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CATIE
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  • Une équipe de la C.-B. a mené une étude pour estimer le risque de lésions cérébrales associé à la toxicité des drogues
  • La probabilité de lésions cérébrales était 15 fois plus élevée chez les personnes ayant vécu un épisode toxique
  • Un dépistage plus rigoureux à la suite d’épisodes toxiques liés aux drogues pourrait améliorer l’accès au soutien et à la réadaptation cérébrale

Lorsque le cerveau manque d’oxygène, des lésions cérébrales risquent de se produire. Cela peut arriver, entre autres, pendant un épisode d’effets toxiques lié à l’usage d’opioïdes (également appelé une surdose), lorsque la respiration de la personne touchée ralentit ou s’arrête. Une équipe de recherche a cherché à mieux comprendre la prévalence des lésions cérébrales chez les personnes ayant vécu un épisode d’effets toxiques lié aux drogues. Pour y parvenir, l’équipe a examiné les liens entre un tel épisode et la présence de lésions cérébrales chez des personnes vivant en Colombie-Britannique.

Détails de l’étude

Les données utilisées pour cette étude provenaient de la BC Provincial Overdose Cohort (BC-ODC), laquelle regroupe des données issues de nombreuses sources dans la province. Entre autres, la BC-ODC contient des données de santé administratives recueillies auprès d’un échantillon aléatoire représentant 20 % des personnes inscrites au système de santé universel de la Colombie-Britannique. L’équipe de recherche a effectué une analyse transversale des données se rapportant à ce sous-groupe. Elle a examiné les données regroupées pour cerner les personnes qui avaient vécu des épisodes d’effets toxiques mortels ou non mortels liés aux drogues ou qui avaient fait l’objet d’un diagnostic de lésions cérébrales entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2019. L’équipe a exploré la prévalence des lésions cérébrales chez des personnes ayant vécu un épisode d’effets toxiques lié aux drogues, puis a analysé l’association entre ces deux phénomènes.

Résultats de l’étude

Un total de 824 165 personnes figuraient dans l’échantillon de cette étude. L’équipe de recherche a constaté ce qui suit :

  • Un total de 5 357 personnes avaient vécu au moins un épisode d’effets toxiques lié aux drogues. Sur ce nombre, une personne sur 100 (1,0 %) s’était fait diagnostiquer des lésions cérébrales.
  • Un total de 369 personnes avaient subi des lésions cérébrales. Sur ce nombre, 14,6 % avaient vécu un épisode d’effets toxiques lié aux drogues.

Après ajustement pour tenir compte de facteurs comme le sexe, l’âge et la présence de maladies mentales (hormis un trouble lié à l’usage de substances), les personnes qui avaient vécu un épisode d’effets toxiques lié aux drogues étaient 15,3 fois plus susceptibles d’avoir subi des lésions cérébrales que celles qui n’avaient pas vécu un tel épisode. Le modèle ajusté et le modèle non ajusté ont tous deux révélé que le risque de lésions cérébrales était plus élevé chez les personnes qui avaient 40 ans ou plus, qui étaient des hommes ou qui avaient reçu un diagnostic de trouble mental.

Quels sont les effets des lésions cérébrales?

Cette étude porte à croire que le risque de lésions cérébrales est plus élevé chez les personnes qui ont vécu un épisode d’effets toxiques lié aux drogues. Les lésions cérébrales causées par un épisode de ce genre peuvent compromettre diverses facultés de la personne touchée, dont la mémoire, la parole, la vue, la concentration et la capacité de maîtriser son comportement et ses mouvements, entre autres. Les effets peuvent être légers ou graves, et le coma ou la mort sont des issues possibles. Les symptômes varient et peuvent mettre plusieurs semaines à apparaître à la suite d’un épisode d’effets toxiques lié aux drogues. Pour cette raison, la détection et le diagnostic de lésions cérébrales causées par un tel épisode peuvent être retardés ou ne jamais avoir lieu.

Les lésions cérébrales risquent d’exercer de nombreux effets sur la vie des personnes qui utilisent des drogues, notamment en compromettant leurs facultés cognitives et leur niveau d’autonomie. Elles peuvent entraîner une augmentation des expériences de stigmatisation et une exacerbation de problèmes et d’obstacles déjà présents, tel le manque d’accès au logement, à l’emploi et aux services sociaux et de santé.

Il est possible pour des personnes atteintes de lésions cérébrales de s’en remettre, mais il peut y avoir des séquelles de longue durée, et une variété de formes de soutien leur est souvent nécessaire à court et à long terme. Selon cette équipe de recherche, il est important de mieux comprendre la prévalence de lésions cérébrales chez des personnes ayant vécu un épisode d’effets toxiques lié aux drogues afin de pouvoir déterminer quelles formes de soutien sont nécessaires.

Nécessité d’améliorer le dépistage et les soins aux personnes atteintes de lésions cérébrales liées à la toxicité des drogues

Pendant que se poursuit la crise causée par la contamination des drogues, il arrive que de nombreux épisodes de surdose soient pris en charge dans des contextes communautaires (p. ex., sites de consommation supervisée, domicile des personnes) et n’incluent pas d’interaction avec le système de santé. Un travail de sensibilisation est nécessaire pour amener les gens à reconnaître les méfaits qui se produisent potentiellement lorsque le cerveau est insuffisamment approvisionné en oxygène, comme il arrive lors d’un épisode d’effets toxiques lié aux drogues non mortel. Il serait utile d’offrir des formations pour aider les personnes qui utilisent des drogues, les intervenant·e·s de première ligne en réduction des méfaits, les professionnel·le·s de la santé et d’autres prestataires de services à reconnaître et à dépister les symptômes de lésions cérébrales chez des personnes vivant des épisodes de surdose.

Les formes de soutien à la disposition des personnes qui utilisent des drogues qui sont atteintes de lésions cérébrales sont insuffisantes. Il est important que des intervenant·e·s de première ligne et des personnes qui utilisent des drogues collaborent à la création de programmes et de services afin que du soutien centré sur la personne et s’inspirant des principes de la réduction des méfaits puisse être offert aux personnes atteintes de lésions cérébrales. De tels services aideraient celles-ci à obtenir des soins et du soutien qui leur faciliteraient la vie de plusieurs manières (p. ex., pour vivre indépendamment, se rétablir et prévenir les méfaits futurs).

Limites de l’étude

Cette équipe de recherche a eu recours à une analyse transversale pour estimer la prévalence de lésions cérébrales chez des personnes ayant vécu un épisode d’effets toxiques lié aux drogues. Pour cette raison, il est impossible de préciser lequel de ces phénomènes s’est produit en premier. Les données de recherche portent à croire que les épisodes d’effets toxiques peuvent causer des lésions cérébrales. Il n’est toutefois pas clair si les personnes exposées aux effets toxiques des drogues sont plus à risque de subir des lésions cérébrales ou si les personnes atteintes de lésions cérébrales sont plus sujettes aux effets toxiques des drogues, ou encore les deux.

De nombreux épisodes d’effets toxiques liés aux drogues sont neutralisés dans des contextes communautaires. Pour cette raison, il est peu probable que tous les épisodes survenus chez ce sous-groupe aient été inclus dans les données de l’étude. De plus, il est probable que l’étude a sous-estimé la prévalence des lésions cérébrales à cause de l’apparition tardive des symptômes et de l’absence d’une méthode standardisée pour inscrire les données dans les dossiers de santé.

Ressources

Répondre à une surdose d’opioïdes dans un contexte de drogues contaminées (CATIE)

RÉFÉRENCES :

  1. Xavier C, Kuo M, Desai R et al. Association between toxic drug events and encephalopathy in British Columbia, Canada: a cross-sectional analysis. Substance Abuse Treatment, Prevention, and Policy. 2023. 18:43. 10.1186/s13011-023-00544-z
  2. Lésion cérébrale Canada. Surdoses d’opioïdes. Disponible à l’adresse : https://braininjurycanada.ca/fr/lesion-cerebrale-non-traumatique/surdoses-dopioides/
  3. Nanaimo Brain Injury Society. Acquired Brain Injury and Opioid Overdose Community Dialogue: Public Engagement Session Summary Report. Nanaimo, BC: Nanaimo Brain Injury Society; 2019. Disponible à l’adresse : https://nbis.ca/opioid-overdose-dialogue/ 
  4. Voronkov M, Ataints J, Cocchairo B et al. A vicious cycle of neuropathological, cognitive and behavioural sequelae of repeated opioid overdose. International Journal of Drug Policy. 2021 24 Jul; 97:103362. 10.1016/j.drugpo.2021.103362