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  • Les personnes qui utilisent des drogues courent des risques décuplés de surdose et de décès en raison de la contamination des drogues
  • Une équipe de recherche de la C.-B. suit l’état de santé à long terme de personnes séropositives qui utilisent des drogues
  • De nombreuses personnes séropositives sont mortes de complications liées à l’usage de drogues et aux surdoses

L’accessibilité répandue des combinaisons de traitements puissants contre le VIH (TAR) a réduit grandement le risque de mortalité lié aux complications du sida. Le TAR est tellement puissant que les scientifiques s’attendent à ce que de nombreuses personnes séropositives aient une espérance de vie quasi normale.

Néanmoins, ce pronostic heureux ne s’appliquerait pas aux personnes séropositives vivant aux prises avec des problèmes chroniques comme des troubles de la santé mentale complexes, une précarité de logement, la pauvreté et la dépendance aux drogues, au tabac, à l’alcool et à d’autres substances.

Crise des opioïdes : surdoses et décès

Depuis une décennie, les drogues à usage récréatif sont de plus en plus contaminées par des opioïdes extrêmement puissants comme le fentanyl, le carfentanyl et leurs analogues. Cette contamination a provoqué une augmentation énorme de ce que les scientifiques de la Colombie-Britannique décrivent comme « des surdoses non intentionnelles et des décès liés à la drogue ». La crise des opioïdes s’est étendue à toutes les régions du Canada et des États-Unis.

Étude LISA

En 2007, une équipe de recherche du Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique à Vancouver a commencé à recruter des personnes séropositives appartenant à des populations vulnérables, telles les femmes, les personnes qui utilisent des drogues et les personnes co-infectées par le virus de l’hépatite C (VHC), pour une étude portant le nom de LISA. Dans le cadre de cette étude, l’équipe a suivi et évalué l’état de santé des personnes inscrites, ainsi que les facteurs liés à la survie.

Les données de l’étude LISA se sont accumulées au fil du temps. Lors d’une analyse récente de celles-ci, l’équipe de recherche a constaté que 21 % des personnes inscrites étaient décédées. Les causes de décès les plus fréquentes ont été les suivantes :

  • complications liées aux drogues ou surdose
  • complications liées au VIH
  • cancers non liés au sida

Selon l’équipe, ces résultats portent à croire que « les efforts de la santé publique pour juguler l’épidémie du VIH et promouvoir la santé et le bien-être des [personnes vivant avec le VIH] sont contrecarrés par des iniquités persistantes sur le plan de la santé et par les risques énormes et chroniques auxquels les personnes qui utilisent des drogues font face ». L’équipe de recherche affirme de plus que « des soins primaires faciles d’accès sont essentiels pour soutenir les personnes [séropositives] mal desservies et qu’un système sûr d’approvisionnement en drogues est nécessaire pour soutenir [les personnes séropositives] qui utilisent des drogues ».

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a recruté 1 000 personnes qu’elle a décrites comme appartenant à des « populations mal desservies éprouvant fréquemment de la marginalisation économique et sociale ».

L’équipe a fouillé dans diverses bases de données, y compris celles de l’Agence des statistiques vitales de la Colombie-Britannique, pour établir le profil de chaque personne et déterminer si elle était décédée ou pas.

Au 30 juin 2017 (fin de l’étude), l’équipe de recherche avait accumulé de très nombreuses données se rapportant à 910 personnes, et elle a fondé son rapport sur ces données.

Il importe de souligner que les soins et le traitement du VIH sont prodigués gratuitement en Colombie-Britannique.

Résultats

Au cours de l’étude, 21 % des personnes inscrites sont mortes, dont 71 % d’hommes et 29 % de femmes.

Les principales causes de décès ont été les suivantes :

  • complications liées aux drogues ou surdose : 27 %
  • complications du VIH : 19 %
  • cancers non liés au sida : 17 %
  • maladies respiratoires ou maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) : 8 %

L’équipe a constaté que les données se rapportant aux personnes décédées avaient tendance à révéler un ou plusieurs des facteurs suivants, comparativement aux personnes toujours en vie :

  • moins susceptibles d’avoir eu une charge virale indétectable avant de mourir
  • plus susceptibles d’avoir fait un usage problématique d’alcool
  • plus susceptibles d’avoir utilisé des drogues avant de mourir
  • plus susceptibles d’avoir connu une situation de logement instable
  • plus susceptibles d’avoir fumé du tabac
  • plus susceptibles d’avoir vécu des périodes de sous-alimentation

Comparaisons avec d’autres populations

Femmes

Parmi les femmes décédées, les complications respiratoires, dont la MPOC, ont été la troisième cause de décès, ayant figuré dans 15 % des décès, comparativement à 5 % chez les hommes. Les femmes étaient plus susceptibles d’avoir succombé à une surdose, soit 33 % contre 25 % chez les hommes. Dans l’ensemble, toutefois, l’équipe de recherche n’a pas constaté d’augmentation du risque de décès chez les femmes, par rapport aux hommes.

Personnes séronégatives

Lorsque l’équipe a comparé les données se rapportant à la mortalité dans l’étude LISA à celles concernant les personnes séronégatives de la Colombie-Britannique, elle a constaté un risque de décès trois fois plus élevé chez les personnes figurant dans l’étude LISA.

Autres points à soulever

Selon l’équipe de recherche, ces résultats révèlent que « la prestation universelle de soins et de traitements du VIH ne permet pas à elle seule de corriger suffisamment les inégalités structurales et sociales sous-jacentes qui contribuent à la mortalité chez les personnes [séropositives] mal desservies ».

De plus, depuis une décennie, les décès parmi les personnes qui utilisent des drogues « sont causés par un marché empoisonné et des politiques de prohibition », a souligné l’équipe de recherche.

VIH

Notons que des complications liées au VIH ont été la deuxième cause de décès dans l’étude LISA. Vu que les soins et le traitement sont offerts gratuitement en Colombie-Britannique et que le TAR est généralement bien toléré de nos jours, il est probable que des obstacles aux soins et au traitement qui touchent spécifiquement les personnes qui utilisent des drogues persistent.

À l’avenir

L’équipe de recherche a proposé les recommandations générales suivantes pour aider à résoudre la situation découverte par l’étude LISA :

  1. Des soins primaires intégrés très accessibles, culturellement appropriés, qui tiennent compte de la santé mentale et de la consommation de substances sont essentiels pour soutenir les communautés mal desservies et améliorer les résultats pour la santé dans l’ensemble. Des données probantes indiquent que la prestation de soins intégrés centrés sur le VIH et les problèmes de consommation dans les milieux communautaires améliorent la rétention dans les soins et l’observance du TAR.
  2. Bien que la Colombie-Britannique ait souvent été un leader en ce qui concerne les stratégies de réduction des méfaits, ces résultats soulignent le besoin urgent d’interventions susceptibles de sauver des vies, y compris des options plus sûres en matière d’approvisionnement, et qui priorisent les besoins des personnes qui utilisent des drogues. Ce travail souligne la nécessité d’une approche de large portée qui permette d’aborder des enjeux de santé publique convergents et d’établir des services de soins intégrés faciles d’accès qui soient axés spécialement sur les soins préventifs, les maladies infectieuses, la santé mentale et les dépendances.

—Sean R. Hosein

Ressources

BC Centre for Excellence in HIV/AIDS

Comprendre la cirrhose du foie : premières étapes après un nouveau diagnostic – CATIE, Association canadienne des infirmières d’hépatologie (CAHN)

Ton kit : Ce qu’il faut savoir si tu as le VIH et que tu t’injectes des drogues – CATIE

Recommandations de pratiques exemplaires pour les programmes canadiens de réduction des méfaits – Groupe de travail sur les pratiques exemplaires pour les programmes de réduction des méfaits au Canada

Estimation du nombre de personnes qui s’injectent des drogues et de la couverture des programmes de réduction des méfaits au Canada – Nouvelles CATIE

On étudie les tendances du cancer du foie chez les personnes séropositives en Amérique du Nord – Nouvelles CATIE

RÉFÉRENCES :

  1. Salters KA, Parent S, Nicholson V, et al. The opioid crisis is driving mortality among under-served people living with HIV in British Columbia, Canada. BMC Public Health. 2021 Apr 8;21(1):680.
  2. BC Centre for Excellence in HIV/AIDS. BC Centre for Excellence in HIV/AIDS to expand safer drug supply in the DTES with the support of Health Canada’s Substance Use and Addictions Program (SUAP). Press release. 1 February 2021.