- Une équipe de la C.-B. a évalué des marqueurs de la santé chez plus de 22 000 personnes atteintes d’hépatite C
- Chez les personnes traitées et guéries, on a constaté un moindre risque d’AVC et de problèmes rénaux, cardiaques et neurocognitifs
- Les résultats soulignent que les bienfaits du traitement de l’hépatite C vont bien au-delà du foie
Le virus de l’hépatite C (VHC) infecte le foie et cause de l’inflammation dans cet organe vital. Au fur et à mesure que l’infection chronique par le VHC s’installe, le tissu sain du foie se fait graduellement remplacer par du tissu cicatriciel. Au fil du temps, le foie devient de plus en plus dysfonctionnel, et il se produit un éventail de problèmes. Certaines personnes éprouvent une fatigue persistante et, avec le temps, on peut constater des hémorragies internes, une accumulation de liquide dans l’abdomen et de graves infections abdominales. À la longue, des problèmes de cognition et de mémoire surviennent. À mesure que le foie perd graduellement sa capacité de filtrer les déchets présents dans le sang, la peau devient jaune (jaunisse). Notons aussi que le risque de cancer augmente en fonction de l’accumulation de tissu cicatriciel. Si l’infection par le VHC n’est pas diagnostiquée et traitée, elle peut causer la mort.
On peut détecter le VHC à l’aide de tests sanguins. Pour évaluer la santé du foie, on a recours à d’autres analyses sanguines et à un type d’échographie spécialisée appelée Fibroscan.
Il existe plusieurs traitements puissants contre le VHC que l’on prend sous forme de comprimés. On appelle ceux-ci des antiviraux à action directe (AAD), et il suffit de les prendre une fois par jour. Les deux traitements suivants sont couramment utilisés :
- Epclusa : comprimé contenant l’association sofosbuvir + velpatasvir
- Maviret : comprimé contenant l’association glécaprévir + pibrentasvir
Ces médicaments permettent l’atteinte d’un taux de guérison élevé, soit 95 %, après un seul traitement qui dure habituellement huit ou 12 semaines, selon le comprimé utilisé. Les AAD sont généralement sans danger et bien tolérés.
Au Canada, les premiers AAD ont vu le jour en 2014, mais des restrictions étaient imposées quant à savoir quelles personnes pouvaient y avoir accès en vertu des programmes de subventions publiques. En 2018, on a levé ces restrictions.
Au-delà du foie
Comme nous l’avons mentionné, l’infection chronique par le VHC peut causer une série de problèmes, notamment dans le foie. Bien que le traitement du VHC aide le foie à entamer un processus de guérison, les scientifiques savent que l’inflammation et les dommages causés par le virus peuvent atteindre d’autres parties du corps. Les complications qui s’ensuivent comprennent les suivantes :
- problèmes neurologiques : difficulté à penser clairement et problèmes de mémoire, avec un risque accru de démence dans les cas graves
- problèmes rénaux : insuffisance rénale chronique et insuffisance rénale en phase terminale
- évènements cardiovasculaires : crise cardiaque, insuffisance cardiaque, nécessité d’interventions comme les pontages coronariens
- AVC
- diabète de type 2
Vancouver
Une équipe de scientifiques du British Columbia Centre for Disease Control (BCCDC), de l’Université de la Colombie-Britannique et du St. Paul’s Hospital de Vancouver ont collaboré à une analyse de bases de données anonymisées se rapportant à la santé. L’équipe s’est concentrée sur les années 1990 à 2021. Toutes les personnes figurant dans l’étude avaient le VHC et ont pris part à l’étude pendant en moyenne trois ans.
L’équipe de recherche a comparé les données se rapportant aux personnes traitées par AAD et celles recueillies auprès de personnes n’utilisant pas ce genre de médicaments. Elle a analysé des données se rapportant à 22 576 personnes atteintes d’hépatite C chronique dont le diagnostic était tombé vers l’âge de 42 ans, en moyenne. Environ 66 % d’entre elles avaient été assignées garçons à la naissance et 34 % filles.
Avant le traitement, les problèmes les plus courants liés au VHC qui touchaient des parties du corps autres que le foie étaient les suivants (par ordre décroissant de la fréquence) :
- diabète de type 2
- évènements cardiovasculaires importants
- problèmes rénaux
- problèmes neurocognitifs
- AVC
L’équipe de recherche a pris en considération plusieurs facteurs susceptibles d’influer sur son analyse, dont le sexe, l’âge, l’origine ethnoraciale, le revenu, la co-infection par le virus de l’hépatite B ou le VIH, l’hypertension, l’obésité, les maladies mentales graves, l’usage de substances et d’autres encore.
Résultats
Près de 12 000 personnes (11 953) ont pris des AAD et ont guéri. En tout, 386 personnes traitées par AAD n’ont pas guéri.
Une analyse statistique a révélé que les personnes guéries sous l’effet d’AAD ont vu leur risque d’éprouver les problèmes suivants diminuer subséquemment :
- problèmes rénaux
- AVC
- évènements cardiovasculaires importants
- maladie neurocognitive
Notons cependant qu’aucune baisse du risque de diabète de type 2 n’a été signalée.
D’autres études ont permis de constater des résultats largement semblables chez des personnes guéries du VHC par des AAD.
Pourquoi pas de baisse du risque de diabète de type 2?
L’équipe de recherche n’est pas certaine pourquoi le risque de diabète de type 2 n’a pas baissé après la guérison du VHC. Elle a affirmé qu’il était possible que les personnes guéries aient bénéficié d’une meilleure « qualité d’accès aux soins et au dépistage, de sorte que les diagnostics de diabète de type 2 étaient plus fréquents, comparativement aux personnes n’ayant jamais reçu de traitement contre le VHC ».
D’autres études ont révélé que certaines personnes prenaient du poids après avoir guéri du VHC, et ce poids excessif pourrait accroître le risque de diabète.
À retenir
Cette étude menée en Colombie-Britannique était de grande envergure, et l’équipe disposait de données exhaustives se rapportant à la santé d’un grand nombre de personnes. Les résultats globaux de l’étude mettent en évidence les nombreux bienfaits du traitement du virus de l’hépatite C. Ils devraient encourager les systèmes de santé et les cliniques à offrir le dépistage du VHC et l’amorce précoce du traitement afin de guérir plus de personnes, de ralentir la propagation du VHC et d’améliorer la santé en général.
—Sean R. Hosein
Ressources
Le traitement de l’hépatite C – Cours autodirigé
Messages clés sur l’hépatite C – traitement – CATIE
RÉFÉRENCE :
Jeong D, Wong S, Karim ME et al. Direct-acting antivirals and risk of hepatitis C extrahepatic manifestations. JAMA Network Open. 2025 Jun 2;8(6):e2514631.