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Les programmes publics d’assurance-maladie du Canada paient pour les services hospitaliers et médicaux qui sont considérés comme médicalement nécessaires. Cependant, les médicaments prescrits sont une tout autre paire de manches. Selon une équipe de chercheurs d’universités de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, le coût des médicaments de prescription au Canada est couvert par un « mélange de plans d’assurances publiques et privées et de paiement tout droit sortis des poches des patients ».
Les paiements déboursés par les patients s’expliquent par diverses raisons :
Dans une étude publiée récemment, l’équipe de recherche a découvert que les dépenses provenant des poches des Canadiens pour les médicaments prescrits sont « substantielles ». Les chercheurs statuent qu’en 2014, les dépenses par les Canadiens s’élevaient à 6,5 milliards de dollars, soit 22 % de l’argent dépensé en médicaments de prescription au Canada au cours de cette année-là.
Les chercheurs ont découvert que, à cause des coûts des médicaments prescrits que les Canadiens doivent débourser de leur poche, « plusieurs Canadiens sautent des doses ou les réduisent, retardent le renouvellement des prescriptions ou ne les renouvellent pas du tout pour réduire leurs dépenses en matière de médicaments – un phénomène connu sous le nom de non-observance reliée aux coûts ». Par ailleurs, les chercheurs ont découvert que les gens qui étaient touchés par les coûts des médicaments prescrits avaient parfois tendance à réduire leurs dépenses essentielles, comme la nourriture et le chauffage, pour pouvoir payer leurs médicaments. Les gens qui ne pouvaient pas payer leurs médicaments de prescription étaient à plus haut risque d’avoir besoin de services médicaux, comme des visites supplémentaires chez le médecin et à l’urgence, qui n’auraient pas été nécessaires s’ils avaient été en mesure d’obtenir leurs médicaments prescrits.
L’équipe d’étude a collaboré avec Statistique Canada et a élaboré des questions au sujet des coûts personnels des médicaments de prescription et leurs conséquences sur la vie des gens. Un total de 28 901 personnes ont répondu à l’enquête (qui faisait partie d’une enquête plus vaste de Statistique Canada) au cours du premier semestre de 2016. Cet échantillon a été considéré comme représentatif de la population canadienne.
Les chercheurs ont déterminé qu’environ 8 % des participants ont déclaré une non-observance reliée aux coûts au cours de la dernière année. Les gens à plus haut risque de non-observance reliée aux coûts avaient le plus souvent le profil suivant :
Les Autochtones étaient généralement deux fois plus à risque que les autres personnes de déclarer une non-observance reliée aux coûts.
Les participants de la province du Québec avaient généralement le plus bas taux de non-observance reliée aux coûts, et que ceux de la Colombie-Britannique avaient le taux le plus élevé.
Les médicaments prescrits pour les troubles médicaux suivants étaient répartis selon les proportions suivantes de participants en fonction de leur coût :
(Les pourcentages ne totalisent pas 100 %, car nous n’avons pas énuméré tous les troubles médicaux.)
Les chercheurs ont découvert que les « coûts personnels des plus récentes prescriptions variaient, et que la moitié des prescriptions coûtaient entre 51 $ et 200 $. Notamment, près d’un tiers de ceux qui avaient déclaré une non-observance reliée aux coûts ont mentionné que leur dernière prescription aurait coûté 50 $ ou moins ».
Selon les résultats de leur sondage, les chercheurs ont estimé (en extrapolant les chiffres pour la population canadienne élargie) que 375 461 Canadiens qui étaient en situation de non-observance reliée aux coûts développaient de nouvelles complications de santé ou l’aggravation des symptômes de leurs problèmes de santé existants. Ainsi, ce changement dans leur santé a pour cause qu’ils « utilisent des services de soins de santé dont ils n’auraient pas eu besoin autrement ».
Selon les chercheurs, cet usage additionnel des services de santé comprend :
Les chercheurs ont découvert que, dans certains cas, les gens qui devaient débourser de leur poche pour des médicaments de prescription décidaient de réduire leurs dépenses dans d’autres sphères de leur budget. En extrapolant pour la population canadienne élargie, les chercheurs ont estimé que les nombres suivants de Canadiens réduisaient leurs dépenses dans les sphères suivantes :
Les découvertes de cette étude ont des implications pour diverses parties du système de santé. Voici les suggestions des chercheurs à l’intention des prescripteurs :
Voici la suggestion des chercheurs qui est pertinente pour les analystes de politiques de santé et pour eux qui travaillent dans le domaine de la santé (hôpitaux et cliniques), de même que pour les ministères de la Santé :
« Changer les systèmes cliniques pour soutenir les discussions avec les patients, avec des renseignements comparatifs sur le coût des médicaments, aiderait probablement les médecins à choisir quel médicament prescrire, avec pour objectif de minimiser les effets négatifs de la non-observance reliée aux coûts ».
Même si les chercheurs ont reconnu et détaillé certains des problèmes rencontrés par les Autochtones lorsqu’ils essaient d’accéder à des soins de santé, ils ont été incapables de fournir des recommandations précises. Ils disent que plusieurs des barrières rencontrées par les Autochtones sont de nature « structurelle » et ne pourraient pas être abordées par l’étude, puisqu’elle n’était pas conçue pour explorer ces problèmes. Il est à espérer que d’autres équipes de recherche collaboreront avec les Autochtones pour planifier des études conçues pour identifier les barrières particulières à cette population. Un tel travail mènerait à l’élaboration de stratégies pour surpasser ces barrières.
— Sean R. Hosein
RÉFÉRENCE :
Law MR, Cheng L, Kolhatkar A, et al. The consequences of patient charges for prescription drugs in Canada: a cross-sectional survey. CMAJ Open. 2018 Feb 5;6(1):E63-E70.