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  • Biktarvy, un comprimé renfermant un traitement complet contre le VIH, est approuvé depuis plusieurs années
  • L’approbation de Biktarvy fut fondée sur les données d’un essai clinique mené auprès d’adultes jeunes et d’âge moyen
  • Un essai clinique récent a trouvé Biktarvy sûr et efficace chez les 65 ans et plus

En matière de traitements contre le VIH (TAR), la plupart des essais cliniques financés par l’industrie pharmaceutique ont porté sur des adultes jeunes et d’âge moyen. Cependant, en tant que groupe, les personnes séropositives vivent plus longtemps de nos jours grâce au TAR. Dans les pays à revenu élevé, la majorité de cette population a maintenant plus de 50 ans, et de nombreuses personnes sous TAR approchent du troisième âge ou l’ont atteint.

À mesure que les gens vieillissent, il arrive que leurs organes ne fonctionnent plus comme auparavant, et le risque de certains problèmes de santé augmente, dont l’hypercholestérolémie, le diabète et l’hypertension. Les personnes âgées ont conséquemment tendance à se faire prescrire des médicaments pour aider à maîtriser ces maladies. Il est donc important que les nouveaux médicaments contre le VIH soient testés chez cette population.

À propos de Biktarvy

Biktarvy est le nom d’un comprimé contenant les trois médicaments contre le VIH suivants :

  • bictégravir
  • TAF (ténofovir alafénamide)
  • FTC (emtricitabine)

Biktarvy est un traitement complet contre le VIH, et les ingrédients TAF et FTC agissent à la fois contre ce dernier et le virus de l’hépatite B.

Lors des essais cliniques menés dans le passé auprès de personnes de moins de 65 ans, Biktarvy s’est généralement révélé sûr et efficace. Biktarvy figure au nombre de plusieurs schémas thérapeutiques recommandés par les principales lignes directrices sur le traitement du VIH.

Essai clinique auprès de personnes âgées

Une équipe se composant de scientifiques de Belgique, de France, d’Italie, d’Espagne et du Royaume-Uni a recruté 86 personnes séropositives âgées de 65 ans ou plus. Avant de s’inscrire à l’étude sur Biktarvy, ces personnes suivaient un autre genre de TAR et avaient une charge virale inhibée, soit moins de 50 copies/ml.

Une fois dans l’étude, les participant·e·s ont immédiatement remplacé leur schéma thérapeutique en cours par Biktarvy.

Après 96 semaines d’observation, le compte de CD4+ demeurait stable et la charge virale était encore inhibée chez 74 % des participant·e·s. En général, Biktarvy n’a pas causé de désagrément, et aucun changement significatif n’a été observé par rapport au poids.

Détails de l’étude

Les participant·e·s avaient le profil moyen suivant lors de leur admission à l’étude :

  • âge : 69 ans (fourchette d’âge allant de 65 à 80 ans)
  • 87 % d’hommes, 13 % de femmes
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blanc·he·s – 80 %; Hispaniques – 15 %
  • poids : 78 kg
  • indice de masse corporelle (IMC) : 27 kg/m2
  • compte de CD4+ : 676 cellules/mm3
  • nombre de médicaments utilisés contre d’autres maladies : trois (la plupart étaient utilisés pour traiter maladies cardiovasculaires, brûlures d’estomac, anxiété et/ou dépression)

Schémas thérapeutiques couramment utilisés avant l’étude :

  • Genvoya : comprimé contenant la combinaison elvitégravir + cobicistat + TAF + FTC
  • Odefsey : comprimé contenant la combinaison rilpivirine + TAF + FTC

L’étude a commencé en mars 2018 et a pris fin au milieu de 2020, alors que la première vague de la pandémie de COVID-19 atteignait son pic.

Résultats - innocuité

Onze personnes (13 %) ont signalé un effet indésirable associé aux médicaments à l’étude. Peu courants et généralement d’intensité légère ou modérée, ces effets indésirables variaient beaucoup et incluaient maux de tête, constipation ou diarrhée, étourdissements, douleurs musculaires et insomnie. Notons que, lors des essais cliniques, les effets de ce genre sont d’ordinaire temporaires chez la plupart des personnes qui en éprouvent.

Trois personnes ont quitté prématurément l’étude à cause des effets secondaires suivants :

  • malaise abdominal
  • prise de poids
  • irritabilité
  • problèmes de sommeil

Deux autres personnes ont abandonné l’étude parce qu’elles vivaient un sevrage difficile après avoir cessé l’usage d’alcool ou de drogues.

Deux personnes sont décédées des causes suivantes durant l’étude :

  • Une personne ayant des antécédents de maladie dépressive souffrait de dépression pendant l’étude et est décédée des conséquences d’une automutilation.
  • Une personne a succombé à une pneumonie liée à la COVID-19.

L’équipe de recherche a déterminé que ces décès n’avaient aucun rapport avec Biktarvy.

Efficacité

Deux ans après leur admission à l’étude, 64 des 86 personnes inscrites (74 %) avaient une charge virale inhibée. Si ce chiffre est bien inférieur à 100 %, cela tient principalement au fait qu’un grand nombre de personnes ne sont pas retournées à la clinique de l’étude pour donner leur dernier échantillon de sang. Comme nous l’avons mentionné plus tôt, cette étude a pris fin durant la première vague de la pandémie de COVID-19. Rappelons que les confinements étaient alors en vigueur et qu’il n’existait encore aucun vaccin pour réduire le risque de COVID-19. De plus, les craintes et l’incertitude à l’égard des risques et des conséquences de la maladie abondaient. La pandémie a également rendu difficiles le recrutement et la rétention des participant·e·s lors d’autres essais cliniques.

Dans le cadre des analyses standards effectuées par les autorités réglementaires, les données manquantes (en l’occurrence celles se rapportant aux personnes qui ne revenaient pas à la clinique de l’étude) sont considérées comme des indices de résultats défavorables. Aux fins de cette analyse particulière, l’équipe a supposé que les personnes qui ne se présentaient pas pour leur dernière évaluation avaient une charge virale détectable.

Parmi les 64 personnes qui sont retournées à la clinique de l’étude pour se faire prélever leur dernier échantillon de sang, toutes avaient une charge virale inférieure à 50 copies/ml. Sur ces 64 personnes, 59 avaient une charge virale de moins de 20 copies/ml.

Au début de l’étude, chez 12 personnes, le VIH présentait une résistance faible au traitement, habituellement au TAF ou au FTC. Aucun nouveau cas de résistance virale aux médicaments ne s’est produit durant l’étude.

Comme nous l’avons mentionné plus tôt, les comptes de CD4+ sont restés stables.

Accent sur le poids

Des études menées ces dernières années ont fait état d’augmentations du poids corporel et de l’IMC chez des personnes sous TAR. On a même signalé des cas de surpoids ou d’obésité chez certaines personnes. Dans cette étude, cependant, la vaste majorité des participant·e·s n’ont connu qu’une prise de poids très modeste (1 kg).

Lors d’une étude menée en Italie auprès de personnes âgées vivant avec le VIH, on a utilisé des schémas thérapeutiques fondés sur un autre médicament appelé dolutégravir (Tivicay, ingrédient de Dovato et Triumeq). Les responsables de l’étude italienne n’ont pas constaté de prise pondérale significative. Le dolutégravir a une structure semblable à celle du bictégravir, qui est l’un des médicaments composant Biktarvy. Il est donc possible que les personnes séropositives âgées soient moins sujettes aux prises pondérales importantes que les personnes plus jeunes lorsqu’elles utilisent Biktarvy ou un traitement contenant du dolutégravir.

Accent sur les personnes noires

Cette étude sur Biktarvy ne comptait qu’une seule personne noire. Cependant, lors d’une autre étude menée par la compagnie Gilead et dotée du nom de code Braave, on a recruté principalement des personnes noires. Les participant·e·s à l’étude Braave ont remplacé leur schéma thérapeutique en cours par Biktarvy. On a constaté une prise de poids moyenne de 1 kg durant cette étude.

À retenir

Dans l’ensemble, les résultats de cette étude constituent un bon pas en avant dans la mesure où ils confirment l’innocuité et l’efficacité de Biktarvy chez les personnes âgées. Il est important que toutes les compagnies pharmaceutiques mènent des études auprès d’autres sous-populations, dont les femmes, les personnes trans, les personnes de couleur et les personnes qui utilisent des drogues.

—Sean R. Hosein

Ressources

Les ressources suivantes existent en anglais uniquement.

Guidelines for the Use of Antiretroviral Agents in Adults and Adolescents with HIVU.S. Department of Health and Human Services

Antiretroviral Drugs for Treatment and Prevention of HIV Infection in Adults: 2022 Recommendations of the International Antiviral Society–USA PanelInternational Antiviral Society-USA

EACS GuidelinesEuropean AIDS Clinical Society

RÉFÉRENCES :

  1. Maggiolo F, Rizzardini G, Molina JM et al. Bictegravir/emtricitabine/tenofovir alafenamide in older individuals with HIV: Results of a 96-week, phase 3b, open-label, switch trial in virologically suppressed people ≥65 years of age. HIV Medicine. 2023 Jan;24(1):27-36.
  2. Guaraldi G, Calza S, Milic J et al. Dolutegravir is not associated with weight gain in antiretroviral therapy experienced geriatric patients living with HIV. AIDS. 2021 May 1;35(6):939-945.  
  3. Bansi-Matharu L, Phillips A, Oprea C et al. Contemporary antiretrovirals and body-mass index: a prospective study of the RESPOND cohort consortium. Lancet HIV. 2021 Nov;8(11): e711-e722. 
  4. Perna A, Carleo MA, Mascolo S et al. Adipocyte differentiation of 3T3-L1 cells under TAF, TDF and INSTIs selective challenge: an in vitro model. AIDS. 2023; sous presse.
  5. Lake JE, Trevillyan J. Impact of integrase inhibitors and tenofovir alafenamide on weight gain in people with HIV. Current Opinion in HIV/AIDS. 2021 May 1;16(3):148-151.
  6. Grabar S, Potard V, Piroth L et al. Striking differences in weight gain after cART initiation depending on early or advanced presentation: results from the ANRS CO4 FHDH cohort.  Journal of Antimicrobial Chemotherapy. 2023; sous presse.