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  • Un programme pilote a soumis des personnes enceintes à des tests de dépistage de l’hépatite C et d’autres infections
  • L’équipe de recherche a détecté l’infection au VHC chez 87 personnes, dont 20 % avaient également la syphilis
  • Cette étude confirme l’importance du dépistage d’infections transmissibles sexuellement et par le sang pendant la grossesse

Les professionnel·le·s de la santé demandent régulièrement à leurs patient·e·s enceint·e·s de fournir des échantillons de sang afin qu’ils fassent l’objet de nombreux tests de laboratoire. Ces tests permettent de détecter des maladies qui peuvent nécessiter un suivi et un traitement. La province de l’Alberta a lancé un programme de dépistage prénatal dont les cibles sont les virus et les infections transmissibles suivants :

  • virus de l’hépatite B (VHB)
  • VIH
  • rubéole
  • syphilis
  • varicelle (notons que le même virus cause la varicelle chez les enfants et le zona chez les adultes)

Aux fins d’un programme pilote lancé en 2020 qui a duré 21 mois, une équipe de recherche albertaine a ajouté le dépistage systématique du virus de l’hépatite C (VHC) à l’ensemble des tests de dépistage offerts dans le cadre des soins prénataux.

Pour commencer, l’équipe a analysé les échantillons de sang à la recherche d’anticorps contre le VHC, la présence desquels indique une exposition antérieure au virus. Ensuite, elle a analysé les échantillons porteurs d’anticorps pour déterminer s’ils contenaient le matériel génétique (ARN) du VHC; dans ce cas, un résultat positif révèle la présence d’une infection active au VHC.

Comme dans de nombreuses régions du Canada, l’Alberta a connu une éclosion de syphilis durant le programme pilote (éclosion qui se poursuit). L’équipe de recherche voulait donc déterminer si certaines personnes avaient à la fois l’hépatite C et la syphilis. Au cours du programme pilote, il s’est avéré que 87 personnes enceintes avaient l’infection au VHC, et 20 % d’entre celles-ci avaient aussi la syphilis.

Cette équipe de recherche encourage les autres régions à lancer des programmes de dépistage de la présence concomitante d’une infection au VHC et de la syphilis. Des études doivent également mettre à l’épreuve des interventions visant à améliorer la santé et le bien-être des gens avant qu’une grossesse commence. De telles interventions incluraient le dépistage et le traitement de l’hépatite C et de la syphilis, ainsi que la mise en œuvre de mesures susceptibles de réduire le risque de ces infections.

Autres résultats et enjeux

L’équipe de recherche a également fait les observations suivantes :

  • Aucun cas d’infection au VIH ou au VHB n’a été détecté chez les personnes atteintes d’hépatite C et de syphilis.
  • La majorité des personnes présentant une hépatite C et une syphilis concomitantes étaient âgées de 26 à 30 ans et vivaient à Edmonton ou dans les environs.
  • De nombreuses personnes co-infectées habitaient des quartiers généralement à faible revenu.

À la lumière de ses résultats, l’équipe de recherche a affirmé qu’une sous-population de personnes faisant l’objet de dépistages prénataux courait un risque élevé de contracter l’hépatite C et la syphilis. L’équipe n’a pas conçu son programme pilote pour inclure des questionnaires auprès des personnes recevant un résultat positif pour l’hépatite C ou la syphilis. Or, se référant à une étude menée antérieurement en Alberta, l’équipe de recherche a affirmé que les personnes atteintes de ces deux infections présentaient vraisemblablement les facteurs de risque suivants :

  • partage de matériel pour s’injecter des drogues
  • travail du sexe
  • antécédents d’incarcération

À l’avenir

Puisque les comportements comme l’utilisation de drogues et le travail du sexe sont stigmatisés, certaines personnes enceintes risquent de ne pas dévoiler ces facteurs de risque lors d’une consultation en clinique. Pour cette raison, l’équipe de recherche encourage les professionnel·le·s de la santé à envisager de soumettre à un test de dépistage du VHC toute personne enceinte recevant un diagnostic de syphilis.

Comme l’hépatite C et la syphilis peuvent toutes deux nuire à la santé du fœtus, l’équipe de recherche souhaite la tenue d’études pour trouver des moyens d’« inciter les populations à risque à se faire tester et traiter pour la syphilis et l’hépatite C avant de concevoir afin de prévenir des résultats congénitaux [défavorables] ».

Pour souligner ce dernier point, l’équipe de recherche a fait valoir qu’une analyse de bases de données de santé confidentielles a révélé que « la majorité des infections au VHC et des cas de syphilis a été détectée avant les dépistages prénataux ». Et d’ajouter l’équipe : « Nombre de patient·e·s recevaient encore des résultats positifs pour ces infections durant la grossesse, ce qui laisse soupçonner l’absence de traitement avant la conception ou bien un cas de réinfection. En attendant que les résultats obtenus avant la grossesse s’améliorent grâce à la prestation de soins holistiques aux femmes en âge de procréer, le dépistage d’infections transmissibles sexuellement et par le sang devrait rester une priorité durant la période prénatale ».

—Sean R. Hosein

Ressources

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RÉFÉRENCES :

  1. Thompson LA, Plitt SS, Gratrix J et al. Prevalence of syphilis coinfection in hepatitis C virus positive prenatal patients from Alberta during a pilot routine screening program. Canadian Liver Journal. 2023 Feb 28;6(1):70-75. 
  2. Raval M, Gratrix J, Plitt S et al. Retrospective cohort study examining the correlates of reported lifetime stimulant use in persons diagnosed with infectious syphilis in Alberta, Canada, 2018 to 2019. Sexually Transmitted Diseases. 2022 Aug 1;49(8):551-559.