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La syphilis est une maladie transmissible sexuellement courante. Depuis deux décennies, les taux de syphilis ne cessent de progresser au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé. Les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH) sont touchés par la syphilis de façon disproportionnée. Les hommes séropositifs semblent être particulièrement vulnérables à la syphilis. Le microbe T. pallidum qui cause la syphilis peut entraîner une maladie complexe évoluant en plusieurs phases qui nuit à presque tous les systèmes organiques du corps. Si elle est détectée tôt, la syphilis peut être traitée facilement. Comme les personnes atteintes de syphilis risquent de ne pas savoir qu’elles sont touchées, les tests sanguins réguliers sont utiles pour découvrir cette maladie.
En 2015, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis ont publié un rapport faisant état de plusieurs centaines de cas de syphilis touchant les yeux, c’est-à-dire des cas de syphilis oculaire. La vaste majorité des personnes atteintes étaient des HARSAH. Si elle n’est pas diagnostiquée et traitée, la syphilis oculaire peut causer la cécité. Depuis la publication du rapport des CDC, le nombre de cas de syphilis oculaire signalés aux États-Unis et dans d’autres pays semble avoir augmenté.
Comme dans d’autres régions du Canada, les cas de syphilis sont à la hausse en Colombie-Britannique depuis 2000. Au Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique (BCCDC), les chercheurs qui surveillent les cas de syphilis dans la province ont remarqué les tendances suivantes :
Poussée à l’action par les cas de syphilis oculaire signalés aux États-Unis et ailleurs, une équipe de chercheurs du BCCDC et de l’Université de la Colombie-Britannique a mené une étude. Les chercheurs ont examiné les cas de syphilis et de syphilis oculaire diagnostiqués en Colombie-Britannique entre janvier 2010 et décembre 2018. Ils ont également comparé les données se rapportant à la santé des personnes atteintes de syphilis oculaire à celles des personnes ayant la syphilis, mais pas de complications touchant les yeux.
L’équipe a trouvé que le nombre de cas de syphilis oculaire avait augmenté au cours de la période à l’étude. Nous présentons d’autres résultats ainsi que les recommandations de cette équipe britanno-colombienne plus loin dans ce bulletin de Nouvelles CATIE.
Les chercheurs du BCCDC ont passé en revue les données recueillies auprès des personnes ayant reçu un diagnostic de syphilis dans la province. Ils ont également comparé les données de 66 personnes atteintes de syphilis oculaire à celles de 264 personnes atteintes de syphilis, mais n’ayant aucune complication oculaire. Il s’ensuit donc que toutes les personnes figurant dans cette étude avaient la syphilis.
Les chercheurs ont constaté ce qui suit :
Près de la moitié des personnes atteintes de syphilis oculaire avaient le VIH. En revanche, parmi les personnes sans syphilis oculaire (mais ayant un diagnostic de syphilis), 26 % étaient séropositives.
Dans cette étude, parmi les personnes séropositives atteintes de syphilis oculaire, un peu plus de la moitié (52 %) ont reçu un résultat supérieur à 1 000 copies/ml lors d’un test de la charge virale. En revanche, en ce qui concerne les personnes séropositives sans syphilis oculaire, les chercheurs ont constaté que 78 % d’entre elles avaient une charge virale indétectable (moins de 50 copies/ml).
Selon les chercheurs, « la vaste majorité (89 %) des cas de syphilis oculaire ont été traités avec de la pénicilline intraveineuse, soit le traitement de choix de la syphilis oculaire ». De plus, selon les chercheurs, à la fin du cycle de traitement intraveineux, « la plupart » des patients atteints de syphilis oculaire ont reçu une dose de benzathine-pénicilline par injection intramusculaire. Une fois l’injection effectuée, le tissu musculaire libère graduellement ce médicament dans la circulation. La pénicilline par injection intramusculaire permet de prolonger l’exposition de l’organisme à la pénicilline et de tuer ainsi tout microbe résiduel pouvant causer la syphilis. Selon les chercheurs, les injections de ce genre à la suite du traitement intraveineux font partie de la norme de soins en Colombie-Britannique en ce qui concerne la syphilis oculaire.
Les chercheurs ont signalé que 91 % des patients ont constaté une amélioration de leur vue à la fin de leur traitement contre la syphilis oculaire.
Il semble que le signalement des cas de syphilis oculaire soit à la hausse dans les pays à revenu élevé. Les raisons ne sont pas claires, mais voici quelques explications possibles :
Les chercheurs de la Colombie-Britannique ont réalisé une étude rétrospective. Les études de ce genre examinent des données recueillies dans le passé à une fin particulière puis les analysent à nouveau pour une raison différente. Les études rétrospectives sont imparfaites, mais l’équipe britanno-colombienne a pris soin de minimiser la possibilité d’erreurs lorsqu’elle analysait les résultats et tirait ses conclusions. De plus, les résultats de cette étude ressemblent à ceux d’études menées dans d’autres pays à revenu élevé où des cas de syphilis oculaire ont été signalés.
Cette étude menée en Colombie-Britannique est importante, et l’on peut espérer qu’elle encouragera d’autres provinces et territoires à examiner leur propre éclosion de syphilis oculaire.
Les chercheurs ont soulevé plusieurs points importants inspirés par leur recherche, que voici :
Le globe oculaire consiste en trois couches de tissu qui s’appellent l’uvée. L’inflammation des différentes parties de l’uvée est désignée par les noms suivants :
Lorsque les trois couches de l’uvée sont enflammées, on parle de panuvéite.
Les symptômes d’uvéites, y compris la panuvéite, peuvent comprendre les suivants :
Le microbe qui cause la syphilis peut également toucher d’autres parties de l’œil, y compris les suivantes :
Lorsque la syphilis s’attaque à ces différentes parties de l’œil, un ou plusieurs des événements suivants peuvent se produire :
Il est à noter que les symptômes de l’uvéite et des lésions de la rétine et/ou du nerf optique peuvent se produire sous l’effet d’autres affections. Quelle que soit la cause sous-jacente, l’apparition nouvelle ou soudaine de problèmes visuels devrait inciter la personne touchée à consulter immédiatement.
Ressources
Guide québécois de dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang
BC Centre for Disease Control – Syphilis
Syphilis — BMJ
La syphilis – Feuillet d’information de CATIE
Des médecins américains étudient en profondeur des cas de syphilis oculaire — Nouvelles CATIE
Calgary : Les cas de syphilis en hausse chez les personnes séropositives — Nouvelles CATIE
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCES :