La combinaison de l’exercice et des statines améliore les bienfaits

L’exercice régulier procure des bienfaits nombreux et divers aux gens, de l’amélioration de la santé générale à des effets plus spécifiques comme l’amélioration de l’énergie et de l’humeur, l’augmentation de l’endurance, la perte de poids et l’amélioration du contrôle de la glycémie et de la santé cardiaque.

Le cœur est une pompe musculaire qui envoie du sang vers les différentes parties de l’organisme. L’exercice peut renforcer l’action de pompage du cœur, mais il est possible d’en tirer d’autres bienfaits aussi. Par exemple, lors d’expériences menées auprès de personnes séronégatives, l’exercice aérobique (marche rapide, randonnée pédestre, jardinage, cyclisme, danse, jogging, natation, sports, yoga intensif) et l’entraînement contre résistance (musculation), ou encore une combinaison des deux, pouvaient avoir les effets suivants :

  • améliorer la circulation
  • améliorer le contrôle de la glycémie
  • améliorer les taux de lipides (cholestérol et triglycérides) dans le sang
  • accroître la masse musculaire
  • réduire la masse grasse

Des études de faible envergure ont laissé croire que l’exercice était également bénéfique pour les personnes séropositives.

Étude Saturn

Des chercheurs aux États-Unis ont mené une étude contrôlée contre placebo de 96 semaines sur la rosuvastatine (Crestor), un médicament hypolipidémiant (qui réduit les taux de lipides). Dans le cadre d’une sous-étude de Saturn, on a exploré l’impact de l’exercice non supervisé (tel que rapporté par les participants). L’équipe Saturn a constaté que les participants qui disaient « faire au moins deux heures et demie d’exercice d’intensité modérée par semaine étaient susceptibles de présenter un niveau d’inflammation plus faible et [une santé cardiovasculaire améliorée] ». Deux heures et demie d’exercice par semaine équivalent plus ou moins à 22 minutes par jour.

Détails de l’étude

Tous les participants à l’étude Saturn prenaient une combinaison de médicaments anti-VIH (TAR) et avaient une charge virale indétectable ou faible dans leur sang. Nous présentons d’autres détails sur l’étude Saturn plus loin dans ce numéro de TraitementActualités.

Les chercheurs ont évalué l’activité physique des participants à l’aide de questionnaires qui avaient été développés et validés lors d’études antérieures. Les questions portaient sur plusieurs sortes d’activités physiques différentes et le temps que les participants consacraient aux activités en question.

De plus, des échantillons de sang ont été prélevés et analysés de façon régulière.

Résultats

Un total de 110 participants ont rempli les questionnaires pour la sous-étude sur l’exercice. Dans l’ensemble, les participants prenant la rosuvastatine disaient faire plus d’exercice que les participants du groupe placebo.

On a associé l’activité physique à l’amélioration de diverses mesures de la santé générale. Cependant, on a seulement constaté des améliorations statistiquement significatives des évaluations suivantes chez les utilisateurs de statines qui faisaient également de l’exercice :

  • réduction du volume des tissus gras autour du cœur
  • réduction de l’inflammation
  • réduction du taux du messager chimique IL-6 (interleukine-6; d’autres études ont révélé qu’un taux élevé d’IL-6 était associé à un risque accru d’inflammation et d’événements défavorables, y compris des maladies cardiovasculaires et une réduction de la survie)

Les chercheurs ont constaté que les participants qui faisaient deux heures et demie d’exercice modéré par semaine étaient « susceptibles de présenter un taux d’inflammation plus faible et [d’avoir des artères qui devenaient plus souples] ».

Il est donc clair que l’exercice a un rôle important à jouer pour réduire l’inflammation excessive.

Bien que l’on considère surtout le cœur comme une pompe musculaire, l’organe conserve une certaine quantité de tissu gras comme source d’énergie. Chez les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires, cette couche de graisse peut s’épaissir et devenir trop volumineuse relativement à la taille du cœur. Lors de la présente étude, les personnes qui prenaient une statine et qui faisaient de l’exercice ont perdu une plus grande quantité de cette couche graisseuse que les personnes sous placebo qui faisaient de l’exercice.

Point à retenir

Il faut souligner que cette sous-analyse de l’exercice a des limitations, telles les suivantes :

  • Le temps que les participants ont réellement passé à faire de l’exercice n’a pas été supervisé, et il arrive parfois que les personnes inscrites à une étude exagèrent leur participation à des activités perçues comme socialement désirables. Cependant, lors de cette étude contrôlée contre placebo, il semble y avoir eu des bienfaits clairs qui ne se soient accumulés que chez les personnes qui faisaient de l’exercice et qui utilisaient une statine. Il paraît donc que, dans l’ensemble, les personnes qui disaient faire une quantité considérable (deux heures et demie par semaine) d’exercice modéré ont bel et bien connu des changements mesurables sur les plans de l’inflammation et de la santé cardiaque.

L’équipe de recherche encourage la tenue d’autres études sur l’exercice chez les personnes séropositives. Elle recommande aussi que les responsables de telles études envisagent l’usage « de mesures objectives de l’exercice, tels des moniteurs de l’activité et de la fréquence cardiaque ».

Il faudra que les études futures incluent davantage de femmes, car les hommes constituaient près de 80 % des participants à l’étude Saturn.

Ressource :

Le VIH et la maladie cardiovasculaire — Feuillet d’information de CATIE

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Dirajlal-Fargo S, Webel AR, Longenecker CT, et al. The effect of physical activity on cardiometabolic health and inflammation in treated HIV infection. Antiviral Therapy. 2016;21(3):237-45.
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