HIV infection: a single-arm sub-study of a phase 2/3 clinical trial. Lancet HIV. 2021 Aug;8(8):e474-e485.