On fait le lien entre un taux élevé d’activité physique et moins de graisse abdominale

Grâce à la très grande efficacité des traitements contre le VIH (traitement antirétroviral ou TAR), les scientifiques prévoient que de nombreuses personnes sous TAR vivront en bonne santé jusqu’à un âge bien avancé. Il reste que, à mesure que les gens prennent de l’âge, des problèmes liés au vieillissement commencent à apparaître, et ce, peu importe leur statut VIH. Ces problèmes peuvent inclure l’hypertension, le diabète, les maladies cardiovasculaires et, dans certains cas, la prise de poids.

Il est normal de prendre un peu de poids en vieillissant. Le niveau d’activité physique tend à baisser, le métabolisme ralentit et les hormones viennent jouer un rôle aussi. Pour contrer ces tendances, il peut être nécessaire de faire plus d’exercice aérobique, d’accroître sa masse musculaire et d’apporter des modifications à son régime alimentaire. Comparées aux études sur les médicaments sous forme de comprimé ou d’injection, les études rigoureusement conçues sur les effets de l’exercice chez les personnes séropositives ne sont pas nombreuses. Les études non pharmacologiques de ce genre sont complexes et ne reçoivent pas la priorité lorsque les fonds de recherche limités sont octroyés.

Malgré cette lacune, une équipe de recherche de l’Université du Washington (à Seattle) et de plusieurs autres centres médicaux universitaires aux États-Unis a mené une étude de courte durée (environ une semaine) sur l’activité physique. Pour celle-ci, l’équipe avait recours à des dispositifs portables de haute précision appelés accéléromètres qui mesuraient l’activité physique des participant·e·s.

En analysant les données se rapportant à 419 personnes séropositives, l’équipe de recherche a constaté que les personnes les plus actives, soit celles faisant le plus de pas chaque jour, avaient tendance à avoir le moins de graisse abdominale. Le contraire était vrai aussi : les personnes qui faisaient le moins d’activité physique avaient le plus de graisse abdominale.

L’équipe de recherche souhaite que des études soient menées pour déterminer la quantité d’exercice idéale nécessaire pour aider les gens à minimiser leur graisse abdominale.

La graisse qui s’accumule profondément dans l’abdomen s’appelle la graisse viscérale. Ce genre de graisse enrobe les organes et peut nuire à la santé à long terme. L’exercice procure de nombreux bienfaits, y compris les suivants :

  • Il libère des signaux chimiques qui aident à brûler les réserves de graisse.
  • Il améliore l’humeur et la mémoire.
  • Il est bon pour la santé cardiovasculaire.

Comme les gens ont tendance à perdre de la masse musculaire en vieillissant, il est important qu’ils travaillent pour accroître celle-ci. Les muscles aident à maintenir la santé globale et à brûler de la graisse. De plus, en faisant plus d’activité physique, les gens peuvent accroître leur endurance et améliorer leur capacité de vaquer à leurs activités quotidiennes.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a recruté des participant·e·s dans les villes suivantes :

  • Boston, Massachusetts
  • Birmingham, Alabama
  • Cleveland, Ohio
  • Seattle, Washington

Le personnel de l’étude a employé de simples méthodes éprouvées pour estimer la quantité de graisse abdominale, y compris des mesures du tour de taille et du rapport taille/hanches.

L’équipe a mesuré l’activité physique à l’aide d’un accéléromètre ActiGraph. Les participant·e·s portaient ce dispositif durant leurs heures de veille (sauf pendant le bain ou la natation), soit un minimum de 10 heures par jour pendant sept à 10 jours.

Les participant·e·s avaient le profil moyen suivant :

  • 58 ans
  • 23 % de femmes, 77 % d’hommes
  • principaux groupes ethnoraciaux : Noir·e·s – 54 %; Blanc·he·s : 44 %
  • durée du TAR : 14 ans
  • la plupart suivaient un schéma thérapeutique à base d’inhibiteur de l’intégrase (tels le bictégravir, le dolutégravir ou l’elvitégravir)
  • indice de masse corporelle (IMC) : 28 kg/m2
  • co-morbidités : hypertension : 77 %; fonction rénale diminuée – 40 %; diabète – 33 %; maladie cardiovasculaire – 22 %

Résultats

En moyenne, les participant·e·s faisaient près de 5 000 pas tous les jours. Selon l’équipe de recherche, près de 55 % des participant·e·s faisaient soit 150 minutes d’activité physique modérée ou vigoureuse chaque semaine, soit 75 minutes d’activité vigoureuse chaque semaine.

En analysant ses données, l’équipe de recherche a tenu compte de facteurs comme le sexe, l’emploi, l’âge et d’autres encore. Selon l’équipe, plus une personne faisait de pas chaque jour, plus ses chances d’avoir une taille plus mince augmentaient. L’équipe n’a pas constaté de lien entre le temps passé à faire de l’activité physique modérée ou vigoureuse et le tour de taille.

L’équipe de recherche a recommandé aux professionnel·le·s de la santé d’évaluer l’activité physique de leurs patient·e·s et de leur prescrire de l’exercice. Elle a proposé les activités suivantes, entre autres :

  • se joindre à un groupe de marche
  • s’inscrire à un programme d’entraînement supervisé
  • se joindre à un programme d’exercices communautaire

À l’avenir

On peut considérer la présente étude comme la base éventuelle d’un programme de recherche futur. La prochaine étape consistera à mener des études de plus longue durée pour évaluer l’impact de différentes sortes d’activités physiques, ainsi que de leur durée et de leur intensité, sur la graisse abdominale chez les personnes séropositives. De telles études donneront lieu à des recommandations ciblées à l’intention de différents groupes de personnes.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Lee D. The importance of exercise and physical activity in older adults with HIV. AIDS. 2023 Oct 1;37(12):1905-1907.
  2. Webel AR, Davey CH, Oliveira V et al. Physical activity is associated with adiposity in older adults with HIV in the modern HIV era. AIDS. 2023 Oct 1;37(12):1819-1826.