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Le complexe Mycobacterium avium (MAC)

Sommaire

Le complexe Mycobacterium avium (MAC) est constitué de bactéries qui peuvent causer une infection bactérienne potentiellement mortelle. Cette maladie est aussi appelée MAC et touche les personnes vivant avec le VIH dont le système immunitaire est gravement atteint et qui ne prennent aucun médicament anti‑VIH (soit un traitement antirétroviral ou TAR), ni agents de prévention du MAC. Mais grâce au TAR, le MAC est devenu une affection relativement rare au Canada et dans les autres pays à revenu élevé.

Les personnes séropositives pour le VIH dont le compte de CD4 est inférieur à 50 cellules/mm3 sont particulièrement vulnérables au MAC. Les symptômes comprennent entre autres fièvre, perte de poids, sueurs/frissons, diarrhée, crampes, fatigue inattendue et anémie (faible nombre de globules rouges). On a recours à des antibiotiques pour prévenir et traiter le MAC.

Qu’est‑ce que le MAC?

Le MAC est causé par des bactéries appelées Mycobacterium avium. Ces bactéries sont très présentes dans l’environnement. On trouve le MAC dans le sol, les aliments, la poussière et l’eau. Il pénètre probablement dans l’organisme pendant la respiration ou l’ingestion de nourriture ou d’eau.

Le MAC fait partie des infections dites opportunistes qui peuvent se manifester chez les personnes vivant avec le VIH. Ces infections ne se produisent qu’en présence d’un système immunitaire très affaibli qui rend le corps vulnérable aux infections qu’un organisme en bonne santé combattrait très bien. Presque tout le monde est porteur de la bactérie qui cause le MAC, mais c’est uniquement chez les personnes dont le système immunitaire est très affaibli que cette bactérie évolue en infection.

Le MAC peut ne toucher qu’une partie du corps, comme les poumons ou le système digestif, ou il peut se propager dans tout le corps. Lorsqu’il s’est répandu dans tout le corps, on parle d’infection disséminée.

Qui est vulnérable au MAC?

Les personnes dont le système immunitaire est affaibli à cause du VIH, d’un cancer ou d’un traitement corticostéroïdien de longue durée, ainsi que les receveurs d’une greffe d’organe ou de moelle osseuse sont vulnérables au MAC.

Les personnes vivant avec le VIH les plus vulnérables au MAC sont celles :

  • dont le compte de CD4 est inférieur à 50 cellules/mm3
  • dont la charge virale est supérieure à 100 000 copies/ml
  • qui ont déjà souffert du MAC ou d’une autre infection opportuniste  

Symptômes

Les symptômes du MAC peuvent inclure :

  • fièvre
  • perte de poids
  • sueurs/frissons
  • diarrhée
  • crampes
  • douleur abdominale
  • fatigue inattendue
  • anémie (faible nombre de globules rouges)

Ces symptômes sont souvent très légers au début de l’infection. En fait, plusieurs semaines ou mois pourront s’écouler avant même que la personne infectée ne se sente malade.

Diagnostic

Comme les symptômes du MAC sont propres à plusieurs autres infections, votre médecin pourra ordonner quelques tests pour en confirmer le diagnostic. Ces tests de dépistage de la bactérie du MAC peuvent consister en des analyses d’échantillons de sang, de tissus, de liquides organiques ou de moelle osseuse. On évite habituellement de recourir à une analyse de moelle osseuse en raison de la nature envahissante du test. Le taux des enzymes hépatiques ALP (phosphatase alcaline) dans le sang est parfois élevé dans les cas de MAC.

Le MAC peut être difficile à diagnostiquer puisque la bactérie qui en est responsable n’est pas toujours identifiable chez les personnes atteintes.

Traitement

Compte tenu de la gravité de la maladie et de la difficulté à en poser le diagnostic, les médecins prescrivent dans bien des cas un traitement dès qu’ils soupçonnent une infection à MAC. Deux antibiotiques ou plus s’imposent normalement car les bactéries responsables du MAC peuvent rapidement acquérir une résistance aux effets d’un antibiotique administré seul.

Le médicament de prédilection est la clarithromycine (commercialisée sous le nom de Biaxin). En cas d’intolérance à ce médicament ou d’interactions avec d’autres médicaments que vous prenez, vous pourrez alors vous voir prescrire de l’azithromycine (commercialisée sous le nom de Zithromax). Ces deux médicaments protègent également contre d’autres infections bactériennes des voies respiratoires.

L’éthambutol (Myambutol) est le médicament de deuxième intention recommandé. Certains médecins en prescrivent un troisième, voire un quatrième qui selon le cas pourrait être la rifabutine ou d’autres médicaments s’administrant par injection.

Il est important de prendre ces médicaments exactement tel que votre médecin les a prescrits. Si vous sautez une dose de ces médicaments ou en interrompez la prise pour la reprendre, les bactéries responsables du MAC pourront devenir résistantes à l’effet thérapeutique de ces agents. Si vous avez de la difficulté à prendre vos médicaments tous les jours tels que prescrits, parlez-en à votre médecin ou infirmière tout de suite.

Les effets secondaires de la clarithromycine et de l’azithromycine peuvent comprendre :

  • nausées
  • vomissements
  • douleurs abdominales
  • goût désagréable dans la bouche
  •  atteinte hépatique et réactions d’hypersensibilité

Si les effets secondaires vous dérangent, demandez des conseils à votre médecin pour les soulager.

Les symptômes du MAC s’améliorent habituellement en l’espace de deux à quatre semaines après le début du traitement, mais peuvent durer plus longtemps en cas d’atteinte plus étendue ou d’un système immunitaire plus gravement affaibli. Si les symptômes ne s’améliorent pas au bout de quatre à huit semaines de traitement, il se peut que d’autres analyses sanguines soient nécessaires. Si les bactéries du MAC s’avèrent toujours présentes dans le sang, le médecin pourra prescrire une nouvelle combinaison de médicaments.

Si un diagnostic de MAC est posé alors que vous ne suivez pas de TAR, les lignes directrices de traitement recommandent que vous commenciez un traitement quel que soit votre compte de CD4. Cela devrait renforcer votre système immunitaire et vous aider à combattre l’infection. Afin de réduire le risque de complications et d’interactions médicamenteuses, suivez le traitement antibiotique pendant deux semaines avant de commencer le TAR. Si vous prenez déjà des agents anti‑VIH lorsque votre diagnostic de MAC est posé, continuez de les prendre sauf si votre médecin vous dit le contraire.

Le syndrome de reconstitution immunitaire, ou IRIS (de l’acronyme anglais immune reconstitution inflammatory syndrome), se manifestera chez une certaine proportion de personnes peu après le début du TAR. Les symptômes d’IRIS peuvent inclure de la fièvre et une aggravation du MAC (ou d’autres infections). Les personnes qui présentent des symptômes modérés à sévères d’IRIS alors qu’elles ont déjà débuté un TAR se verront probablement prescrire des médicaments comme des corticostéroïdes pour aider à réduire les symptômes d’IRIS.

Prévention

Il n’est pas possible d’éviter l’exposition aux bactéries responsables du MAC. La meilleure façon d’éviter cette maladie, c’est de maintenir un système immunitaire fort et un compte de CD4 nettement supérieur à 50. La prise du TAR tous les jours, exactement tel que le médecin vous l’a prescrite, peut aider à maintenir votre compte de CD4 au‑dessus de 50.

Selon les lignes directrices de traitement, toute personne séropositive pour le VIH dont le compte de CD4 est inférieur à 50 devrait recevoir un traitement pour aider à prévenir le MAC. Les antibiotiques recommandés dans pareil cas sont les suivants :

  • l’azithromycine (Zithromax)
  • la clarithromycine (Biaxin)

Il est déconseillé de prendre la clarithromycine et la rifabutine en association en raison des effets secondaires possibles.

En cas d’intolérance à l’azithromycine et à la clarithromycine, la rifabutine offre une solution de rechange, bien que cette dernière entre en interaction avec de nombreux médicaments d’usage courant, y compris certains médicaments anti‑VIH, les contraceptifs oraux et les antifongiques.

Le médicament que votre médecin vous a prescrit pour prévenir le MAC devrait se prendre jusqu’à ce que votre compte de CD4 ait remonté et se maintienne au‑dessus de 100 pendant au moins trois mois consécutifs. Surtout, ne cessez pas de prendre les médicaments que votre médecin vous a prescrits sans lui en avoir parlé.

Si, après avoir cessé votre traitement préventif anti‑MAC, votre compte de CD4 chute à nouveau sous la barre des 50, parlez à votre médecin de la possibilité de reprendre un traitement préventif anti‑MAC.

RÉFÉRENCE :

Panel on Opportunistic Infections in HIV-Infected Adults and Adolescents. Guidelines for the prevention and treatment of opportunistic infections in HIV-infected adults and adolescents: recommendations from the Centers for Disease Control and Prevention, the National Institutes of Health, and the HIV Medicine Association of the Infectious Diseases Society of America. October 19, 2015. Disponible à l’adresse : https://aidsinfo.nih.gov/guidelines/html/4/adult-and-adolescent-oi-prevention-and-treatment-guidelines/0

Auteur(s) : Koenig D, Hosein SR.

Traduction : A Côté

Publié : 2016