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CATIE
  • La population séropositive prend de l’âge et est sujette aux problèmes de santé liés au vieillissement
  • Il est possible d’accroître la résistance des personnes séropositives en découvrant les secrets d'un vieillissement sain
  • L’étude CHANGE HIV se déroule dans trois villes canadiennes pour explorer la question d’un vieillissement sain

L’accessibilité répandue du traitement du VIH (TAR) au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé a rendu les infections liées au sida beaucoup moins courantes qu’il y a 25 ans. De plus en plus, les chercheurs prévoient que les personnes séropositives qui atteignent la suppression virale et qui continuent de prendre le TAR en respectant toutes les directives connaîtront une espérance de vie quasi normale.

Même si le TAR est utilisé correctement et qu’une bonne observance thérapeutique est maintenue, des cellules infectées par le VIH persistent dans le corps, et certaines anomalies du système immunitaire perdurent. À titre d’exemple, notons que nombre d’études ont permis de constater que les personnes séropositives étaient sujettes à l’activation et à l’inflammation persistantes de leur système immunitaire. Comme les cellules immunitaires sont éparpillées en grand nombre partout dans le corps, elles peuvent libérer des signaux chimiques qui provoquent de l’inflammation dans plusieurs systèmes organiques. L’inflammation chronique de ces systèmes peut entraîner une lente dégradation qui augmente à son tour le risque de plusieurs problèmes de santé chroniques, dont les maladies du cœur, le diabète, la maladie pulmonaire obstructive chronique, l’amincissement osseux, les lésions rénales et l’AVC, entre autres. De plus, il est possible que l’inflammation qui accompagne l’infection au VIH chronique contribue à l’accélération du processus de vieillissement. Il est donc important de mieux comprendre l’interaction entre ce processus et l’infection au VIH, car les connaissances à cet égard pourraient mener à des interventions susceptibles d’améliorer la santé et la qualité de vie.

Vieillissement sain et VIH

Pour explorer cette question, une équipe de chercheurs de Toronto a utilisé un système d’évaluation du vieillissement validé appelé Rotterdam Healthy Aging Score (HAS), ou encore score de santé lié au vieillissement (SSV) en français. Une équipe des Pays-Bas avait déjà utilisé ce système de classement auprès de plusieurs milliers de personnes séronégatives et l’avait trouvé utile. En vertu de ce système, on utilise les données obtenues lors de diverses évaluations pour brosser un portrait numérique de la santé d’une personne, notamment en ce qui concerne les facteurs suivants :

  • santé mentale
  • fonction cognitive
  • fonctionnement physique (y compris la douleur)
  • soutien social
  • qualité de vie

Lors d’une étude pilote menée auprès de 101 personnes séropositives (81 % d’hommes, 19 % de femmes) âgées de 44 à 69 ans, l’équipe torontoise a constaté un lien entre le SSV et des problèmes de santé comme la fragilité. De plus, un faible SSV était associé à l’utilisation plus fréquente des services de santé, y compris l’hospitalisation.

Il se déroule actuellement au Canada un essai clinique important appelé CHANGE HIV dont l’objectif consiste à évaluer des données captées au fil du temps chez des centaines de personnes vivant avec le VIH. Cette étude permettra de connaître l’utilité à long terme du SSV. Si les résultats sont prometteurs, les médecins pourront utiliser le SSV pour prévoir des problèmes de santé et proposer en conséquence des interventions conçues pour aider les personnes séropositives.

Résultats de l’étude pilote

Les participants se sont soumis à des analyses exhaustives, puis les chercheurs ont calculé un SSV pour chaque personne en fonction des données se rapportant à sa santé. Voici la répartition des SSV des personnes inscrites à cette étude :

  • en bonne santé : 39 %
  • état de santé intermédiaire : 32 %
  • en mauvaise santé : 30 %

(La somme des pourcentages n’est pas 100 parce que les chiffres ont été arrondis.)

Dépression et douleur

Les chercheurs ont tenté de relever des tendances dans les données captées et ont constaté ce qui suit :

  • Les personnes de moins de 60 ans étaient plus susceptibles de souffrir de dépression jusqu’à un certain degré.
  • Les femmes étaient susceptibles d’affirmer souffrir de douleurs plus intenses que celles des hommes.

Fragilité

Les chercheurs ont évalué l’état de fragilité des participants et ont classé ces derniers en trois catégories comme suit :

  • fragiles : 10 %
  • préfragiles : 79 %
  • pas fragiles : 10 %

(La somme des pourcentages n’est pas 100 parce que les chiffres ont été arrondis.)

Les personnes ayant un faible SSV étaient plus susceptibles d’être fragiles.

Hospitalisation

Durant les six mois précédant l’étude, les participants avaient été hospitalisés dans les proportions suivantes :

  • SSV révélateur d’un bon état de santé : 5 %
  • SSV révélateur d’un mauvais état de santé : 17 %

À retenir

Puisque le système de classement SSV n’avait été utilisé qu’auprès de personnes séronégatives auparavant, l’équipe torontoise n’était pas certaine qu’elle pourrait s’en servir pour évaluer des personnes séropositives avant de mener cette étude.

Selon les chercheurs, le système SSV compte quelques faiblesses, notamment le fait qu’il ne tient pas compte de facteurs pouvant nuire à la santé des personnes séropositives, tels que « la stigmatisation, les traumatismes et la discrimination ». Ils ont également affirmé que le système SSV omettait d’autres enjeux importants comme la sécurité alimentaire, le logement et le revenu qui peuvent avoir un impact sur la santé et la qualité de vie d’une personne.

L’étude initiale menée à Rotterdam qui a fait naître le système SSV a permis de constater un lien entre un faible SSV et un risque accru de décès. Comme l’équipe torontoise n’a évalué les participants qu’à un seul moment dans le temps, elle n’a pas été en mesure de faire des prévisions à cet égard. Cependant, en suivant davantage de personnes séropositives sur une plus longue période, les chercheurs pourront déterminer si le SSV permettra de prévoir quelles personnes connaîtront des complications graves, telles des maladies ou l’hospitalisation.

CHANGE HIV

À la lumière de cette étude pilote, des chercheurs de trois villes canadiennes, soit Montréal, Toronto et Vancouver, collaborent actuellement à un essai clinique appelé CHANGE HIV. Les chercheurs comptent suivre des personnes de plus de 65 ans afin de relever des tendances se rapportant à un vieillissement sain. L’étude aura recours au système SSV (score de santé lié au vieillissement) dont nous venons de parler. Les participants devront se rendre à la clinique de l’étude à trois reprises sur une période de cinq ans. L’étude est soutenue par le Réseau canadien pour les essais VIH (CTN).

De nombreux essais cliniques sont en cours au Canada, et il est important que des personnes séropositives envisagent de participer à la recherche. Les résultats de l’étude CHANGE HIV pourront servir à améliorer les soins prodigués aux personnes séropositives au fur et à mesure qu’elles vieilliront. Pour en savoir plus sur les sites cliniques de l’étude CHANGE HIV et les nombreuses autres études intéressantes qui recrutent des volontaires sous l’égide du CTN, cliquez sur les liens dans la section des ressources ci-dessous.

–Sean R. Hosein

Ressources

Étude CHANGE HIV

Réseau canadien pour les essais VIH (CTN)

Essais cliniques du CTN

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RÉFÉRENCES :

  1. Walmsley SL, Ren M, Simon C, et al. Pilot study assessing the Rotterdam Healthy Aging Score in a cohort of HIV-positive adults in Toronto, Canada. AIDS. 2020 May 1;34(6):859-867.
  2. Sehl ME, Rickabaugh TM, Shih R, et al. The effects of anti-retroviral therapy on epigenetic age acceleration observed in HIV-1-infected adults. Pathogens and Immunity. 2020; sous presse.