Distribution de trousses d’auto-dépistage du VIH par des pairs

Distribution de trousses d’auto-dépistage du VIH par des pairs

Ouganda
2020

Dans le cadre d’un programme d’auto-dépistage du VIH mis en œuvre en Ouganda, des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) ont été formés en vue de distribuer des tests d’auto-dépistage du VIH aux membres de leurs réseaux sociaux et sexuels. Le programme consistait à montrer comment utiliser le test d’auto-dépistage du VIH, à fournir des conseils aux personnes qui devaient l’utiliser, et à faire en sorte que celles dont le résultat était positif puissent passer un test de confirmation de l’infection par le VIH et recevoir un traitement. Il a été établi que la distribution de tests d’auto-dépistage du VIH par des pairs a permis de détecter sensiblement plus de cas non diagnostiqués d’infection par le VIH que l’approche standard (5,6 % contre 2,7 %), et de rejoindre plus de personnes n’ayant jamais passé de test de dépistage du VIH et d’HARSAH qui n’en avaient pas passé au cours des six derniers mois. 

Description du programme

Quinze HARSAH (les pairs) ont été formés en matière de techniques d’auto-dépistage du VIH, ce qui inclut l’interprétation des résultats du test OraQuick. En outre, les pairs ont reçu une formation concernant les aspects suivants :

  • Comment résoudre les difficultés susceptibles de survenir pendant le déroulement du test.
  • Quels conseils donner aux personnes qui passent le test.
  • Le test de confirmation.
  • Comment résoudre tout malentendu lié aux résultats des tests.
  • Comment faciliter l’accès aux services de lutte contre le VIH.

Chaque trousse d’auto-dépistage du VIH contenait des illustrations expliquant le mode d’emploi du test, de l’information sur le délai d’obtention des résultats, et des indications concernant leur interprétation. Après avoir reçu leur formation, les pairs ont été invités à utiliser le test d’auto-dépistage suivant les instructions fournies, afin de démontrer qu’ils avaient compris les modalités d’emploi.

Après avoir signé une entente de confidentialité, les pairs ont reçu dix trousses d’auto-dépistage du VIH à distribuer aux membres de leurs réseaux sociaux et sexuels. Le programme cherchait à rejoindre les HARSAH qui n’avaient pas passé de test de dépistage du VIH durant les six derniers mois.

Les pairs ont fourni une trousse d’auto-dépistage aux participants, mais ces derniers n’étaient pas tenus d’effectuer le test en présence du pair ni de lui en révéler les résultats. Les participants qui ont reçu une trousse ont été contactés par téléphone ou invités à se présenter dans un centre de test une à deux semaines après l’avoir reçue pour savoir s’ils l’avaient utilisée. Si une personne refusait le test d’auto-dépistage, elle était invitée à expliquer les raisons de sa décision. 

Si les participants ayant obtenu un résultat positif au test en informaient leurs pairs, ils étaient orientés vers un organisme local afin de passer un test de confirmation. Si le résultat du test de confirmation de l’infection au VIH était positif, les participants étaient orientés vers des services de lutte contre le VIH. Les pairs pouvaient également accompagner les participants passer le test de confirmation et être pris en charge par des services de lutte contre le VIH si les participants leur révélaient leurs résultats.

L’approche axée sur la distribution de trousses d’auto-dépistage par les pairs a été comparée avec les soins habituels, ou « approche de dépistage au clair de lune », qui consistait à faire passer un test de dépistage du VIH le soir dans les points de rencontre des HARSAH suivant les méthodes classiques.

Résultats

Les pairs ont distribué 150 trousses d’auto-dépistage du VIH, et 95 % des personnes ayant reçu une trousse (143) ont effectué un test d’auto-dépistage du VIH.

  • 94 % des participants ont été conseillés (après avoir passé le test) par le pair qui leur avait remis la trousse ou par un pair de l’établissement de santé affilié.
  • 61 % des participants ont passé le test de dépistage seuls.
  • 39 % des participants ont passé le test de dépistage avec l’aide ou en présence d’un pair.
  • 32 % n’avaient jamais passé de test de dépistage du VIH.

Huit participants (5,6 %) ont obtenu un résultat positif au test d’auto-dépistage du VIH. Les huit ont divulgué les résultats de leur test aux pairs, et les huit ont eu accès à des services grâce auxquels ils ont passé un test de confirmation et entamé un traitement antirétroviral.

À titre de comparaison, 147 HARSAH ont bénéficié de l’approche de soins habituelle durant la période d’étude, et quatre infections par le VIH jusque-là non diagnostiquées ont été dépistées. Une comparaison entre le groupe ayant reçu les trousses d’auto-dépistage du VIH et le groupe ayant reçu les soins habituels a révélé une différence statistiquement significative quant au nombre d’HARSAH ayant obtenu un résultat positif au test de dépistage du VIH (5,6 % et 2,7 % dans chaque groupe, respectivement).

Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services?

Cette étude montre que la distribution de tests d’auto-dépistage du VIH est faisable et acceptée par les personnes concernées. Ces résultats sont analogues à ceux d’études comparables menées au Royaume-Uni et aux États-Unis. Les fournisseurs de services pourraient envisager des moyens novateurs d’utiliser les tests d’auto-dépistage du VIH s’ils sont approuvés au Canada. Il peut s’agir non seulement de moyens de favoriser la distribution de tests d’auto-dépistage du VIH par les pairs, mais aussi des moyens pour que ces derniers en promeuvent l’utilisation, et facilitent l’accès des personnes ayant obtenu un résultat positif à des services comprenant un test de confirmation et un traitement contre le VIH.

Ressources connexes

Le transfert des tâches dans les services de dépistage du VIH – examen des données probantes

Dépistage rapide du VIH au point de service : Un examen des données probantes – examen des données probantes

Projet de dépistage du VIH par les pairs – étude de cas

Référence

Okoboi S, Lazarus O, Castelnuovo B et al. Peer distribution of HIV self-test kits to men who have sex with men to identify undiagnosed HIV infection in Uganda: a pilot study. PLoS ONE. 2020;15(1):e0227741.

Arrimage aux soins de l’hépatite C par l’entremise d’une infirmière de liaison à la clinique des maladies infectieuses de l’Université de Virginie

Arrimage aux soins de l’hépatite C par l’entremise d’une infirmière de liaison à la clinique des maladies infectieuses de l’Université de Virginie

Virginie, États-Unis
2019

Depuis l’avènement des antiviraux à action directe (AAD), le traitement de l’hépatite C est plus facilement accessible que par le passé, même si l’arrimage des patients aux soins reste problématique. Cette étude a porté sur l’intervention d’une infirmière de liaison chargée d’aider les patients à accéder au traitement de l’hépatite C dans une clinique des maladies infectieuses. L’étude concernait principalement l’arrimage aux soins, mais elle a également porté sur la participation des patients à chaque étape de la séquence de soins (p. ex., instauration du traitement, analyses dans le cadre du suivi). L’étude a permis d’établir que l’intervention de l’infirmière de liaison était efficace pour ce qui était de faire participer les patients aux soins : 76 % des patients qui ont été orientés vers la clinique ont ensuite eu accès aux soins. Bien qu’il s’agisse d’un taux élevé d’accès aux soins, cette étape de la séquence reste celle où les patients sont le plus susceptibles d’abandonner les soins.

Description du programme

La clinique en hépatite C des maladies infectieuses de l’Université de Virginie (UVA) fait partie du système hospitalier de l’UVA. L’orientation vers la clinique est effectuée par d’autres services du système hospitalier de l’UVA, par des fournisseurs de services communautaires ou par les services de santé locaux. Le personnel de la clinique comprend une infirmière de liaison à plein temps qui facilite l’arrimage aux soins et l’accès à des médecins et à l’équipe d’une pharmacie.

Lorsque les patients sont orientés vers la clinique, l’infirmière de liaison les contacte par téléphone ou par lettre pour fixer un rendez-vous. L’infirmière fait de multiples tentatives pour joindre un patient et reporte les rendez-vous selon les besoins. L’infirmière de liaison fournit également de l’information et des conseils au téléphone et lors des visites en personne.

Pendant la visite, l’infirmière s’assure que tous les documents requis aux fins de la réclamation d’assurance ou des programmes d’aide aux patients soient dûment remplis, afin que le patient puisse obtenir ses médicaments à temps. Une fois que le patient entame son traitement, il peut également compter sur l’équipe d’une pharmacie pour lui fournir au téléphone des conseils concernant ses médicaments. Si le patient est perdu de vue pendant le suivi, l’infirmière continue d’essayer de le contacter.

Résultats

Cette étude d’observation s’est déroulée de 2014 à 2018 et était principalement axée sur les taux d’arrimage aux soins. L’arrimage aux soins a été défini comme la présence à un rendez-vous à la clinique de traitement de l’hépatite C. L’infirmière de liaison a également recueilli d’autres renseignements concernant la progression du patient dans la séquence de soins, de l’étape de l’orientation à celle de la guérison. Les étapes de la séquence de soins étaient les suivantes :

  1. Orientation vers la clinique
  2. Arrimage aux soins (présence à un rendez-vous)
  3. Prescription de médicaments
  4. Instauration du traitement par le patient
  5. Fin du traitement par le patient
  6. Test de dépistage de l’hépatite C après le traitement
  7. Guérison ou réponse virologique soutenue (RVS)

L’infirmière a consigné les raisons pour lesquelles des patients ont abandonné les soins à tous les stades de la séquence.

Au total, 824 patients ont été admis à cette étude et 76 % (624) ont effectivement accédé à des soins (c’est-à-dire qu’ils se sont présentés à au moins un rendez-vous). Autres résultats :

  • 61 % (502) ont commencé le traitement
  • 57 % (471) ont terminé le traitement

Les pourcentages de patients continuant à participer à chaque étape de la séquence sont présentés ci-dessous.

Le taux d’abandon le plus élevé a été observé à l’étape de l’arrimage aux soins. Les raisons les plus fréquentes de l’échec de l’arrimage aux soins étaient l’absence des patients à un rendez-vous prévu, l’incapacité de contacter un patient orienté vers la clinique, et l’abandon des soins pour cause d’incarcération.

Cela étant, le taux global d’arrimage aux soins était comparable ou supérieur aux taux signalés dans d’autres études (p. ex., les données de surveillance font état d’un taux d’un arrimage aux soins de 17 % aux États-Unis en 2016). Le succès de ce programme en matière d’arrimage aux soins a été attribué à l’intervention d’une infirmière de liaison à plein temps qui a su faire participer activement les patients.

Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services?

Cette étude révèle que le recours à une infirmière de liaison peut être un moyen efficace d’aider les patients à participer à la séquence de soins dans un cadre clinique. Lorsque des efforts supplémentaires sont entrepris pour faire participer les personnes concernées, l’arrimage aux soins tend à s’améliorer, et par voie de conséquence, les taux de traitement et de guérison aussi. Bien que le taux d’abandon le plus élevé de l’étude se rapporte à l’étape de l’arrimage aux soins, la plupart des patients qui se sont présentés à leurs rendez-vous ont entamé et terminé leur traitement. Grâce aux nouveaux agents AAD, le traitement est devenu un processus relativement facile. Le principal obstacle reste, en premier lieu, d’amener les patients à participer aux soins.

Ressources connexes

Navigation pour les patients – Les sommaires de données probantes

Pensez aux liens : Approches programmatiques pour réussir l’arrimage aux soins pour le VIH – Examen des données probantes

Check Hep C – Les sommaires de données probantes

HepTLC – Les sommaires de données probantes

Références

Sherbuk J, McManus K, Knick T et al. Disparities in hepatitis C linkage to care in the direct acting antiviral era: Findings from a referral clinic with an embedded nurse navigator model. Frontiers in Public Health. 2019;7:362.