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  • Une équipe de recherche suisse a analysé des données se rapportant à 1 630 personnes séropositives décédées entre 2005 et 2022
  • La mortalité liée au VIH a baissé, mais les décès dus au cancer et aux maladies cardiaques sont devenus plus nombreux
  • D’autres études sur la prévention et le traitement du cancer et des maladies cardiovasculaires sont nécessaires

La grande accessibilité des traitements d’association contre le VIH (traitements antirétroviraux ou TAR) a donné lieu à une baisse spectaculaire de la mortalité liée aux complications du VIH. Pour cette raison, les scientifiques prévoient de plus en plus que de nombreuses personnes sous TAR vivront jusqu’à un âge très avancé.

Il reste que certaines personnes séropositives continueront de mourir prématurément. Afin d’étudier les décès de ce genre, une équipe de recherche suisse a effectué une analyse de données se rapportant à 1 630 personnes décédées entre 2005 et 2022.

Chose peu surprenante, l’équipe de recherche a découvert que le nombre de décès attribuables au VIH et à des causes hépatiques avait baissé au cours de la période à l’étude. En revanche, les décès liés à d’autres causes, telles que le cancer et les maladies cardiovasculaires, sont devenus plus nombreux.

Les scientifiques suisses souhaitent la tenue d’études sur la prévention et la prise en charge du cancer et des maladies cardiovasculaires chez les personnes séropositives afin qu’il soit possible de minimiser leur risque de mourir prématurément.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche s’est concentrée sur 1 630 personnes séropositives décédées; à la naissance, le sexe masculin avait été assigné à 76 % d’entre elles, et le sexe féminin à 24 % d’entre elles.

Mortalité globale

Au cours de la période en question dans cette étude, l’âge auquel les décès sont survenus a augmenté, passant de 45 ans entre 2005 et 2007 à 61 ans entre 2020 et 2022.

Chez les personnes qui s’injectaient des drogues, la proportion de décès est passée de 46 % entre 2005 et 2007 à 23 % entre 2020 et 2022.

En revanche, la proportion de décès est passée de 23 % entre 2005 et 2007 à 39 % entre 2020 et 2022 chez les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (hommes gbHARSAH).

Évolution des causes de décès liées au VIH

Dans l’ensemble, 9 % des décès étaient attribuables au VIH. Au début de la période à l’étude, les taux de mortalité liés aux infections (42 %) et aux cancers (44 %) associés au VIH étaient plus élevés, mais ils ont baissé ensuite pour se situer à 20 % à la fin de la période à l’étude.

Accent sur l’époque récente et les cancers liés au VIH

Dans la période de 2020 à 2022, 10 personnes sont décédées de causes liées au VIH. Dans la plupart des cas (huit), il s’agissait de complications d’un lymphome. Comme ces huit personnes suivaient toutes un TAR dans le dernier mois de leur vie, la non-observance thérapeutique n’était pas un facteur. Quant aux deux autres personnes, l’une d’entre elles est décédée d’une pneumocystose et l’autre a succombé à une infection bactérienne non spécifiée.

Causes de décès hépatiques

L’infection chronique par des virus qui s’attaquent au foie, dont les virus de l’hépatite B (VHB) et de l’hépatite C (VHC), peut causer des lésions et même la cicatrisation de cet organe. La présence de tissu cicatriciel dans le foie fait augmenter le risque de cancer au fil du temps. Il existe heureusement des traitements très efficaces contre le VHC depuis 2014. Il existe également des traitements contre le VHB qui aident à maîtriser cette infection.

Au cours de la période de l’étude, 166 personnes (10,2 %) sont décédées de complications de l’infection chronique au VHC. Les causes de décès les plus fréquentes se rapportaient aux facteurs suivants :

  • VHC et cicatrisation étendue du foie (cirrhose)
  • VHC et cancer du foie
  • VHC et insuffisance hépatique

Huit autres personnes ont succombé à un cancer du foie lié à l’infection au VHB.

Le risque de mourir de causes hépatiques a baissé considérablement durant la période à l’étude au fur et à mesure que des traitements curatifs contre le VHC voyaient le jour.

Cancers non liés au VIH ou au foie

En tout, 373 personnes (23 %) sont décédées de cancers sans lien avec le VIH ou des causes hépatiques (p. ex., cancers déclenchés par l’infection chronique au VHB ou au VHC). Le risque de mourir de cancers non liés au VIH ou du cancer du foie a augmenté au fil du temps. Les cancers les plus courants de ce genre étaient les suivants :

  • cancer du poumon : 35 %
  • cancer du pancréas : 8 %

En général, les personnes qui mouraient de ces deux sortes de cancer avaient entre 50 et 70 ans et fumaient plus d’un paquet de cigarettes par jour depuis très longtemps.

Causes de décès cardiovasculaires

Un total de 158 personnes (10 %) sont décédées des suites d’une crise cardiaque ou d’un AVC. Un taux élevé de cholestérol dans le sang était associé à un risque accru de mortalité liée aux maladies cardiovasculaires. Des facteurs comme l’hypertension et le diabète n’influaient pas sur le risque de mourir de causes cardiovasculaires, ce qui laisse croire que l’on veillait à la prévention ou au traitement efficace de ces comorbidités.  

À mesure que les gens vivaient plus longtemps grâce au TAR et à la baisse de la mortalité liée au VIH, les décès attribuables aux maladies cardiovasculaires devenaient plus nombreux.

À retenir

Dans l’ensemble, les professionnel·le·s de la santé suisses ont accompli de grands progrès sur le plan de la prestation de soins aux patient·e·s, car l’âge moyen des personnes séropositives au moment de leur décès est passé de 45 ans au début de la période à l’étude à 61 ans à la fin de celle-ci. Durant la période en question, le nombre de décès attribuables au VIH et à des causes hépatiques a baissé, alors que la mortalité liée à des cancers sans lien avec le VIH ou le foie a augmenté.

Selon l’équipe de recherche, à mesure que la mortalité liée au VIH et au foie diminuait, on constatait « un alignement graduel des causes de décès avec [celles de] la population générale [de Suisse] ».

À l’avenir

L’équipe de recherche souhaite la tenue d’études pour explorer la prévention et la prise en charge des principales causes de décès, à savoir crises cardiaques, AVC et certains cancers. Elle encourage les clinicien·ne·s à recommander des médicaments hypocholestérolémiants (qui réduisent le taux de cholestérol) et de l’activité physique à leurs patient·e·s vivant avec le VIH. Notons à ce sujet qu’une grande étude internationale du nom de Reprieve a révélé que l’hypocholestérolémiant pitavastatine réduisait considérablement le risque de décès de maladies cardiovasculaires chez certaines personnes atteintes du VIH.

—Sean R. Hosein

Ressource

Un médicament contre le cholestérol réduit le risque de maladies cardiovasculaires chez des personnes séropositivesNouvelles CATIE

RÉFÉRENCE :

Weber MSR, Duran Ramirez JJ, Hentzien M et al. Time trends in causes of death in people with HIV: Insights from the Swiss HIV Cohort Study. Clinical Infectious Diseases. 2024; sous presse.