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  • Étude comparative de la réponse immunitaire à la vaccination contre la COVID-19 chez 100 personnes séropositives et 152 personnes séronégatives
  • Après deux doses de vaccin, les taux d’anticorps protecteurs étaient élevés, sans égard au statut VIH
  • Des facteurs comme l’âge avancé et la présence d’autres problèmes de santé étaient plus susceptibles que le VIH d’influencer les taux d’anticorps

Les études initiales sur les vaccins contre la COVID-19 n’ont pas fourni d’analyses détaillées de la réponse à la vaccination chez les personnes vivant avec le VIH. Soucieux de corriger cette lacune, des médecins et scientifiques mènent actuellement des études partout dans le monde.

Une équipe de recherche canadienne du Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique et d’universités de cette province, de l’Ontario et du Québec ont collaboré à une étude pour comparer les effets des vaccins contre la COVID-19 chez des personnes séropositives et des personnes séronégatives. Les participant·e·s à cette étude étaient généralement en bonne santé, et toutes les personnes séropositives suivaient un traitement contre le VIH (TAR). Sur celles-ci, 95 % avaient une charge virale supprimée, soit moins de 50 copies/ml.

Dans l’ensemble, l’étude a donné des résultats très prometteurs. Des anticorps s’attaquant au SRAS-CoV-2 (virus responsable de la COVID-19) étaient présents chez les deux groupes un mois après l’administration de la deuxième dose d’un vaccin contre la COVID-19. D’autres recherches se poursuivent ou sont prévues pour mieux éclairer la durée de la réponse immunitaire de la vaccination.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a recruté 100 personnes séropositives et 152 personnes séronégatives vivant dans la région métropolitaine de Vancouver. La majorité (59 %) des personnes séronégatives travaillaient dans le domaine de la santé. Les personnes séropositives avaient le profil moyen suivant :

  • âge : 54 ans
  • 88 % d’hommes, 12 % de femmes
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blancs – 69 %; Asiatiques – 10 %; Noirs – 5 %
  • tout le monde suivait un TAR
  • 95 % avaient une charge virale inférieure à 50 copies/ml; chez les autres, la charge virale se situait entre 71 et 162 copies (avant l’étude, ces personnes avaient déjà eu des charges virales supprimées)
  • compte de CD4+ : 700 cellules/mm3
  • nadir du compte de CD4+ (compte le plus faible depuis toujours) : 300 cellules/mm3

Notons que ces chiffres sont des moyennes et que certaines personnes avaient donc un compte de CD4+ plus faible ou plus élevé.

Le groupe séronégatif se composait principalement (67 %) de femmes âgées d’environ 47 ans en moyenne.

La plupart des participant­·e·s des deux groupes ne souffraient d’aucune affection médicale chronique. Lorsqu’une affection chronique était présente, il s’agissait le plus souvent d’hypertension ou d’asthme.

Vaccinations

Toutes les personnes inscrites à cette étude ont été vaccinées entre décembre 2020 et août 2021, et la plupart ont reçu un vaccin à ARNm dans les proportions suivantes :

Première dose

  • personnes séropositives : 83 % ont reçu un vaccin à ARNm
  • personnes séronégatives : 97 % ont reçu un vaccin à ARNm

Deuxième dose

  • personnes séropositives : 92 % ont reçu un vaccin à ARNm
  • personnes séronégatives : 99 % ont reçu un vaccin à ARNm

Cette différence entre la répartition des vaccins à ARNm chez les deux groupes s’explique ainsi : comme une forte proportion des personnes figurant dans le groupe témoin, soit les personnes séronégatives, travaillaient dans le domaine de la santé, elles avaient reçu prioritairement un vaccin à ARNm parce que le vaccin d’AstraZeneca n’était pas encore approuvé au Canada. Après l’approbation de celui-ci dans ce pays, une minorité des participant·e·s l’ont reçu. Au cours de l’étude, cependant, l’utilisation de ce vaccin a ralenti au Canada. Ainsi, certaines personnes qui ont reçu une première dose du vaccin d’AstraZeneca ont reçu subséquemment un vaccin à ARNm pour leur deuxième dose. Dans cette étude, 8 % des personnes séropositives ont reçu deux doses du vaccin d’AstraZeneca, comparativement à moins de 1 % des personnes séronégatives.

Résultats

Après la première dose du vaccin contre la COVID-19, quel qu’il soit, les taux d’anticorps capables de reconnaître le SRAS-CoV-2 étaient significativement moins élevés chez les personnes séropositives que chez les personnes séronégatives.

Après la deuxième dose du vaccin, cependant, l’équipe de recherche a constaté une augmentation « substantielle » des taux d’anticorps protecteurs chez tout le monde, à deux exceptions près :

  • une personne séropositive dans la soixantaine souffrant d’un « trouble chronique du sang » (l’équipe a omis les détails afin de protéger la vie privée de cette personne)
  • une personne séronégative de plus de 80 ans souffrant de trois autres affections médicales chroniques

Chez la vaste majorité des participant·e·s, après deux doses de vaccin, les taux d’anticorps susceptibles de reconnaître le SRAS-CoV-2 étaient comparables chez les personnes séropositives et les personnes séronégatives.

Compte tenu de plusieurs facteurs, l’équipe de recherche a constaté que les personnes ayant un faible taux d’anticorps protecteurs étaient susceptibles de présenter une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :

  • âge avancé
  • affections médicales chroniques
  • vaccination par deux doses d’AstraZeneca

Chez les personnes séropositives, le fait d’avoir eu un faible compte de CD4+ avant de commencer le TAR n’a pas été associé à l’obtention d’une réponse immunitaire sous-optimale à la vaccination.

À propos de l’âge

En ce qui concerne l’âge, l’équipe de recherche n’a pas déterminé de « plafond » spécifique au-delà duquel les réponses immunitaires à la vaccination étaient nettement plus faibles. Elle a plutôt constaté que les réponses faiblissaient généralement avec l’âge. Autrement dit, la réponse moyenne à la vaccination était moins forte chez une personne de 60 ans que chez une personne de 50 ans.

À retenir

Selon l’équipe de recherche, les personnes séropositives qui « suivent un TAR stable et qui ont une charge virale supprimée et un compte de CD4+ sain connaissent généralement des réponses immunitaires fortes [en matière d’anticorps] aux vaccins contre la COVID-19 ».

L’équipe de recherche a souligné que des facteurs comme l’âge avancé, la multiplicité d’affections médicales chroniques et le vaccin particulier administré étaient tous plus importants que le VIH pour déterminer l’intensité éventuelle de la réponse immunitaire par la vaccination. Il importe de noter que 99 % des personnes séropositives inscrites à cette étude ont présenté une réponse immunitaire après avoir reçu deux doses d’un vaccin contre la COVID-19.

Dans les données publiées à ce jour, l’équipe de recherche n’a pas inclus d’évaluation directe de la capacité des anticorps induits par la vaccination de s’attaquer au SRAS-CoV-2, mais elle compte publier de telles données dans un proche avenir. Entre-temps, il est très probable que les anticorps étudiés par l’équipe étaient du genre nécessaire pour empêcher le SRAS-CoV-2 de causer l’infection et des complications.

Cette étude est un bon point de départ pour explorer les effets immunologiques des vaccins contre la COVID-19 chez les personnes vivant avec le VIH. D’autres études seront toutefois nécessaires pour évaluer l’effet de ces vaccins chez des personnes séropositives au Canada qui :

  • ont un faible compte de CD4+
  • ne suivent pas de TAR
  • sont des enfants ou des adolescent­·e·s
  • sont des Autochtones

Il importe de souligner que cette étude a porté spécifiquement sur les taux d’anticorps. Rappelons cependant que les vaccins contre la COVID-19 aident également à former les cellules T afin qu’elles s’attaquent au SRAS-CoV-2, ce qui donne une couche de protection additionnelle contre le virus. Cette équipe de recherche prévoit étudier les réponses cellulaires et d’autres facteurs immunologiques et virologiques à l’avenir. Elle compte également suivre ce groupe de participant·e·s au fil du temps pour déterminer la durée des réponses immunitaires induites par la vaccination.

Remerciements

Nous tenons à remercier la professeure Zabrina Brumme, Ph. D., de l’Université Simon Fraser et du Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique pour ses commentaires utiles et l’expertise prêtée à la révision de ce document.

—Sean R. Hosein

Ressources :

Ressources sur la COVID-19

Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique

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RÉFÉRENCE :

Brumme Z L, Mwimanzi F, Lapointe HR, et al. Humoral immune responses to COVID-19 vaccination in people living with HIV on suppressive antiretroviral therapy. Preprint. 4 October 2021. Disponible à l’adresse : https://medrxiv.org/cgi/content/short/2021.10.03.21264320v1