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  • Au vu de la longévité des personnes séropositives, certaines font face à des problèmes liés à l’âge
  • Plus d’attention doit être portée au problème de l’accélération vraisemblable du vieillissement chez les personnes séropositives
  • Une évaluation gériatrique standardisée décèlera des problèmes de santé de personnes séropositives âgées

L’infection au VIH est une maladie virale chronique qu’il est possible de contrôler efficacement avec un traitement antirétroviral (TAR). L’infection au VIH est associée à un état d’inflammation excessive que le TAR ne peut réduire que partiellement. De l’avis de certains scientifiques, cette inflammation excessive contribuerait au vieillissement accéléré de cette population sur une période de nombreuses années.

Comme les personnes séropositives vivent plus longtemps de nos jours, elles doivent faire face à des problèmes liés à l’âge. Pour aider les personnes séropositives âgées, les médecins peuvent leur faire passer une évaluation gériatrique standardisée (EGS) lorsque cela s’avère nécessaire.

Les médecins se spécialisant dans les soins aux personnes âgées peuvent effectuer une EGS, laquelle consiste à ce qu'ils fassent passer des tests, mènent des évaluations et observent les patients. Chaque élément de cette approche aide à dresser un portrait global des problèmes de santé auxquels une personne peut faire face en vieillissant. Les médecins peuvent également poser des questions et s’entretenir avec les patients afin de mieux comprendre les préoccupations de ceux-ci.

Une équipe de recherche de l’Université Weill Cornell à New York a mené une étude durant laquelle elle a passé en revue les résultats d’EGS effectuées auprès de 105 personnes séropositives âgées. Selon cette équipe, les EGS ont permis de découvrir de nombreux problèmes liés à la santé et au fonctionnement de cette population. L’équipe a également souligné que les EGS « donnent un bon aperçu des besoins et préoccupations psychosociales des personnes âgées atteintes du VIH ».

Détails de l’étude

Il importe de noter que cette étude s’est déroulée avant l’apparition de la pandémie de la COVID-19.

Pendant l’EGS, les médecins prenaient des notes au sujet des antécédents médicaux de chaque personne et de ses préoccupations liées au vieillissement. Ils effectuaient ensuite divers tests et évaluations afin de dépister ou sinon d’explorer les problèmes suivants :

  • anxiété et dépression
  • difficulté à marcher
  • perte visuelle ou auditive
  • chutes
  • risque de fracture

Après avoir effectué ces tests et évaluations, les médecins recueillaient et analysaient les données se rapportant à chaque personne afin de préparer une présentation destinée à une équipe se composant des professionnels de la santé suivants :

  • gynécologue (pour les femmes)
  • diététiste
  • spécialiste de la médecine interne
  • personnel infirmier
  • intervenant.e social.e
  • psychiatre

Cette équipe conseillait ensuite les médecins au sujet des interventions susceptibles d’aider les patients.

Les 105 personnes qui ont passé une EGS avaient le profil moyen suivant :

  • âge : 67 ans (fourchette d’âge de 50 à 84 ans)
  • 75 % d’hommes, 24 % de femmes cisgenres et une femme transgenre
  • principaux groupes ethnoraciaux : Noirs – 40 %; Blancs – 31 %; Hispaniques – 27 %
  • durée de l’infection au VIH : 22 ans
  • compte de cellules CD4+ : 600 cellules/mm3
  • rapport CD4/CD8 : 0,9 (un rapport normal se situe à 1,0 ou plus)
  • charge virale en VIH : 75 % avaient une charge virale inférieure à 20 copies/ml
  • 18 % fumaient du tabac

À des fins de comparaison, l’équipe de recherche a analysé des données se rapportant à la santé de plus de 1 100 personnes séropositives dont l’âge et le profil de variables liés au VIH étaient semblables, mais qui n’ont pas passé d’EGS.

Résultats

Les problèmes couramment signalés par les participants incluaient les suivants :

  • problèmes de mémoire : 66 %
  • fatigue : 55 %

Problèmes généraux et spécifiques

Quarante et un pour cent des personnes ont décrit leur santé comme moyenne ou mauvaise.

L’équipe de recherche a déterminé que les problèmes suivants étaient présents dans les proportions indiquées :

  • 51 % se plaignaient de douleurs modérées ou graves
  • 47 % éprouvaient des problèmes visuels jusqu’à un certain degré
  • 33 % éprouvaient des problèmes auditifs jusqu’à un certain degré

Besoin d’assistance

La plupart des personnes n’avaient pas besoin d’aide pour vaquer aux activités de la vie quotidienne. Certaines d’entre elles ont toutefois signalé qu’elles avaient besoin d’aide pour faire ce qui suit :

  • prendre un bain : 14 %
  • monter les escaliers : 14 %
  • s’habiller : 11 %

Lorsque l’équipe a interrogé les participants au sujet de leur besoin d’assistance pour faire les activités essentielles de la vie quotidienne, elle a obtenu les réponses suivantes :

  • 42 % avaient besoin d’aide pour faire le ménage
  • 42 % avaient besoin d’aide pour faire le lavage
  • 31 % avaient besoin d’aide pour faire les emplettes
  • 29 % avaient besoin d’aide pour cuisiner
  • 24 % avaient besoin d’aide pour le transport
  • 19 % avaient besoin d’aide pour organiser et prendre leurs médicaments quotidiens

Dans l’ensemble, l’équipe de recherche a constaté que seulement 49 % des personnes pouvaient accomplir de telles activités sans aide.

Conversations entre médecins et patients

Lors des entretiens servant à la sélection des participants, les médecins ont abordé un large éventail de sujets. Comme ces conversations ont souvent révélé les objectifs des patients, les médecins ont intégré subséquemment des questions sur ces objectifs dans l’EGS et ont présenté à ce sujet des données recueillies auprès de 90 personnes.

Selon l’équipe de recherche, la plupart des participants exprimaient « un ou deux » objectifs, lesquels touchaient habituellement les thèmes suivants :

  • rester en vie
  • maintenir sa santé
  • assurer sa stabilité financière

L’équipe a découvert que de nombreuses personnes avaient également des objectifs d’ordre spirituel et émotionnel, mais elle n’a pas fourni de détails à ce sujet.

Quinze personnes n’ont mentionné aucun objectif.

L’équipe de recherche a constaté que les personnes qui exprimaient des objectifs étaient moins sujettes à la dépression que les personnes qui n’en mentionnaient aucun. Après réflexion, l’équipe a avancé que « l’incapacité de planifier son avenir est une manifestation significative d’une humeur déprimée », du moins chez les personnes ayant participé à cette étude.

À retenir

Durant cette étude, l’équipe de recherche a fait les constats suivants :

  • L’EGS a révélé des déficits de fonctionnement, ainsi que de nombreuses préoccupations touchant la santé et la vie sociale.
  • Les personnes qui ont passé une EGS portaient un fardeau de problèmes de santé plus lourd que les personnes au profil semblable (âge et facteurs liés au VIH) qui n’ont pas passé d’EGS.
  • Une évaluation des objectifs « peut fournir des éclaircissements sur les aspirations et l’humeur des patients ».

Selon l’équipe de recherche, « les personnes séropositives âgées risquent d’avoir des besoins insatisfaits, et une EGS peut fournir aux patients l’occasion de déceler des préoccupations qui leur sont chères, mais qui ne se rapportent pas nécessairement aux soins du VIH ».

L’équipe a également affirmé ceci : « Bien que l’idée de passer une EGS ne plaise pas nécessairement à toutes les personnes séropositives âgées, cette étude démontre que plusieurs d’entre elles souhaitent en savoir plus sur les problèmes liés à l’âge et n’ont pas eu l’occasion d’exprimer leurs craintes à l’idée de vieillir ».

Point important

Il importe de souligner que les personnes inscrites à cette étude n’ont pas été sélectionnées au hasard pour passer une EGS et participer à cette recherche. Ainsi, il n’est pas possible de généraliser et de conclure que l’ensemble de la population séropositive âgée éprouve des problèmes de santé dans les mêmes proportions que les personnes figurant dans cette étude. Il n’empêche que ces résultats sont intéressants et ouvre la voie à des études futures centrées sur les interventions susceptibles d’aborder les problèmes de santé et les préoccupations révélées par l’EGS.

—Sean R. Hosein

Ressources

Un guide pratique pour un corps en santé pour les personnes vivant avec le VIH – CATIE

Tendances d’un vieillissement sain chez les personnes séropositives au Canada – Nouvelles CATIE

Des chercheurs de Vancouver trouvent que les problèmes de santé liés à l’âge sont plus fréquents chez les personnes séropositives – Nouvelles CATIE

Facteurs contribuant à la fragilité chez les personnes séropositives d’âge moyen – Nouvelles CATIE

Les facteurs de risque traditionnels ont de grandes répercussions sur l’amincissement des os chez les personnes séropositives – Nouvelles CATIE

Des médecins de Calgary trouvent que davantage de personnes âgées contractent le VIH – Nouvelles CATIE

Des chercheurs albertains constatent des taux de fragilité élevés chez des personnes séropositives âgées et d’âge moyen – Nouvelles CATIE

On découvre des problèmes de mouvement et de coordination musculaire chez certaines personnes séropositives – Nouvelles CATIE

RÉFÉRENCES :

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