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  • L’infection chronique au virus de l’hépatite C (VHC) provoque continuellement des lésions dans le foie qui entraînent de graves complications à long terme
  • De nombreuses personnes atteintes du VHC souffrent d’affections médicales qui augmentent théoriquement leur risque de tomber gravement malades de la COVID-19
  • Une étude a révélé que les personnes atteintes à la fois du VHC et de la COVID-19 étaient plus à risque d’être hospitalisées, mais pas de mourir

L’exposition au virus de l’hépatite C (VHC) peut provoquer une infection du foie. L’infection au VHC chronique provoque une inflammation persistante du foie qui entraîne la dégradation lente de cet organe vital. Si le VHC n’est pas diagnostiqué et traité, l’inflammation du foie devient chronique. L’inflammation hépatique chronique fait en sorte que les cellules saines du foie se font remplacer par du tissu cicatriciel inutile dans le cadre d’un processus appelé fibrose. À mesure que le tissu cicatriciel s’accumule, le foie cesse de fonctionner efficacement et des complications s’ensuivent, notamment une fatigue intense, des hémorragies internes, des infections abdominales graves, des lésions rénales et une insuffisance hépatique. La présence de tissu cicatriciel augmente également le risque de cancer du foie.

Chez de nombreuses personnes, on peut guérir l’infection au VHC grâce à huit semaines de traitement consécutives seulement. De nombreux médicaments contre le VHC ont été homologués au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé, et le traitement se prend habituellement une seule fois par jour.

Certaines personnes vivant avec l’infection au VHC chronique souffrent également de problèmes de santé concomitants, dont les suivants :

  • hypertension
  • maladies cardiovasculaires
  • diabète
  • obésité

Hépatite C et COVID-19

Le virus SRAS-CoV-2 peut provoquer une affection appelée maladie à coronavirus 2019 ou COVID-19.

En général, les études menées auprès de personnes non infectées par le VHC ont révélé que la présence des affections médicales précédemment (entre autres) augmentait le risque de manifestations graves de la COVID-19.

Des médecins de Pittsburgh et d’autres villes américaines ont collaboré à une étude conçue pour déterminer les risques d’hospitalisation et de décès à la suite d’un diagnostic de COVID-19. Certains des participants avaient l’infection au VHC, mais pas tous.

Les médecins ont constaté que les personnes atteintes du VHC étaient significativement plus susceptibles d’être hospitalisées à la suite de l’apparition de la COVID-19 que les personnes n’ayant pas le VHC. Les personnes atteintes à la fois du VHC et de la COVID-19 ne couraient toutefois pas de risque accru d’être admises dans un service de soins intensifs ou de mourir après l’hospitalisation.

Détails de l’étude

Les chercheurs ont eu recours à une grande base de données se rapportant à la santé de vétérans (anciens combattants) américains. Les chercheurs ont choisi des participants qui n’avaient ni le VIH ni le virus de l’hépatite B (VHB). L’équipe a apparié les données de 975 personnes atteintes d’une infection au VHC active à celles de 975 personnes n’ayant pas cette infection. Les 1 950 personnes inscrites à l’étude avaient toutes fait l’objet d’un diagnostic d’infection au SRAS-CoV-2 et, subséquemment, de COVID-19. Les chercheurs ont comparé chaque personne atteinte du VHC à une personne n’ayant pas le VHC qui était du même sexe et dont l’âge, la race et l’indice de masse corporelle (IMC) étaient semblables. Les comparaisons ont révélé que les membres de chaque paire de participants se ressemblaient par rapport aux comportements et aux diagnostics suivants :

  • consommation d’alcool
  • hypertension
  • cancer
  • maladies cardiovasculaires
  • diabète
  • tabagisme

Les chercheurs ont également tenu compte de l’ampleur des lésions hépatiques et de la cicatrisation du foie dont les causes incluaient l’infection au VHC et la consommation excessive d’alcool.

L’infection au SRAS-CoV-2 a été diagnostiquée par test PCR (réaction en chaîne de la polymérase).

Résultats

Les personnes atteintes du VHC étaient significativement plus susceptibles (8 %) d’avoir subi des lésions hépatiques modérées ou graves que les personnes n’ayant pas le VHC (1 %).

Hospitalisation

Chez l’ensemble des personnes souffrant de COVID-19, le risque d’hospitalisation était plus élevé chez les personnes atteintes du VHC (24 %) que chez les personnes n’ayant pas le VHC (18 %). Chez les personnes hospitalisées, les taux d’admission aux soins intensifs étaient semblables sans égard au statut VHC.

Les facteurs comme l’âge, la race et le sexe n’ont pas eu d’impact sur le risque d’hospitalisation. Cependant, chez les personnes atteintes de lésions hépatiques modérées ou graves, celles qui avaient l’infection au VHC étaient deux fois plus susceptibles d’être hospitalisées que les personnes n’ayant pas le VHC. De plus, chez les personnes présentant une cicatrisation étendue du foie, celles qui avaient le VHC étaient 16 fois plus susceptibles d’être hospitalisées.

Survie

Les taux de décès étaient semblables parmi les personnes ayant le VHC (6,6 %) et les personnes n’ayant pas le VHC (6,5 %).

Selon les chercheurs, « une très faible proportion des personnes inscrites à notre étude ont reçu le médicament antiviral remdésivir, des corticostéroïdes ou les deux agents. Le nombre de [décès] parmi celles recevant ces agents était trop faible pour en faire des comparaisons significatives quant à l’effet sur la mortalité ».

À retenir

Nous parlons dans cet article d’une étude par observation dont les conclusions ne peuvent être considérées comme définitives. Il n’empêche que les chercheurs ont évalué l’impact de la COVID-19 sur les taux d’hospitalisation et de survie chez des personnes atteintes du VHC. Comme l’étude comptait un groupe témoin, soit les personnes sans VHC au profil démographique semblable, ce qui représente un point fort, il était possible de faire des comparaisons claires. Cette étude est donc utile et importante. Espérons qu’elle incitera d’autres équipes de recherche à effectuer des analyses semblables afin de confirmer ces résultats.

Cette étude souligne l’impact de l’infection au VHC et des lésions hépatiques sur le risque d’hospitalisation chez les personnes qui tombent malades de la COVID-19.

Les systèmes de santé et les cliniques doivent intensifier leurs activités de sensibilisation auprès des personnes vulnérables vivant avec le VHC afin qu’elles puissent recevoir des soins et un traitement et guérir du VHC.

—Sean R. Hosein

Ressources

Ressources sur la COVID-19

Hépatite C : Un guide détaillé – CATIE

Comprendre la cirrhose du foie : premières étapes après un nouveau diagnostic – CATIE, Association canadienne des infirmières d’hépatologie (CAHN)

RÉFÉRENCE :

Butt AA, Yan P, Chotani RA, et al. Mortality is not increased in SARS-CoV-2 infected persons with hepatitis C virus infection. Liver International. 2021; sous presse.