Le VIR-7831 (sotrovimab) pour prévenir les hospitalisations et les décès dus à la COVID-19

De nombreux médicaments sont en voie de développement pour la prévention et le traitement éventuels de la COVID-19. Un groupe de traitements potentiels s’appellent les anticorps monoclonaux.

À propos des anticorps

Les anticorps sont des protéines fabriquées par le système immunitaire. Ces protéines aident le système immunitaire à reconnaître et à marquer des microbes particuliers afin qu’il puisse les détruire.

Les anticorps monoclonaux sont fabriqués dans un laboratoire. Les scientifiques les conçoivent de sorte qu’ils s’attaquent à un microbe spécifique, comme le SRAS-CoV-2.

Il y a environ un an, les compagnies Vir Biotechnology et GlaxoSmithKline (GSK) ont commencé à collaborer à la mise au point d’interventions susceptibles de prévenir ou de traiter la COVID-19.

Ces deux compagnies ont créé les anticorps suivants :

  • VIR-7831, également appelé GSK-4182136
  • VIR-7832, également appelé GSK-4182137

Les résultats préliminaires d’un essai contrôlé contre placebo du VIR-7831 indiquent que cet anticorps réduit très efficacement (85 %) le risque d’hospitalisation et de mortalité lié à la COVID-19.

Étude Comet-Ice

Pour une étude appelée Comet-Ice, une équipe de recherche a recruté des adultes souffrant d’un cas léger ou modéré de COVID-19 qui couraient un risque élevé d’hospitalisation. L’équipe a réparti les malades au hasard pour recevoir une des interventions suivantes par voie intraveineuse :

  • 500 mg de VIR-7831
  • placebo

Une analyse provisoire portant sur 583 personnes (dont 291 ont reçu l’anticorps et 292, le placebo) a permis de constater une réduction de 85 % du risque d’hospitalisation ou de décès chez les personnes traitées par l’anticorps. Étant donné l’efficacité de ce dernier, le comité de surveillance des données indépendant qui veillait sur l’étude a recommandé de mettre fin au recrutement. L’essai se poursuivra pendant 24 semaines afin d’assurer le suivi de la cohorte.

Le VIR-7831 s’est généralement révélé sûr dans l’étude Comet-Ice. D’autres détails concernant cette étude seront publiés à l’avenir.

Les compagnies Vir et GSK prévoient mettre à l’épreuve d’autres versions du VIR-7831 qui seront administrées par injection intramusculaire. Des essais cliniques d’envergure sont également prévus pour confirmer les résultats de l’étude Comet-Ice.

Quelques variants préoccupants

Comme nous l’avons déjà mentionné dans ce numéro de TraitementActualités, le SRAS-CoV-2 infecte des cellules et les force à produire de nouvelles copies du virus. De petites erreurs, ou mutations, se produisent de temps en temps durant la réplication du SRAS-CoV-2. Ces mutations provoquent de légers changements dans la forme ou la structure du virus. Au cours de plusieurs cycles d’infection, à mesure que le virus se transmet d’une personne à l’autre, les mutations s’accumulent. Les mutations qui donnent un avantage au virus ont tendance à se perpétuer dans les copies futures du SRAS-CoV-2. Les virus mutants qui peuvent nuire d’une manière ou d’une autre — par exemple en causant l’infection plus facilement ou en éludant les défenses immunitaires de la personne touchée, etc. — sont désignés comme des variants préoccupants par les scientifiques.  

La liste de variants préoccupants inclut les suivants :

  • B.1.1.7 : découvert au Royaume-Uni en décembre 2020
  • B.1.351 : signalé initialement en Afrique du Sud en décembre 2020
  • P1 : variant comptant 35 mutations dont la présence a été signalée pour la première fois au Brésil en janvier 2021

Tous ces variants, et plus particulièrement le B.1.1.7, sont en train de se propager dans de nombreux pays, y compris le Canada.

Lors d’expériences sur des cellules infectées par des variants préoccupants, les anticorps VIR-7831 et VIR-7832 se sont révélés très efficaces contre les variants B.1.1.7, B.1.351 et P.1. Non seulement ils ont empêché le virus de se propager dans des cultures de cellules dans le laboratoire, mais ils ont également mobilisé des cellules du système immunitaire afin qu’elles capturent et détruisent des cellules infectées par le SRAS-CoV-2. Ces propriétés des anticorps VIR ne devraient surprendre personne parce que leur développement a été modelé sur celui d’un anticorps que l’on avait utilisé avec beaucoup de succès contre le SRAS-CoV-1, le virus qui a provoqué une éclosion de SRAS en 2002. Comme la forme du SRAS-CoV-1 est très semblable à celle du SRAS-CoV-2, les anticorps VIR possèdent la capacité de neutraliser les variants préoccupants. De plus, le VIR-7831 a été optimisé afin qu’il reste en circulation plus longtemps que la plupart des anticorps. Notons aussi que le VIR-7831 est censé s’accumuler dans les poumons et les voies respiratoires, soit les endroits que le SRAS-CoV-2 a tendance à infecter.

Anticorps nuisibles

En réaction à l’infection par certains virus (le virus de la dengue, le VIH et le virus Zika), le système immunitaire produit des anticorps qui perdent rapidement leur puissance ou s’avèrent généralement inutiles contre l’infection. Dans certains cas, les anticorps que le système immunitaire produit pour contrer ces virus ont l’effet contraire et peuvent même aider les virus à infecter des cellules. Notons toutefois que le VIR-7831 et le VIR-7832 n’ont pas causé ce problème dans les expériences de laboratoire.

Chez le hamster

Le hamster doré (également appelé hamster syrien) est un modèle animal important qui permet d’étudier l’infection au SRAS-CoV-2. Ces animaux ont tendance à tomber gravement malades après avoir été infectés par ce virus. Des expériences sur des hamsters dorés ont permis de confirmer que le VIR-7831 (la compagnie n’a pas fourni de données sur l’autre anticorps) pouvait réduire les taux de SRAS-CoV-2.

À l’avenir

Au cours des prochains mois, les compagnies Vir et GSK négocieront l’approbation éventuelle du VIR-7831 avec les autorités canadiennes, américaines et européennes pendant qu’elles poursuivent leurs études.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Pinto D, Park YJ, Beltramello M, et al. Cross-neutralization of SARS-CoV-2 by a human monoclonal SARS-CoV antibody. Nature. 2020 Jul;583(7815):290-295.
  2. McCallum M, De Marco A, Lempp FA, et al. N-terminal domain antigenic mapping reveals a site of vulnerability for SARS-CoV-2. Cell. 2021; sous presse.
  3. GlaxoSmithKline and Vir Biotechnology. Vir Biotechnology and GSK announce VIR-7831 reduces hospitalization and risk of death in early treatment of adults with COVID-19. Press release. 21 March 2021.
  4. Cathcart AL, Havenar-Daughton C, Lempp FA, et al. The dual function monoclonal antibodies VIR-7831 and VIR-7832 demonstrate potent in vitro and in vivo activity against SARS-CoV-2. bioRxiv 2021.03.09.434607 [Preprint].
  5. Zhou D, Dejnirattisai W, Supasa P, et al. Evidence of escape of SARS-CoV-2 variant B.1.351 from natural and vaccine-induced sera. Cell. 2021; sous presse.
  6. Garcia-Beltran WF, Lam EC, St Denis K, et al. Multiple SARS-CoV-2 variants escape neutralization by vaccine-induced humoral immunity. Cell. 2021; sous presse.