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  • La pandémie de COVID-19 a perturbé les soins médicaux partout dans le monde
  • Une étude ontarienne a révélé une baisse significative des taux de dépistage des hépatites B et C
  • Les scientifiques demandent l’intensification des efforts visant le dépistage de ces virus

Les virus de l’hépatite B (VHB) et de l’hépatite C (VHC) infectent le foie et peuvent causer des infections chroniques dans cet organe. Faute de diagnostic et de traitement, les infections chroniques causées par ces virus dégradent la santé du foie au fil du temps et peuvent provoquer de graves complications, notamment une augmentation du risque de cancer du foie.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a exhorté l’ensemble des pays et régions du monde à travailler pour éliminer les hépatites virales (et plus particulièrement les infections au VHB et au VHC) comme problème de santé publique d’ici 2030. Avant l’apparition de la pandémie de COVID-19, le Canada progressait vers l’atteinte de cet objectif.

Effets perturbateurs

Des scientifiques du Canada et de nombreux autres pays ont fait état d’un déclin des taux de dépistage de nombreuses maladies depuis le début de la pandémie. De nombreux facteurs ont sans doute contribué à ce déclin, notamment une réduction de la prestation de soins non essentiels dans les hôpitaux et les cliniques afin que des ressources puissent être redirigées vers les soins aux personnes atteintes de COVID-19. De plus, il est possible que certaines personnes atteintes de maladies chroniques aient évité de se rendre dans les hôpitaux et les cliniques de peur de contracter le SRAS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19.

Depuis 2020, la pandémie évolue de manière fluctuante, se déclarant sous forme de « vagues ». Il se peut que certaines personnes aient commencé ou recommencé à fréquenter des cliniques pour se faire tester pour des hépatites virales durant les périodes où les taux de COVID-19 connaissaient une baisse relative.

En Ontario

Des équipes de recherche de l’Université de Toronto, de l’Université Western et des Laboratoires de santé publique de l’Ontario ont mené une étude pour déterminer les taux de dépistage du VHB et du VHC avant et pendant les trois premières vagues de la pandémie de COVID-19.

En résumant leurs résultats, les équipes de recherche ont affirmé que « des baisses significatives des taux de dépistage du VHB et du VHC se sont produites durant les trois premières vagues de la pandémie et les taux ne se sont pas redressés depuis ».

Détails de l’étude

Les équipes de recherche ont divisé la période à l’étude de la manière suivante :

  • première vague : de mars à août 2020
  • deuxième vague : de novembre 2020 à février 2021
  • troisième vague : de mars à mai 2021

Les équipes ont utilisé des données se rapportant à 2019 à des fins de comparaison.

Les équipes de recherche se sont concentrées sur les tests suivants :

  • antigène de surface de l’hépatite B (HBsAg)
  • ARN du VHB
  • anticorps anti-VHC
  • ARN du VHC

Résultats

Selon les équipes de recherche, les taux de dépistage du VHB et du VHC ont chuté comme suit depuis le début de la pandémie :

  • première vague : déclin de 33 à 44 %
  • deuxième vague : déclin de 18 à 30 %
  • troisième vague : déclin de 15 à 36 %

Les équipes ont également affirmé que les taux de dépistage des hépatites virales ne sont pas encore remontés jusqu’aux niveaux d’avant la COVID-19.

À retenir

Les équipes de recherche ont affirmé que les taux de dépistage des hépatites virales étaient en train de grimper avant l’apparition de la pandémie de COVID-19. Les taux ont toutefois commencé à baisser dès le début de celle-ci. À en juger par la diminution des taux de dépistage par mesure de l’ARN du VHC, les équipes de recherche estiment que les taux de mise sous traitement ont également baissé en ce qui concerne l’hépatite C, au moins pendant la première vague de la COVID-19.

Selon les équipes de recherche, les personnes qui reportent l’amorce du traitement de l’hépatite C risquent d’abandonner les soins et le suivi nécessaires pour maîtriser cette infection chronique. Cela pourrait accroître la proportion de personnes éprouvant des complications liées au VHC à l’avenir. Le fait qu’il y ait eu vraisemblablement une baisse durable des taux de mise sous traitement depuis le début de la pandémie signifie également que l’objectif d’éliminer cette infection dans une ville, une région ou un pays est devenu plus difficile à atteindre.

Pour rejoindre les populations vulnérables à l’égard du VHB et du VHC, et plus particulièrement les personnes en situation d’itinérance et qui s’injectent des drogues, les équipes de recherche encouragent les décideurs et décideuses politiques à envisager d’utiliser les cliniques de vaccination contre la COVID-19 pour faire des interventions de proximité dans la communauté. Les équipes recommandent l’utilisation de ces cliniques pour diriger (ou rediriger) des gens vers des services de dépistage et de soins pour les hépatites virales. Cela ne serait toutefois qu’une première étape, et d’autres stratégies devront être envisagées par les ministères de la Santé, les hôpitaux et les cliniques pour remettre le Canada sur la voie menant à l’élimination des hépatites virales.

—Sean R. Hosein

Ressources

L’hépatite CCATIE

Se raccorder aux soins liés à l’hépatite C durant la COVID-19International Network on Health and Hepatitis in Substance Users (INHSU), Réseau canadien sur l’hépatite C (CanHepC), CATIE

La supervision de l’utilisation d’opioïdes, l’aide au logement et d’autres services permettent d’améliorer la santé des personnes qui utilisent des droguesNouvelles CATIE

Une étude se penche sur des cas de réinfection par le virus de l’hépatite C à Victoria, en Colombie-BritanniqueNouvelles CATIE

RÉFÉRENCE :

Mandel E, Peci A, Cronin K et al. The impact of the first, second and third waves of COVID-19 on hepatitis B and C testing in Ontario, Canada. Journal of Viral Hepatitis. 2022 Mar;29(3):205-208.