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CATIE
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  • Certaines lignes directrices réservent les traitements à longue durée d’action contre le VIH aux personnes dont la charge virale est indétectable
  • Une étude menée à San Francisco a comparé l’efficacité chez des personnes ayant une charge virale indétectable ou détectable 
  • L’équipe n’a constaté aucune différence entre les deux groupes quant à l’inhibition du virus

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Les traitements contre le VIH (traitements antirétroviraux ou TAR) sont très efficaces lorsqu’ils sont utilisés comme il se doit. L’un des principaux objectifs du TAR consiste à réduire la quantité de VIH (charge virale) jusqu’à un niveau indétectable et à la maintenir ainsi. Cela permet au système immunitaire de se réparer dans une grande mesure. L’efficacité du TAR est tellement transformative que les scientifiques prévoient de plus en plus qu’un grand nombre de personnes sous TAR vivront jusqu’à un âge bien avancé.

Les lignes directrices thérapeutiques des États-Unis recommandent les coformulations suivantes (associations de médicaments offertes dans un seul comprimé), entre autres, pour le traitement initial des personnes vivant avec le VIH : 

  • Biktarvy (bictégravir + TAF + FTC)
  • Dovato (dolutégravir + 3TC)
  • Delstrigo (Dovato + TDF + FTC)

Ces schémas thérapeutiques sont très efficaces et généralement sans danger.

Il existe un autre schéma thérapeutique consistant en deux médicaments pris une seule fois par jour qui est également très efficace et recommandé :

  • dolutégravir + ténofovir + soit 3TC soit FTC

Il y a plusieurs années, une formulation injectable associant deux médicaments contre le VIH, soit le cabotégavir et la rilpivirine, a été approuvée pour l’usage chez des personnes séropositives. Ce médicament se vend sous le nom de Cabenuva en Amérique du Nord et en Australie. Au moment de l’approbation de ce dernier, les principales lignes directrices thérapeutiques sur le VIH du monde, soit celles élaborées sous l’égide du Department of Health and Human Services (DHHS) des États-Unis, en limitaient l’usage à certaines personnes seulement, à savoir celles dont la charge virale était déjà indétectable sous l’effet d’un traitement oral (et qui voulaient passer au traitement injectable) et dont le VIH n’était pas résistant aux médicaments en question.

Après une période d’induction, Cabenuva est injecté une fois par mois ou tous les deux mois (auquel cas des doses plus élevées sont utilisées). Les médicaments que contient Cabenuva sont injectés profondément dans le fessier (une injection dans chaque fesse) par un·e prestataire de soins de santé.

Certaines personnes séropositives ont de la difficulté à prendre un traitement tous les jours pour les raisons suivantes, entre autres : 

  • difficulté à avaler les comprimés
  • difficulté à prendre les comprimés tous les jours, de sorte qu’elles s’inquiètent de manquer des doses
  • difficulté à entreposer les comprimés (surtout en cas d’itinérance)
  • prendre des comprimés tous les jours est un rappel désagréable de leur séropositivité
  • risque de dévoilement accidentel du statut VIH si quelqu’un voit leurs médicaments

En théorie, un schéma thérapeutique injectable à longue durée d’action peut aider les patient·e·s à minimiser ces problèmes à long terme et constitue une option de traitement plus simple.

San Francisco

Une équipe de recherche d’une importante clinique VIH de San Francisco (Ward 86) a mené une étude comparant l’efficacité à long terme du TAR injectable à longue durée d’action chez deux populations : 

  • personnes sous TAR oral ayant une charge virale indétectable qui voulaient passer à l’injectable
  • personnes sous TAR oral ayant une charge virale détectable et des antécédents de problèmes d’observance thérapeutique 

Une analyse de données recueillies sur une période de 12 mois a révélé que les taux de suppression virale étaient élevés et ne différaient pas selon que la charge virale était détectable ou indétectable au moment de l’amorce du TAR à longue durée d’action.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a inscrit 370 personnes séropositives, dont 241 suivaient un TAR oral et avaient une charge virale indétectable, alors que les 129 autres avaient une charge virale détectable parce qu’elles ne suivaient pas de TAR (et avaient des antécédents de problèmes d’observance). Un pharmacien ou une pharmacienne a passé en revue les données du dossier médical de chaque personne, y compris ses antécédents de traitement et les résultats de ses tests de résistance aux médicaments contre le VIH.

Les participant·e·s ont été conseillé·e·s sur le traitement injectable à longue durée d’action par un technicien ou une technicienne en pharmacie. 

Les participant·e·s se faisaient rappeler leurs prochains rendez-vous par messagerie texte ou téléphone. On leur offrait également la possibilité de se présenter sans rendez-vous à la clinique pour recevoir leurs injections si la date prévue de celles-ci avait lieu à moins d’une semaine.

Voici le profil moyen des participant·e·s lors de leur admission à l’étude : 

  • âge : 45 ans
  • hommes cisgenres : 80 %; femmes transgenres : 10 %; femmes cisgenres : 4 %; personnes non binaires : 2 % (le genre des autres personnes était classé comme « autre » ou leur dossier n’en faisait pas mention)
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blanc·he·s – 41 %; Noir·e·s – 23 %; Asiatiques – 8 %
  • compte de cellules CD4+ : 52 % des participant·e·s avaient un compte inférieur à 200 cellules CD4+/mm3
  • charge virale : 35 % avaient une charge virale de 30 copies/ml ou plus (limite de détection inférieure du test utilisé dans cette étude), alors que les autres avaient une charge virale indétectable sous l’effet d’un TAR oral; chez les personnes ayant une charge virale détectable, la moyenne se situait à 46 000 copies/ml
  • situation de logement instable : 44 %
  • utilisation de drogues actuellement ou dans le passé : 46 %

L’équipe de recherche n’a pas inclus de personnes dont le VIH était partiellement ou intégralement résistant au cabotégravir ou à la rilpivirine. 

Selon l’équipe de recherche, les participant·e·s devaient s’engager à se présenter en personne à la clinique une fois par mois. Après trois mois consécutifs d’injections mensuelles effectuées à la date prévue, les participant·e·s pouvaient transitionner pour recevoir les injections tous les deux mois si leur charge virale était indétectable. 

Résultats

Dans l’ensemble, l’équipe n’a pas constaté de différence entre les taux de suppression virale chez les participant·e·s selon que leur charge virale était détectable ou pas au début de l’étude.

En moyenne, la charge virale a mis 32 jours après les injections initiales à devenir indétectable. 

Après 48 semaines, 98 % des participant·e·s dont la charge virale était détectable au début de l’étude avaient une charge virale indétectable. Chez les personnes dont la charge virale était déjà indétectable sous l’effet d’un TAR oral, le chiffre correspondant était de 99 %. Ces chiffres auraient été plus élevés, mais quelques personnes ont quitté le programme (pour des raisons non dévoilées). 

Cinq personnes dont la charge virale était indétectable sous l’effet du TAR à longue durée d’action sont passées plus tard à un TAR oral à cause d’effets secondaires ou parce qu’elles trouvaient ce dernier plus simple.

À retenir

Les données de cette étude révèlent que le TAR injectable à longue durée d’action peut être très efficace, même chez des personnes éprouvant des problèmes d’observance. Le succès qu’a connu la clinique Ward 86 en aidant les gens à atteindre une charge virale indétectable a joué un rôle crucial pour inciter les responsables des principales lignes directrices sur le VIH à modifier les critères d’admissibilité à l’utilisation du TAR injectable à longue durée d’action.

Notons toutefois que ce genre de traitement ne convient pas à tout le monde. Les injections peuvent causer de l’inconfort et de la douleur temporaires chez certaines personnes. Elles doivent également être effectuées par un·e professionnel·le de la santé, ce qui rend obligatoires des consultations régulières en clinique (tous les deux mois après la période initiale).

Les médicaments que contient Cabenuva (cabotégravir + rilpivirine) ne sont pas efficaces contre le virus de l’hépatite B (VHB). Les personnes atteintes de cette infection chronique doivent alors prendre également un comprimé tous les jours pour traiter ce virus, soit habituellement l’association TDF + FTC (vendu sous le nom de Truvada et offert en versions génériques) soit l’association TAF + FTC (Descovy). 

—Sean R. Hosein

Ressource

Guidelines for the Use of Antiretroviral Agents in Adults and Adolescents With HIV – DHHS (en anglais seulement)

RÉFÉRENCE :

Spinelli MA, Heise MJ, Gistand N et al. HIV viral suppression with use of long-acting antiretroviral therapy in people with and without initial viremia. JAMA. 2025 Apr 22;333(16):1451-1453.