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  • Certaines personnes croient à tort que la consommation d’alcool exclut la possibilité de suivre un traitement contre l’hépatite C
  • Une étude américaine a évalué la consommation d’alcool chez plus de 69 000 personnes traitées pour l’hépatite C
  • L’équipe de recherche a constaté que l’alcool n’a pas eu d’impact sur les taux de guérison

Avant 2014, le traitement de l’infection chronique au virus de l’hépatite C (VHC) reposait généralement sur des injections régulières d’interféron alpha. Ce traitement n’était pas très efficace et provoquait de nombreux effets secondaires, dont certains étaient très désagréables.

Une nouvelle classe de médicaments contre le VHC a vu le jour en 2014, à savoir les antiviraux à action directe ou AAD. Ces derniers sont utilisés en association sous forme de comprimés uniques. Les AAD sont très efficaces et donnent lieu à des taux de guérison de plus de 95 %. Les médicaments sont généralement bien tolérés, et le traitement dure de huit à 12 semaines.

Selon des études, certaines cliniques aux États-Unis ont hésité ou refusé de traiter des personnes atteintes du VHC qui se trouvaient aux prises avec un trouble de l’usage d’alcool. Une équipe de recherche américaine a analysé des données se rapportant à la santé de plus de 69 000 personnes atteintes d’hépatite C chronique qui s’étaient fait prescrire un traitement par AAD entre 2014 et 2018. Selon cette équipe, 47 % des personnes n’ont pas bu d’alcool durant leur traitement, tandis que les autres en ont fait une consommation catégorisée de cette manière :

  • 19,4 % ont fait preuve d’une « consommation à faible risque »
  • 4,5 % ont fait preuve d’une « consommation à risque modéré »
  • 16,2 % ont fait preuve d’une « consommation à risque élevé ou avaient un trouble de l’usage d’alcool »

Compte tenu de nombreux facteurs (dont l’ampleur des lésions hépatiques), l’équipe de recherche n’a pas constaté de différences entre les taux de guérison de l’hépatite C selon le niveau de consommation d’alcool. Par conséquent, l’équipe a affirmé que « le fait de restreindre l’accès au traitement par AAD en fonction de la consommation d’alcool crée un obstacle non nécessaire pour les patient·e·s et rend difficile l’atteinte des objectifs d’élimination du VHC ».

Détails de l’étude

Les bases de données entretenues par le Department of Veterans Affairs (VA) des États-Unis abritent des données de santé détaillées qui sont analysées et publiées dans des rapports. Les scientifiques du VA ont utilisé antérieurement ces bases de données pour compiler des analyses utiles sur différents problèmes de santé touchant les personnes atteintes d’infections virales comme l’hépatite C et le VIH. Les analyses de ce genre sont utilisées pour éclairer et orienter les soins cliniques.

Voici un bref profil moyen des participant·e·s au moment de leur admission à l’étude :

  • âge : 63 ans
  • 97 % d’hommes, 3 % de femmes
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blanc·he·s – 50 %; Noir·e·s – 41 %
  • souche la plus courante du VHC : génotype 1
  • 15 % avaient déjà suivi un traitement par interféron alpha, mais sans succès
  • 3,2 % avaient la co-infection au VIH
  • 2 % avaient la co-infection au virus de l’hépatite B

La plupart des participant·e·s (près de 60 %) prenaient Harvoni, un médicament contenant deux AAD à doses fixes dans un seul comprimé, soit le sofosbuvir et le lédipasvir.

La consommation d’alcool a été évaluée à l’aide d’un questionnaire simple et bien validé appelé AUDIT-C. Il est possible que certaines personnes aient sous-estimé leur consommation d’alcool.

À retenir

Nous parlons dans cet article d’une étude par observation et non d’un essai clinique contrôlé et avec randomisation. Il arrive lors de ce genre d’étude que les scientifiques tirent involontairement des conclusions faussées. Cependant, l’équipe du VA a pris des mesures pour minimiser ce risque et a effectué des analyses de sensibilité pour confirmer ses résultats. L’étude avait de nombreux points forts, notamment la durée du suivi des participant·e·s (plusieurs années) et l’utilisation de données biomédicales détaillées recueillies auprès d’une population diverse provenant des quatre coins des États-Unis.

Selon l’équipe de recherche, ses résultats « laissent croire que les clinicien·ne·s et décideur·euse·s politiques devraient encourager le traitement de l’hépatite C chez les personnes faisant une consommation excessive d’alcool ou présentant un trouble de l’usage d’alcool, plutôt que d’ériger des obstacles au traitement ». L’équipe du VA a également rappelé aux clinicien·ne·s qu’ils ou elles avaient l’option de diriger les patient·e·s vers un service de traitement des troubles liés à l’usage de substances lorsque c’est nécessaire.

—Sean R. Hosein

RESSOURCES :

Hepatitis C Guidance 2023 Update: American Association for the Study of Liver Diseases– Infectious Diseases Society of America Recommendations for Testing, Managing, and Treating Hepatitis C Virus InfectionClinical Infectious Diseases

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RÉFÉRENCE :

Cartwright EJ, Pierret C, Minassian C et al. Alcohol use and sustained virologic response to hepatitis C virus direct-acting antiviral therapy. JAMA Network Open. 2023 Sep 5;6(9):e2335715.