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  • Une équipe de la C.-B. a constaté une réduction de la longévité chez 644 personnes séropositives qui utilisaient des drogues
  • Les personnes en situation d’itinérance étaient deux fois plus à risque de mourir que les autres
  • Le soutien social avait un effet protecteur contre la mort, même en présence de facteurs de risque

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La grande accessibilité des traitements contre le VIH (traitement antirétroviral ou TAR) au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé a eu une incidence très importante sur la pandémie. Chez les personnes qui suivent leur TAR comme il se doit, la quantité de VIH dans le corps diminue énormément. Cela permet au système immunitaire de se rebâtir partiellement, à un point tel où le risque d’infections et de complications liées au sida baisse considérablement. Ce bienfait du TAR est tellement substantiel que les scientifiques affirment que de nombreuses personnes sous TAR ont une espérance de vie semblable à celle des personnes n’ayant pas le VIH.

Notons aussi que des études bien conçues ont révélé que les personnes séropositives qui atteignent et maintiennent une charge virale indétectable ne transmettent pas le virus à leurs partenaires sexuel·le·s. 

Les bienfaits du TAR soulignent l’importance du dépistage du VIH, de l’accès aux soins et au traitement et de l’engagement durable des patient·e·s dans les soins.

Colombie-Britannique

Une équipe de recherche de la Colombie-Britannique a suivi l’état de santé d’un groupe de personnes vivant avec le VIH. Elle a recruté 644 adultes sous TAR qui recevaient régulièrement des soins, au moins initialement. Le recrutement a eu lieu entre 2016 et 2018, et les participant·e·s ont rempli des questionnaires détaillés sur leur santé et leur bien-être.

Au cours des six années suivant le recrutement, l’équipe de recherche a constaté 71 décès (11 % des participant·e·s).

Lors d’études menées dans d’autres pays à revenu élevé à l’époque actuelle, on a découvert que certaines personnes sous TAR survivaient moins longtemps à cause des complications de maladies cardiovasculaires (crise cardiaque, AVC, insuffisance cardiaque, etc.) et de cancers non liés au VIH.

Après avoir évalué les causes de décès parmi son groupe de participant·e·s, l’équipe britanno-colombienne a constaté que « la cause de décès sous-jacente la plus courante fut l’usage de drogues et les surdoses, suivi de cancers non liés au sida ».

De plus, l’équipe de recherche a affirmé que la cause de décès était inconnue dans 24 % des cas et que l’investigation se poursuivait. Selon l’équipe, « il se peut qu’un grand nombre de ces décès soient attribuables à des surdoses aussi, car le bureau du coroner de la C.-B. achève souvent son évaluation des morts par surdose avant de leur attribuer une cause de décès ».

Facteurs liés à la réduction de l’espérance de vie

L’équipe de recherche a constaté que les personnes présentant les facteurs suivants avaient une espérance de vie réduite dans son étude : 

  • itinérance récente
  • usage récent de substances
  • antécédents d’incarcération
  • faible revenu
  • niveau de scolarité n’ayant pas atteint l’école secondaire
  • âge de 61 ans ou plus

Les résultats de l’étude menée en Colombie-Britannique sont inquiétants. Selon l’équipe de recherche, « ces résultats indiquent que, malgré les programmes de santé publique visant l’amélioration de l’accès aux soins de santé chez les [personnes vivant avec le VIH], des inégalités structurelles continuent de perpétuer les disparités en matière de santé, et il semble que les taux de [décès] augmentent au fil du temps chez cette cohorte ».

Accent sur l’itinérance

Selon cette équipe de recherche, des études antérieures avaient permis de constater que les personnes séropositives qui vivaient l’itinérance ou l’incarcération avaient une espérance de vie plus courte. L’équipe a constaté que, dans ces études, « les personnes en situation d’itinérance sont plus susceptibles d’éprouver des problèmes […] quant à la rétention dans les soins ».

À l’heure actuelle, l’équipe de la C.-B. a constaté que les personnes séropositives en situation d’itinérance « étaient deux fois plus susceptibles de mourir que celles ne connaissant pas l’itinérance ».

Comme le coût du logement est très élevé en Colombie-Britannique, l’équipe de recherche a souligné que certaines personnes n’avaient pas les moyens d’y accéder. 

Importance des connexions

Selon l’équipe de recherche, le soutien social était un facteur important pour réduire le risque de mortalité. Les connexions avec d’autres personnes protégeaient contre la mort, et ce, « malgré les expériences antérieures d’usage de drogues et d’incarcération […] ».

Notons que des études antérieures ont révélé que l’isolement social pouvait avoir une incidence négative sur la santé mentale et réduire l’espérance de vie.

Substances spécifiques

L’équipe de recherche a fait appel à des pairs des participant·e·s pour recueillir de l’information sur leur santé et leur usage éventuel de drogues. Après avoir effectué une analyse statistique, l’équipe a trouvé qu’aucune des drogues nommées par les participant·e·s au début de l’étude n’était liée à une augmentation du risque de décès. 

L’équipe a reconnu que ce dernier résultat était « inattendu », et a laissé entendre que d’autres facteurs avaient un plus grand impact sur la survie des participant·e·s, notamment l’âge plus avancé, l’isolement social et l’itinérance. 

Rappelons que l’équipe a recueilli des données se rapportant à l’usage de substances lors de l’admission des participant·e·s à l’étude. Il est toutefois possible que les substances utilisées près du moment du décès soient différentes que celles mentionnées initialement, situation qui aurait pu compromettre la survie. Or l’équipe ne disposait malheureusement pas de données à ce sujet.

Que faire?

Depuis près d’une décennie, une crise sévit en Colombie-Britannique et dans d’autres parties du Canada où les drogues de la rue sont contaminées, notamment par du fentanyl et ses analogues et d’autres substances. Cette contamination du système d’approvisionnement en drogues a fait augmenter le nombre de décès.

Selon l’équipe de recherche, l’établissement d’un éventail de services et d’interventions pourrait aider à freiner la montée des décès au sein de ce groupe. De l’avis de l’équipe, les interventions en question pourraient inclure les suivantes : 

  • accès à un logement abordable
  • poursuite du travail de proximité visant à empêcher les personnes en situation d’itinérance d’échapper aux soins
  • facilitation de l’établissement de réseaux de connexion et de soutien social

Même si l’équipe de recherche ne l’a pas mentionné, d’autres mesures de réduction des méfaits pourraient être nécessaires pour protéger les gens contre les drogues contaminées, dont l’accès à la naloxone, les traitements de substitution aux opioïdes et l’usage de bandelettes de détection de substances dangereuses.

À retenir

Depuis 1996, les traitements efficaces ont donné lieu à des gains spectaculaires quant à l’espérance de vie des personnes séropositives. Chez certaines populations, cependant, ces gains risquent d’être perdus à cause de la contamination des drogues de la rue, d’un manque de logements adéquats et de l’absence de connexions entre les personnes vivant dans la communauté. Des études sont nécessaires pour concevoir et éprouver des interventions susceptibles d’aider les populations et les communautés vulnérables à acquérir plus de résilience, afin que les bienfaits du TAR pour la longévité ne soient pas perdus.

—Sean R. Hosein

Ressources

Les bases de la réduction des méfaits : trousse pour prestataires de servicesCours autodirigé, CATIE

Quels facteurs ont une incidence sur les probabilités d’une surdose chez les personnes qui utilisent des drogues?Point de mire sur la prévention, CATIE

En quoi les facteurs sociaux et structurels contribuent-ils à accroître le risque de plaies et d’infections bactériennes chez les personnes qui utilisent des drogues injectables?Point de mire sur la prévention, CATIE

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