Hausse des cas de LGV (lymphogranulomatose vénérienne) en Colombie-Britannique

La LGV (lymphogranulomatose vénérienne) est une infection transmissible sexuellement (ITS) causée par un sous-type de la bactérie responsable de la chlamydiose. Avant 2003, les cas déclarés de LGV étaient rares dans les pays à revenu élevé. Il n’empêche que les Pays-Bas ont signalé une éclosion cette année-là parmi les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (hommes gbHARSAH). Cette éclosion s’est ensuite étendue à d’autres pays d’Europe par le biais de réseaux sexuels avant de se déclarer peu après au Canada et aux États-Unis.

Ces premiers cas de LGV étaient associés aux symptômes suivants :

  • ulcères anaux et rectaux
  • selles douloureuses
  • enflure douloureuse des ganglions lymphatiques de l’aine

Chez certains hommes présentant des ulcères anaux ou rectaux liés à la LGV, l’infection a provoqué d’autres symptômes aussi, dont fatigue, fièvre et frissons et perte de poids.

Si elles ne sont pas traitées, les personnes atteintes d’ulcères anaux liés à la LGV risquent de subir une cicatrisation tissulaire qui fait rétrécir l’anus. Les vaisseaux lymphatiques sont également sujets à la cicatrisation, ce qui peut entraîner d’autres problèmes.

On peut traiter efficacement la LGV à l’aide d’antibiotiques.

Colombie-Britannique

Une équipe de scientifiques du British Columbia Centre for Disease Control (BCCDC) a examiné sa base de données se rapportant aux cas de LGV diagnostiqués dans cette province entre novembre 2004 et octobre 2022. L’équipe a recensé un total de 545 cas répartis dans les périodes suivantes :

  • 2004 à 2017 : 205 cas (38 %)
  • 2018 à 2022 : 340 cas (62 %)

La vaste majorité des cas (97 %) concernait des hommes gbHARSAH.

Comme la période plus récente de l’étude (2018 à 2022) est plus pertinente par rapport à la situation d’aujourd’hui, cet article se concentrera sur elle.

Ère de la prophylaxie pré-exposition au VIH

En Colombie-Britannique, la prophylaxie pré-exposition (PrEP) est devenue largement accessible en 2018. La plupart des cas de LGV (62 %) se sont produits durant la période de 2018 à 2022 et concernaient des hommes séronégatifs sous PrEP. Selon l’équipe de recherche, depuis l’avènement de la PrEP, les cas de LGV sont « souvent » asymptomatiques, comparativement à l’époque précédant l’introduction de la PrEP. Voici la répartition spécifique des cas asymptomatiques de LGV durant la période en question :

  • personnes sous PrEP : 47 %
  • personnes séropositives : 33 %
  • personnes séronégatives n’utilisant pas la PrEP : 29 %

Chez les personnes séropositives, les antécédents de syphilis faisaient augmenter le risque de LGV.

Tendances

L’équipe de recherche a constaté une « augmentation considérable » des cas asymptomatiques de LGV, surtout parmi les personnes sous PrEP (durant la deuxième période de l’étude). Chez les personnes séropositives, la proportion de diagnostics de LGV a baissé au fil de la période de l’étude.

Les taux de LGV augmentent globalement en Colombie-Britannique. Le début de cette hausse a coïncidé plus ou moins avec l’introduction de la PrEP.

Pourquoi ces changements dans les cas de LGV?

Depuis 2003, les infections à LGV dans les pays à revenu élevé comme le Canada touchent principalement des personnes vivant avec le VIH (surtout des hommes gbHARSAH). Cette équipe de recherche laisse entendre que l’accessibilité de la PrEP pourrait avoir augmenté le nombre de partenariats sexuels entre personnes séropositives et personnes séronégatives. L’équipe laisse également penser que cette « mixité » est à l’origine des changements dans les populations touchées par la LGV.

Selon l’équipe de recherche, les personnes sous PrEP passent fréquemment des tests de dépistage d’ITS, soit tous les trois mois habituellement. Il est donc possible que l’augmentation des dépistages d’ITS à l’ère de la PrEP permette de détecter la LGV relativement tôt dans le cours de l’infection, soit avant que des symptômes apparaissent. L’équipe n’est toutefois pas certaine à cet égard. Ses résultats soulignent la nécessité d’autres études afin qu’il soit possible de mieux comprendre l’évolution de la LGV à l’heure actuelle, non seulement en Colombie-Britannique, mais dans le reste du Canada aussi.

Europe occidentale

Des études menées en Belgique et en France ont également permis de constater une hausse des taux de LGV parmi les hommes gbHARSAH sous PrEP. Dans de nombreux cas, la LGV était asymptomatique dans ces pays aussi.

En Autriche, quatre des plus grandes cliniques se spécialisant dans le VIH et les ITS ont récemment regroupé et analysé leurs données sur la LGV. Les données ont été recueillies entre avril 2014 et novembre 2020 dans les villes de Vienne, Innsbruck, Linz et Graz. L’équipe de recherche a constaté que près de la moitié des cas de LGV étaient asymptomatiques. La plupart des cas de LGV concernaient des hommes séropositifs, soit 64 % contre 46 % chez les hommes séronégatifs.

En guise d’explication partielle des taux plus faibles de LGV chez les hommes séronégatifs, l’équipe autrichienne a souligné que la PrEP n’était pas entièrement subventionnée et n’était donc pas utilisée aussi fréquemment que dans d’autres pays.

À retenir

Ces rapports récents provenant d’Autriche, de Belgique et de Colombie-Britannique indiquent que la LGV est diagnostiquée de plus en plus de nos jours chez des hommes gbHARSAH. Dans de nombreux cas, la LGV est asymptomatique, mais il est possible que cela soit attribuable à la détection précoce de l’infection. Dans ces trois endroits, les diagnostics de LGV sont plus fréquents chez les hommes gbHARSAH sous PrEP.

Les données provenant de la Colombie-Britannique et d’ailleurs soulignent la nécessité de dépistages fréquents pour détecter les ITS (y compris la LGV) chez les hommes gbHARSAH, y compris les utilisateurs de la PrEP. Les données mettent également en évidence la nécessité de mener d’autres études sur la LGV dans les pays à revenu élevé.

—Sean R. Hosein

Ressources

Lymphogranulome vénérienGouvernement du Canada

Guide sur la Chlamydia et LGV : Informations importantes et ressourcesGouvernement du Canada

RÉFÉRENCES :

  1. Gupta AK, Lyons B, Hunter I et al. The resurgence of lymphogranuloma venereum (LGV): changing presentation of LGV in the era of HIV pre-exposure prophylaxis (PrEP), 2004-2022. Sexually Transmitted Diseases. 2024; sous presse.
  2. Chromy D, Sadoghi B, Gasslitter I et al. Asymptomatic lymphogranuloma venereum is commonly found among men who have sex with men in Austria. Journal der Deutschen Dermatologischen Gesellschaft. 2024; sous presse.