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  • Une équipe de recherche française a mené une étude auprès de 510 personnes séropositives de plus de 70 ans
  • L’équipe a constaté des taux de fragilité et de pré-fragilité de 14 % et de 63 %, respectivement
  • Un âge avancé, des problèmes de santé concomitants et un statut socioéconomique faible étaient associés à la fragilité

Grâce à l’accessibilité répandue des traitements contre le VIH (TAR) au Canada et dans les autres pays à revenu élevé, de nombreuses personnes utilisant ces traitements antirétroviraux peuvent s’attendre à connaître une espérance de vie quasi normale. Pour cette raison, il est important d’étudier les effets du vieillissement chez les personnes séropositives afin de pouvoir préserver ou améliorer leur santé et leur qualité de vie.

À mesure que les gens vieillissent, leur risque de fragilité augmente. La fragilité peut les rendre plus vulnérables à une baisse de leur qualité de vie, à des chutes, à l’invalidité, à l’hospitalisation et, dans certains cas, à la mort.

En France, plusieurs grandes cliniques ont collaboré à une étude sur la fragilité pour laquelle elles ont recruté 510 personnes séropositives âgées de plus de 70 ans. L’équipe de recherche a évalué ces personnes et les a placées dans une des catégories suivantes :

  • pré-fragiles : 63 %
  • fragiles : 14 %
  • robustes : 23 %

L’équipe de recherche a constaté un lien entre les facteurs suivants et un risque accru de fragilité :

  • âge avancé (à partir de 70 ans, par tranches de cinq ans)
  • faible statut socioéconomique
  • des problèmes de santé concomitants

Selon l’équipe de recherche, des interventions conçues pour aborder les problèmes de santé et les difficultés socioéconomiques pourraient aider à favoriser « le vieillissement réussi de cette population ».

Détails de l’étude

Se servant d’une méthode validée lors d’études antérieures sur la fragilité, l’équipe de recherche a évalué les participant·e·s afin de dépister les problèmes suivants :

  • perte de poids non intentionnelle
  • faible force de préhension 
  • épuisement
  • faible vitesse de marche
  • faible niveau d’activité physique

L’équipe a également examiné les dossiers médicaux des participant·e·s, notamment pour déterminer leurs antécédents de chutes et d’hospitalisations non prévues. Elle a également effectué des évaluations de la qualité de vie et vérifié la présence d’états dépressifs.

La collecte de données a eu lieu entre mai 2019 et janvier 2020.

Les participant·e·s avaient le profil moyen suivant lors de leur admission à l’étude :

  • 415 hommes, 95 femmes
  • âge : 73 ans
  • origine géographique : 92 % sont né·e·s en Europe et 8 %, en Afrique subsaharienne
  • compte de CD4+ actuel : 562 cellules/mm3; compte de CD4+ le plus faible depuis toujours : 180 cellules/mm3
  • 96 % avaient une charge virale indétectable
  • 27 % avaient des antécédents de complications liées au sida
  • indice de masse corporelle : 24,7 kg/m2
  • 10 % fumaient et 40 % avaient fumé dans le passé

Voici un résumé de données se rapportant à des comorbidités et à des problèmes connexes qu’éprouvaient les participant·e·s :

  • hypertension : 67 %
  • hypercholestérolémie : 67 %
  • déficience cognitive d’un certain degré : 58 %
  • insuffisance rénale : 40 %
  • dépression : 33 %
  • chute survenue l’année précédente : 23 %
  • diabète : 21 %
  • antécédent de cancer : 17 %
  • ostéoporose : 16 %
  • crise cardiaque ou maladie coronarienne : 15 %
  • AVC : 10 %
  • mauvaise circulation sanguine dans les jambes (maladie artérielle périphérique) : 9 %
  • problèmes pulmonaires chroniques : 7 %
  • hépatite virale : 6 % avaient l’infection au virus de l’hépatite C et 4 %, l’infection au virus de l’hépatite B

Résultats

Selon l’équipe de recherche, les personnes qualifiées de fragiles étaient plus susceptibles de présenter les caractéristiques suivantes (par rapport aux personnes qualifiées de pré-fragiles ou de robustes) :

  • âge plus avancé que la moyenne de la cohorte
  • maladie pulmonaire chronique, dépression, problèmes de mémoire et difficultés à penser clairement, maladie artérielle périphérique
  • antécédents de ce que l’équipe de recherche a qualifié de « résultats cliniques négatifs au cours des 12 mois précédents »

Chose peu surprenante, les personnes fragiles étaient plus susceptibles d’avoir une mauvaise qualité de vie que les personnes qualifiées de pré-fragiles ou de robustes.

Les personnes fragiles étaient plus susceptibles de signaler les problèmes suivants à l’équipe de recherche :

  • manque d’énergie
  • douleurs musculaires
  • douleurs dans les mains/pieds
  • problèmes de mémoire

À la lumière de ces résultats, l’équipe de recherche a laissé entendre que certaines personnes fragiles pourraient bénéficier de programmes offrant un soutien psychologique et d’interventions visant la maîtrise de la douleur.

Comparaison

L’équipe de recherche française n’a pas recruté de groupe de comparaison composé de personnes séronégatives âgées. Par contre, lorsqu’elle a comparé ses taux de fragilité à un échantillon de personnes séronégatives de plus de 55 ans vivant en France ayant fait l’objet d’une étude précédemment, elle a constaté des taux semblables à ceux de leur étude.

À l’avenir

Aux fins de cette étude menée auprès de personnes séropositives, l’équipe de recherche a recueilli des données à un seul moment dans le temps et effectué des comparaisons entre les participant·e·s. L’équipe française prévoit poursuivre son étude pendant cinq ans, ce qui lui permettra de recueillir plus de données et d’étudier la progression des participant·e·s entre les différentes catégories (de robustes à pré-fragiles, puis à fragiles).

Les études futures devraient également inclure des populations plus diverses — y compris des femmes, des personnes de couleur, des personnes transgenres et des personnes qui utilisent des drogues — afin d’évaluer l’impact du vieillissement sur ces groupes.

Enfin, si les études futures mettaient à l’épreuve des interventions conçues pour améliorer la santé des personnes fragiles et pré fragiles, ce serait d’une aide précieuse pour les prestataires de soins de santé ainsi que pour leurs patient·e·s.

—Sean R. Hosein

Ressources

CTN 314 : Étude Change HIVRéseau canadien pour les essais VIH

Réalise

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RÉFÉRENCES :

  1. Allavena C, Blain H, Abulizi X et al. Prevalence and risk factors of frailty among adults living with HIV aged 70 years or older. AIDS. 2023 Jan 1;37(1):183-189. 
  2. Trickey A, Sabin CA, Burkholder G et al. Life expectancy after 2015 of adults with HIV on long-term antiretroviral therapy in Europe and North America: a collaborative analysis of cohort studies. Lancet HIV. 2023; sous presse.