Le programme d’éducation, de sensibilisation et de marketing social ethnoculturels lié à l’hépatite C : Traduction et lecture critique

CATIE
Ontario

Le programme d’éducation, de sensibilisation et de marketing social ethnoculturels lié à l’hépatite C : Traduction et lecture critique

2015

La traduction constitue souvent un énorme obstacle pour les organismes souhaitant offrir des services à de nouvelles populations au sein de leur communauté. Elle nécessite beaucoup de temps, de ressources, d’adaptation et d’erreurs et d’échecs. Pour le programme d’éducation, de sensibilisation et de marketing social ethnoculturels lié à l’hépatite C de CATIE, plus d’un an a été nécessaire pour que CATIE trouve des traducteurs compétents en chinois simplifié, pendjabi, ourdou et tagalog, qui soient capables de produire des textes en un langage précis et accessible afin de renseigner les personnes provenant des quatre communautés prioritaires au sujet de l’hépatite. Pour une description complète du programme, veuillez consulter l’étude de cas.

Pour trouver des traducteurs

CATIE a entrepris ce processus en établissant des liens avec des organismes bien établis qui travaillent auprès des populations d’immigrants (comme l’organisme Access Alliance Health and Multicultural Services et l’Ontario Council of Agencies Serving Immigrants à Toronto) et auprès d’organismes ayant la réputation d’offrir de bons renseignements sur la santé en différentes langues (comme le Sexuality Education Resource Centre [SERC]). CATIE a demandé à ces organismes de l'information sur leurs processus pour la traduction et la lecture critique et sur les traducteurs qu'ils utilisaient.

Avant d’engager des traducteurs, CATIE leur a fait subir un test en utilisant un document qui contenait de l’information sur l’hépatite C, des termes médicaux, du langage technique et de l’information sur les relations sexuelles et la consommation de drogues ou d’alcool. Ce document était essentiellement un « long brouillon » contenant une grande partie du contenu que CATIE envisageait d’utiliser pour le site Web et les ressources imprimées. Les lecteurs critiques médicaux et communautaires ont aidé à juger de la qualité des traductions. La rétroaction des lecteurs critiques de CATIE a déterminé si le document devait être entièrement traduit à nouveau ou s’il pouvait être révisé après quelques discussions plus approfondies et utilisé dans le travail éducatif du programme. Les traducteurs qui réussissaient bien ces évaluations étaient ajoutés à une liste de traducteurs compétents pour ce projet.

Le processus de traduction

Les versions finales de tous les documents utilisés dans les campagnes et les ressources du Programme d’éducation, de sensibilisation et de marketing social ethnoculturels lié à l’hépatite C de CATIE sont rédigées en anglais et ensuite traduites en quatre langues (en chinois simplifié, pendjabi, ourdou et tagalog) par les traducteurs sélectionnés. Chaque traduction est soumise à une révision médicale afin de s’assurer que la langue et les explications sont exactes. Puis, elle est soumise à une révision communautaire pour s’assurer que le langage est accessible. Une partie de cette révision consiste à évaluer le niveau de lecture, à s’assurer que des termes péjoratifs n’ont pas été utilisés et que le texte est neutre sur le plan du genre dans la mesure du possible. Ensemble, ces lecteurs critiques évaluent la qualité des traductions faites par les traducteurs de CATIE.

Par le biais de ses partenaires communautaires ainsi qu’à l’aide de son réseautage dans le domaine de l’aide à l’établissement, CATIE a trouvé et demandé à des médecins travaillant auprès des nouveaux arrivants de servir de lecteurs critiques médicaux. Les lecteurs critiques communautaires, quant à eux, étaient souvent des fournisseurs de services de première ligne travaillant dans le domaine des services d’aide à l’établissement ou des soins de santé, et, par la suite, certaines de ces personnes ont travaillé sur le projet à titre d’animateurs bilingues. Les premiers lecteurs critiques médicaux et communautaires étaient des membres des premiers conseils consultatifs communautaires de CATIE. D’ailleurs, grâce à leur importante contribution au programme, ces derniers ont aidé à établir des partenariats communautaires et à déterminer l’orientation du projet. CATIE maintient une liste permanente de traducteurs et de lecteurs critiques pour toutes les langues dans lesquelles CATIE travaille actuellement.

La stigmatisation et le langage

L’hépatite C est une maladie stigmatisée, qui est souvent associée à la consommation de drogues et au travail du sexe. Le langage utilisé pour parler de la consommation de drogues ou d’alcool, de la sexualité et des actes sexuels est souvent péjoratif, et il est fréquemment utilisé de façon telle que les membres d’une communauté pourraient penser que l’hépatite C est une maladie qui ne touche que certains types de personnes, perpétuant ainsi la stigmatisation associée à l’hépatite C et à la consommation de drogues et d’alcool. Dans son travail avec ses traducteurs et ses conseils consultatifs, CATIE a bien précisé que le langage utilisé pour décrire la consommation de drogues et d’alcool et les relations sexuelles devait être neutre, que l’information sur la santé était importante pour tout le monde et que la documentation du programme aurait probablement plus d’impact si les personnes n’éprouvaient pas de honte.

Le processus de traduction

CATIE se sert d’un processus en 11 étapes pour traduire les documents utilisés dans le projet sur l’hépatite C :

  1. La traduction – La version finale en anglais est envoyée à un traducteur approuvé.
  2. Première lecture critique médicale – Elle est effectuée par un médecin travaillant auprès des nouveaux arrivants, dans la mesure du possible.
  3. Première lecture critique communautaire – Elle est effectuée par un travailleur de première ligne provenant d’un de nos partenaires communautaires ou par nos animateurs.
  4. Révision – Les commentaires sont envoyés au traducteur qui apporte les modifications nécessaires au texte. À cette étape, les traducteurs justifient souvent les premiers termes choisis (cette action détermine les parties du texte où le langage semble subjectif et qui nécessitent des explications).
  5. Deuxième lecture critique médicale – si le traducteur n’a pas accepté toutes les modifications proposées par les lecteurs critiques, le lecteur critique médical discute souvent du choix de ses mots avec le lecteur critique communautaire ou l’un des animateurs et décide du meilleur terme à utiliser.
  6. Deuxième lecture critique communautaire — Inclut une discussion/des remarques avec un autre lecteur critique ou un animateur quant au choix des mots proposés dans les modifications qui n’ont pas été acceptées par le traducteur. Si le lecteur critique médical estime que le terme/l’explication est exact, il revient au lecteur critique communautaire de décider quel terme est le plus accessible.
  7. Deuxième révision – les modifications additionnelles sont envoyées au traducteur pour la traduction finale.
  8. La traduction finale est envoyée pour être mise en page de façon provisoire.
  9. La mise en page est révisée par les lecteurs critiques médical et communautaire.
  10. Le document est envoyé en impression ou téléchargé en tant que version préliminaire sur le site Web.
  11. Les épreuves de l’imprimeur ou la version préliminaire du site Web sont soumises aux lecteurs critiques communautaires pour une dernière révision de la langue et de la mise en forme.

Un langage en constante évolution

Dans ce domaine de travail, le langage est en constante évolution. Les discussions concernant le choix des termes sont habituellement subjectives et peuvent parfois être sans fin. En dernier ressort, CATIE a choisi de chercher le leadership communautaire du personnel de première ligne travaillant directement dans chaque communauté afin d’identifier ce qui constitue un langage accessible et approprié. Le développement et l’approbation à un rythme effréné des nouveaux traitements contre l’hépatite C nécessitaient que l’information soit mise à jour chaque année. Il se peut que même les services de traduction bien établis n’aient peut-être pas de fortes capacités dans toutes les langues du projet. L’approche par erreurs et échecs pour trouver un bon traducteur qui comprend les valeurs associées au projet et l’approche à l’égard du travail de l’équipe du projet en vaut la peine.

Le choix des polices de caractères (en version imprimée et en ligne)

Pour toutes les langues, il a été difficile de déterminer les polices de caractères qui convenaient le mieux et plusieurs essais ont souvent été nécessaires pour s’assurer que tout apparaîtrait correctement dans chaque format.

En version imprimée, cela signifiait que nous devions trouver des polices de caractères pouvant être utilisées dans Adobe InDesign et qui y seraient lisibles. Le concepteur de CATIE devait aussi utiliser des modules d’extension qui pouvaient gérer les langues se lisant de la droite vers la gauche.

Plusieurs essais ont été nécessaires en travaillant en ligne avec les polices de caractères Unicode1 et l’affichage des langues à caractères non romains (comme l’écriture arabe, kanji et d’autres systèmes d’écriture) afin que le contenu apparaisse correctement.

Même si le travail principal de CATIE dans ce programme se faisait dans quatre communautés, CATIE a également traduit des ressources clés dans six autres langues, en plus de l’anglais et du français. Voici les polices de caractères que nous utilisons dans les versions imprimées et en ligne :

Hindi : Arial Unicode

Pendjabi : Raavi (en ligne), DRChatrik (en version imprimée)

Ourdou : Jameel Noori Nastaleeq (en version imprimée), Arial Unicode (en ligne)

Tamil : Arial Unicode. La première traduction a été faite en encodage, appelé Bamini qui devait être converti à l’aide d’un outil Unicode en ligne pour être utilisé sur notre site Web. Les corrections de nos lecteurs critiques sont également encodées en Bamini et doivent être converties en Unicode pour être téléchargées en ligne.

Bengali : Vrinda.

Tagalog : N’importe quelle police de caractères romains fonctionne.

Vietnamien : Arial Unicode.

Espagnol : N’importe quelle police de caractères romains fonctionne.

Chinois simplifié : Arial Unicode

Arabe : Lateef (en version imprimée), Arial Unicode (en ligne)

Ajout de langues

Depuis 2011, le nombre de langues que CATIE inclut sur son site Web d’information sur l’hépatite C est passé à 11 langues, en plus de l’anglais. Pour déterminer quelles langues doivent être ajoutées, CATIE tient compte du travail antérieur des projets nationaux liés à l’hépatite C au sein des communautés d’immigrants (comme le travail du Conseil ethnoculturel du Canada), de l’épidémiologie de l’hépatite C à l’échelle internationale et des tendances actuelles en immigration et dans les sous-groupes en Ontario, ainsi que de l’information recueillie lors des réunions avec différents organismes d’aide à l’établissement et dans des régions spécifiques de l’Ontario.

De l’information en ligne est actuellement disponible en anglais, en français, en arabe, en ourdou, en bengali, en pendjabi, en hindi, en tamil, en chinois simplifié, en tagalog, en vietnamien et en espagnol.

  1. Une norme d’encodage internationale utilisée avec différentes langues et messages informatisés, dans laquelle chaque lettre, chiffre ou symbole est assigné à une valeur numérique unique qui s’applique à travers différentes plateformes et différents programmes.

 

Le programme d’éducation, de sensibilisation et de marketing social ethnoculturels lié à l’hépatite C : Développer des partenariats avec les communautés

CATIE
Ontario

Le programme d’éducation, de sensibilisation et de marketing social ethnoculturels lié à l’hépatite C : Développer des partenariats avec les communautés

2015

Dès le début de la création du Programme d’éducation, de sensibilisation et de marketing social ethnoculturels lié à l’hépatite C (consulter l’étude de cas pour une description complète du programme), CATIE avait d'or et déjà pris conscience que les partenariats avec les organismes œuvrant auprès des immigrants et avec les organismes d'aide à l'établissement des immigrants travaillant auprès des communautés prioritaires (de Chinois, de Philippins et d’Asiatiques du sud) seraient la clé du succès du programme.

En faisant du réseautage au sein d'une variété d’avenues, notamment des conférences (comme la North American Refugee Health Conference and Metropolis), des organismes communautaires (comme les organismes de lutte contre le sida) et des réseaux (comme le Ontario Settlement Network et l’Ontario Council of Agencies Serving Immigrants), CATIE a identifié et communiqué avec des partenaires clés durant la première année du programme.

CATIE a, en outre, cherché l’appui et le soutien de leaders communautaires, ce qui lui a permis d’entrevoir des occasions pour travailler avec les clients et le personnel des organismes œuvrant auprès des immigrants et avec des organismes d’aide à l’établissement des immigrants au sein de chacune des communautés. CATIE a trouvé ces leaders communautaires dans les conférences, en faisant de la prospection téléphonique et en réseautant avec les différents organismes.

La réceptivité des communautés

Chacune des communautés avec lesquelles CATIE travaille est appuyée par différents organismes communautaires, réseaux et différentes infrastructures. Les communautés d’origine chinoise et d’Asie du Sud possèdent des réseaux de santé et des organismes de santé bien établis, mais il n’existe aucun réseau ni organisme axé sur la santé au sein de la communauté philippine. Au début du programme, chaque communauté se trouvait à un stade différent en termes de développement communautaire en matière de santé, et il a fallu que CATIE rejoigne différentes ressources et coordonne son travail avec ses dernières afin d’atteindre les objectifs du programme.

Des différences dans les programmes et dans l’infrastructure de chaque communauté ont influencé la façon dont CATIE a travaillé avec les divers groupes d’immigrants. Même si CATIE a eu de nombreuses possibilités de s'intégrer à des réseaux plus vastes et dans des organismes communautaires bien établis se concentrant sur la santé au sein des communautés d’origine chinoise et d’Asie du Sud, ces possibilités se sont faites plus rares en ce qui concerne les réseaux et l’élaboration de programmes liés à la santé au sein de la communauté philippine. Afin de surmonter cet obstacle, CATIE travaille de façon plus directe avec différents groupes communautaires au sein de la communauté philippine.

Le rôle des partenaires communautaires

Les partenaires communautaires ont joué un rôle clé en siégeant aux conseils consultatifs communautaires, car ces derniers ont aidé à orienter le projet pendant les premières années. Les membres des conseils consultatifs occupaient des rôles spécialisés, se concentrant sur la coordination des premières traductions, l’élaboration du curriculum, des ressources ou de la campagne médiatique du projet. Grâce à leur participation au sein des conseils consultatifs communautaires, les représentants de différents groupes communautaires ont eu l’occasion de faire preuve de leadership, de défendre les droits et d’établir des relations. Parfois, les réunions du conseil étaient la première opportunité que ces groupes avaient de discuter des enjeux de santé au sein de leur communauté.

Les partenaires communautaires ont également aidé le programme à recruter des animateurs et des participants aux ateliers, on les a consultés pour que le curriculum de santé d'un enjeu important respecte les différences culturelles et ces derniers ont fait du réseautage au sein de leur propre communauté. Les partenaires communautaires ont été rémunérés pour le temps que leur personnel a passé à siéger sur les conseils consultatifs communautaires et pour tout travail d’animation ou autre lié au projet.

La structure des conseils consultatifs communautaires

Un conseil consultatif communautaire distinct a été mis en place pour chacune des quatre communautés prioritaires. Les conseils consultatifs communautaires étaient structurés de façon à assurer la représentation adéquate de la communauté en question. Les rôles de chaque conseil étaient adaptés au plan de travail du projet, et des membres clés du conseil aidaient à l’élaboration de ressources d’information sur la santé, de programmes d’ateliers et de messages pour une campagne médiatique. Chaque conseil consultatif communautaire incluait :

  • Un leader communautaire/leader d’opinion clé. Ces personnes étaient souvent un directeur général ou un leader d’un organisme appuyant les personnes au sein de la communauté. Elles étaient également disponibles pour les entrevues médiatiques ou pour faire des commentaires sur la question de l’hépatite C.
  • Un animateur communautaire bilingue. Des animateurs compétents en matière de santé ont été recrutés par le biais des partenaires communautaires, des programmes de leadership et des organismes professionnels.
  • Un spécialiste en médias. Ces personnes effectuaient des recherches sur le contenu à utiliser dans notre atelier en compétence médiatique et fournissaient leur rétroaction quant à notre campagne médiatique.
  • Deux lecteurs critiques d’ateliers et de ressources. Chaque conseil avait au moins un lecteur critique médical et un lecteur critique communautaire pour la documentation traduite et le contenu des ateliers.
  • D'un à trois représentants de nos partenaires communautaires. Ces personnes représentaient les organismes communautaires où CATIE avait tenu ses premiers ateliers : Connaissances des médias et en santé (Media Literacy and Health Literacy) et Santé des immigrants et hépatite C (Immigrant Health and Hepatitis C).

Lors des premières années du programme, les coordonnateurs ont continué à sauter sur les occasions de partenariat à mesure qu’elles se présentaient. À l’avenir, CATIE rédigera chaque année des stratégies spécifiques à chaque population, qui souligneront le travail axé sur le partenariat avec les organismes communautaires et la participation au sein des réseaux dans le but d’atteindre des groupes précis et de créer des liens vers les services de santé communautaire. Ce type d’approche ciblée et personnalisée pourrait être élaborée et mise en œuvre pour différents groupes et différents cadres.