À la recherche de traitements contre la COVID-19

Le virus SRAS-CoV-2 est à l’origine d’une pandémie mondiale. Certaines personnes infectées par ce virus présentent des complications que l’on nomme COVID-19. Comme le SRAS-CoV-2 est nouveau pour l’humanité, il pourrait s’écouler plusieurs années avant que l’on mette au point de nouveaux antiviraux conçus spécifiquement pour attaquer ce virus.

Étant donné la nature catastrophique de la pandémie, les chercheurs se démènent pour évaluer des médicaments approuvés pour d’autres affections (habituellement de nature virale) afin de déterminer s’il est possible de les repositionner pour le traitement et la prévention du SRAS-CoV-2.

Un éventuel médicament repositionné ne sera pas nécessairement l’antiviral le plus efficace ou le plus puissant contre le SRAS-CoV-2. Cependant, en attendant l’approbation de traitements plus puissants, les médicaments repositionnés seront la seule option.

De l’ordinateur au laboratoire

Certains chercheurs ont effectué des simulations informatiques qui imitaient l’interaction entre des antiviraux et une enzyme essentielle utilisée par le SRAS-CoV-2. Cette enzyme porte le nom de RdRp (ARN polymérase ARN-dépendante).

Les simulations informatiques d’interactions moléculaires complexes sont imparfaites. Il n’empêche qu’elles constituent un bon point de départ pour déterminer quels composés devraient être mis à l’épreuve contre des cellules infectées par le coronavirus ou chez des animaux atteints par ce virus.

Médicaments repositionnés : prudence

Depuis 20 ans, les chercheurs déploient d’immenses efforts pour repositionner des médicaments (il s’agit de trouver de nouvelles indications pour de vieux médicaments) afin de combattre diverses maladies. Les simulations informatiques et les tests de laboratoire, y compris les expériences sur des animaux ou des humains, n’ont pas conduit à l’approbation de nombreux usages nouveaux pour des médicaments anciens, au moins dans les pays à revenu élevé.

De nombreux médicaments pourraient faire l’objet d’études de laboratoire sur des cellules et des animaux afin d’en évaluer l’efficacité contre le SRAS-CoV-2. Des simulations informatiques ont permis de proposer quelques médicaments candidats. Si les résultats des tests sur ces derniers s’avèrent prometteurs, ils pourront peut-être passer subséquemment à la phase des tests chez les humains. Nous avons mentionné quelques-uns des médicaments en question dans des numéros antérieurs de TraitementActualités.  

Face à la nature critique de la pandémie du coronavirus, les chercheurs et les médecins se sont vus obligés d’emprunter une des voies suivantes :

  • mener des expériences de laboratoire minutieuses sur des cellules et ensuite sur des animaux pour trouver des candidats dignes d’être repositionnés pour contrer la COVID-19; de telles expériences prennent beaucoup de temps et retardent la mise à l’épreuve des médicaments chez les personnes malades de la COVID-19
  • hâter la tenue d’essais cliniques des médicaments approuvés dans l’espoir qu’ils agissent contre la COVID-19

Les observateurs de la multitude d’études lancées depuis la découverte du SRAS-CoV-2 ont constaté qu’un grand nombre de celles-ci n’étaient pas conçues de manière rigoureuse. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs médicaments repositionnés aient échoué à procurer d’importants bienfaits cliniques, notamment en ce qui concerne l’indicateur de résultat particulier qu’est la survie après un diagnostic de COVID-19. Un seul médicament s’est révélé une exception jusqu’à présent, soit l’anti-inflammatoire dexaméthasone.

Le professeur Aled Edwards, Ph. D., de l’Université de Toronto, a fait équipe avec des chercheurs et médecins chevronnés et des membres de l’industrie pharmaceutique pour passer en revue l’histoire du repositionnement des médicaments. Ils ont donné les exemples suivants de médicaments repositionnés où une nouvelle indication pour un médicament ancien avait été approuvée par l’agence de réglementation d’un pays à revenu élevé :

  • Thalidomide : utilisée originalement comme sédatif chez les femmes enceintes puis retirée du marché à cause du risque d’anomalies pour le fœtus, la thalidomide a été réintroduite et repositionnée pour le traitement du myélome multiple.
  • Sildénafil : testé originalement par les chercheurs pour le traitement de maladies cardiovasculaires, le sildénafil a été repositionné pour traiter la dysfonction érectile chez l’homme
  • Minoxidil : utilisé à l’origine contre l’hypertension, le minoxidil est utilisé le plus couramment de nos jours pour traiter la perte de cheveux

Il est possible que la sélection quasi aléatoire et l’évaluation en masse d’autres composés aient donné lieu à l’approbation d’autres médicaments par les agences de réglementation pour le traitement de maladies différentes. Il reste que le nombre de médicaments de ce genre n’est sans doute pas énorme.

À l’avenir

En l’absence d’une percée majeure et rapide dans le traitement de la COVID-19, il est probable que la pandémie causée par le SRAS-CoV-2 sera avec nous longtemps, s’intensifiant et s’atténuant en alternance pour des raisons qu’il reste à élucider complètement. Même lorsque la pandémie actuelle se sera résorbée, certains chercheurs prévoient que d’autres pandémies pourraient être causées par des coronavirus à l’avenir. Face à une telle éventualité, il vaudrait la peine de lancer des programmes bien financés pour développer une variété de médicaments anti-coronavirus et les mettre rapidement à l’épreuve chez des animaux et des humains. Parallèlement à ces efforts, la recherche de candidats au repositionnement contre la COVID-19 doit se poursuivre dans le cadre d’essais cliniques.

Ressource

TraitementActualités 237 – Agents antiviraux contre la COVID-19

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

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