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  • Une équipe de recherche de Vancouver a mené une étude auprès de 897 travailleuses du sexe
  • 58 % s’étaient récemment fait tester pour le VIH ou d’autres infections transmissibles sexuellement
  • Selon l’équipe, les taux de dépistage augmenteraient si des services étaient adaptés à ces femmes et administrés par elles

Une équipe de recherche de Vancouver a mené des études communautaires auprès de femmes travaillant dans l’industrie du sexe. Aux fins de son étude, l’équipe a analysé des données recueillies entre 2010 et 2021 auprès de 897 femmes.

Au début de l’étude, 58 % des femmes avaient passé un test de dépistage du VIH et/ou d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS) au cours des six mois précédents. Selon l’équipe, les femmes qui « avaient recours à des services adaptés spécifiquement aux travailleuses du sexe et administrés par elles » étaient plus susceptibles de s’être fait tester récemment pour le VIH ou d’autres ITS.

Les taux de dépistage étaient considérablement plus faibles (différence de 48 %) chez les femmes de couleur et les femmes noires que chez les femmes blanches.

L’équipe de recherche a affirmé ceci : « On recommande l’expansion des services communautaires adaptés aux travailleuses du sexe et administrés par elles pour améliorer l’accès volontaire, confidentiel et sécuritaire au dépistage intégré du VIH et des ITS, particulièrement pour les femmes de couleur et les femmes noires. On a besoin de services de dépistage du VIH/ITS culturellement sécuritaires et multilingues, ainsi que d’efforts plus étendus pour contrer le racisme systémique dans et au-delà du système de santé afin de réduire les inégalités et de promouvoir l’utilisation sécuritaire des services par les travailleuses du sexe racisées ».

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a commencé à recruter des participantes en 2010. Elle a recruté des femmes dans divers contextes, tels leurs lieux de travail publics et à l’extérieur (dans la rue et les ruelles), à l’intérieur (salons de massage, microbordels) et en ligne.

Lors de leur admission à l’étude, les participantes remplissaient un questionnaire conçu pour recueillir des données sociodémographiques et de l’information se rapportant à leur santé.

Les participantes avaient le profil moyen suivant au début de l’étude :

  • âge : 35 ans; 31 % d’entre elles avaient moins de 30 ans
  • l’équipe inscrivait des personnes s’identifiant comme des femmes; 9 % d’entre elles étaient transgenres ou non binaires et 91 % étaient des femmes cisgenres
  • principaux groupes ethnoraciaux : femmes autochtones – 37 %; femmes de couleur et femmes noires – 31 %; femmes blanches – 31 % (la somme des chiffres n’est pas 100 parce qu’ils ont été arrondis)
  • 59 % avaient recours à des services de santé adaptés aux travailleuses du sexe et administrés par elles
  • 40 % s’injectaient des drogues
  • 29 % échangeaient des faveurs sexuelles contre des drogues
  • 18 % utilisaient des condoms de façon irrégulière avec les client·e·s
  • 14 % avaient déjà été incarcérées

Résultats

L’équipe de recherche a constaté que 58 % des femmes avaient passé un test de dépistage du VIH et/ou d’autres ITS dans les six mois précédant leur admission à l’étude. Parmi ces femmes, 91 % avaient reçu le résultat de leur test de VIH et 74 % avaient reçu les résultats de leurs tests d’ITS.

Notons que les participantes recevaient en personne le résultat de leur test de VIH.

En ce qui concerne les tests d’ITS, les résultats étaient communiqués le plus souvent des façons suivantes :

  • 62 % : en personne
  • 17 % : par téléphone

Les tests de dépistage du VIH et d’ITS avaient lieu dans les endroits suivants :

  • cliniques communautaires facilement accessibles
  • cabinets de médecins de famille et cliniques sans rendez-vous privées
  • unités mobiles (camionnettes) et sur le terrain auprès d’infirmier·ère·s de rue

Des analyses statistiques ont révélé que les femmes étaient plus susceptibles d’avoir récemment passé des tests de dépistage du VIH/des ITS si elles avaient recours à des services adaptés aux travailleuses du sexe et administrés par elles.

Les taux de dépistage du VIH/des ITS étaient 48 % plus faibles chez les femmes de couleur et les femmes noires que chez les femmes blanches. À propos de ce résultat, l’équipe a fait le commentaire suivant : « [Ces] résultats laissent croire à la nécessité d’études et d’interventions futures pour contrer les inégalités raciales en ce qui concerne le dépistage du VIH/des ITS chez les travailleuses du sexe noires et de couleur, y compris par le soutien aux organismes communautaires axés sur le VIH et le travail du sexe dont le personnel se compose de femmes noires et de femmes de couleur et qui viennent en aide à celles-ci. Des efforts à grande échelle sont nécessaires pour reconnaître, mesurer et supprimer le racisme systémique dans le système de santé et au-delà afin de faciliter l’accès à des services sécuritaires et inclusifs de dépistage, de prévention, de traitement et de soins du VIH/des ITS pour les femmes noires et les femmes de couleur, une population dont les besoins demeurent déplorablement négligés dans le contexte canadien et ailleurs ».

À l’avenir

En vue d’améliorer la santé et le bien-être des travailleuses du sexe, l’équipe de recherche a souligné les points suivants :

Dépistage et arrimage aux soins

« Il faut redoubler les efforts pour communiquer aux travailleuses du sexe les résultats des tests de dépistage et pour s’assurer qu’elles obtiennent volontairement des services non stigmatisants et appropriés en matière de traitement et de soins du VIH et d’ITS. Comme les travailleuses du sexe qui font face à des barrières structurelles à l’accès aux services de santé ont besoin d’approches différentes de celles utilisées par les systèmes de suivi habituels de la santé publique, des stratégies centrées sur le suivi des dépistages et l’arrimage aux soins qui sont soutenues et dirigées par des travailleuses du sexe et leurs organismes alliés pourraient faciliter l’amélioration de l’accès et des résultats ».

Dépistage rapide aux points de services

« De plus, l’adoption et l’intégration de tests évalués pour le dépistage rapide d’ITS aux points de services — en complément aux tests de dépistage du VIH aux points de services déjà approuvés — offrent l’occasion de s’assurer que les personnes reçoivent rapidement leurs résultats et de faciliter ainsi le traitement et le suivi ».

Problèmes plus généraux

« En dernier lieu, il faut de toute urgence des interventions structurelles pour contrer la criminalisation visant à combattre à la fois la criminalisation omniprésente du travail du sexe et de la non-divulgation du VIH. La criminalisation alimente la stigmatisation et peut compromettre le recours à des services de dépistage du VIH et d’ITS par les travailleuses du sexe parce que leur inquiétude concernant les risques de conséquences négatives d’ordre criminel et social découlant du dépistage peut éclipser leurs préoccupations personnelles se rapportant à la santé ».

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Goldenberg SM, Pearson J, Moreheart S et al. Prevalence and structural correlates of HIV and STI testing among a community-based cohort of women sex workers in Vancouver Canada. PLoS One. 2023 Mar 30;18(3):e0283729.