Programme d’orientation vers des services de prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH depuis un service d’urgence

Baltimore, États-Unis
2021

Un service d’urgence (SU) hospitalier a mis en place un programme pilote visant à intégrer l’orientation vers des services de PrEP dans le protocole de dépistage du VIH, afin de promouvoir le recours à la PrEP. La PrEP est une méthode très efficace de prévention du VIH, mais elle est actuellement sous-utilisée. Ce programme consistait à évaluer l’admissibilité à la PrEP des patient·e·s traité·e·s au SU, et si les patient·e·s étaient jugé·e·s admissibles et disposé·e·s à y recourir, ils étaient orienté·e·s vers un·e pair·e conseiller·ère. Sur les 119 patient·e·s auxquels·les on a proposé la PrEP, 33 % se sont dit·e·s prêt·e·s à être orienté·e·s vers des services de PrEP, et 74 % d’entre eux/elles ont été contacté·e·s par un·e pair·e conseiller·ère. Parmi ceux et celles qui ont été contacté·e·s par un·e pair·e conseiller·ère, 41 % ont pris un rendez-vous en vue de recevoir la PrEP et 10 % ont effectivement entamé le traitement préventif.

Description du programme

Le programme pilote d’orientation vers des services de PrEP depuis le SU a été mis en œuvre de décembre 2018 à avril 2019. Toute personne âgée de 12 ans ou plus s’étant présentée au SU a bénéficié d’un dépistage du VIH non ciblé, avec option de refus. Les patient·e·s étaient admissibles au programme d’orientation vers les services de PrEP s’ils ou elles remplissaient au moins l’un des critères suivants (d’après l’examen des dossiers médicaux) :

  • le résultat au test de dépistage du VIH effectué dans le cadre de la visite en cours ou dans les deux derniers mois était négatif;
  • d’après les analyses de laboratoire, le résultat au test de dépistage d’une infection transmissible sexuellement (chlamydiose, gonorrhée, trichomonase et syphilis) effectué dans le cadre de la visite au SU en cours ou dans les deux derniers mois indiquait un risque accru d’infection par le VIH.

Si les patient·e·s étaient admissibles au programme d’orientation vers les services de PrEP, un·e agent·e du programme leur demandait s’ils ou elles souhaitaient recevoir de l’information sur le VIH. Dans l’affirmative, les patient·e·s étaient invité·e·s à répondre verbalement à un questionnaire d’évaluation concernant l’orientation vers les services de PrEP, ou à le remplir eux/elles-mêmes en format électronique. Cet outil servait à évaluer le risque d’infection par le VIH, les connaissances concernant la PrEP, la disposition à recevoir une PrEP, ainsi que les opinions et l’attitude des patient·e·s concernant l’orientation vers des services de PrEP.

Si les patient·e·s étaient disposé·e·s à prendre une PrEP, l’agent·e du programme les orientait vers un·e pair·e conseiller·ère. Dans le cas contraire, l’agent·e du programme leur remettait des dépliants d’information. Les employé·e·s du SU étaient renseigné·e·s sur le projet pilote et pouvaient orienter les patient·e·s vers le programme si cette tâche s’intégrait dans leurs principales responsabilités professionnelles, mais ils ou elles n’étaient pas tenu·e·s de le faire.

Les patient·e·s qui étaient disposé·e·s à recevoir la PrEP étaient immédiatement mis·es en contact avec un·e pair·e conseiller·ère. Le·a pair·e conseiller·ère se présentait au SU pendant les heures ouvrables. Si les bénéficiaires potentiels de la PrEP se trouvaient au SU en dehors des heures ouvrables, le·a pair·e conseiller·ère les contactait dans les 24 heures. Le·a pair·e conseiller·ère fournissait des conseils et de l’information au sujet de la PrEP, et planifiait un rendez-vous dans une clinique de PrEP pour les personnes qui le souhaitaient.

Résultats

D’après l’examen des dossiers, 314 patient·e·s admis au SU étaient admissibles au programme d’orientation vers des services de PrEP. Sur ces 314 patient·e·s, 162 (52 %) ont été approché·e·s par un·e agent·e du programme au SU. Les principales raisons pour lesquelles certain·e·s patient·e·s n’ont pas été approché·e·s sont les suivantes : le·a patient·e était avec sa famille (26 %), le·a patient·e était en train de recevoir son congé (18 %) ou la langue de communication faisait obstacle (16 %).

Parmi les personnes approchées par un·e agent·e du programme, 119 (73 %) se sont dites disposées à recevoir plus d’information sur la prévention de l’infection par le VIH. La majorité des patient·e·s approché·e·s par les agent·e·s du programme étaient des femmes (57 %) et des personnes afro-américaines (66 %). Parmi ceux ou celles qui étaient disposé·e·s à recevoir de l’information sur la prévention de l’infection par le VIH, 110 ont rempli un questionnaire concernant l’orientation vers des services de PrEP et environ 76 % n’avaient aucune connaissance préalable concernant cette méthode.

Sur les 119 patient·e·s disposé·e·s à recevoir de l’information sur la prévention de l’infection par le VIH :

  • trente-neuf (33 %) se sont dit·e·s disposé·e·s à être orienté·e·s vers des services de PrEP;
  • de ce nombre, 29 (74 %) ont été effectivement contacté·e·s par des pair·e·s conseiller·ère·s, en personne ou par téléphone;
  • seize (41 %) des patient·e·s disposé·e·s à être orienté·e·s en vue de recevoir une PrEP ont obtenu un rendez-vous dans une clinique de PrEP;
  • quatre personnes (10 %) se sont présentées au rendez-vous et ont effectivement entamé la PrEP.

Qu’est-ce que cela signifie pour les prestataires de services?

La mise en œuvre de ce programme pilote montre que l’orientation vers des services de PrEP peut être menée à bien dans un SU et intégrée à un protocole existant de dépistage du VIH. L’une des principales préoccupations liées à cette approche était l’écart entre l’orientation et l’instauration de la PrEP, un problème déjà observé dans le cadre d’autres programmes d’orientation vers des services de PrEP. La nécessité de combler l’écart entre l’intention de recourir à la PrEP et son instauration effective a été soulignée par d’autres chercheurs. Des approches telles que l’entrevue motivationnelle et la gestion des cas basée sur les atouts permettraient d’y remédier.

Ce programme pilote s’est déroulé dans un hôpital doté de protocoles efficaces de dépistage du VIH et de facilitation de l’accès aux soins, ce qui signifie que le SU avait établi des liens étroits avec les cliniques de PrEP. Ce n’est pas forcément le cas dans tous les SU, ce qui peut compromettre le succès de programmes du même type.

En plus d’intégrer les programmes d’orientation vers les services de PrEP dans les SU, les prestataires de services pourraient également envisager de les combiner aux programmes de dépistage du VIH et des infections transmissibles sexuellement et à diffusion hématogène dans d’autres contextes tels que les cliniques de santé sexuelle et les centres de santé communautaires.

Ressources connexes

La Clinique de PrEP Maple Leaf

Projet SHE (Sexual Health Equity, équité en matière de santé sexuelle) : prophylaxie pré-exposition (PrEP) à l’intention des femmes qui s’injectent des drogues

Prescription d’une prophylaxie pré-exposition au VIH le jour même dans une clinique urbaine de dépistage des infections transmissibles sexuellement

Référence

Zhao Z, Jones J, Arrington-Sanders R et al. Emergency department–based human immunodeficiency virus preexposure prophylaxis referral program—using emergency departments as a portal for preexposure prophylaxis services. Sexually Transmitted Diseases. 2021;48(8):e102-e104.