- Plus le traitement du VIH s’améliore, plus les personnes séropositives vivent longtemps et font face à des problèmes de santé liés à l’âge
- Une équipe de l’État du Missouri a mené un essai de six mois sur l’exercice et l’étirement chez des personnes séropositives
- On a constaté des améliorations modestes de la condition physique, de la santé intestinale et de la fonction cérébrale
Lorsqu’ils sont utilisés comme il se doit, les traitements contre le VIH (traitements antirétroviraux, TAR) inhibent très efficacement la production de virus dans le corps. Lorsque la quantité de virus diminue, le système immunitaire peut commencer à effectuer des réparations. Les bienfaits du TAR sont tellement énormes que les études prévoient maintenant que de nombreuses personnes sous traitement connaîtront une espérance de vie semblable à celle des personnes séronégatives.
Nombre d’études ont révélé qu’un grand nombre de personnes séropositives ne font pas assez d’activité physique et sont en fait sédentaires. Il est probable que ce manque d’exercice fait augmenter le risque de problèmes liés au vieillissement, dont la prise de poids excessive, les maladies du cœur, le diabète de type 2 et l’hypertension. Des équipes canadiennes et d’autres pays ont constaté que ces problèmes entraînent à la longue une baisse de la santé générale et de la qualité de vie. Il est également probable que ces problèmes nuisent à la santé du cerveau.
Il importe de noter que les études sur l’exercice menées auprès de personnes séropositives ont fourni des données captées à un seul moment dans le temps ou ont été de relativement courte durée.
Une équipe de recherche de la Washington University à Saint-Louis, dans le Missouri, a mené un essai clinique de six mois, réparti aléatoirement, comparant l’exercice (aérobique et contre résistance) à l’étirement chez 62 personnes sédentaires vivant avec le VIH. Toutes ces personnes suivaient un TAR.
Détails de l’étude
Les participant·e·s ont suivi un programme d’exercices ou d’étirements sous la supervision d’un·e entraîneur·euse personnel·le trois fois par semaine. L’équipe de recherche a également prélevé des échantillons de sang, d’urine et de selles à des fins d’analyse. Ces échantillons étaient utilisés pour détecter d’éventuels changements dans l’équilibre des bactéries intestinales causés par l’exercice.
Les participant·e·s ont également subi des examens de balayage magnétiques du cerveau (imagerie par résonance magnétique ou IRM) et des tests neuropsychologiques pour aider l’équipe de recherche à mieux comprendre les changements dans le fonctionnement du cerveau.
Voici un bref profil moyen des participant·e·s au moment de leur admission à l’étude :
- sexe assigné à la naissance : 77 % de garçons, 23 % de filles
- âge : 57 ans
- la plupart étaient en surpoids
- compte de CD4+ actuel : plus de 600 cellules/mm3
- charge virale en VIH : moins de 50 copies/ml
- comorbidités : au moins 30 % avaient un diagnostic d’hypertension; plus de 10 % avaient un diagnostic de diabète; plus de 30 % prenaient des statines, soit des médicaments conçus pour réduire les taux de lipides, dont l’atorvastatine et la rosuvastatine
Résultats
Selon l’équipe de recherche, « de modestes améliorations, mais significatives ont été observées » dans la fonction cérébrale des participant⋅e⋅s dans les deux volets d’intervention de l’étude. Il s’agissait spécifiquement du temps que mettait le cerveau à traiter l’information et à y répondre, ainsi que l’attention et la mémoire. Les autres évaluations n’ont révélé aucun déclin de la fonction cérébrale.
Comme quelques participant·e·s des deux groupes ont perdu du poids, l’équipe a constaté des améliorations modestes de l’indice de masse corporelle. Les mesures du conditionnement cardiorespiratoire n’ont toutefois pas révélé de changements significatifs dans les deux groupes.
Au fil du temps, les espèces de bactéries intestinales sont devenues plus diverses. Les changements dans l’équilibre de ces bactéries étaient associés à une amélioration de la fonction cérébrale. Ici encore, les participant·e·s des deux groupes semblaient bénéficier de ces changements.
L’ensemble de ces résultats révèle un effet inattendu de cette étude, à savoir que les deux interventions ont semblé favoriser une amélioration modeste de la santé cérébrale, de la condition physique et de la diversité des bactéries intestinales.
À retenir
Mener des essais cliniques est une entreprise complexe, et des résultats inattendus peuvent se produire. Dans le cas qui nous concerne, on aurait pu s’attendre à une amélioration plus importante chez les participant·e·s qui faisaient de l’exercice dynamique. Selon l’équipe de recherche, des études antérieures avaient toutefois révélé que « les interventions centrées sur des mouvements de faible intensité, y compris les étirements, peuvent également améliorer la santé physique et cognitive. Les interventions comme le yoga, le tai-chi ou le qi gong, lesquelles incluent des étirements guidés et la pleine conscience, améliorent significativement la tension artérielle, la qualité de vie liée à la santé et le rendement cognitif [chez les personnes séropositives et les personnes séronégatives] ».
Il n’est pas clair de quelle manière les étirements et les exercices de mouvement ont procuré les bienfaits observés dans cette étude. Cependant, selon l’hypothèse avancée par l’équipe de recherche, une combinaison de facteurs, y compris le fait de sortir de la maison pour assister aux séances supervisées, favorisait probablement davantage d’interaction sociale et d’activité physique chez des personnes précédemment sédentaires, ce qui a été utile. D’autres études ont laissé entendre que les exercices d’étirement et de mouvement pouvaient procurer des bienfaits au cerveau, et à l’humeur en particulier.
En tous les cas, les résultats globaux de cette étude sont positifs et devraient s’ajouter à la masse de données de recherche révélant que les personnes séropositives bénéficient de l’activité physique. Peut-être des études de plus grande envergure et de plus longue durée découvriront-elles davantage de bienfaits.
Entretemps, l’équipe de recherche encourage les clinicien·ne·s à discuter des bienfaits de l’exercice et des étirements avec leurs patient·e·s sédentaires.
—Sean R. Hosein
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