Programme One-Step PrEP

Programme One-Step PrEP

Seattle, É.-U.
2019

Le programme One-Step PrEP permet l’accès à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) par l’entremise d’une clinique de PrEP gérée par des pharmaciens et située dans une pharmacie communautaire. L’utilisation de ce modèle a entraîné des taux élevés d’initiation à la PrEP.

Description du programme

Cette clinique de PrEP spécialisée en VIH et gérée par des pharmaciens est située à Seattle, Washington, dans une pharmacie indépendante. L’équipe du programme One-Step PrEP se composait de pharmaciens cliniques qui initiaient et géraient la distribution de la PrEP, ainsi que de membres auxiliaires du personnel en pharmacie qui aidaient pour les tâches administratives et en pharmacie (p. ex. : traiter les ordonnances, fixer les rendez-vous).

Le programme a nécessité un accord de collaboration de traitement médicamenteux afin d’établir une relation entre les pharmaciens et un directeur médical (un médecin spécialisé en VIH dans le cas présent). Cet accord de collaboration de traitement médicamenteux permettait aux pharmaciens d’assumer certains rôles qui sont habituellement en dehors de leur champ de pratique. Les pharmaciens suivaient une formation à l’aide de six modules autodirigés qui incluaient de l’information sur les lignes directrices pour la PrEP du Center for Disease Control and Prevention (CDC), des essais cliniques, des approches de dépistage et de traitement, des questionnaires sur les antécédents sexuels et du counseling pour la réduction des risques. Des formations sur les compétences étaient offertes à intervalles réguliers. De plus, les pharmaciens participaient à des formations continues par le biais d’examens de cas.

Des organismes communautaires et des services locaux de santé publique dirigeaient les clients vers le programme. Un plan de marketing avait été mis en œuvre pour faciliter le recrutement. Une fois qu’ils avaient été dirigés vers le programme, les clients bénéficiaient d’une première consultation avec un pharmacien durant laquelle on consignait leurs antécédents médicaux et sexuels et on effectuait des analyses de laboratoire conformément aux lignes directrices du CDC. Si les clients obtenaient un résultat négatif au test de VIH et qu’ils se qualifiaient pour la PrEP, on la leur offrait pour 30 jours et cette dernière était distribuée par le biais de la clinique (les clients pouvaient également choisir que leur PrEP soit distribuée par la pharmacie de leur choix) et on les inscrivait à l’option de renouvellement automatique. Les clients recevaient aussi :

  • Du counseling de la part du pharmacien sur les effets secondaires et l’observance thérapeutique liés à la PrEP
  • De l’aiguillage pour des programmes de santé mentale et d’utilisation de substances, au besoin
  • La coordination de leurs assurances, au besoin
  • Des rendez-vous de suivi de 30 minutes avec les pharmaciens en clinique durant lesquels ces derniers effectuaient tous les tests de dépistage réguliers, y compris les tests de dépistage pour le VIH et les infections transmissibles sexuellement (ITS) lors du premier mois et ensuite tous les trois mois (des rappels faits par appels téléphoniques, textos et courriels étaient utilisés)
  • Un traitement pour ITS, si le client recevait un diagnostic positif
  • Du counseling sur la réduction des risques liés au comportement

On dirigeait les clients vers leur médecin de soins primaires ou au directeur médical en cas de préoccupations en dehors du champ de pratique des pharmaciens en vertu de l’accord de collaboration de traitement médicamenteux. Si les clients n’avaient pas de médecin de soins primaires, on leur demandait de s’en trouver un dans l’année suivant le début du programme.

Si les clients se présentaient au programme de PrEP et qu’ils avaient obtenu un résultat positif à un test préliminaire de VIH, on les dirigeait immédiatement vers le directeur médical.

Conclusions

Entre mars 2015 et février 2018, 714 clients ont été évalués au sein de la clinique de PrEP gérée par des pharmaciens et 695 (97 %) personnes ont entamé la PrEP. Parmi les participants ayant entamé la PrEP :

  • L’âge moyen était d’environ 35 ans
  • 99 % étaient des hommes cisgenres
  • L’indication principale pour la PrEP était un comportement sexuel à risque élevé chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes
  • 74 % ont entamé la médication la même journée

En date de février 2018, trois cent soixante-douze clients visitaient encore activement la clinique gérée par des pharmaciens; 11 % d’entre eux avaient entamé la PrEP utilisée à la clinique, avaient brièvement arrêté et y étaient retournés. Parmi les 323 clients qui avaient abandonné les services et qui n’étaient pas retournés à la clinique, 34 % avaient transféré leurs soins et étaient arrimés à un fournisseur de soins primaires, 41 % avaient été perdus de vue au suivi, 11 % avaient déménagé et 12 % présentaient un risque perçu réduit. Aucune séroconversion au VIH n’a été observée chez les clients qui participaient au programme. Un client a obtenu un diagnostic positif au VIH après avoir quitté le programme durant trois mois.

Le dépistage des ITS faisait partie intégrante de ce programme. Les résultats ont démontré que 207 ITS avaient été diagnostiquées chez 135 clients, notamment 104 cas de chlamydia et 66 cas de gonorrhée. La majorité des cas de chlamydia et de gonorrhée avaient été décelés à l'aide d'un dépistage rectal.

Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services?

Le programme One-Step PrEP démontre une façon d’accroître l’accès à la PrEP via l'utilisation d'une clinique gérée par des pharmaciens, qui pourrait accroître l’accès pour les personnes qui n’ont pas recours aux services de santé dans des cadres traditionnels ou aux endroits où l’accès à la PrEP est limité. Le champ de pratique des pharmaciens, y compris leurs compétences à prescrire, devrait être pris en compte dans d’autres pays.

La prestation de ce programme dans une clinique gérée par des pharmaciens a nécessité l’élaboration de procédures de dépistage détaillées, et les pharmaciens devaient obtenir une certification en phlébotomie afin d’effectuer les analyses sanguines nécessaires. La pharmacie devait aussi posséder la capacité d’envoyer les tests aux laboratoires externes. Des procédures détaillées devraient être mises en place dans toute pharmacie souhaitant offrir un programme semblable.

Ressources connexes

Outil de rappel par texto – Étude de cas

Programme Making the Links – Étude de cas

Référence

Tung EL, Thomas A, Eichner A et coll., Implementation of a community pharmacy-based pre-exposure prophylaxis service: a novel model for pre-exposure prophylaxis care, Sexual Health, 2018;15:556-61.

 

Mettre le dépistage des ITSS à la disposition des consommateurs de drogues

Nine Circles Community Health Centre
Manitoba

Mettre le dépistage des ITSS à la disposition des consommateurs de drogues

2019

Aperçu

Le centre de santé communautaire Nine Circles (Nine Circles) a intégré une infirmière autorisée (IA) dans une salle de distribution de matériel de réduction des méfaits durant une heure par jour, quatre jours par semaine. Un éducateur en santé, que l’on appelle un « animateur communautaire », distribue le matériel d’injection de drogues dont les clients ont besoin et leur demande s’ils souhaitent passer un test de dépistage pour les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Si les clients acceptent, l’animateur communautaire les réfère directement à l’infirmière si elle est présente, ou il indique aux clients les heures durant lesquelles le dépistage est offert. L’objectif de cette initiative vise à accroître le dépistage des ITSS, notamment du VIH, de l’hépatite C, de la syphilis et de la gonorrhée chez les consommateurs de drogues injectables. Parmi les options pour le dépistage, notons : les échantillons de sang et d’urine, les échantillons prélevés dans la gorge et le rectum et le dépistage aux points de service (c.-à-d. les tests de dépistage rapide du VIH). Par ailleurs, le programme a également comme objectif d’arrimer les clients aux services de soins primaires sur place si ces derniers n’ont pas de fournisseur de soins. Nine Circles offre des soins primaires exhaustifs, des services de soutien social, d’éducation et de prévention favorisant ainsi des communautés plus saines pour les Manitobains.

Raison d’être du programme

Nine Circles faisait partie d'un projet mené par le Manitoba HIV Collective Impact Network, qui s’efforce de transformer le portrait du VIH au Manitoba en réduisant la stigmatisation et en offrant de la prévention ainsi que des initiatives de dépistage et d’arrimage. Ce projet consistait à passer en revue qui utilise actuellement les services de dépistage, à élaborer des possibilités de collaboration pour faire participer les populations difficiles à rejoindre et à partager les outils et les pratiques exemplaires connexes pour effectuer des évaluations de santé sexuelle. L’étude incluait également un sondage pour les clients, un groupe de discussion pour les éducateurs et les cliniciens qui effectuent les tests de dépistage du VIH et des ITSS ainsi qu’un rapport final qui soulignait les conclusions de cette étude et proposait des recommandations sur les prochaines étapes.

En fonction des recommandations ressortant du rapport, Nine Circles a admis que les clients qui avaient accès à ses services à exigences peu élevées de distribution de matériel de réduction des méfaits ne profitaient pas des autres services de santé offerts au centre de santé communautaire (p. ex. : soins primaires, dépistage des ITSS). En réponse à ce besoin qui a ainsi été identifié, une infirmière de la clinique de santé a été intégrée au programme de réduction des méfaits durant une heure par jour, quatre jours par semaine afin d’offrir du dépistage et de l’arrimage aux soins primaires aux consommateurs de drogues. Ce programme a commencé le 3 juillet 2018.

Tammy Reimer, directrice, Promotion de la santé et des soins alliés chez Nine Circles, explique :

« …nous essayons encore de trouver des façons d’inciter les personnes qui ne profitaient pas des soins offerts à nous rendre visite et à s’adapter à notre système (p. ex. : prendre un rendez-vous et y venir, attendre à la clinique sans rendez-vous). Le défi était de réfléchir à quoi ça ressemblerait pour nous d’inciter un client à franchir nos portes. Ce que nous devions faire était d’utiliser l’espace / le programme où le personnel avait déjà développé un lien de confiance et d’exploiter cela en offrant le dépistage et des soins primaires ultérieurs ».

Mise en œuvre du programme

Lorsqu’un client visite le programme de réduction des méfaits de Nine Circles, il peut demander du matériel pour consommer des drogues à l’animateur communautaire qui est membre de l’équipe en éducation de la santé. L’animateur communautaire, grâce à ses interactions avec le client, lui demande s’il souhaite passer un test de dépistage des ITSS. Les lundis, mardis, jeudis ou vendredis, entre 13 h et 14 h, l’animateur communautaire dirige directement le client vers une IA s'il accepte de passer un test de dépistage. Les autres jours et en dehors de ces heures, on encourage le client à revenir durant les heures où l’on effectue les tests de dépistage pour qu’il les passe. 

L’infirmière entre d’abord en contact avec un client dans la salle de distribution du matériel et elle effectue le test de dépistage dans une salle d’examen, un bureau ou la salle de distribution du matériel, bien que cette dernière option soit moins fréquente. L’infirmière fait part au client de ses options de dépistage, soit le dépistage aux points de service, les prélèvements et les échantillons d’urine et de sang, et le client détermine quels tests de dépistage des ITSS il veut (p. ex. : chlamydia, gonorrhée, syphilis, VIH, hépatite C), ainsi que le type de test qu’il souhaite passer. Le client donne un consentement verbal, et l’infirmière procède à la collecte des échantillons à analyser. Le rôle de l’infirmière consiste également à apprendre à connaître les clients et à établir un lien de confiance.

Les clients obtiennent immédiatement les résultats du dépistage aux points de service. Pour les autres types de tests de dépistage, le client peut fournir un numéro de téléphone ou un courriel, et l’infirmière fera un suivi avec ce dernier dans une à deux semaines si l’un des tests s’avère positif. Si le client ne peut pas fournir de coordonnées, on l’encourage à revenir voir l’animateur communautaire sous une à deux semaines pour obtenir le résultat de ses tests ou prendre rendez-vous au centre de santé.

Lorsqu’il est question d’arrimage des clients aux soins primaires, l’infirmière leur demande s’ils ont déjà un fournisseur de soins primaires, et pour ceux qui n’en ont pas, s’ils souhaitent qu’elle leur en réfère un. Selon l’étape où ils en sont, il se peut qu’ils souhaitent être arrimés à un fournisseur ou encore qu’ils préfèrent consulter l’infirmière spécialisée en infections transmissibles sexuellement (ITS) s’ils ont besoin d’un traitement pour une ITS. Conformément à une directive (permettant que des procédures particulières soient déléguées et effectuées par un autre professionnel de la santé), les infirmières peuvent actuellement offrir le traitement des ITS chez Nine Circles et, à l’avenir, elles pourront le faire de manière autonome après avoir complété une formation avancée en prescription (probablement d’ici 2020).

Dans le cadre de ce programme, l’infirmière est soumise à des exigences en matière de documentation, qui nécessitent jusqu’à environ 30 minutes additionnelles par jour. L’infirmière crée un tableau pour le client (avec sa permission) et recueille des données comme si le client passait un test de dépistage pour la première fois et les résultats du test, puis elle recueille de l’information sur tout test que le client refait. La mise en œuvre de cette initiative ne nécessite aucun fonds additionnel.

Qu’a accompli le programme ?

Une évaluation des 12 premières semaines du programme indique qu’une infirmière était disponible dans la salle de distribution du matériel durant un total de 44 heures (c.-à-d. 1 heure par jour, 4 jours par semaine). Durant ce temps, 17 personnes ont discuté avec l’infirmière au sujet du dépistage, et 15 d’entre elles ont accepté de passer un test de dépistage. Parmi ces 15 clients :

  • 40 % (6) passaient un test de dépistage pour la première fois (c.-à-d. des personnes qui n’avaient jamais passé de test de dépistage pour une ITSS) ;
  • 40 % (6) ont obtenu un résultat positif pour une ITSS ou plus d’une (3 personnes étaient atteintes de plusieurs infections) ;
  • 80 % (12) ont accepté de passer un test de dépistage du VIH, de l’hépatite C et de la syphilis;
  • 33 % (5) ont choisi le test de dépistage du VIH aux points de service;
  • 33 % (5) ont effectué un suivi, soit en retournant à un rendez-vous fixé ou en faisant un suivi avec leur fournisseur de soins primaires, et 4 personnes ont souhaité être dirigées vers un fournisseur de soins primaires chez Nine Circles;
  • Il n’y a eu aucun test réactif au VIH ou à l’hépatite C.

Quels ont été les défis et quelles les leçons en ont été tirées ?

Le programme met le dépistage des ITSS à la disposition des clients dans un contexte où il y a peu d’obstacles et où un lien de confiance peut se développer entre le personnel et les utilisateurs de services. Toutefois, il peut s’avérer difficile d’arrimer les clients aux rendez-vous de suivi et aux services de traitement après que ces derniers aient obtenu un diagnostic pour une ITSS, étant donné que certains clients poursuivent leur traitement jusqu’au bout et d’autres non.

Ce programme en est à ses débuts, et l’infirmière ne travaille actuellement dans la salle de distribution du matériel qu'une heure par jour. Il peut donc être difficile d’établir un lien avec les clients en raison de la disponibilité restreinte de l’infirmière. À mesure que le programme continuera d’être offert et que nous en tirerons des leçons, des modifications pourront être apportées aux approches utilisées.

Concluons par le meilleur conseil de Kim Witges, directrice clinique chez Nine Circles :

« Faites participer votre personnel et laissez-le prendre l’initiative sur ce qui doit survenir, ça peut échouer ou réussir, mais laissez-le s’épanouir. Soyez prêt à ne pas avoir toutes les réponses avant de commencer, mais efforcez-vous de les obtenir en cours de route. »

Coordonnées

Kim Witges, directrice clinique
Centre de santé communautaire Nine Circles
705 Broadway
Winnipeg, MB
R3G 0X2
Courriel : kwitges@ninecircles.ca

 

Check Hep C

Check Hep C

Ville de New York, É.-U.
2019

Check Hep C est un programme communautaire à New York, axé sur l’arrimage aux soins et la navigation pour les patients suivant un traitement pour l’hépatite C et provenant de populations à risque élevé, notamment les personnes qui consomment des drogues. Ce programme est basé dans les centres de santé communautaire et les programmes de seringues et d'aiguilles (PSA). Les navigateurs de patients appuient des personnes tout au long de leur processus de dépistage, diagnostic et traitement. Durant la première année, ce programme a arrimé avec succès 85 % des personnes ayant reçu un diagnostic d’infection à l’hépatite C à traiter. Trente pour cent des participants au programme qui avaient obtenu un diagnostic d’infection à l’hépatite C ont été guéris durant la deuxième année du programme.

Description du programme1,2

Le programme Check Hep C a été introduit dans des centres de santé communautaire et des programmes de réduction des méfaits situés dans des quartiers défavorisés présentant des taux élevés d’hépatite C, et qui desservent en majorité des populations minoritaires. Les centres de santé communautaire ont offert sur place des soins, traitements, programmes de réduction des méfaits et services sociaux liés à l’hépatite C. L’élément essentiel du programme était un navigateur de patients dans chaque site qui aidait ces derniers lors de leurs soins et traitement pour l’hépatite C. Les navigateurs évaluaient les besoins du patient en santé physique et mentale, consommation de substances et soutien social.

Les participants au programme ont été recrutés via des efforts de sensibilisation dans les centres de santé communautaire et les PSA participants et au sein de la communauté. Avant de commencer le programme, les patients passaient un test d’anticorps dans un point de service et recevaient les résultats de dépistage de ce test lors du même rendez-vous. Si le résultat du test était positif, on effectuait un prélèvement sanguin lors du même rendez-vous pour le test de confirmation d’ARN et les patients obtenaient généralement les résultats du test de confirmation d’ARN dans les sept jours.

Si les patients recevaient un diagnostic d’infection chronique à l’hépatite C, on les dirigeait vers un navigateur de patients dans un centre de santé communautaire ou un PSA. Les participants des centres de santé communautaire avaient accès à des soins cliniques sur place tandis que les patients évalués dans le cadre de PSA étaient arrimés à des soins cliniques externes. Chaque participant obtenait un plan de soins en fonction de son évaluation. Les navigateurs de patients étaient formés pour offrir des services exhaustifs d’arrimage vers les soins, notamment :

  • Création et respect d’un plan de soins pour chaque patient
  • Prise des rendez-vous médicaux pour leurs clients et accompagnement au besoin
  • Gestion de cas pour aborder les obstacles aux soins
  • Counseling pour assurer l’état de préparation au traitement et son respect
  • Éducation à la santé et arrimage vers d’autres services
  • Inscription aux programmes d’avantages sociaux et aide pour les assurances

Résultats

Durant la première année du programme, une étude1 (2012 à 2013) a examiné la capacité du programme Check Hep C à effectuer des tests de dépistage et de confirmation, à arrimer les personnes vers les soins et à commencer un traitement (au moment de l’étude, seul le traitement à base d’interféron était offert). Cette étude a été menée dans 12 sites, y compris des centres de santé communautaire et des PSA. On considérait qu’un patient était arrimé aux soins s’il s’était présenté à au moins un rendez-vous médical pour son hépatite C après avoir obtenu son diagnostic.

  • Un total de 4 751 personnes ont passé un test pour l’infection à l’hépatite C, parmi lesquelles il a été confirmé que 512 (11 %) étaient actuellement atteintes d’une infection.
  • Parmi les personnes atteintes actuellement d’une infection, 435 (85 %) se sont présentées à au moins un rendez-vous médical pour leur hépatite C.  

L’étude a suivi les patients qui étaient arrimés aux soins sur place dans un centre de santé communautaire. Parmi les 157 patients arrimés à des soins durant la première année :

  • 30 % étaient considérés comme des candidats au traitement
  • 9 % ont commencé un traitement
  • 4 % ont été guéris (43 % des patients qui avaient commencé un traitement ont été guéris)

Durant la deuxième année du programme, soit de 2014 à 20152, une étude distincte a suivi les participants après qu’ils aient déjà reçu un diagnostic d’infection chronique à l’hépatite C. Cette dernière étude a été menée dans deux centres de santé communautaire et dans deux PSA qui avaient déjà participé au programme durant la première année du programme. Soixante et un pour cent des participants étaient nés entre 1945 et 1965, 73 % d’entre eux étaient des hommes (26 % des femmes et 1 % des transgenres), 49 % ont signalé être dépendants de drogues non injectables au cours de la dernière année, y compris un traitement de substitution aux opiacés, et 28 % ont signalé avoir des troubles de santé mentale. Parmi les 388 participants inscrits au programme :

  • 77 % ont effectué une évaluation médicale pour l’hépatite C (arrimage vers les soins)
  • 61 % étaient admissibles au traitement (à l’aide d’antirétroviraux à action directe [AAD])
  • 33 % ont commencé un traitement
  • 30 % ont été guéris (91 % des patients qui avaient commencé un traitement ont été guéris)

Ce taux de guérison de 30 % représente une augmentation deux fois supérieure au taux de guérison total estimé de 12 % à 15 % à New York.3

Les participants qui étaient évalués sur place dans les centres de santé communautaire étaient considérablement plus susceptibles d’être admissibles au traitement (86 %) que les participants qui avaient été aiguillés aux services hors site (76 %) et ils avaient deux fois plus tendance à commencer un traitement (46 %) que les participants hors site (25 %). Aucune différence importante n’a été signalée dans les taux de guérison entre les deux groupes.

Certains participants plus susceptibles de commencer un traitement que d’autres

Dans l’étude de 2012 à 2013,1 de nombreux participants n’étaient pas considérés comme étant des candidats au traitement parce qu’ils souffraient d’autres troubles de santé conflictuels, qu’ils n’étaient pas atteints de fibrose hépatique, qu’ils présentaient des problèmes récurrents de consommation d’alcool ou de drogues ou encore qu’on les avait perdus de vue après le suivi, ce qui a généré un nombre total faible de personnes sous traitement. Au moment où se déroulait l’étude, seul le traitement par interféron était offert. Les auteurs suggèrent que de nombreux fournisseurs attendaient que les nouveaux traitements plus efficaces aux antirétroviraux à action directe soient offerts avant de prescrire un traitement. 

En 2014-2015, les traitements à l’aide des AAD étaient devenus disponibles, même si des lignes directrices strictes, établies par les assureurs de soins médicaux, empêchaient de nombreux patients d’avoir accès à ces médicaments. Parmi les raisons de leur inadmissibilité, les assureurs mettaient en avant la consommation active de drogues, les troubles de santé conflictuels et la consommation actuelle d’alcool. Les participants atteints de fibrose plus grave (degré de fibrose de F3 ou F4) étaient deux fois plus susceptibles de commencer un traitement que ceux atteints de fibrose moins grave (F1 ou F2), et les participants nés entre 1945 et 1965 étaient deux fois plus susceptibles de commencer un traitement que tous les autres groupes d’âge. Les participants sans-abris, qui consommaient des drogues injectables, de l’alcool ou qui étaient dépendants aux drogues chimiques avaient moins tendance à commencer un traitement que ceux qui possédaient un logement et (ou) qui n’utilisaient pas de substances.

Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services?

Les personnes qui consomment des drogues continuent de faire face à des obstacles considérables pour obtenir un traitement, comme le manque d’accès aux soins de santé, la stigmatisation et la discrimination associées à la consommation de substances. De ce fait, l’arrimage aux soins est encore plus essentiel parce que les nouveaux traitements à AAD sont hautement efficaces et faciles à suivre tout en étant accessibles et peu soumis à des restrictions au Canada. La présente étude démontre que des taux de guérison élevés de l’hépatite C peuvent être atteints au sein des populations traditionnellement mal desservies par le système de soins de santé lorsque des navigateurs de la santé font partie de leur plan de soins.

Les navigateurs de patients ont joué un rôle crucial dans ce programme en aidant les clients à naviguer au sein du continuum de soins liés au VHC, y compris le dépistage, le diagnostic et le traitement. On observe en général une perte considérable de patients à chaque étape et le recours aux navigateurs de patients a aidé à atténuer cette situation.

Le modèle du programme Check Hep C démontre également l’efficacité du dépistage aux points de service suivi immédiatement de prélèvements sanguins pour un test de confirmation. Ce dépistage pouvant être effectué en un seul rendez-vous (suivi d’une attente de sept jours pour les résultats des tests d’ARN), un diagnostic d’hépatite C peut être posé en un temps plus court, réduisant ainsi le risque de perdre un patient au suivi.

Ressources connexes

Le dépistage de l’hépatite C au point de service : Quel est son impact sur le dépistage et l’arrimage aux soins?

HepTLC – sommaire de données probantes

Navigation pour les patients – sommaire de données probantes

Équipe Hépatite C de l’Ontario : Programme de lutte contre l’hépatite virale de l’Hôpital d’Ottawa – Étude de cas

Lignes directrices de pratique pour les pairs navigateurs de la santé auprès des personnes vivant avec le VIH

Références

  1. Ford MM, Jordan AE, Johnson N et coll., Check Hep C: a community-based approach to hepatitis C diagnosis and linkage to care in high-risk populations, Journal of Public Health Management and Practice, 2018:24(1):41–8.
  2. Ford M, Johnson N, Desai P et coll., From care to cure: demonstrating a model of clinical patient navigation for hepatitis C care and treatment among high-need patients, Clinical Infectious Diseases, 2017:64(5):685–91.
  3. Balter S, Stark JH, Kennedy J et coll., Estimating the prevalence of hepatitis C infection in New York City using surveillance data, Epidemiology and Infection, 2014 fév.;142(2):262–9.