Le dolutégravir chez les femmes

Lors d’une étude portant le nom d’Aria, des chercheurs ont testé les deux régimes suivants chez près de 500 femmes séropositives :

  • Triumeq : un seul comprimé contenant dolutégravir + abacavir + 3TC
  • atazanavir (Reyataz) + ritonavir + ténofovir DF + FTC

Les femmes inscrites à l’étude n’avaient jamais utilisé de médicaments anti-VIH auparavant.

Après 48 semaines, 82 % des femmes sous Triumeq et 71 % des femmes recevant le régime à base d’atazanavir avaient une charge virale de moins de 50 copies/ml. Cette différence donnait à Triumeq une supériorité statistique par rapport au régime fondé sur l’atazanavir. Cette différence était partiellement attribuable au plus grand nombre d’abandons prématurés pour cause d’effets secondaires parmi les participantes recevant l’atazanavir.

Détails de l’étude

Des chercheurs de plusieurs pays, dont le Canada, l’Espagne, l’Afrique du Sud, la Russie, la Thaïlande, les États-Unis et d’autres, ont évalué 705 volontaires mais n’en ont choisi que 495 qui convenaient à l’étude. Les chercheurs ont réparti au hasard ces 495 femmes en deux groupes pour recevoir un des régimes suivants :

  • Triumeq
  • régime à base d’atazanavir

Les participantes savaient quel traitement elles recevaient parce qu’on n’a utilisé aucun placebo.

Les participantes avaient le profil moyen suivant au moment de leur admission à l’étude :

  • âge : 37 ans
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blanches – 44 %; Noires – 42 %; Asiatiques – 9 %
  • 85 % des participantes n’avaient aucun symptôme de l’infection au VIH
  • charge virale en VIH : 32 000 copies/ml
  • compte de CD4+ : 375 cellules/mm3
  • 7 % avaient déjà été exposées au virus de l’hépatite C

La partie principale de l’étude a duré 48 semaines. Après cette période, les participantes qui prenaient déjà Triumeq ont continué à recevoir ce médicament du commanditaire de l’étude, ViiV Healthcare (qui fabrique également Triumeq), jusqu’à ce que Triumeq soit approuvé dans leur pays. Nous rendons compte des résultats obtenus jusqu’à la 48e semaine de l’étude.

Résultats : efficacité

Comme nous l’avons mentionné plus tôt, à la semaine 48 de l’étude, 82 % des femmes recevant Triumeq et 71 % des femmes recevant le régime à base d’atazanavir avaient une charge virale inférieure à 50 copies/ml.

Voici ce qui s’est produit chez les autres participantes :

Non-réponse virologique (soit ces participantes n’ont pas vu leur charge virale baisser sous la barre des 50 copies, soit elles n’ont pas réussi à maintenir une telle suppression virale)

  • Triumeq : 6 %
  • régime à base d’atazanavir : 14 %

Les chercheurs ne disposaient pas de données virologiques sur les proportions suivantes de participantes (généralement parce qu’elles ont quitté l’étude prématurément) :

  • Triumeq : 12 %
  • régime à base d’atazanavir : 15 %

Charges virales au début de l’étude

Parmi les participantes qui avaient une charge virale élevée (plus de 100 000 copies/ml) lors de leur inscription à l’étude, les proportions suivantes avaient une charge virale supprimée (moins de 50 copies/ml) à la semaine 48 :

  • Triumeq : 80 %
  • régime à base d’atazanavir : 64 %

Parmi les participantes qui avaient un faible compte de CD4+ (350 cellules ou moins) au début de l’étude, les proportions suivantes avaient une charge virale supprimée (moins de 50 copies/ml) à la semaine 48 :

  • Triumeq : 85 %
  • régime à base d’atazanavir : 72 %

Effets indésirables

Le terme effets indésirables décrit une large gamme d’incidents malheureux liés à la santé qui peuvent se produire lors d’un essai clinique. Certains de ces incidents sont attribuables aux effets secondaires des médicaments. Cependant, il arrive aussi que des effets indésirables soient attribuables à une infection ou à un processus pathologique sous-jacent ou encore à des événements survenant en dehors de l’essai clinique, tel un accident.

Dans l’ensemble, les effets indésirables d’intensité modérée, grave ou très grave se sont produits dans les proportions suivantes :

Nausées

  • Triumeq : 13 %
  • régime à base d’atazanavir : 14 %

Diarrhées

  • Triumeq : 5 %
  • régime à base d’atazanavir : 7 %

Indigestion

  • Triumeq : 2 %
  • régime à base d’atazanavir : 6 %

Maux de tête

  • Triumeq : 2 %
  • régime à base d’atazanavir : 6 %

Jaunissement du blanc des yeux (ictère oculaire)

  • Triumeq : 0 %
  • régime à base d’atazanavir : 7 %

Jaunissement de la peau (jaunisse)

  • Triumeq : 0 %
  • régime à base d’atazanavir : 5 %

Les participantes ont quitté prématurément l’étude à cause d’effets secondaires dans les proportions suivantes :

  • Trimumeq : 4 %
  • régime à base d’atazanavir : 7 %

Une femme recevant Triumeq est morte, mais une enquête a révélé que son décès n’était pas attribuable aux médicaments à l’étude.

Accent sur la santé mentale

Le dolutégravir appartient à une classe de médicaments anti-VIH appelés inhibiteurs de l’intégrase. Tous les inhibiteurs de l’intégrase ont figuré dans des rapports faisant état de problèmes de santé mentale (habituellement des problèmes de sommeil, d’anxiété et/ou de dépression) chez une faible proportion de patients recevant ces médicaments. Les chercheurs ne savent pas avec certitude pourquoi certaines personnes éprouvent ce genre d’effets secondaires.

Lors d’essais cliniques antérieurs, les taux d’effets secondaires neuropsychiatriques ont été relativement faibles parmi les utilisateurs du dolutégravir, soit habituellement entre 2 % et 4 %. Depuis l’homologation du dolutégravir il y a plusieurs années (dans Trivicay et Triumeq), on a signalé des problèmes de santé mentale chez une minorité de personnes qui utilisent ce médicament. Malheureusement, comme plusieurs des rapports en question proviennent d’études qui n’avaient pas été rigoureusement conçues, il est très difficile d’en tirer des conclusions concernant l’usage de dolutégravir et l’apparition éventuelle de problèmes de santé mentale. Notons aussi que la dépression et l’anxiété sont des problèmes relativement courants chez les personnes séropositives, peu importe le genre de traitement qu’elles prennent.

Dans l’étude Aria, les effets secondaires neuropsychiatriques se sont produits dans les proportions générales suivantes :

  • Triumeq : 14 %
  • régime à base d’atazanavir : 14 %

Voici la répartition des effets secondaires neuropsychiatriques spécifiques :

Difficulté à s’endormir ou à rester endormi

  • Triumeq : 4 %
  • régime à base d’atazanavir : 4 %

Anxiété

  • Triumeq : 2 %
  • régime à base d’atazanavir : 3 %

Maladie dépressive (y compris la dépression et les problèmes reliés)

  • Triumeq : 3 %
  • régime à base d’atazanavir : 4 %

Pensées suicidaires

  • Triumeq : 2 %
  • régime à base d’atazanavir : 1 %

Attaques de panique

  • Triumeq : moins de 1 %
  • régime à base d’atazanavir : moins de 1 %

Agitation

  • Triumeq : moins de 1 %
  • régime à base d’atazanavir : 0 %

Trouble bipolaire

  • Triumeq : 1 %
  • régime à base d’atazanavir : 0 %

Aucun cas des problèmes neuropsychiatriques suivants n’a été signalé :

  • confusion
  • hallucinations
  • psychose
  • suicide

Selon les résultats de l’étude Aria, environ 14 % des femmes qui utilisaient Triumeq ou le régime à base d’atazanavir ont éprouvé des problèmes de santé mentale, notamment des problèmes de sommeil, d’anxiété ou de dépression.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Orrell C, Hagins D, Belonosova E, et al. Superior efficacy of dolutegravir/abacavir/lamivudine FDC compared with ritonavir-boosted atazanavir plus tenofovir disoproxil fumarate/emtricitabine FDC in treatment-naïve women with HIV-1 infection: Aria study. In: Program and abstracts of the 21st International AIDS Conference, 18-22 July 2016, Durban, South Africa. Abstract THAB0205LB.