Cancer de la prostate chez les hommes séropositifs

À mesure que les personnes séropositives vivent plus longtemps grâce à l’efficacité des traitements antirétroviraux (TAR), leurs risques de connaître des problèmes liés au vieillissement augmentent.

Aux États-Unis, les taux de cancer de la prostate sont relativement élevés parmi les hommes séronégatifs. Une équipe de recherche de l’Université George Washington à Washington D.C. a passé en revue les dossiers médicaux de la clinique du cancer de l’université. L’équipe s’est concentrée sur les cas de cancer de la prostate diagnostiqués chez des hommes séropositifs. Elle a restreint son analyse aux cancers limités à la prostate (c’est-à-dire des cancers qui ne s’étaient pas étendus à d’autres organes).

L’analyse, qui a porté sur la période de 2007 à 2020, a permis de cerner 79 patients séropositifs chez qui on avait diagnostiqué un cancer de la prostate.

Les hommes séropositifs en question avaient le profil moyen suivant au moment de leur diagnostic de cancer de la prostate :

  • âge : 61 ans (fourchette d’âge : 49 à 79 ans)
  • principaux groupes ethnoraciaux : Noirs – 82 %; Blancs – 18 %
  • 34 % avaient un proche parent atteint d’un cancer de la prostate
  • grade du cancer : 17 % – cancer de bas grade; 44 % – cancer de grade moyen; 33 % – cancer de haut grade
  • 92 % suivaient un TAR et 53 % avaient une charge virale indétectable
  • compte de CD4+ : 436 cellules/mm3

Les participants ont été suivis pendant une période maximale de cinq ans.

Traitement du cancer de la prostate

Les approches thérapeutiques adoptées contre le cancer de la prostate incluaient l’ablation de l’organe suivie d’une médication conçue pour réduire la production de testostérone. Le recours à une telle médication est parfois nécessaire pour priver la tumeur de testostérone et inhiber ainsi sa croissance. Les patients atteints d’un cancer de bas grade étaient suivis de près et se faisaient offrir une intervention chirurgicale et/ou un autre traitement si le cancer commençait à évoluer de façon plus agressive. Pour les cancers de haut grade, on prescrivait soit une radiothérapie et une médication susceptible de réduire la production de testostérone, soit l’ablation de la prostate suivie d’une radiothérapie visant à neutraliser toutes les cellules cancéreuses résiduelles.

Résultats

Dans l’ensemble, 98 % des participants étaient encore en vie cinq ans après leur diagnostic de cancer de la prostate. Personne n’est décédé de complications liées à un tel cancer. Un homme est décédé d’une grave infection bactérienne liée à une inflammation intestinale, et ce, 11 ans après son diagnostic de cancer de la prostate.

Changements dans les comptes de CD4+

Certains centres de recherche ont fait état de baisses temporaires des comptes de cellules CD4+, surtout à la suite d’une radiothérapie contre un cancer de la prostate. Pour de nombreuses personnes séropositives, une baisse du compte de CD4+ peut causer de la détresse psychologique. Cependant, dans ce cas, les baisses des comptes de CD4+ étaient habituellement temporaires, et aucune augmentation du risque d’infections n’a été signalée en lien avec ce changement.

Dans la présente étude, on a constaté une tendance à la baisse des comptes de CD4+, soit habituellement une baisse de 150 cellules/mm3. Notons toutefois que les dossiers médicaux n’étaient pas complets, et le compte de CD4+ ne pouvait être analysé dans tous les cas. De plus, comme les comptes de CD4+ n’étaient pas disponibles après la fin du traitement, l’équipe de recherche ne pouvait dire avec certitude pendant combien de temps les baisses de cellules CD4+ ont duré.

Effet du VIH

Puisque le VIH affaiblit le système immunitaire, on s’inquiète toujours de la possibilité que les cancers soient plus agressifs ou qu’ils répondent moins bien au traitement chez les personnes séropositives. Cette équipe de recherche a toutefois constaté que le VIH ne semblait pas provoquer une évolution plus agressive du cancer de la prostate. Il est certain que le taux de mortalité était très faible chez les hommes séropositifs, et personne n’est décédé d’un cancer de la prostate. Idéalement, l’équipe de recherche aurait dû inclure un groupe témoin d’hommes séronégatifs du même âge atteints d’un cancer de la prostate aux fins de comparaison.

À l’avenir

Cette étude était de faible envergure et portait sur des données recueillies dans le passé, or les études rétrospectives de ce genre ne sont pas conçues pour produire des résultats définitifs. Espérons cependant que cette étude incitera d’autres équipes à concevoir des essais cliniques prospectifs pour en apprendre plus sur le cancer de la prostate auprès d’un plus grand nombre d’hommes séropositifs.

—Sean R. Hosein

Ressource

Prostate Cancer Canada (en anglais seulement)

RÉFÉRENCE :

Vaziri T, Rao YJ, Whalen M et al. Management of localized prostate cancer in men with human immunodeficiency virus: Analysis of a large retrospective cohort. Clinical Genitourinary Cancer. 2023 Oct;21(5):614.e1-614.e8.