L'importance des antiviraux pour combattre la COVID-19

La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) est causée par un virus appelé SRAS-CoV-2 (syndrome respiratoire aigu sévère au coronavirus 2). Le nombre de personnes touchées par la COVID-19 va sans doute fluctuer de façon répétée au cours des prochains mois. Cependant, à mesure que la portion de la population se faisant vacciner pour réduire le risque de COVID-19 continuera de croître, le virus disposera de moins en moins de personnes à infecter. Ainsi, la vaccination en masse revêt une très grande importance parce qu’elle permet d’espérer la fin de la pandémie. Dans les années à venir, cependant, il est probable que de nouveaux vaccins, des injections de rappel ou encore des vaccinations régulières seront nécessaires, comme c’est le cas actuellement du vaccin antigrippal annuel.

En attendant le jour où la COVID-19 disparaîtra enfin, cette maladie demeurera un problème à court et à moyen terme pour au moins les raisons suivantes :

La montée des variants

Comme tous les virus, le SRAS-CoV-2 est capable de muter, ce qui veut dire qu’il peut changer de forme et de structure. Les mutations virales ont lieu parce qu’il se produit de temps en temps de petites erreurs dans la production de nouvelles copies du SRAS-CoV-2. Certaines de ces erreurs donnent lieu à la production de virus défectueux, alors que d’autres peuvent être avantageuses pour le virus.

Les avantages que les mutations peuvent conférer au virus incluent les suivants :

  • Les virus mutés peuvent se propager plus facilement.
  • Les virus mutés peuvent provoquer des cas plus graves de la COVID-19.
  • Il est possible que les virus mutés sachent éluder l’immunité naturelle, ce qui veut dire que les personnes infectées et rétablies antérieurement risquent de contracter à nouveau l’infection.
  • Il est possible que les virus mutés apprennent à éluder l’immunité induite par les vaccins.

Pour désigner les souches du SRAS-CoV-2 qui ont muté de sorte à devenir plus problématiques d’une manière ou d’une autre (voir la description ci-dessus), les scientifiques utilisent le terme « variants préoccupants ».

Variants préoccupants

D’ici un an ou deux, il est possible que de nouveaux variants capables d’éluder partiellement l’effet protecteur des vaccins actuels deviennent plus nombreux. Il est donc crucial que les compagnies pharmaceutiques mettent au point des vaccins de deuxième génération qui offrent une protection très efficace et durable contre les variants en circulation actuellement, ainsi que contre les variants qui commencent à circuler davantage.

Il est nécessaire que la mise au point, l’évaluation et la fabrication des vaccins de deuxième génération aient lieu rapidement. Malgré les défis posés par la fabrication et la distribution à très grande échelle, on pourrait commencer à déployer des vaccins de deuxième génération dès la fin de 2021 ou le début de 2022.

Éléments d’une stratégie visant la réduction des hospitalisations

En attendant la deuxième génération de vaccins, il faut que l’on vaccine le plus de gens possible avec les produits disponibles à l’heure actuelle afin de réduire le risque de maladies et d’hospitalisations attribuables aux complications de la COVID-19. Outre les mesures d’hygiène et les programmes de dépistage et de vaccination actuels, les mesures suivantes d’ordre biomédical pourraient faire partie d’une stratégie globale visant à réduire les hospitalisations dues à la COVID-19 :

Faciliter l’accès au dépistage

Pour réduire davantage le nombre d’hospitalisations, les gouvernements ont besoin de rendre le dépistage du SRAS-CoV-2 plus accessible, notamment dans les collectivités et les secteurs durement touchés par la COVID-19. L’accès plus facile au dépistage du SRAS-CoV-2 pourrait aider à accélérer le diagnostic des personnes infectées. Celles-ci seraient ensuite évaluées plus rapidement par une équipe médicale pour déterminer comment elles ont été exposées au SRAS-CoV-2 et si elles éprouvent des symptômes. La prochaine étape consisterait à renseigner les personnes touchées sur les mesures d’hygiène à prendre pour limiter la propagation continue du SRAS-CoV-2. Pour certaines personnes, des interventions pourraient être nécessaires, surtout celles courant un risque élevé de tomber gravement malades de la COVID-19.

Faire des réserves de médicaments

Un élément clé de toute stratégie visant la réduction des hospitalisations consiste à envisager l’usage de médicaments antiviraux s’étant montrés très efficaces contre la COVID-19 dans des essais cliniques et dont l’approbation est attendue au cours des prochains mois. Une fois l’approbation obtenue, les gouvernements pourraient faire des réserves modestes de ces médicaments en les achetant en quantité. Advenant de bons résultats dans les essais cliniques et leur approbation réglementaire, la liste des médicaments antiviraux en question pourrait inclure le molnupiravir, des anticorps comme le Regen-CoV et le VIR-7831, l’interféron, et d’autres.

Miser sur le déploiement sélectif des traitements et des mesures de prévention biomédicale du SRAS-CoV-2

Les médicaments ci-dessus pourraient être prescrits par des médecins possédant de l’expertise en matière de COVID-19 qui ont déjà diagnostiqué ou soigné des personnes atteintes. Advenant un dépistage positif, l’accès à ces médicaments pourrait être accéléré pour les personnes qui en sont au début de l’infection et qui, d’après leur médecin, courraient un risque élevé de tomber malades de la COVID-19.

Répondre au besoin de lignes directrices sur le traitement

L’usage d’antiviraux pour la prévention et le traitement de la COVID-19 relève d’une approche nouvelle, et de nombreux médecins n’ont pas d’expérience à cet égard en ce moment. Lorsque ces médicaments seront approuvés, les ministères de la Santé pourront créer un comité de médecins pour formuler des recommandations sur l’usage d’antiviraux chez les personnes recevant un diagnostic d’infection au SRAS-CoV-2.

Continuer à faire des recherches

Les gouvernements pourraient travailler en partenariat avec l’industrie pharmaceutique afin de lancer ce que les scientifiques appellent des essais cliniques ouverts (où tout le monde reçoit le médicament à l’étude et aucun placebo n’est utilisé), afin que les médecins puissent s’habituer à l’utilisation de ces médicaments novateurs. De tels essais pourraient servir à comparer les effets de divers antiviraux en sélectionnant au hasard des personnes pour recevoir des médicaments différents. Notons que des essais cliniques ouverts d’envergure ont été menés pour déterminer l’efficacité d’antiviraux repositionnés utilisés durant la première vague de la COVID-19. Un essai particulier a permis de déterminer que le stéroïde dexaméthasone était très utile.

Vue d’ensemble

S’ils étaient déployés assez tôt dans le cours de la COVID-19, ces antiviraux se révéleraient sans doute très utiles. Dans les mois à venir, à mesure que la vaccination se poursuit, espérons que ces médicaments seront moins nécessaires.

Certains antiviraux en voie de développement possèdent une activité contre le SRAS-CoV-2 et d’autres coronavirus aussi, du moins dans le cadre d’expériences de laboratoire sur des cellules. Les réserves de médicaments antiviraux pourraient donc s’avérer utiles si le pire scénario devait se réaliser, soit une vague de maladies causées par un nouveau coronavirus jamais rencontré par l’humanité. Depuis 18 ans, trois coronavirus ont menacé l’humanité :

  • SRAS-CoV-1 : 2002 à 2004
  • SRMO-CoV (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) : 2012
  • SRAS-CoV-2 : depuis la fin de 2019

À l’avenir, il est possible que l’humanité soit encore confrontée à un nouveau coronavirus provoquant de graves maladies pour certaines personnes.

Grâce à l’intensification des campagnes de vaccination, à l’utilisation continue des mesures d’hygiène préventives et au déploiement sélectif de médicaments antiviraux contre le SRAS-CoV-2 (une fois ceux-ci approuvés), nous devrions être en mesure de juguler la pandémie actuelle plus tard cette année ou au début de 2022.

—Sean R. Hosein

Ressource

TraitementActualités 240

RÉFÉRENCES :

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