Souhaitez-vous recevoir nos publications directement dans votre boîte de réception?

CATIE
Image

En 2020, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a publié un rapport sur la syphilis qui résume les tendances épidémiologiques, décrit les récentes éclosions de syphilis et analyse les interventions et les politiques proposées pour soutenir la lutte contre la syphilis1. Le présent article met en évidence les principales parties de ce rapport qui sont pertinentes pour les prestataires de services de première ligne au Canada.

Aperçu de la syphilis

La syphilis est une infection bactérienne qui se transmet principalement par les relations sexuelles vaginales, anales ou orales. Elle peut également se transmettre d’un parent à un bébé pendant la grossesse ou l’accouchement (il s’agit dans ce cas d’une syphilis congénitale).

Si la syphilis n’est pas traitée, elle peut évoluer en quatre stades :

  • Le stade primaire (généralement trois semaines ou plus après l’infection) : Une plaie peut apparaître au siège de l’infection, laquelle s’accompagne parfois d’une enflure des ganglions lymphatiques voisins.
  • Le stade secondaire (généralement de 2 à 12 semaines après le début du stade primaire) : Une éruption cutanée, des symptômes pseudogrippaux légers, des lésions ressemblant à des verrues ou d’autres symptômes (p. ex., vision trouble, perte d’audition) peuvent apparaître.
  • Le stade latent asymptomatique, qui peut durer de nombreuses années. Pendant la première année, appelée « stade latent précoce », la personne concernée est infectieuse. Après la première année, la maladie évolue vers une syphilis latente tardive durant laquelle la personne concernée n’est plus infectieuse.
  • Le stade tertiaire (généralement dans les 15 ans suivant l’infection) : Il est rare qu’une syphilis latente évolue vers une syphilis tertiaire. Si une personne atteint ce stade, la syphilis peut commencer à avoir des conséquences plus graves sur sa santé, comme des affections au cerveau, au cœur et à d’autres organes. Dans de rares cas, la syphilis au stade tertiaire non traitée peut mettre la vie en danger.

Une neurosyphilis peut survenir à n’importe quel stade de l’infection. Il s’agit d’une propagation de la syphilis au système nerveux. La neurosyphilis est asymptomatique chez de nombreuses personnes. Lorsqu’elle ne l’est pas, les symptômes peuvent comprendre des affections cérébrales comme la méningite, et des troubles de la vision ou de l’audition.

La syphilis est dite congénitale lorsqu’elle est transmise à un bébé pendant la grossesse ou l’accouchement. Elle peut provoquer une fausse couche, une mortinaissance, une mort néonatale ou des symptômes débilitants, et des anomalies pouvant être présentes à la naissance ou se manifester ultérieurement. Le risque de syphilis congénitale diminue considérablement si la syphilis est traitée au début de la grossesse.

Une personne n’est infectieuse (c’est-à-dire qu’elle peut transmettre la syphilis à d’autres personnes) que si elle est au stade primaire, au stade secondaire ou au stade latent précoce de l’infection.

Le test le plus courant de dépistage de la syphilis est une analyse de sang, mais si une personne présente une plaie, il est possible d’en prélever un échantillon par écouvillonnage aux fins du dépistage de la syphilis.

La syphilis est généralement facilement traitée avec la pénicilline. Toutefois, le traitement peut être plus complexe si l’infection est diagnostiquée à un stade avancé ou chez les personnes allergiques à la pénicilline.

Syphilis congénitale et facteurs de risque

Le nombre de cas de syphilis congénitale est en forte hausse depuis ces dernières années. En 2018, 17 cas de syphilis congénitale ont été signalés au Canada. C’est la première fois depuis plusieurs décennies que plus de 10 cas sont signalés en une année. Ce qui est encore plus inquiétant c’est que les nouvelles données publiées depuis la diffusion du rapport de l’ASPC font état de 45 cas de syphilis congénitale en 20192 et de 73 cas en 20203.

Il existe peu de données probantes sur les déterminants et les facteurs de risque associés à la syphilis maternelle et congénitale au Canada. D’après ces données limitées, l’accès insuffisant aux soins prénataux appropriés, le fait d’être âgé de moins de 20 ans ou de plus de 30 ans et l’utilisation de substances sont les facteurs de risque de syphilis maternelle et congénitale rapportés le plus souvent. D’après les publications, le fait d’avoir un revenu plus faible, de résider dans une région rurale ou éloignée et le fait d’avoir été victime de stigmatisation et de discrimination ou d’un traumatisme historique collectif sont autant de déterminants sociaux et structurels sous-jacents.

Le moyen le plus efficace de prévenir la syphilis congénitale est de favoriser l’accès à des soins prénataux appropriés, ce qui comprend le dépistage et le traitement de la syphilis. Les lignes directrices de l’ASPC sur le dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) recommandent le dépistage de la syphilis chez toutes les personnes enceintes, durant le premier trimestre de grossesse ou leur première visite prénatale. Les lignes directrices préconisent également d’envisager un nouveau dépistage chaque trimestre chez les personnes exposées à un risque de syphilis, ainsi que dans des régions où sévit une éclosion de syphilis chez les populations hétérosexuelles. Les personnes ayant déjà eu un enfant mort-né devraient également passer un test de dépistage de la syphilis.

Il est essentiel d’améliorer l’accès à des soins de grossesse de qualité et aux tests de dépistage de la syphilis pour prévenir la syphilis congénitale. Il est possible d’améliorer l’accès à ces soins par des initiatives telles que la réalisation de tests de dépistage chez les femmes enceintes qui se présentent aux urgences des hôpitaux. Des interventions sont également nécessaires pour contrer les obstacles systémiques prévenant l’accès aux soins, notamment le racisme, la stigmatisation et la discrimination.

Tendances épidémiologiques de la syphilis

Les données canadiennes ne concernent que la syphilis infectieuse, car la syphilis tertiaire n’est pas une infection à déclaration obligatoire dans certaines provinces.

Tendances à l’échelle pancanadienne

La syphilis est une infection à déclaration obligatoire au Canada depuis 1924. Le taux de syphilis infectieuse était très élevé dans les années 1940 et a commencé à diminuer régulièrement après cette période. Il a continué de baisser dans les années 1980 et était très bas au milieu des années 1990. Cependant, le taux a recommencé à augmenter au début des années 2000 et a connu une hausse spectaculaire ces dernières années. Le graphique ci-dessous illustre le taux de syphilis infectieuse pour 100 000 personnes, déclaré chaque année pendant 20 ans (de 1999 à 2018) (graphique 1).

 

Les raisons de cette augmentation spectaculaire ne sont pas entièrement connues, mais certains facteurs y ont probablement contribué. L’augmentation des cas de syphilis coïncide avec l’avènement de traitements très efficaces contre le VIH à la fin des années 1990, ce qui peut avoir contribué à une diminution de l’utilisation du condom. Depuis le début des années 2000, les applications de rencontre sont plus utilisées, ce qui facilite les rencontres d’un plus grand nombre de partenaires sexuels. L’augmentation de la syphilis coïncide également avec une utilisation accrue de drogues pendant les rapports sexuels, une pratique appelée « chemsex » (ou Party and Play, « PnP »).

Tendances provinciales et territoriales

Si presque toutes les provinces et les territoires ont connu une hausse du taux de syphilis au cours des dernières années, certaines régions du Canada ont été beaucoup plus touchées que d’autres. En 2018, le taux global d’infection par la syphilis au Canada était de 17,1 pour 100 000 personnes. Le Nunavut, le Manitoba, les Territoires du Nord-Ouest et l’Alberta ont tous rapporté des taux de syphilis supérieurs à la moyenne nationale. Les données publiées depuis la publication de ce rapport de l’ASPC montrent qu’en 2019, le taux global de syphilis au Canada était de 21,4 pour 100 000 personnes, et que les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, l’Alberta, le Manitoba et la Saskatchewan avaient des taux supérieurs à la moyenne nationale2. Le tableau 1 présente le taux pour chaque province et territoire, en 2018 et 2019.

Tableau 1. Taux de syphilis pour 100 000 personnes par province ou territoire en 2018 et en 2019.

Province ou territoire

Taux par 100 000 personnes en 2018

Taux par 100 000 personnes en 2019

Colombie-Britannique

15,2

17,3

Alberta

35,7

45,5

Saskatchewan

12,0

32,9

Manitoba

60,7

71,7

Ontario

13,4

16,2

Québec

11,3

13,7

Nouveau-Brunswick

2,7

s.o.

Île-du-Prince-Édouard

2,6

s.o.

Nouvelle-Écosse

3,4

5,9

Terre-Neuve-et-Labrador

7,2

6,3

Yukon

4,9

4,9

Territoires du Nord-Ouest

37,9

106,9

Nunavut

261,1

259,8

 

Depuis 2017, la plupart des provinces et territoires ont déclaré une éclosion de syphilis dans une région donnée ou sur l’ensemble de leur territoire. Des éclosions ont été déclarées en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Québec, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut et en Nouvelle-Écosse.

Caractéristiques démographiques

Sexe

Entre 1991 et 2000, les taux de syphilis étaient similaires chez les hommes et les femmes. Depuis 2002, les hommes ont des taux de syphilis significativement plus élevés que les femmes. En 2018, ce taux était de 27,1 pour 100 000 hommes et de 7 pour 100 000 femmes. L’augmentation des cas rapportés parmi les hommes est principalement attribuable aux hommes gais, bisexuels et d’autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (hommes gbHARSAH).

Bien que le nombre d’infections chez les femmes soit beaucoup plus faible que chez les hommes, il a nettement augmenté ces dernières années. Le taux d’infection en 2018 a presque triplé par rapport à celui de 2017 (de 2,4 pour 100 000 personnes en 2017 à 7,0 pour 100 000 personnes en 2018). Les augmentations les plus marquantes chez les femmes ont été observées en Alberta et au Manitoba, deux provinces ayant rapporté des éclosions parmi les populations hétérosexuelles. Entre 2014 et 2018, le taux d’infection chez les femmes de l’ensemble du Canada a augmenté de 204 %. En comparaison, ce taux a augmenté de 416 % en Alberta et de 240 % au Manitoba.

Âge

Le taux de diagnostic de syphilis a augmenté dans tous les groupes d’âge ces dernières années sauf chez les personnes âgées de 15 ans et moins. En 2018, ce taux était le plus élevé chez les personnes âgées de 25 à 29 ans (45,4 pour 100 000 personnes), suivi de près par les personnes de 30 à 39 ans (37,7 pour 100 000 personnes). Chez les femmes, les plus fortes augmentations de 2017 à 2018 ont été observées chez celles en âge de procréer (15 à 39 ans), le taux de syphilis étant le plus élevé en 2018 chez celles âgées de 20 à 24 ans (26,4 cas pour 100 000 personnes). Cette situation a contribué à l’augmentation des cas de syphilis congénitale. Chez les hommes, l’augmentation des cas se répartit plus uniformément entre les groupes d’âge, le taux le plus élevé en 2018 ayant été signalé chez les hommes âgés de 25 à 29 ans (65,1 pour 100 000 personnes).

Quels facteurs contribuent au risque d’une personne de contracter la syphilis?

De nombreux facteurs ont été associés à une plus grande probabilité de contracter la syphilis. Il s’agit à la fois de déterminants sous-jacents et de déterminants immédiats. Les déterminants sous-jacents n’exposent pas directement une personne au risque de syphilis, mais ils façonnent les conditions de vie et l’accès aux ressources, ce qui influence la vulnérabilité d’une personne à la syphilis. Les déterminants immédiats sont quant à eux des facteurs qui augmentent directement le risque de syphilis.

Déterminants sous-jacents

Bien que l’influence de tous ces déterminants sous-jacents ne soit pas étayée par de nombreuses données probantes, elle se fonde du moins sur des données limitées.

Les déterminants sous-jacents sont répartis en cinq grandes catégories.

Caractéristiques démographiques : Le fait d’être un homme, jeune et de constamment subir les séquelles de la colonisation et de la dépossession structurelle expose les peuples autochtones à un risque accru de syphilis.

Facteurs socio-économiques : Le fait d’avoir un faible revenu et de ne pas avoir un logement fixe est associé à un risque accru de syphilis.

Environnements physiques : Le fait de vivre dans certaines provinces et certains territoires (certaines régions sont beaucoup plus touchées que d’autres), de vivre dans des centres urbains plutôt que dans des zones rurales et d’avoir un historique d’incarcération est associé à un risque accru de syphilis.

Normes sociales et sexualité : Les changements dans les comportements sexuels et la culture sexuelle sont associés à un risque accru de syphilis. Les contraceptifs hormonaux et les applications de rencontre sont des exemples de la façon dont les comportements et les cultures sexuels ont changé.

Systèmes de soins santé, politiques et lignes directrices : Un risque accru de syphilis a été associé aux façons dont les lignes directrices de dépistage des ITSS ont été mises en œuvre ou modifiées au fil du temps, ainsi qu’aux lacunes dans les programmes actuels de formation sur la sexualité en ce qui a trait aux facteurs de risque et aux modes de transmission des infections transmissibles sexuellement (ITS).

Déterminants immédiats

Il existe une variété de déterminants immédiats qui augmentent directement le risque de syphilis au niveau individuel. Les déterminants immédiats se répartissent en quatre grandes catégories.

Violence, discrimination et stigmatisation : Les personnes qui subissent la violence, la discrimination et la stigmatisation ont un risque accru de contracter la syphilis. Par exemple, les personnes qui subissent la violence dans les relations intimes ont un risque accru de contracter la syphilis, car il peut être difficile, voire impossible, de négocier l’utilisation d’un condom dans cette situation. De plus, les expériences de discrimination et de stigmatisation dans les milieux de soins de santé en raison de la race, de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre ou de l’utilisation de drogues affectent les possibilités d’une personne d’avoir accès à des tests, à des traitements et à des soins appropriés relativement aux ITS.

Troubles de santé mentale et utilisation de substances : Les troubles de santé mentale tels que l’anxiété et la dépression ont été associés à une probabilité accrue de contracter la syphilis. Cela peut s’expliquer par le fait que les troubles de santé mentale peuvent rendre difficile de proposer l’utilisation d’un condom. Il a également été montré que l’utilisation d’alcool et de drogues (injectables ou non) est associée à un risque accru de contracter une infection par la syphilis. D’autres recherches sont nécessaires pour déterminer si la transmission de la syphilis résulte de comportements sexuels plus risqués chez les personnes qui utilisent des drogues, ou si la syphilis peut être transmise par le partage de fournitures servant à l’utilisation de drogues. Parmi les hommes gbHARSAH, la syphilis est souvent associée à l’utilisation de méthamphétamine en cristaux et d’autres stimulants pendant les rapports sexuels (« chemsex » ou « PnP »). Le « chemsex » ou « PnP » signifie souvent des rapports sexuels sans condom, des partenaires sexuels multiples et des partenaires sexuels anonymes.

Comportements sexuels : Les personnes ayant des rapports sexuels sans condom sont beaucoup plus susceptibles de contracter la syphilis que celles qui utilisent systématiquement des condoms. De plus, le risque de transmission de la syphilis augmente avec le nombre de partenaires sexuels d’une personne. En particulier, les hommes gbHARSAH peuvent être exposés à un plus grand risque de syphilis en raison de la prévalence accrue de partenaires sexuels multiples et des rapports sexuels sans condom dans cette population, mais rappelons qu’il s’agit de facteurs de risque aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Les personnes qui fréquentent des lieux publics liés à des activités sexuelles tels que les bains publics et les lieux destinés aux rencontres peuvent s’exposer à un risque accru, car ces lieux sont associés à l’utilisation non systématique du condom et à un plus grand nombre de partenaires sexuels. Bien que le travail du sexe (activités sexuelles contre de l’argent ou des cadeaux ou services) ait été corrélé avec un risque accru de syphilis, il ne semble pas être à l’origine des récentes augmentations de cas.

Facteurs cliniques : La co-infection par le VIH et la syphilis est fréquente, car ces deux infections sont transmissibles sexuellement. De plus, une infection par la syphilis facilite la transmission du VIH et inversement. La syphilis peut évoluer plus rapidement et devenir plus difficile à traiter chez les personnes vivant avec le VIH que chez les autres. La co-infection par la syphilis et une autre ITS, comme la chlamydiose, est également fréquente.

Bien que certains s’inquiètent du risque accru de syphilis en lien avec la prophylaxie pré-exposition (PrEP) qui favoriserait l’utilisation moindre du condom, ces inquiétudes sont fondées sur des données probantes limitées.

Interventions pour lutter contre la syphilis à l’intention des prestataires de services de première ligne

Il existe de nombreuses interventions pour faciliter la prévention, la détection et le traitement de la syphilis. Les prestataires de services travaillant auprès de personnes vivant avec le VIH et l’hépatite C peuvent jouer un rôle dans la lutte contre la récente augmentation des cas de syphilis, car cette infection touche de manière disproportionnée certaines des populations qu’ils servent.

Prévention primaire

Les condoms réduisent efficacement le risque de transmission de la syphilis, mais ils n’éliminent pas ce risque. Les prestataires de services peuvent promouvoir l’utilisation du condom par des initiatives de distribution de condoms et de l’information sur les condoms et les relations sexuelles saines.

Pour les prestataires de soins de santé qui ne sont pas à l’aise de parler de la syphilis à leurs clients ou qui n’ont pas les connaissances suffisantes sur la syphilis ou les moyens de la prévenir, l’Agence de la santé publique du Canada offre des outils pour les aider à s’informer sur la syphilis et les guider sur la manière d’en parler avec leurs clients4. Il est important que les prestataires de soins de santé soient à l’aise pour parler de la syphilis avec des personnes de tous les sexes et de toutes les orientations sexuelles d’une manière dépourvue de préjugés. Il est également important que tout le monde ait accès à des soins de santé tenant compte des traumatismes et adaptés à sa culture.

De nombreux facteurs de la vie d’une personne peuvent occasionner des problèmes de santé, notamment un risque accru de contracter la syphilis. Les interventions qui permettent de modifier les déterminants sociaux de la santé, comme un programme offrant des logements fixes et sûrs, peuvent indirectement contribuer à prévenir la syphilis.

Il n’existe actuellement aucun vaccin approuvé contre la syphilis, mais des recherches sont en cours pour en concevoir un. Une autre stratégie possible de prévention de la syphilis chez les personnes constamment exposées à un risque consiste à prendre un médicament appelé doxycycline pour réduire le risque de contracter la syphilis. Des travaux de recherche sont en cours pour déterminer l’efficacité de ce traitement.

Dépistage

Il est important que les personnes susceptibles de contracter la syphilis se soumettent régulièrement à des tests de dépistage. Plusieurs approches peuvent contribuer à augmenter la participation aux tests de dépistage de la syphilis.

L’intégration des tests de dépistage de la syphilis dans les tests courants de dépistage d’autres ITSS, dans la mesure du possible, peut accroître le recours au dépistage de la syphilis. En outre, étant donné que la co-infection par le VIH et la syphilis est fréquente, il est recommandé d’intégrer le test de dépistage de la syphilis dans les soins habituels des personnes vivant avec le VIH.

Pour les personnes constamment exposées à un risque de syphilis, des tests fréquents peuvent aider à détecter rapidement une infection par la syphilis. Des études réalisées au Canada, aux États-Unis et en Australie semblent indiquer que le dépistage de la syphilis chez les hommes gbHARSAH tous les trois mois permet de détecter les infections à un stade précoce et contribue à prévenir les transmissions subséquentes. Il serait utile d’envoyer des rappels automatiques aux personnes qui doivent se faire tester à nouveau.

Bien que la plupart des gens préfèrent passer un test de dépistage dans une clinique de santé sexuelle ou auprès de leur prestataire de soins de santé primaires, le fait de proposer le dépistage dans d’autres contextes peut contribuer à rejoindre plus de personnes. Les lieux communautaires, les saunas et bains publics et les lieux de travail du sexe, les événements communautaires et les festivals, les services d’urgence des hôpitaux et les établissements carcéraux sont autant de contextes différents où les tests de dépistage peuvent être effectués.

Le temps nécessaire pour se faire prescrire un test et le désagrément de devoir se rendre dans une clinique de dépistage peuvent constituer des obstacles pour certaines personnes. Les processus visant à rendre les tests plus pratiques sont parfois appelés « tests express ». Parmi les exemples d’initiatives de tests express, notons le fait d’offrir des tests sans rendez-vous, ou de réduire le délai nécessaire avant de passer un test en éliminant l’étape de l’examen physique et en passant directement au prélèvement d’un échantillon de sang. Les modèles de tests de dépistage comportant une composante en ligne peuvent également contribuer à rendre le processus plus pratique en réduisant le nombre de fois où une personne doit se présenter dans une clinique. Certaines données montrent que le fait d’offrir des incitatifs pour les tests de dépistage (comme une carte-cadeau) peut contribuer à encourager les gens à se faire tester. L’analyse de gouttes de sang séché peut contribuer à réduire les obstacles, car il n’est pas nécessaire que ce type d’échantillon soit prélevé par un prestataire de soins de santé. Le test au point de service est une autre option prometteuse, mais aucun test de dépistage de la syphilis au point de service n’a encore été approuvé au Canada.

Prise en charge des cas

Quelques initiatives peuvent aider les personnes chez qui la syphilis a été diagnostiquée à retrouver et à notifier l’infection à leurs anciens partenaires sexuels, et à accéder au traitement.

La notification de l’infection aux partenaires est un outil utile pour rejoindre les personnes ayant pu être exposées à la syphilis. Avec la notification de l’infection aux partenaires, une personne dont le test de dépistage de la syphilis est positif informe ses anciens partenaires sexuels de son diagnostic, ou bien un professionnel de la santé ou en santé publique peut les contacter pour leur faire savoir qu’ils ont pu être exposés à la syphilis. Le professionnel de santé ne divulgue pas le nom de la personne dont le test est positif.

Certaines personnes sont réticentes à fournir le nom de leurs partenaires sexuels, si elles craignent d’être stigmatisées ou de subir les contrecoups émotionnels ou physiques de la part de leurs partenaires, ou encore si elles ont possiblement été victimes d’une agression sexuelle. L’autre difficulté liée à la recherche des contacts est que certaines personnes peuvent ne pas connaître le nom et le numéro de téléphone d’un ou de plusieurs de leurs partenaires sexuels (par exemple, des partenaires sexuels avec lesquels ils n’ont communiqué que par le biais d’une application de rencontre uniquement). Dans des cas comme celui-ci, il devrait être possible de procéder à une notification par Internet (p. ex., sites de réseautage social, notification anonyme par courriel).

Au-delà du processus habituel de recherche des contacts, il peut être utile de contacter toutes les personnes d’un réseau social au lieu de contacter uniquement les partenaires sexuels d’une personne. C’est ce qu’on appelle la notification d’agrégats. Cette stratégie consiste à repérer les personnes de son propre réseau social qui pourraient bénéficier d’un test de dépistage. Elle peut être particulièrement utile dans les régions où sévit une éclosion de syphilis.

En ce qui a trait au traitement, il est important que les personnes dont le test de dépistage de la syphilis est positif, ainsi que leurs partenaires sexuels, soient traités le plus rapidement possible, ce qui est non seulement bénéfique pour leur propre santé, mais réduit aussi le risque de transmission de la syphilis à d’autres personnes. Les personnes dont la maladie est à un stade plus avancé, les personnes enceintes, les nouveau-nés et les personnes qui reçoivent un antibiotique différent de la pénicilline ont besoin de doses répétées et d’un suivi étroit pour assurer la réussite de leur traitement.

Ressources connexes

La syphilis – Feuillet d’information de CATIE.

Lignes directrices canadiennes de 2019 pour l’éducation en matière de santé sexuelle – Conseil d’information et d’éducation sexuelle du Canada

Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement – Agence de la santé publique du Canada.

Références

  1. Agence de la santé publique du Canada. La syphilis au Canada, Rapport technique sur les tendances épidémiologiques, les déterminants et interventions. Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, Direction générale de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses, Agence de la santé publique du Canada, 2020. Disponible au : https://www.canada.ca/fr/services/sante/publications/maladies-et-affections/syphilis-rapport-epidemiologiques.html.
  2. Agence de la santé publique du Canada. La syphilis infectieuse au Canada, 2019 – Relevé des maladies transmissibles au Canada. Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, Direction générale de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses, Agence de la santé publique du Canada, 2020. Disponible au : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/rapports-publications/releve-maladies-transmissibles-canada-rmtc/numero-mensuel/2020-46/numero-10-1-octobre-2020/syphilis-infectieuse-2019.html .
  3. Agence de la santé publique du Canada. Syphilis infectieuse et syphilis congénitale au Canada, 2020 (infographie). Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, Direction générale de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses, Agence de la santé publique du Canada, 2021. Disponible au : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/syphilis-infectieuse-syphilis-congenitale-canada-2020.html.
  4. Agence de la santé publique du Canada. Section 2 : Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement – Soins primaires et infections transmissibles sexuellement. Agence de la santé publique du Canada, 2013. Disponible au : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-infectieuses/sante-sexuelle-infections-transmissibles-sexuellement/lignes-directrices-canadiennes/infections-transmissibles-sexuellement/lignes-directrices-canadiennes-infections-transmissibles-sexuellement-17.html.

À propos de l’auteur

Mallory Harrigan est spécialiste en connaissances, Dépistage du VIH chez CATIE. Elle détient une maîtrise en psychologie communautaire.