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  • La Saskatchewan affiche des taux élevés de nouveaux diagnostics de VIH, surtout chez les femmes et les Autochtones
  • À Saskatoon, une équipe de recherche a consigné les résultats d’interventions de proximité intensives effectuées par des médecins et groupes communautaires auprès de femmes séropositives enceintes
  • Grâce aux interventions, aucun bébé n’est né séropositif dans la ville durant la période de l’étude

La Saskatchewan affiche les taux de nouvelles infections par le VIH les plus élevés au Canada. Parmi les femmes en âge de procréer, le taux de nouvelles infections dans cette province serait près de quatre fois plus élevé que la moyenne canadienne, selon les estimations. Selon une équipe de recherche de Saskatoon, certaines populations porteraient une part disproportionnée du fardeau des nouveaux diagnostics de VIH en Saskatchewan, à savoir les suivantes :

  • les Autochtones
  • les femmes
  • les personnes qui s’injectent des drogues

Un héritage douloureux qui perdure

L’équipe de recherche a expliqué la situation ainsi : « Des facteurs structurels qui ont un impact sur les femmes autochtones contribuent à la hausse des risques d’exposition au VIH. Les peuples autochtones sont confrontés aux séquelles que leur ont infligé des siècles de politiques coloniales violentes comme le système des pensionnats et la ʺrafle des années 60ʺ, ainsi qu’au placement d’un nombre disproportionné d’enfants autochtones en familles d’accueil qui se poursuit aujourd’hui. Les conséquences en aval sont des taux plus élevés de violence, de pauvreté et d’incarcération et un manque de logements adéquats, autant de facteurs de risque en ce qui concerne l’utilisation problématique de substances et l’exposition au VIH ».

Pour créer un meilleur avenir

Une équipe de médecins composée de spécialistes de la médecine familiale, des maladies infectieuses et de l’obstétrique a collaboré avec des groupes communautaires à une initiative sous l’égide de la Westside Saskatoon Community Clinic. Cette dernière offre des services à ce que l’équipe de recherche a décrit comme les « quartiers centraux de Saskatoon ». La clinique travaille en partenariat avec des organismes communautaires qui peuvent offrir l’accès à des logements stables et à de la nourriture, ainsi qu’un service d’aide juridique lorsque c’est nécessaire.

Une équipe de recherche de la clinique a passé en revue les dossiers médicaux de femmes séropositives enceintes qui avaient sollicité des soins médicaux entre 2007 et 2017. L’équipe disposait de données suffisantes sur 55 femmes pour faire son analyse. Au moment de la consultation initiale, les femmes avaient le profil moyen suivant :

  • âge : 27 ans
  • âge lors du diagnostic de VIH : 27 ans
  • 60 % des femmes étaient des Autochtones; les données manquaient en ce qui concerne la plupart des autres femmes
  • 93 % des femmes avaient reçu leur diagnostic de VIH avant d’être enceinte

Résultats

Lors de la consultation initiale à la clinique, les participantes avaient les charges virales suivantes :

  • 18 % avaient une charge virale inférieure à 40 copies/ml
  • 22 % avaient une charge virale entre 40 et 1 000 copies/ml
  • 60 % avaient une charge virale supérieure à 1 000 copies/ml

Grâce aux soins, au traitement et au soutien que les femmes ont reçus, leurs charges virales ressemblaient à ceci au moment de l’accouchement :

  • 63 % avaient une charge virale inférieure à 40 copies/ml
  • 24 % avaient une charge virale entre 40 et 1 000 copies/ml
  • 13 % avaient une charge virale supérieure à 1 000 copies/ml

Comme on peut le constater, un grand changement s’est produit au fil du temps dans la proportion de femmes ayant une charge virale inférieure à 40 copies/ml. Ce changement était attribuable à l’amorce d’un traitement du VIH (TAR) chez certaines femmes, à la reprise d’un TAR chez certaines autres et à une amélioration de l’observance thérapeutique chez d’autres encore.

Autres enjeux

De nombreuses femmes dans cette étude faisaient face à des problèmes de taille. Cependant, grâce à l’aide du personnel de la clinique et du soutien obtenu auprès d’autres organismes communautaires et services affiliés, un grand nombre d’entre elles ont réussi à stabiliser leur vie et à surmonter leurs difficultés. Parmi celles-ci, notons les suivantes :

Utilisation de drogues

Selon l’équipe de recherche, 54 des 55 femmes utilisaient des drogues, dont un grand nombre par injection. Les drogues les plus utilisées étaient les suivantes :

  • opioïdes : 80 %
  • cocaïne : 33 %
  • crystal meth : 31 %

Les femmes qui recevaient un diagnostic de trouble d’utilisation d’opioïdes se faisaient offrir un traitement de substitution. Aucun renseignement n’a été fourni par rapport aux femmes vivant avec un trouble d’utilisation de stimulants.

Précarité du logement

Près de la moitié des femmes (45 %) se trouvaient dans une situation de logement instable. Aucune précision n’était incluse dans les dossiers médicaux de ces femmes pour indiquer quel pourcentage d’entre elles ont fini par se faire offrir un logement stable. L’équipe de recherche a tout de même constaté que la suppression du VIH se produisait en moyenne plus rapidement chez les femmes qui avaient accès à un logement stable.

Transmission verticale

Aucun cas d’infection par le VIH n’a été recensé parmi les bébés nés des femmes inscrites à cette étude. Notons cependant que six bébés sont nés séropositifs dans le reste de la Saskatchewan durant la même période, selon l’équipe de recherche.

À retenir

Selon l’équipe de recherche, malgré les problèmes que les participantes à cette étude éprouvaient, elles faisaient preuve de force de caractère et de résilience. Un grand nombre d’entre elles ont réussi à améliorer leur santé et à vivre une grossesse saine.

Fardeau des traumatismes

L’équipe de recherche a déclaré ceci : « Les taux élevés d’utilisation de substances dans cette cohorte mettent en évidence la prévalence des traumatismes psychologiques vécus par ces femmes. La littérature révèle une corrélation étroite entre l’utilisation d’opioïdes par injection et un taux élevé d’adversité dans la petite enfance, les personnes ayant vécu cinq événements traumatisants ou davantage dans l’enfance étant trois fois plus susceptibles de s’injecter des drogues. Les traumatismes intergénérationnels découlant de la colonisation persistante, du racisme institutionnalisé dans le système de santé et des politiques criminalisant l’usage de drogues créent également des obstacles à l’accès aux soins prénataux et au [traitement du VIH] ».

Soins et soutien intégrés

Toujours selon l’équipe de recherche, en offrant un soutien intensif, la clinique visait à « réduire les obstacles systémiques et à répondre aux besoins holistiques des femmes et de leur famille. [Cette approche] peut accroître la probabilité qu’elles s’engagent à continuer le TAR afin d’atteindre et de maintenir une charge virale indétectable. Il faut prioriser et financer adéquatement l’intensification des soutiens offerts après la grossesse pour répondre aux besoins des femmes et des familles de manière holistique et culturellement sécuritaire ».

—Sean R. Hosein

Ressources

Prairie Harm Reduction

CAAN

Commission de vérité et réconciliation du Canada

RÉFÉRENCES :

  1. Cozart M, Magnusson D, Mondal P et al. Integrated prenatal care for women living with HIV: Primary care outcomes in Saskatoon, Saskatchewan. Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada. 2022; sous presse.
  2. Commission de vérité et réconciliation du Canada. Honorer la vérité et réconcilier pour l’avenir : sommaire du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada; 2015. Disponible à l’adresse : https://publications.gc.ca/site/fra/9.814357/publication.html