Quelques variants préoccupants

Le SRAS-CoV-2 infecte des cellules et les force ensuite à produire des copies de ce virus. De petites erreurs, ou mutations se produisent de temps en temps durant la réplication du SRAS-CoV-2. Ces mutations provoquent de changements légers dans la forme ou la structure du virus. Au cours de plusieurs cycles d’infection, à mesure que le virus se transmet d’une personne à l’autre, les mutations s’accumulent. Les mutations qui donnent un avantage au virus ont tendance à se perpétuer dans les copies futures du SRAS-CoV-2. Les virus mutants qui peuvent nuire d’une manière ou d’une autre — par exemple en causant l’infection plus facilement ou en éludant les défenses immunitaires de la personne touchée, etc. — sont désignés comme des variants préoccupants par les scientifiques.

Les variants préoccupants ont tendance à présenter une des caractéristiques suivantes :

  • Ils se propagent plus rapidement.
  • Ils risquent de causer des cas plus graves de la COVID-19.
  • Ils risquent d’être capables d’éluder l’immunité naturelle, ce qui veut dire que les personnes infectées et rétablies antérieurement pourraient être infectées à nouveau à l’avenir.
  • Ils risquent d’être capables d’éluder l’immunité induite par les vaccins ou de ne pas répondre aux traitements à base d’anticorps.

Variants particuliers

L’information sur les variants préoccupants ne cesse d’évoluer. Pour en savoir plus sur les variants préoccupants dans votre région, parlez aux autorités locales de la santé publique.

On peut aussi obtenir des renseignements sur les variants auprès des Centers for Disease and Control (CDC) des États-Unis en cliquant sur le lien ci-dessous :

https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/cases-updates/variant-surveillance/variant-info.html

En ce qui concerne les variants préoccupants suivants, nous faisons des comparaisons avec la souche originale du SRAS-CoV-2 qui est apparue à la fin de 2019. Ces comparaisons sont fondées dans une grande mesure sur des études de laboratoire :

  • B.1.1.7 : Ce variant comptant 23 mutations a été découvert au Royaume-Uni en décembre 2020. Il serait de 50 % plus transmissible que l’original et aurait causé des cas plus graves de la COVID-19 chez certaines personnes. Selon les CDC, ce variant exercerait un impact « minimal » sur l’efficacité des anticorps générés par la vaccination et des traitements à base d’anticorps.
  • B.1.351 : Ce variant comptant 23 mutations a été découvert en Afrique du Sud en décembre 2020. Il serait plus transmissible de 50 % et, selon les CDC, exercerait un impact « modeste » sur la plupart des vaccins et certains traitements à base d’anticorps. Des données provenant d’Afrique du Sud laissent toutefois penser que ce variant peut avoir un impact significatif sur la protection conférée par le vaccin d’AstraZeneca, réduisant son taux d’efficacité.
  • P1 : Ce variant comptant 35 mutations a été découvert au Brésil en janvier 2021. Selon les CDC, il exercerait un impact « modéré » sur certains traitements à base d’anticorps et sur les anticorps générés par les vaccins de Pfizer-BioNTech et de Moderna.

Ces variants se propagent actuellement et leur présence a été signalée dans de nombreux pays, dont le Canada. Parmi les autres variants préoccupants, mentionnons les suivants :

  • B.1.427 et B.1.429 : Selon les estimations des CDC, ces variants isolés pour la première fois en Californie seraient de 20 % plus transmissibles que la souche originale du SRAS-CoV-2. De plus, ils pourraient réduire significativement l’efficacité de certains traitements à base d’anticorps et provoquer une réduction « modeste » de l’efficacité des vaccins.

Il est probable que d’autres variants préoccupants verront le jour au fil du temps à travers le monde.

Immunité cellulaire

Notons que les évaluations dont nous venons de rendre compte en matière de vaccins et de variants sont largement fondées sur l’étude des anticorps. Le taux minimal d’anticorps nécessaire pour protéger l’organisme contre le SRAS-CoV-2 (et ses variants) après la vaccination n’est pas connu.

La plupart des vaccins stimulent les cellules B de sorte qu’elles produisent des anticorps qui s’attaquent ensuite à une cible précise, soit une partie du SRAS-CoV-2 ou encore une cellule infectée par ce virus. Cependant, les vaccins incitent également les cellules T (et sans doute d’autres cellules immunitaires comme les cellules tueuses naturelles) à reconnaître les cellules infectées par le virus et à libérer des substances antivirales pendant qu’elles combattent et détruisent ces cellules. On appelle ce processus l’immunité cellulaire. Ce genre d’immunité peut être utile contre le SRAS-CoV-2. De façon générale, en ce qui concerne les variants, l’immunité cellulaire induite par la vaccination n’a pas été évaluée rigoureusement au moment de mettre sous presse cette publication. Quoi qu’il en soit, face à la montée et à la propagation des variants préoccupants, il est crucial que les compagnies pharmaceutiques mettent au point des vaccins qui soient efficaces contre un large éventail de variants. De telles recherches sont en cours.

—Sean R. Hosein

Ressources

Gouvernement du Canada  https://sante-infobase.canada.ca/covid-19/resume-epidemiologique-cas-covid-19.html#VOC

Institut national de santé publique du Québec  https://www.inspq.qc.ca/covid-19/labo/variants ; https://www.inspq.qc.ca/nouvelles/variants-du-sras-cov-2-pourquoi-s-en-preoccuper ; https://www.inspq.qc.ca/covid-19/donnees/variants

U.S. Centers for Disease Control and Prevention  https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/cases-updates/variant-surveillance/variant-info.html

British Columbia Centres for Disease Control  http://www.bccdc.ca/health-info/diseases-conditions/covid-19/about-covid-19/variants
 

RÉFÉRENCES :

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  2. Centers for Disease Control and Prevention. SARS-CoV-2 Variant Classifications and Definitions. Disponible à l’adresse : https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/cases-updates/variant-surveillance/variant-info.html
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