Un modèle de dépistage et de traitement de l’hépatite C dirigé par du personnel infirmier dans un service communautaire de santé mentale

Melbourne, Australie
2021

En 2017, un programme de dépistage et de traitement de l’hépatite C d’après un modèle dirigé par du personnel infirmier a été établi au sein d’un service communautaire de santé mentale hébergé sous le même toit qu’un service de traitement de l’alcoolisme et de la toxicomanie. L’objectif du programme était d’améliorer la prise en charge de l’hépatite C chez les personnes ayant des troubles de santé mentale. Le personnel infirmier était soutenu dans la réalisation du programme par un médecin généraliste et des spécialistes des maladies infectieuses et de l’hépatologie. Des 84 personnes ayant reçu un diagnostic d’hépatite C chronique dans le cadre du programme, 83 % ont amorcé un traitement. Parmi celles qui ont amorcé un traitement, 69 % sont connues comme ayant obtenu un résultat de guérison de l’hépatite C (l’information sur la guérison n’était pas disponible pour 22 clients).

Description du programme

Ce modèle dirigé par du personnel infirmier dans un service communautaire de santé mentale offrait le dépistage et le traitement de l’hépatite C à des personnes ayant des troubles de santé mentale. Le programme était situé sous le même toit qu’un service de traitement de l’alcoolisme et de la toxicomanie. Le programme tenait des cliniques bihebdomadaires dirigées par une infirmière praticienne et une infirmière clinique consultante spécialisée dans l’hépatite C. Au début du programme, les personnes faisant un usage actuel de drogues ou en qui en faisaient usage par le passé pouvaient être dirigées vers le programme par leur équipe de santé mentale pour un dépistage de l’hépatite C et l’amorce d’un traitement. Par la suite, le programme offrait un service sans rendez-vous à l’initiative des clients. Le programme s’adressait à des personnes ayant des troubles de santé mentale, mais les clients n’en ayant pas utilisant le service de traitement de l’alcoolisme et de la toxicomanie étaient également pris en charge selon ce modèle afin de rationaliser les services. Un soutien était assuré sur place par un médecin généraliste et à distance par des spécialistes des maladies infectieuses et de l’hépatologie.

Lors de cliniques bihebdomadaires, du personnel infirmier effectuait des tests sanguins de détection des anticorps liés à l’hépatite C et à d’autres virus hématogènes. Dans le cadre du programme, les membres du personnel infirmier ont également recueilli les antécédents cliniques et évalué la fibrose hépatique, y compris par imagerie FibroScan. Toute personne dont le test d’ARN était positif pour l’hépatite C était admissible au traitement. Le traitement de l’hépatite C pouvait être prescrit par l’infirmière praticienne ou le médecin généraliste sur place. Les personnes atteintes de cirrhose, du VIH ou de l’hépatite C étaient orientées vers des spécialistes pour la gestion du traitement.

Le personnel de santé mentale (clinique et non clinique) fournissait à chaque individu un soutien personnalisé pour la médication, y compris la distribution des médicaments, afin d’améliorer l’observance thérapeutique, et un service de transport aux rendez-vous pour le traitement.

Résultats

Le programme, établi en 2017, s’est poursuivi jusqu’en février 2020. On y a dirigé 130 clients. La plupart des clients étaient des hommes (62 %); un trouble de santé mentale avait été diagnostiqué chez 82 % des clients référés. Parmi les clients diagnostiqués d’un trouble de santé mentale, la schizophrénie (88 %) était le trouble le plus courant. Environ la moitié (53 %) des clients dirigés vers le programme vivaient en logement social et 11 % étaient sans abri. Tous les clients dirigés vers le programme avaient des antécédents d’injection de drogues, 39 % ont déclaré s’en être injecté au cours des six derniers mois et 25 % recevaient un traitement par agonistes opioïdes (TAO).

Des 130 personnes dirigées vers le programme, 110 ont été dépistées pour l’hépatite C et on a confirmé l’infection chronique chez 84 d’entre elles. Parmi les personnes ayant une hépatite C chronique, 12 % présentaient une cirrhose et ont été orientées vers un spécialiste.

Des 84 personnes atteintes d’une hépatite C chronique, 70 (83 %) ont commencé un traitement. Les personnes sous TAO étaient plus susceptibles que les autres d’amorcer un traitement de l’hépatite C. Le traitement a été prescrit sur place à 47/70 (67 %) personnes, 28/70 (40 %) de ces ordonnances ayant été effectuées par l’infirmière praticienne et 19/70 (27 %) par un médecin généraliste. Dans le cas des clients qui n’ont pas reçu une ordonnance sur place (33 %), le traitement a été prescrit par un spécialiste des maladies infectieuses ou un autre spécialiste.

Dans l’ensemble, 48 des 70 clients auxquels on a prescrit un traitement de l’hépatite C (69 %) ont été guéris. Le statut de guérison de l’hépatite C était inconnu pour les 22 autres.

Qu’est-ce que cela signifie pour les prestataires de services?

Ce modèle de soins dirigé par du personnel infirmier permet d’élargir l’accès à des prescripteurs de traitement de l’hépatite C et rend le traitement accessible dans un service communautaire de santé mentale aux personnes ayant des troubles de santé mentale, qui sont susceptibles de rencontrer des obstacles aux soins de santé traditionnels. Ce programme démontre qu’un modèle dirigé par du personnel infirmier au même endroit qu’une clinique de santé mentale peut aider à traiter l’hépatite C chez des personnes ayant des troubles de santé mentale (p. ex., la schizophrénie). De plus, l’intégration des services d’évaluation et de traitement de l’hépatite C dans des sites où les gens reçoivent déjà des services et du soutien de la part de professionnels cliniques et non cliniques peut contribuer à accroître l’accessibilité et l’implication dans les soins.

Cette étude a démontré que le meilleur taux d’amorce du traitement s’observe parmi les personnes qui suivent un TAO, et que l’utilisation du TAO dans ce modèle dirigé par du personnel infirmier est susceptible d’aider à la distribution de médicaments et à l’observance. Cela pourrait s’expliquer par le fait que le TAO a le potentiel de fournir un soutien accru pour la délivrance des médicaments et l’implication dans les soins cliniques.

Ressources connexes

Projet HEAL, programme de dépistage de l’hépatite C et d’arrimage aux soins – Sommaire de données probantes

Arrimage aux soins de l’hépatite C par l’entremise d’une infirmière de liaison à la clinique des maladies infectieuses de l’Université de Virginie – Sommaire de données probantes

Modèle de traitement de l’hépatite C dans les prisons d’État, dirigé par des infirmières – Sommaire de données probantes

Référence

Harney BL, Brereton R, Whitton B et al. Hepatitis C treatment in a co-located mental health and alcohol and drug service using a nurse-led model of care. Journal of Viral Hepatitis. 2021 Feb 17. [Version en ligne avant impression]