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CATIE
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  • Une équipe de Calgary a constaté que le zona était plus grave et se produisait plus tôt chez les personnes séropositives
  • Selon cette étude, les coûts d’hospitalisation associés au zona s’élevaient à 33 000 $ par personne
  • Subventionner les vaccins contre le zona augmenterait probablement l’usage et réduirait les coûts d’hospitalisation

Le virus varicelle-zona (VVZ) cause une maladie infantile courante appelée varicelle. Lorsqu’un enfant se remet de la varicelle, le virus se cache ensuite dans ses cellules nerveuses. Des décennies plus tard, pour des raisons non élucidées, le virus peut sortir de sa cachette et causer une maladie appelée zona. Cette maladie touche principalement des personnes de plus de 50 ans.

Le zona est une maladie douloureuse caractérisée par l’apparition d’éruptions cutanées, de cloques et de démangeaisons, le plus souvent d’un seul côté du corps. La plupart des personnes s’en remettent après une à quatre semaines. Cependant, chez une minorité de personnes, la douleur intense associée au zona peut persister pendant des mois après la guérison des lésions cutanées. Le zona peut également causer une variété de complications et, chez les personnes au système immunitaire affaibli, il peut être grave.

Lorsqu’un cas de zona est soupçonné, il est important de consulter rapidement parce qu’il existe des médicaments antiviraux (famciclovir, valacyclovir) pour le combattre. Des essais cliniques ont révélé que ces médicaments réduisaient la probabilité de nouvelles lésions et de douleur s’ils étaient utilisés dès le stade précoce du zona.

Le Canada et d’autres pays à revenu élevé ont approuvé des vaccins qui réduisent énormément le risque de zona. Cependant, le coût de ces derniers n’est pas subventionné dans bien des cas.

Zona et VIH

Selon une équipe de recherche de l’Université de Calgary, le zona et ses complications peuvent causer une maladie « substantielle », surtout chez les personnes immunodéprimées, telles celles vivant avec le VIH. Depuis le milieu des années 1990, les traitements efficaces contre le VIH (TAR) sont accessibles à plus grande échelle, ce qui a permis d’améliorer la santé globale et de réduire le risque d’infections graves chez les personnes utilisant ce genre de traitement. Cependant, malgré l’accessibilité du TAR, des études ont révélé que les personnes séropositives étaient plus à risque de présenter le zona. De plus, il semble que le zona se manifeste plus tôt chez les personnes séropositives.

Recherche dans le sud de l’Alberta

Cette équipe de recherche albertaine a passé en revue les dossiers médicaux et les résultats de laboratoire de 2 628 personnes atteintes du VIH en s’intéressant particulièrement aux cas de zona. Les dossiers en question se rapportaient aux années écoulées entre 2000 et 2020. L’équipe a recensé 38 cas d’hospitalisation et 138 consultations dans le service des urgences d’un hôpital ou d’un établissement de soins d’urgence; il s’agissait dans tous les cas de personnes atteintes de zona. De nombreux cas concernaient des personnes de moins de 50 ans, dont plus de 99 % n’avaient jamais été immunisées contre le zona. Selon l’équipe de recherche, 65 % des personnes ne suivaient pas de TAR au moment de leur diagnostic de zona. Près du quart des hospitalisations survenues durant la période à l’étude étaient attribuables à des problèmes liés au zona. Selon les calculs de l’équipe de recherche, les soins de chaque personne hospitalisée pour le zona ont coûté quelque 33 000 $ CA au système de santé. Ces résultats soulignent le besoin de subventions pour couvrir le coût des vaccins contre le zona, et plus particulièrement pour les personnes vivant avec le VIH.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a analysé des dossiers de santé provenant de la région métropolitaine de Calgary. Elle s’est concentrée sur 2 628 personnes qui avaient passé un test de dépistage du VVZ peu de temps après avoir commencé à se faire soigner pour le VIH. La majorité d’entre elles (95 %) avaient été exposées au virus dans le passé, le plus probablement lors d’un épisode de varicelle survenu dans l’enfance.

Résultats

Au cours de l’étude, il s’est produit 176 épisodes de zona (et de complications liées au zona dans certains cas) chez 123 personnes. Ces 176 épisodes ont mené à des consultations dans le service des urgences d’un hôpital ou une clinique de soins d’urgence. (Notons que certaines des 123 personnes ont dû se présenter dans un établissement de soins plus d’une fois, d’où le nombre de 176 épisodes).

Sur les 176 consultations rendues nécessaires par le zona, 38 hospitalisations concernant 29 personnes ont été nécessaires (notons que certaines personnes ont dû être hospitalisées plus d’une fois). Même si la plupart des consultations se rapportaient à des cas de zona sans complications, 25 % d’entre elles ont été rendues nécessaires par des complications graves, telle une inflammation ou une infection cérébrale causée par l’infection au VVZ.

Facteurs de risque de zona

L’équipe de recherche a constaté que les personnes hospitalisées étaient plus susceptibles que les personnes non hospitalisées à présenter les caractéristiques suivantes :

  • aucun TAR en cours : 69 %
  • charge virale détectable en VIH : 76 %
  • faible compte de CD4+ moyen : 210 cellules/mm3

Gravité de la maladie, hospitalisation et coûts

Parmi les personnes hospitalisées, l’équipe de recherche a trouvé que les taux d’utilisation du TAR et de suppression virale étaient semblables chez les personnes présentant des complications cérébrales du zona (encéphalite ou méningite) et les personnes sans complications cérébrales qui devaient néanmoins être hospitalisées ou soignées dans un établissement de soins d’urgence. Notons cependant que les personnes présentant des complications cérébrales avaient tendance à avoir un compte de CD4+ moyen plus faible, soit 130 cellules/mm3 environ.

L’hospitalisation a duré huit jours en moyenne.

Personne n’est décédé de complications du zona.

Les coûts totaux de chacune des 38 hospitalisations s’élevaient en moyenne à 33 000 $.

À retenir

L’équipe de recherche a affirmé que ses résultats étayent les conseils de l’Infectious Diseases Society of America (IDSA), principal regroupement de scientifiques et de médecins se spécialisant dans l’étude et le traitement des maladies infectieuses en Amérique du Nord. L’IDSA recommande que les personnes séropositives soient testées pour le VVZ lorsqu’elles commencent à recevoir des soins et qu’elles se fassent offrir une vaccination contre le zona.

Notons que cette équipe de recherche a constaté de faibles taux de vaccination contre le zona dans les populations étudiées. Selon l’équipe, cela est attribuable à « la rareté du financement public de la vaccination contre le zona au Canada, ce qui impose un fardeau économique additionnel à une population déjà vulnérable sur le plan social ».

L’équipe de recherche a également affirmé ceci : « Nous avons remarqué que la non-utilisation du TAR et la présence d’une charge virale détectable et d’un faible compte de CD4+ étaient des facteurs de risque majeurs, autant en ce qui concerne les hospitalisations liées au VVZ que les consultations dans les urgences et les cliniques de soins d’urgence. Nous avons constaté une progression [à l’égard de ces facteurs], car les marqueurs les moins favorables [faible compte de CD4+, charge virale détectable] étaient associés à un risque accru d’hospitalisation, plutôt qu’à des consultations dans les urgences ou les cliniques de soins d’urgence ». L’équipe de recherche a trouvé qu’une proportion relativement importante de personnes ne suivait pas de TAR. Elle s’inquiétait de la possibilité que des obstacles nuisent à la capacité des gens de prendre continuellement le TAR et que ces mêmes obstacles compromettent leur volonté de se faire vacciner contre le zona.

L’équipe de recherche a soulevé un point important à propos des admissions à l’hôpital ou dans un centre de soins d’urgence, à savoir que tous les cas en question étaient attribuables à la réactivation du VVZ. Autrement dit, le virus était sorti de sa période de latence (c’est-à-dire de sa cachette); aucun cas de zona n’a été causé par une nouvelle infection par le VVZ.

Selon cette équipe de recherche, cette étude a documenté que les personnes séropositives couraient un risque élevé d’être atteintes du zona. L’âge moyen de la plupart des personnes en question était relativement jeune, soit 41 ans. En revanche, lors d’études menées auprès de personnes séronégatives, l’âge moyen lors de la survenue du zona était de 59 ans, selon l’équipe de recherche. À la lumière de ses résultats, l’équipe a encouragé l’administration précoce du vaccin contre le zona aux personnes vivant avec le VIH.

S’agissant de son étude, l’équipe de recherche a souligné que les systèmes de santé, et conséquemment les gouvernements, auraient économisé 1,2 million $ en coûts si les personnes séropositives avaient été vaccinées contre le zona.

À l’avenir

Comme nous l’avons mentionné plus tôt dans ce bulletin de Nouvelles CATIE, le zona peut causer de la douleur intense chez certaines personnes, même après la guérison des lésions cutanées. La présente étude n’a pas évalué les coûts d’une éventuelle invalidité de longue durée attribuable au zona. Espérons que cette question sera abordée lors d’une étude différente à l’avenir. Il n’empêche que l’équipe, par cette analyse portant sur une période de 20 ans, a documenté l’apparition plus précoce du zona et ses répercussions substantielles sur la santé des personnes séropositives, ainsi que les coûts pour les systèmes de santé. Bien que cette étude n’ait pas calculé le rapport coût-efficacité de la vaccination contre le zona, elle avance un argument solide en ce qui concerne la nécessité de la vaccination chez les personnes séropositives et les économies que celle-ci favoriserait.

—Sean R. Hosein

Ressources

Vaccin contre le zona : Guide canadien d’immunisationGouvernement du Canada

Vaccin contre le zonaGouvernement du Québec

ShinglesBC Centre for Disease Control

Comparaison des soins et de la santé des personnes séropositives dans les milieux urbains et non urbains de l’AlbertaNouvelles CATIE

RÉFÉRENCES :

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  3. John AR, Canaday DH. Herpes zoster in the older adult. Infectious Disease Clinics of North America. 2017 Dec;31(4):811-826. 
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