Initiatives de logement de RainCity Housing et Coast Mental Health

Vancouver STOP Project
Colombie-Britannique

Initiatives de logement de RainCity Housing et Coast Mental Health

2013

Relier les points entre logement et santé

Pour les résidents de Vancouver qui vivent avec le VIH et qui sont sans abri, mal logés ou qui s’adonnent à des activités de rue, trouver un logement sécuritaire et adapté à leurs besoins peut être difficile, vu le peu d’options qui s’offrent à eux. La longueur des listes d’attente pour des logements spécifiquement adaptés aux besoins des personnes vivant avec le VIH – à Vancouver comme ailleurs – en est une preuve flagrante. En 2011, on comptait plus de 400 noms sur certaines de ces listes, et le temps d’attente était estimé à plus de deux ans. Les défis additionnels que peuvent entraîner un événement traumatisant, une dépendance ou des problèmes de santé mentale mènent souvent à des situations où l’accès à un traitement pour le VIH et l’observance thérapeutique peuvent être difficiles, voire impossibles, ou tout simplement non prioritaires. Dans de tels cas, l’infection au VIH peut rester longtemps non contrôlée et causer des dommages considérables au système immunitaire. Cela peut également laisser au virus la chance de développer une résistance à des médicaments, de mener à un sida avéré et même au décès. Un logement peut, dans bien des cas, être le chaînon manquant pour arriver à un stade où la prise en charge de l’infection au VIH constitue une priorité réaliste pour la personne.

Conscients du manque de logements accessibles et abordables pour les personnes vivant avec le VIH à Vancouver, les responsables du projet STOP de Vancouver (l’équipe chargée de réaliser le projet STOP HIV/AIDS dans cette ville) ont forgé des partenariats avec RainCity Housing et Coast Mental Health. L’élément de programme qui suit décrit ces partenariats ainsi que les trois stratégies novatrices mises de l’avant par les partenaires pour combler les urgents besoins en logement des clients du projet STOP de Vancouver : un programme de soutien à la stabilisation du logement, des subventions pour la vie autonome et l’accès à des habitations dans un immeuble de logements supervisés.

Établir des liens avec le logement

Au lieu d’élaborer, parallèlement aux autres organismes de logement de la ville, une stratégie distincte pour leurs clients, les responsables du projet STOP de Vancouver ont fourni des fonds et collaboré avec deux fournisseurs de logement bien établis – RainCity Housing et Coast Mental Health – qui desservent une vaste clientèle dans la ville, dont des personnes vivant avec le VIH.

RainCity Housing et Coast Mental Health ont tous deux fait leurs preuves en ce qui a trait à la fourniture de solutions de logement à des personnes qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de dépendance ou d’autres problèmes de santé. Depuis 1982, RainCity Housing fournit des services  de refuge et de logement novateurs et compatissants aux résidents du Lower Mainland qui ont des problèmes de santé mentale, de dépendance ou autres. Pour sa part, Coast Mental Health fournit depuis 1972 des logements, des emplois et du soutien communautaire, émotionnel et pratique à des personnes atteintes de maladie mentale.

Chaque organisme a reçu des fonds pour embaucher 1.4 travailleur en logement équivalent temps plein de plus. Ces employés travaillent presque exclusivement avec des clients vivant avec le VIH et sont très impliqués dans une équipe d’intervention clinique de proximité en matière de VIH active dans toute la ville (l’« équipe d’intervention de proximité de STOP ») et financée, elle aussi, par le projet STOP de Vancouver. Cette équipe est composée d’infirmières, d’intervenants, de travailleurs sociaux, de pairs et autres qui travaillent à élargir l’accès à des services peu restrictifs en matière de VIH et à améliorer l’implication dans les traitements, les soins et le soutien pour le VIH chez les personnes les plus marginalisées de Vancouver. 

Le partenariat établi et consolidé par l’embauche de nouveaux intervenants en logement est unique en son genre. Ces employés ont été recrutés spécifiquement dans le but d’assurer la liaison cruciale entre l’équipe d’intervention de proximité de STOP et le soutien requis pour obtenir et maintenir un logement. Ces initiatives permettent un rare degré d’intégration entre des fournisseurs de services de santé et des intervenants en logement. Elles nécessitent souvent une communication quotidienne, voire toutes les heures, à propos des clients, afin que tous les membres de l’équipe soient prêts et aptes à fournir du soutien en cas de crise ou d’urgence. Pour plus de renseignements sur cette équipe, consulter l’étude de cas sur l’équipe d’intervention de proximité de STOP dans Connectons nos programmes.

Il peut paraître évident qu’un logement approprié et stable est important pour la santé, mais le lien entre la santé et le logement est complexe. Certes, le logement influence la santé, mais l’état de santé d’une personne – par ex., utilisation de drogue, problèmes de santé mentale ou stade de l’infection – peut influencer considérablement le type de logement qui leur convient le mieux, de même que le soutien nécessaire pour l’obtenir et le maintenir. Pour les clients dont les problèmes de santé rendaient difficile ou impossible de trouver un logement stable, le soutien supplémentaire issu de cette collaboration a permis de mieux comprendre leurs besoins particuliers et de combler ces derniers de façon plus souple.

Des solutions de logement sur mesure

Il n’existe pas de solution de logement unique qui soit souhaitable, convenable et appropriée pour tous. Par exemple, certaines personnes apprécient et trouvent bénéfique qu’un logement soit assorti de soutiens comme la distribution de médicaments, des rappels pour la prise de médicaments et des repas réguliers, alors que d’autres préféreraient simplement avoir accès à une vie autonome. Le type de soutien requis peut également varier de façon considérable. Pour une personne itinérante, ce pourrait être simplement d’avoir un lit où dormir en lieu sûr; d’autres peuvent avoir besoin d’une aide pour déménager d’un lieu temporaire vers un logement à plus long terme, et certains clients n’ont besoin que d’une aide à court terme pour maintenir le logement qu’ils ont déjà.

Le rôle des intervenants en logement financés par le projet STOP de Vancouver ne se limitait pas à aider les clients itinérants à se trouver un logement, mais aussi à leur fournir le soutien requis pour l’obtenir et le maintenir. Ce soutien additionnel incluait une mise en contact avec des services sociaux et de santé communautaires, une aide au déménagement, un encadrement pour l’acquisition et le maintien d’aptitudes à la vie autonome, des services d’intervention pour les questions juridiques et médicales et les situations de crise susceptibles d’influencer la santé du client ou sa situation locative. Ce soutien additionnel s’est avéré très important en ce sens qu’il a permis de renforcer la capacité des clients du projet STOP de maintenir leur logement. Pour certains clients qui sortaient d’une longue période d’itinérance, l’ajustement à la vie dans un espace collectif où les normes communautaires dictent certains comportements (comme de faire attention au bruit) a été un défi. Vu l’importance d’un logement stable et fixe pour l’observance thérapeutique et la prise en charge efficace de l’infection au VIH, ce soutien additionnel est l’élément qui, pour certains clients, pouvait faire la différence entre le maintien d’un logement et la possibilité d’une expulsion.

Afin de combler ces besoins variés, le projet STOP de Vancouver a financé trois types d’initiatives.

Programme de soutien à la stabilisation

À tout moment, au moins dix clients du projet STOP de Vancouver participaient au Programme de soutien à la stabilisation de RainCity Housing. Les clients aiguillés vers ce programme par l’équipe d’intervention de proximité étaient des personnes itinérantes qui ne recevaient que peu ou pas de services et dont l’état de santé était de modérément à extrêmement mauvais. Dans ces cas, lorsque l’équipe d’intervention de proximité de STOP convenait avec un client qu’il était prioritaire de trouver un logement, on faisait appel à l’intervenant en logement de RainCity Housing pour du soutien dans les démarches visant à trouver un logement convenable, de s’y installer et de le garder.

La présence d’un intervenant spécialisé en logement à RainCity Housing a été pour plusieurs clients de STOP un facteur déterminant entre l’itinérance et l’accès à un logement plus stable. L’intervenant pouvait faciliter l’accès à des lits au refuge de RainCity Housing et connaissait bien les autres ressources offertes par la ville en fait de refuge et de logement.

L’intervenant était établi à RainCity Housing, mais une grande partie de son travail s’effectuait à l’extérieur du bureau puisque la structure du Programme de soutien à la stabilisation ne se limitait pas à repérer des logements offerts par des organismes ou établissements particuliers. Cette structure offrait la souplesse nécessaire pour travailler avec les clients où qu’ils soient et de continuer à leur fournir du soutien tout au long de la transition entre l’itinérance et le logement même si leurs besoins changeaient ou s’ils étaient expulsés. Fait important, même quand un client ne figurait plus sur la liste des cas actifs de l’intervenant en logement, celui-ci leur accordait la priorité en cas de crise si leur logement était menacé. Cette collaboration intégrée et souple entre le fournisseur de logement d’un client et d’autres fournisseurs de soutien – comme les infirmières de l’équipe d’intervention de proximité de STOP – a rehaussé le niveau global de soutien que chacun pouvait apporter à ses clients à toutes les étapes du processus de repérage et de maintien d’un logement.

Subventions d’aide à la vie autonome (SAVA) – temporaires et continues

Certains clients du projet STOP de Vancouver qui étaient itinérants et qui ont été aiguillés vers l’intervenant en logement de RainCity Housing ont eu de la difficulté à s’adapter à des logements supervisés. Pour ces clients, emménager directement dans un logement indépendant était la meilleure solution, au lieu de passer par des refuges ou d’autres solutions plus temporaires. Alors que les prestations d’invalidité en Colombie-Britannique prévoient un montant d’environ 375 $ pour le logement, un logement indépendant dans un immeuble à loyer modique peut coûter entre 600 $ et 1000 $ par mois, sinon plus. Par l’entremise du projet SAVA, une dizaine de personnes se sont vu offrir un supplément au loyer allant jusqu’à 400 $ par mois pour les aider à obtenir et à maintenir un logement qu’elles n’auraient pas eu les moyens de se payer autrement. Ces fonds peuvent être le facteur déterminant entre l’itinérance et un logement convenable. Les SAVA servaient donc de revenu tampon pour aider les clients à risque de devenir itinérants en raison de l’écart entre leur revenu et leurs dépenses de subsistance.

SAVA temporaires

Un des éléments novateurs issus du partenariat entre RainCity Housing et STOP est le concept de SAVA temporaires. Cette variante des subventions d’aide à la vie autonome est née du constat que plusieurs clients n’avaient pas besoin d’une aide financière continue, mais plutôt dans des situations ponctuelles ou de courte durée où leur revenu n’était pas suffisant pour leur permettre d’obtenir ou de conserver un logement. Pour les clients de STOP, les SAVA temporaires se sont souvent avérées utiles pendant les périodes de transition, surtout lorsqu’un logement adéquat était disponible mais que les coûts associés à l’emménagement (par exemple, dépôt de garantie pour bris et dommages, premier et dernier mois de loyer) étaient trop élevés.

Autre situation relativement fréquente : il est arrivé que des clients de STOP trouvent un logement adéquat qui ne coûtait qu’un peu plus que les 375 $ prévus dans les prestations d’invalidité. Dans de tels cas, le client a parfois pu obtenir, grâce à l’appui de son intervenant en logement, le soutien financier additionnel nécessaire mais avait besoin d’une petite somme d’argent à court terme en attendant que sa demande soit traitée et approuvée.

Dans le cas des clients qui ont recours à des programmes de traitement contre les dépendances et qui prennent des antirétroviraux (ARV) et de la méthadone, le fait de se retrouver sans logis pendant une période même très brève peut entraîner d’énormes reculs et miner plusieurs des progrès réalisés. Pour ces clients, les SAVA ont été un élément crucial dans l’obtention d’un logement stable ou d’un meilleur logement quand l’occasion se présentait.

Accès au logement supervisé

Par une heureuse coïncidence, au moment même où le projet STOP de Vancouver démarrait, Coast Mental Health se préparait à ouvrir un immeuble à appartements de neuf étages offrant des logements supervisés à 96 locataires (les Pacific Coast Apartments). Ces logements se destinaient aux personnes qui autrement seraient itinérantes ou susceptibles de le devenir, ou qui vivaient dans des logements insalubres. Étant donné les importantes infrastructures de soutien qui y ont été intégrées – dont un service clinique sur appel 24 heures sur 24, une pharmacie et la gestion de propriété – cet immeuble est particulièrement bien adapté aux clients du projet STOP susceptibles de tirer profit d’un logement supervisé. Dans le cas des clients qui avaient entamé un traitement ARV et qui n’arrivaient pas à l’observer, le fait de recevoir des repas quotidiens et des rappels pour prendre leurs médicaments les a aidés à développer de bonnes habitudes et à acquérir une plus grande stabilité.

Pour les clients du projet STOP, l’accès aux logements supervisés des Pacific Coast Apartments a donné des résultats divers, dont plusieurs peuvent ne pas être immédiatement évidents lorsqu’on examine les rapports de projet ou les évaluations statistiques. Par exemple, certains clients qui avaient vécu dans l’itinérance pendant longtemps étaient si malades que lorsqu’ils avaient enfin accès à un logement, leur infection au VIH (de même que d’autres problèmes de santé) ne pouvait pas être contrôlée; pour ces clients, le logement a servi de centre de soins palliatifs où ils ont pu se faire soigner et finir leurs jours dans un milieu respectueux. Pour d’autres, cette stabilité et ce soutien additionnel leur ont donné le temps nécessaire pour prendre du poids, avoir accès à des services comme un traitement contre la dépendance, et éventuellement parvenir à un état de santé et de bien-être leur permettant de trouver un logement autonome et d’y rester. Le personnel a remarqué que même les clients qui finissaient par quitter le logement parce qu’ils n’aimaient pas le soutien structuré et le milieu collectif en ressortaient en meilleure santé et mieux reposés qu’à leur arrivée. Ceci a permis à plusieurs clients du projet STOP d’améliorer leur accès aux traitements et leur observance thérapeutique — et dans plusieurs cas, il en a résulté une hausse marquée du compte de CD4.

Du logement à la santé

Les partenariats établis avec les organismes de logement par l’entremise du projet STOP de Vancouver ont fait ressortir toute l’importance de l’intégration entre le logement et la santé et ont démontré à quel point l’accès à un logement approprié peut changer la donne. En janvier 2012, par exemple, 23 des 25 logements de Coast Mental Health étaient occupés. À l’admission, seulement 12 p. cent (trois individus) avaient une charge virale inférieure à 200 copies/mL, mais quelques mois plus tard ce chiffre avait grimpé à 76 p. cent.

Ces collaborations ont démontré que bien que le logement soit un élément crucial dans la capacité d’une personne à observer son traitement anti-VIH, de nombreuses autres mesures de soutien doivent être en place pour qu’elle puisse tirer le meilleur profit possible de son nouveau logement. Ces éléments de soutien, qui peuvent être de nature médicale, sociale ou financière, sont plus efficaces lorsqu’ils sont offerts par une équipe intégrée d’intervenants qui travaillent ensemble et de façon souple pour fournir une aide unique et personnalisée aux clients du projet STOP qui sont itinérants ou sérieusement à risque de le devenir.

 

Dépistage du VIH dans les saunas et les unités mobiles

Vancouver STOP Project YouthCO
Colombie-Britannique

Dépistage du VIH dans les saunas et les unités mobiles

2013

Image
Bathhouse

Sortir du cadre de la clinique pour atteindre la communauté

On le comprend aisément, tout le monde ne se sent pas à l’aise d’entrer dans une clinique de santé sexuelle ou encore de demander à son médecin d’être aiguillé vers des services de santé sexuelle. Les préoccupations relatives à la vie privée, la stigmatisation liée aux infections transmissibles sexuellement (ITS) et au VIH, ainsi que l’accès aux soins comptent parmi les nombreuses raisons pour lesquelles certains hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH) n’ont pas recours aux services et à l’éducation sur la santé sexuelle dans les cliniques.  Un rapport de consultation communautaire publié en 2011 par Health Initiative for Men1 (HIM) indique que c’est peut-être le cas pour les HARSAH à Vancouver : sur presque 100 hommes interrogés dans des lieux extérieurs d’activité sexuelle, deux tiers ont signalé un manque d’information sur la santé sexuelle, moins de la moitié ont signalé à leurs médecins qu’ils avaient des partenaires sexuels masculins, et trois quarts d’entre eux étaient favorables à l’offre de tests de dépistage du VIH et des  ITS dans des lieux extérieurs. 

Compte tenu du fait qu’en 2011, les hommes gais, bisexuels et autres HARSAH à Vancouver représentaient plus de 60 p. cent des nouveaux cas d’infection au VIH dans la ville, le projet STOP de Vancouver a adopté une stratégie utilisée dans plusieurs villes d’Amérique du Nord pour fournir des services de santé sexuelle aux HARSAH qui autrement n’y auraient peut-être pas accès : des tests de dépistage du  VIH dans les saunas et les unités mobiles.

Amener les services dans la communauté

Les deux initiatives de dépistage dans les saunas et les unités mobiles ont été mises en œuvre sous la direction de l’équipe d’intervention de proximité de STOP, une équipe clinique interdisciplinaire qui œuvre partout à Vancouver en vue d’offrir des tests de dépistage du VIH à plus grande échelle et d’accroître l’implication dans les soins. Le projet de dépistage mobile a été élaboré en partenariat avec YouthCO, un organisme communautaire de Vancouver. Ces initiatives comprenaient la création de mini-cliniques satellites de santé sexuelle offrant aux clients un éventail complet de services de dépistage, de traitement et de counseling liés au VIH et aux ITS et dispensés par des infirmières autorisées. Ces services sont semblables à ceux que les clients peuvent s’attendre à trouver dans un centre de santé sexuelle, mais en dehors du cadre clinique traditionnel. Ces deux projets fournissent essentiellement les mêmes services, tous dispensés par les infirmières de l’équipe d’intervention de proximité de STOP. La principale différence entre les deux a trait aux endroits où les services sont offerts : un des projets se déroule dans les saunas de Vancouver, et l’autre dans des endroits multiples et changeants, au moyen d’un fourgon d’intervention de proximité.

Projet de dépistage du VIH dans les saunas : Dans le cadre de cette initiative, une infirmière de l’équipe d’intervention de proximité de STOP a collaboré avec les propriétaires/gérants de saunas pour mettre en place et fournir des services dans un local aménagé en petite clinique dans chaque sauna. Trois saunas de Vancouver y ont participé.

Projet pilote de dépistage mobile du VIH : Dans le cadre de cette initiative surnommée « Know on the Go » (KOTG), l’équipe d’intervention de proximité de STOP s’est alliée à YouthCO pour fournir les services. YouthCO a aménagé un fourgon en clinique sur roues, assuré la promotion du projet, établi les heures et les lieux de l’emplacement du fourgon, et fourni des travailleurs d’intervention de proximité pour informer et sensibiliser les gens lorsque le fourgon était sur place.

L’élément de programme suivant souligne la façon dont l’équipe d’intervention de proximité de STOP a abordé la prestation de services de santé sexuelle dans des lieux peu conventionnels.

Travailler avec la communauté et au sein de celle-ci

Il faut répondre à un grand nombre de questions avant de déplacer des services de santé sexuelle d’une clinique vers des sites communautaires : comment le service sera-t-il perçu par la communauté? Les gens auront-ils recours au service? Comment peut-on fournir ces services sans qu’ils soient perçus comme étant coercitifs ou insistants? Il était difficile de prédire les réponses à ces questions; de nombreuses stratégies ont donc été utilisées pour faire en sorte que ces services soient accueillis le mieux possible par la communauté.

Consultations communautaires

Afin de déterminer les meilleurs moyens de répondre aux besoins en dépistage du VIH chez les hommes gais et autres HARSAH, le projet STOP de Vancouver s’est associé avec plusieurs importants organismes de santé des hommes gais et des représentants communautaires pour former un Groupe de référence des hommes gais, chargé d’explorer de nouvelles stratégies d’intervention de proximité et de prestation de services. 

Le groupe a souligné un certain nombre de priorités à considérer dans la prestation de services sur place, comme le respect de la vie privée des clients, la prestation de services culturellement sûrs et le maintien des mêmes normes de soins que dans une clinique. Ces priorités ont été énoncées dans un document intitulé « Principles for Provider-Initiated Testing External to Healthcare Venues » (principes pour la prestation de services de dépistage proposés par les fournisseurs à l’extérieur des centres de santé), dont le projet STOP de Vancouver s’est servi pour structurer ces services. Pour plus de renseignements sur ces priorités, voir ci-dessous.

Mise en œuvre

L’équipe du projet STOP et YouthCO veulent offrir dans les sites communautaires la même qualité, le même niveau et le même éventail de services que ceux offerts dans une clinique, y compris la capacité de dépister et de traiter une variété d’ITS et d’offrir des tests de dépistage du VIH grâce à une technologie rapide au point de service (PDS), ainsi que des prises de sang normales. Il fallait résoudre deux problèmes clés pour atteindre cet objectif : premièrement, comment créer des mini-cliniques satellites dans des lieux peu conventionnels; et deuxièmement, comment établir des relations de confiance avec les propriétaires/gérants des établissements et autres intervenants, comme le personnel des parcs aux emplacements d’intervention de proximité.

Créer des cliniques satellites

La prestation de services de santé sexuelle complets dans des cliniques satellites supposait de surmonter un certain nombre de défis logistiques, dont l’accès sur place à des fournitures médicales adéquates et l’établissement d’un processus pour envoyer les échantillons à un laboratoire. Le projet STOP de Vancouver a résolu ce problème en travaillant à partir d’un centre de santé sexuelle existant et traditionnel, géré par Vancouver Coastal Health. Les mini-cliniques satellites mobiles et celles installées dans les saunas se fient à cette infrastructure existante pour obtenir les fournitures nécessaires, comme des tests sanguins aux points de service et des traitements tels que les antibiotiques. Une fois les quarts de travail terminés dans les cliniques satellites, les échantillons sont acheminés soit directement vers un laboratoire aux fins d’analyse,  soit vers le centre de santé sexuelle où ils sont regroupés avec tous les autres échantillons prélevés cette journée-là à la clinique.

Au-delà de quelques problèmes logistiques comme la question de savoir quoi faire avec les échantillons prélevés après la fermeture du laboratoire, les infirmières du projet STOP ont trouvé qu’elles avaient le temps et l’espace nécessaires pour fournir aux clients des services plus complets et plus étendus que ceux qu’ils auraient pu obtenir dans une clinique.  Dans les cliniques traditionnelles, où le volume de patients est souvent plus élevé et le temps limité, les infirmières doivent se concentrer sur un ensemble distinct de services. La prestation de services en dehors d’un centre de santé leur permet par contre de passer plus de temps avec leurs clients, de discuter de nombreux problèmes de santé et autres qui ont des répercussions sur leur vie comme l’utilisation de drogues ou d’alcool, la santé mentale ou d’autres préoccupations sans rapport avec la santé sexuelle et qui sont plus urgentes pour eux.  

Forger des relations

L’établissement de relations de confiance avec les sites d’intervention de proximité était essentiel à la réussite des deux projets – saunas et unités mobiles. Beaucoup de temps et d’efforts ont été consacrés à forger ces relations au cours de plusieurs réunions, afin de s’assurer que ces services seraient accueillis aussi favorablement que possible par la communauté.

Après avoir sélectionné un site d’intervention de proximité pour le fourgon de dépistage, YouthCO communiquait avec la personne responsable des lieux (ou du parc public le cas échéant) pour la mettre au courant de l’initiative et s’assurer que celle-ci serait bien accueillie. Les infirmières de l’équipe d’intervention de proximité de STOP ont également forgé de solides relations avec les propriétaires/gérants de saunas.

Une des principales préoccupations soulevées lors de ce processus d’établissement de relations était que l’initiative risquait de susciter des réactions négatives au sein de la communauté, à savoir que le fait de fournir des services sur place pourrait « gâcher le plaisir » des clients. L’assurance d’une approche passive à la prestation de services était importante pour palier les inquiétudes liées à l’invasion de l’espace personnel. Donc, plutôt que d’aborder directement les gens et de les inciter à passer un test de dépistage, le personnel infirmier se contente de faire sentir sa présence, que ce soit par des écriteaux, des annonces sur le système de sonorisation du sauna ou tout simplement en étant présent sur les lieux dans le fourgon de KOTG.

Les relations avec les propriétaires/gérants de saunas continuent de s’améliorer à mesure qu’ils se rendent compte que la présence des infirmières est un « service ajouté » qui démontre leur engagement et l’intérêt qu’elles portent à la santé de leur communauté.  Certains clients de saunas ont été tellement emballés par cette initiative que les saunas ont commencé à annoncer les dates des cliniques de dépistage dans leurs calendriers d’activités.  Les propriétaires/gérants ont découvert que certains clients venaient au sauna spécialement pour avoir accès aux services de santé sexuelle.

Un virage culturel

La prestation de services dans des lieux inhabituels exige des stratégies dynamiques, souples et ouvertes de la part du personnel infirmier qui fournit les tests de dépistage. Par exemple, certains clients peuvent avoir consommé de l’alcool ou des drogues avant de demander un test de dépistage. D’autres ne se sentent pas prêts à recevoir certains services ou – dans le cas du dépistage PDS – ou un résultat de test de dépistage du VIH. De plus, les infirmières de STOP sont conscientes qu’elles s’introduisent et fournissent des services dans un milieu qui peut être hautement sexualisé. Le personnel infirmier utilise un éventail de stratégies pour évoluer de manière appropriée, efficace et prudente dans ces environnements uniques. Il se montre ouvert et chaleureux quand des clients potentiels semblent s’intéresser aux services offerts. Le maintien d’une attitude joviale tout en établissant des limites cohérentes en communiquant clairement leur rôle permet aux infirmières d’évoluer et d’agir avec professionnalisme dans un contexte favorable à l’expression de la sexualité.

Les interactions avec les clients peuvent aller de répondre à quelques questions de façon informelle à décrire les services offerts avant de demander au client si ces derniers l’intéressent. Deux clients ne reçoivent pas nécessairement le même service : les infirmières discutent avec les clients afin d’évaluer leur état d’esprit et proposent des choix de tests de dépistage adaptés pour déterminer quel service leur convient le mieux. Par exemple, si après discussion, l’infirmière et le client conviennent que le moment est mal indiqué pour subir un test, le client est aiguillé vers d’autres services et/ou lieux de dépistage. Si, par contre, le client accepte de se faire tester mais ne veut pas avoir les résultats le jour même ou dans le sauna ou fourgon mobile, l’infirmière lui proposera de faire une prise de sang standard pour le dépistage du VIH et le client pourra obtenir les résultats ultérieurement et à un autre endroit où il se sentira plus à l’aise. Beaucoup de clients optent pour ce second choix, surtout lorsqu’ils apprennent que la prise de sang standard comprend aussi un test d'amplification des acides nucléiques (TAAN). La principale raison est que la période fenêtre du TAAN est de 10 à 12 jours, alors que celle du test de détection des anticorps au point de service est de 12 semaines, ce qui signifie que le TAAN peut refléter des activités à risque élevé plus récentes. 

Mesurer le succès

Les coordonnateurs du projet étaient conscients que certains membres de la communauté pourraient désapprouver leur présence, que ce soit dans les saunas ou dans le fourgon mobile. En effet, certains habitués des endroits où STOP fournissait des services communautaires ont déclaré qu’ils n’aimeraient pas recourir aux services dans un tel contexte et préfèreraient se rendre dans un centre de santé. Grâce à des sondages sur la satisfaction de la clientèle et des conversations informelles avec ceux qui ont utilisé les services, le personnel infirmier de l’équipe d’intervention de proximité de STOP a trouvé que, dans l’ensemble, les réactions étaient très favorables. De nombreux membres de la communauté étaient contents de voir les services qu’on offrait et les ont trouvés commodes. Les services de santé sexuelle sur place ne sont pas pour tout le monde, mais ceux qui les ont utilisés ont apprécié leur disponibilité et étaient satisfaits de la qualité des services.

Les résultats obtenus pour les deux projets ― fourgon mobile KOTG et saunas ― indiquent qu’ils offrent chacun la possibilité de passer des tests de dépistage du VIH et des ITS dans des communautés de personnes qui autrement n’auraient peut-être pas recours à ces tests.

Le projet de dépistage dans les saunas a relevé un taux de séropositivité de 3 p. cent, ce qui est largement supérieur au seuil de rentabilité généralement accepté de 0,01 p. cent. Plus de 64 p. cent des clients qui ont obtenu un résultat positif étaient âgés de 35 ans ou moins, 27 p. cent étaient déjà admissibles à un traitement (avec un compte de CD4 inférieur à 500), et 18 p. cent n’avaient jamais subi de test de dépistage du VIH auparavant. 

Le projet KOTG atteint également un important segment de population : les évaluations ont révélé que 10 p. cent des personnes utilisant le service n’avaient jamais subi de test de dépistage du VIH, 18 p. cent n’avaient jamais passé de test de dépistage des ITS, et 45 p. cent n’avaient pas subi de test de dépistage du VIH depuis plus d’un an. 

Néanmoins, les infirmières ont remarqué qu’au-delà des données statistiques, une grande partie de leur succès tient aux interactions au jour le jour avec les clients des lieux où elles fournissent les services. Le fait d’être présent, à l’écoute et d’abord facile leur permet de tisser de bonnes relations avec les membres de la communauté où elles évoluent et aide à normaliser le concept de santé sexuelle et de dépistage du VIH et des ITS. Les infirmières ont constaté que même si les gens se présentent initialement à la clinique pour le VIH et des ITS, de nombreux autres problèmes de santé et psychosociaux transparaissent, ce qui donne aux infirmières l’occasion de les aborder ou d’aiguiller les clients vers d’autres services. Les infirmières peuvent ainsi fournir des services de santé sexuelle tout en abordant la santé des hommes gais de façon globale. Si les clients ont besoin d’un suivi ou d’un soutien quelconque après le test de dépistage, les infirmières s’assurent d’obtenir leurs coordonnées et d’être disponibles à leur clinique principale pour des consultations futures.

Les projets pilotes dans les saunas et KOTG prouvent qu’il est possible de fournir des services complets de santé sexuelle dans des cadres non traditionnels. En tissant des relations solides, en adoptant une approche passive et en offrant des services souples et personnalisés, on donne à des clients qui autrement n’auraient pas recours à des services l’occasion d’entrer en contact avec des professionnels de la santé. Qui plus est, ce premier contact peut aller bien au-delà de la simple prestation de services de dépistage des ITS et du VIH et inclure et améliorer l’accès à des services et à des soins continus. Les clients ont ainsi la possibilité d’examiner d’autres aspects de leur santé et bien-être susceptibles d’augmenter leur risque d’infection au VIH ou, s’ils sont déjà séropositifs, d’aborder d’autres problèmes de santé afin de gérer efficacement l’infection.

Pour plus de renseignements sur le programme, veuillez communiquer avec :

Geoffrey Ford, RN BScN
Nurse Educator, STOP HIV Outreach Team
Vancouver Coastal Health
604-218-4706

Jesse Brown
jesseb@youthco.org
YouthCO AIDS Society
Vancouver BC
Phone: 1-604-688-1441
Toll Free (in Canada): 1-855-YOUTHCO (968 8426)

Références

  1. Anderson I. « Community Consultation Final Report [Internet] ». Vancouver, C.-B. : Health Initiative for Men; 2011. Accessible à  l’adresse : http://checkhimout.ca/assets/uploads/files/HIM_Community_Consultation_Report_Final.pdf