La santé des os

 


Les os en santé donnent à notre corps une structure qui protège les organes internes. Le crâne protège le cerveau, la colonne vertébrale protège la moelle épinière, la cage thoracique protège le cœur, le foie et les poumons… Nos os servent aussi d’entrepôt aux minéraux. En outre, des os en santé nous permettent de bouger et de faire des activités physiques.

 

Les personnes vivant avec le VIH sont plus à risque de souffrir d’ostéoporose et d’ostéopénie — des affections médicales  caractérisées par une faible densité osseuse — ainsi que d’une affection bien plus rare appelée nécrose avasculaire. Mais heureusement, vous pouvez faire de nombreuses choses pour favoriser la santé de vos os afin de renforcer ceux-ci s’ils sont déjà affaiblis ou de prévenir les problèmes futurs.

Pour savoir comment protéger ses os, il est utile de comprendre leur fonctionnement. Les os se composent de tissus vivants qui se reconstruisent constamment — les vieilles cellules osseuses sont continuellement remplacées par des nouvelles. Pour ce faire, les os ont besoin de deux composantes essentielles : le collagène et les minéraux. Le collagène fournit un cadre souple aux os, ce qui est important parce que ces structures ont besoin d’une certaine élasticité; sans celle-ci, les os risquent de se fragiliser et de se briser plus facilement. Les minéraux durcissent le cadre de collagène afin de donner aux os la force nécessaire pour servir de structure au corps. Pour maintenir des os en santé, il faut trouver un équilibre entre la force et la souplesse.

Deux genres de cellules sont à l’œuvre pour assurer la santé des os : les ostéoclastes et les ostéoblastes. Les ostéoclastes enlèvent les os vieillis ou endommagés, laissant derrière eux des cavités où les ostéoblastes créent alors de nouveaux os à partir du collagène et des minéraux. Durant l’enfance et l’adolescence, nous fabriquons généralement davantage d’os que nous n’en perdons. Plus tard, quand nous devenons adultes, la détérioration des os peut commencer à se produire plus rapidement que la croissance. En particulier, chez les adultes séronégatifs, les pertes osseuses commencent à s’accélérer chez les femmes lors de la ménopause et chez les deux sexes à partir de l’âge de 70 ans. Bien qu’il soit normal que notre densité osseuse diminue avec l’âge, il est important de maintenir les pertes osseuses à un minimum afin d’avoir des os forts pendant toute sa vie.

Que sont l’ostéopénie et l’ostéoporose?

L’ostéopénie se caractérise par un léger amincissement des os qui peut se produire naturellement avec l’âge; elle peut évoluer en ostéoporose, mais pas dans tous les cas.

L’ostéoporose est caractérisée par une perte graduelle de tissu osseux qui donne lieu à l’amincissement et à l’affaiblissement des os, de sorte que ces derniers deviennent plus fragiles. Dans les cas d’ostéoporose, on observe à la fois une diminution de la masse osseuse et une détérioration structurale du tissu osseux restant. En raison de cette combinaison d’effets, les os sont plus sujets aux fractures lorsqu’ils sont soumis à un stress.

Les études indiquent que l’amincissement des os se produit relativement fréquemment chez les personnes vivant avec le VIH, même chez certains jeunes adultes. Bien que les fractures osseuses soient généralement très rares (la majorité des personnes séropositives ne se casse jamais d’os), les personnes ayant le VIH sont plus à risque de fracture que les personnes séronégatives. Lors d’une étude danoise, on a déterminé que le risque de fracture était près de trois fois plus élevé chez les personnes séropositives.

De nombreuses personnes croient que l’ostéoporose est une maladie de vieilles dames. Il n’empêche que tant les hommes que les femmes vivant avec le VIH peuvent tirer profit de l’aide de leur médecin pour concevoir un programme visant le maintien d’une bonne santé osseuse à long terme.

En général, il semble que les hommes atteints du VIH présentent des problèmes osseux dès un âge plus précoce que l’âge habituel, et que les femmes séropositives post-ménopausées courent un risque accru d’ostéopénie et d’ostéoporose comparativement aux femmes séronégatives.

Facteurs de risque d’ostéoporose

Les causes des maladies osseuses chez les personnes vivant avec le VIH n’ont pas été complètement élucidées, mais il semble qu’une combinaison des facteurs suivants augmente le risque. Parmi ceux-ci :

  • infection au VIH
  • divers médicaments, y compris certains antirétroviraux
  • co-infection à l’hépatite
  • tabagisme
  • faibles taux d’hormones sexuelles, telles que la testostérone et l’estrogène
  • antécédents familiaux d’ostéoporose
  • âgé de 50 ans ou plus
  • ménopause précoce (avant l’âge de 45 ans)
  • consommation excessive d’alcool
  • fracture de fragilité antérieure (un os qui se casse à cause d’un trauma léger, par exemple une chute d’une hauteur égale ou inférieure à la taille redressée)
  • poids corporel anormalement faible
  • mode de vie n’incluant pas d’exercices de port de poids réguliers
  • malnutrition ou toute carence nutritionnelle susceptible de compromettre la santé osseuse (carence en calcium, vitamine D, vitamine K ou protéine)
  • problèmes de santé chroniques susceptibles de compromettre l’absorption des nutriments, tels que la diarrhée chronique, la maladie cœliaque, le syndrome du côlon irritable (SCI) ou la maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI)
  • hyperthyroïdie (hyperactivité de la thyroïde)
  • lipodystrophie (modifications de la forme corporelle et du métabolisme pouvant résulter de la prise de médicaments antirétroviraux)

La liste de médicaments susceptibles d’augmenter le risque d’ostéoporose inclut les corticostéroïdes, les inhibiteurs de la pompe à protons, le Depo-Provera (contraceptif par injection), les doses excessives d’hormones thyroïdiennes (celles-ci sont prescrites pour restaurer des taux d’hormones thyroïdiennes normaux chez les personnes atteintes d’hypothyroïdie, mais les excès peuvent causer des problèmes osseux), l’héparine, les antiacides contenant de l’aluminium, les anticonvulsivants, la pentamidine, le kétoconazole et la cholestyramine.

En ce qui concerne les médicaments antirétroviraux, nous savons que certains inhibiteurs de la protéase et analogues nucléosidiques ou nucléotidiques (surtout le fumarate de ténofovir disoproxil ou TDF) peuvent accroître le risque d’ostéoporose. Toutefois, il va de soi que cesser de prendre vos médicaments n’est pas la solution, car vous en avez besoin pour bien maîtriser le VIH. De plus, lors d’une grande étude récente, les personnes séropositives suivant une thérapie antirétrovirale avaient un risque de fracture environ 36 pour cent moins élevé que les personnes séropositives qui n’en suivaient pas.

Bien qu’il soit possible de perdre entre deux et six pour cent de votre densité osseuse dans les deux ans suivant le début d’un traitement anti-VIH, l’utilisation à long terme des antirétroviraux ne semble pas entraîner la dégradation continue des os. Si vous présentez d’autres facteurs de risque importants d’ostéoporose, le médicament TDF pourrait vous causer des problèmes (il est vendu sous le nom de marque Viread et se trouve aussi dans les co-formulations Truvada, Atripla, Stribild et Complera). Certaines études font état d’un taux plus élevé à la fois d’ostéoporose et d’ostéopénie chez les patients recevant ce médicament, ainsi que de taux plus élevés de fractures du poignet, du dos et de la hanche. Bien que toutes les études n’aient pas démontré un tel risque, si vous présentez d’autres facteurs de risque ou avez déjà fait l’objet d’un diagnostic d’ostéoporose, il serait peut-être bon d’en parler à votre médecin.

Si vous prenez du TDF et que vos tests indiquent une diminution importante de votre densité osseuse, votre médecin pourrait évaluer la possibilité que votre taux sanguin de phosphate soit faible, ce qui arrive parfois chez les patients recevant du TDF. Le phosphate est crucial pour renforcer la teneur minérale des os; si votre taux de phosphate est faible, vous aurez peut-être besoin de prendre des suppléments.

Il existe maintenant une nouvelle version du ténofovir appelée TAF (ténofovir alafénamide). Elle est présente dans les comprimés Odefsey, Biktarvy et Descovy. Les essais cliniques des régimes à base de TAF indiquent que cette formulation est moins susceptible de réduire la densité osseuse que les régimes à base de TDF.

Un faible taux de testostérone est un important facteur de risque d’ostéoporose. Souvent présente en faible quantité chez les personnes ayant le VIH, la testostérone est essentielle à la santé osseuse et au maintien de nombreux autres aspects de votre santé et de votre bien-être. Il est donc important de faire vérifier périodiquement votre taux de testostérone. S’il est inférieur au niveau optimal, votre médecin recommandera peut-être une thérapie de remplacement de la testostérone.

L’infection au VIH elle-même peut contribuer au développement de l’ostéoporose. On estime que l’inflammation chronique provoquée par le VIH et l’activation constante des cellules CD4 pourraient contribuer à l’accélération des pertes osseuses. Il est donc important de contrer l’inflammation chronique.

Si vous recevez un diagnostic d’ostéopénie, ne croyez pas que vous aurez nécessairement l’ostéoporose plus tard. En fait, seule une fraction des personnes atteintes d’ostéopénie finissent par souffrir d’ostéoporose. Il n’empêche qu’un diagnostic d’ostéopénie devrait vous motiver sérieusement à renforcer vos os et à prendre des mesures pour empêcher qu’ils se détériorent. Grâce à des soins et/ou à des traitements appropriés, il est même possible de renverser le cours des pertes osseuses.

Tests de la densité osseuse

Les tests utilisés pour évaluer le risque d’ostéoporose et vérifier la densité osseuse s’appellent des tests de mesure de la densité minérale osseuse (DMO). Ces tests mesurent la quantité de calcium et d’autres minéraux dans les os.

Un examen DEXA est la meilleure façon de mesurer précisément l’ampleur de la perte de la densité osseuse. Ce test mesure la DMO de la colonne vertébrale, de la hanche ou de l’ensemble du corps. Il utilise des rayons X mais n’émet à peu près que le dixième des rayonnements d’une radiographie thoracique standard. Pour ce test non invasif, vous restez allongé sur une table pendant qu’un bras mécanique passe au-dessus de votre corps. Le balayage du corps entier prend à peu près 20 minutes. Les résultats du test de base (effectué idéalement avant le début d’une thérapie antirétrovirale) seront comparés aux mesures subséquentes plus tard. Les lignes directrices actuelles recommandent un examen DEXA aux hommes et aux femmes vivant avec le VIH de 50 ans ou plus. Cela est particulièrement important pour les personnes présentant d’autres facteurs de risque d’ostéoporose.

Les résultats des tests de la densité minérale osseuse s’expriment sous forme de score T; celui-ci indique l’écart entre votre DMO et une mesure « normale ». Par mesure normale, on veut dire la DMO d’une jeune personne en bonne santé, selon le sexe. Les os normaux en bonne santé donnent un score T supérieur à −1. L’ostéopénie est indiquée par un score T entre −1 et −2,5. Lorsque le score T est inférieur à −2,5, on parle d’ostéoporose.

Si votre score T est …

On estime que votre DMO est …

≥ −1

normale

entre −1 et −2,5

ostéopénie

≤ −2.5

ostéoporose

À la suite de votre test de densité minérale osseuse, on vous donnera aussi un score Z. Ce dernier permet de comparer votre DMO à la DMO moyenne des personnes de votre âge et de votre sexe. Or, pour diagnostiquer l’ostéoporose, le score T est considéré comme le plus important.

Prévenir les pertes osseuses

En attendant que toutes les causes de l’ostéoporose chez les personnes vivant avec le VIH soient bien élucidées, les conseils concernant les mesures préventives spécifiques à prendre resteront incomplets. Entre-temps, nos connaissances générales en ce qui a trait à la prévention et au traitement de l’ostéoporose demeurent bien utiles.

Faites des exercices de port de poids

L’une des plus importantes choses que vous puissiez faire pour bâtir et maintenir des os en santé consiste à combiner des exercices de musculation et d’aérobie qui exercent un poids sur vos os. Les activités comme la marche et le jogging (que ce soit à l’extérieur ou sur un tapis roulant) constituent d’excellents choix. Avant de commencer un programme d’exercices, parlez à votre médecin pour déterminer quelles activités sont sécuritaires pour vous.

Arrêtez de fumer

Le tabagisme est fortement lié à un risque accru d’ostéoporose. Alors, si vous écrasez pour de bon, vous rendrez un grand service à vos os.

Adoptez une alimentation nutritive et obtenez un apport suffisant en vitamines et minéraux

Les os sont constitués d’un grand nombre de minéraux, y compris le calcium, le phosphore, le manganèse, le potassium, le zinc, le cuivre, le bore et le chrome. Une alimentation riche en protéines qui combine une grande variété de fruits et légumes, de légumineuses, de grains entiers, de noix et de graines vous fournira les nutriments essentiels dont vous aurez besoin pour créer et maintenir des os en santé.

Il est important que vous absorbiez suffisamment de calcium. Les aliments riches en calcium incluent les produits laitiers, les légumes à feuilles vert foncé, le poisson (les sardines et le saumon sans arêtes, le maquereau et le hareng), le brocoli, les amandes et les légumineuses comme les pois chiches et les haricots pinto.

Âge

Besoin quotidien en calcium

19 à 50 ans

1 000 mg

50 ans et plus

1 200 mg

femmes enceintes ou allaitant de 18 ans ou plus

1 000 mg

Bien qu’il vaut mieux obtenir votre calcium et vos autres nutriments importants de la nourriture, cela n’est pas toujours possible. Si vous n’obtenez pas assez de calcium de vos aliments et envisagez de prendre des suppléments, parlez-en d’abord à votre médecin ou à votre pharmacien car les suppléments de calcium peuvent interagir avec certains médicaments sur ordonnance.

(Avez-vous besoin d’aide pour calculer votre apport en calcium? Le site Web d’Ostéoporose Canada contient une calculatrice pratique qui vous facilitera la tâche à www.osteoporosecanada.ca.)

Pour absorber du calcium et du phosphore, l’organisme a besoin de vitamine D, un nutriment dont de nombreuses personnes séropositives présentent une carence, alors parlez à votre médecin pour savoir comment vous assurer un apport suffisant en cette vitamine. Votre médecin pourra vous faire passer un test sanguin pour vérifier votre taux de vitamine D, ce qui aidera à déterminer quelle dose de supplément vous conviendra. (Pour en savoir plus sur la vérification du taux de vitamine D, voir l’Annexe B.)

L’autre nutriment qui est essentiel à la santé des os est la vitamine K. L’organisme a besoin de celle-ci pour synthétiser de l’ostéocalcine, une protéine osseuse nécessaire à la formation des os. Bien que la vitamine K1 abonde dans les légumes à feuilles verts, la vitamine K2, la version la plus importante pour la santé osseuse, n’est présente qu’en faible quantité dans quelques aliments, dont les jaunes d’œuf, le fromage cottage, les fromages fermentés et le natto, un produit fermenté à base de soya. Si l’ostéoporose vous préoccupe, la prise régulière de suppléments de vitamine K pourrait vous aider à en absorber suffisamment pour assurer la santé de vos os. Les experts recommandent les suppléments contenant de la vitamine K2 (sous forme de ménaquinone-7 ou MK-7) à raison de 100 à 200 microgrammes (mcg) par jour. Lisez attentivement les petits caractères sur l’étiquette de tout supplément avant de l’acheter car certains d’entre eux contiennent de la vitamine K1, une version ne servant pas à la prévention de l’ostéoporose. Si vous prenez un anticoagulant comme la warfarine (Coumadin), parlez à votre médecin ou pharmacien avant d’augmenter votre apport en vitamine K (car cela pourrait interférer avec les effets de ce médicament).

Enfin et surtout, il vous faut un apport suffisant en vitamine B12. Plusieurs études ont permis de constater que la carence en cette dernière faisait augmenter le risque d’ostéoporose. Comme de nombreuses personnes vivant avec le VIH souffrent d’une carence en vitamine B12, la prise de suppléments pourrait être indiquée pour assurer la santé de vos os, sans mentionner les nombreux autres bienfaits.

Traiter l’ostéoporose

Même si l’on prescrit souvent des médicaments pour traiter l’ostéoporose, les données de recherche sont extrêmement limitées en ce qui concerne les effets de ces médicaments chez les personnes séropositives. Plusieurs des médicaments en question provoquent de graves effets secondaires, alors vous et votre médecin devrez évaluer les risques par rapport aux bienfaits avant de procéder.

Le mode d’action de la majorité des médicaments consiste à empêcher les ostéoclastes d’accomplir la dégradation des tissus osseux vieux ou endommagés. Les bisphosphonates — tels que l’alendronate (Fosamax), le risédronate (Actonel) et l’étidronate (Didronel ou dans le Didrocal) — agissent de cette manière. Le résultat est une augmentation de la masse et de la densité osseuses, mais certains chercheurs craignent que l’usage à long terme de ces médicaments cause des problèmes. Leur inquiétude tient à la possibilité suivante : si les vieux tissus osseux ne sont pas enlevés, les os restants risquent de devenir plus faibles et plus fragiles. En effet, certaines études ont permis d’observer une accumulation de dommages osseux microscopiques liée à l’usage de ces médicaments. De plus, depuis quelques années, on signale des cas d’ostéonécrose (mort des tissus osseux) de la mâchoire chez un nombre faible de patients recevant des bisphosphonates, ainsi qu’un genre spécifique de fracture de la jambe lié à leur usage prolongé.

Certains médecins recommandent maintenant d’utiliser les bisphosphonates de façon plus limitée. Nombre d’entre eux prescrivent un de ces médicaments pour une période maximale de cinq ans pour accroître et normaliser la densité osseuse du patient. Une fois la prise du médicament arrêté, les médecins font passer des examens pour suivre la densité osseuse; si celle-ci passe de nouveau sous les valeurs normales, on reprend l’usage de bisphosphonates. Parmi les autres effets secondaires des bisphosphonates, mentionnons nausées, douleurs abdominales et reflux acide, diarrhées, inflammation de l’œsophage et ulcères œsophagiens. Certaines personnes éprouvent aussi d’intenses douleurs osseuses, musculaires et/ou articulaires. Si vous éprouvez de la douleur ou de la difficulté à avaler pendant que vous prenez l’un de ces médicaments, arrêtez de le prendre et parlez le plus tôt possible à votre médecin.

Souvent, on a aussi recours aux thérapies hormonales — dont la testostérone, le raloxifène (Evista) et la tériparatide (Forteo) — pour prévenir et traiter l’ostéoporose.

  • Comme nous l’avons déjà mentionné, il est important de corriger la déficience en testostérone chez les hommes sujets à l’ostéoporose (voir
    « Les changements hormonaux »).
  • Le raloxifène (Evista) appartient à une classe de médicaments appelés SERM (modulateurs sélectifs des récepteurs des estrogènes). Il a été conçu pour exercer des effets semblables à ceux de l’estrogène, mais sans le risque de cancer. On le prescrit aux femmes post-ménopausées pour prévenir et traiter l’ostéoporose, mais les effets chez les femmes séropositives de cette catégorie n’ont pas encore été étudiés. Puisque ce médicament risque de causer des caillots sanguins, il doit être évité par toute personne ayant des antécédents de caillots sanguins.
  • La tériparatide (Forteo) est une version synthétique d’une hormone humaine naturelle qui stimule la croissance de nouveaux os, soit l’hormone parathyroïde. Elle est approuvée pour le traitement de l’ostéoporose chez les femmes post-ménopausées et les hommes courant un risque élevé de fracture. On la donne par injection quotidienne sous la peau de la cuisse ou de l’abdomen. Des études de relativement courte durée ont indiqué que la tériparatide réduisait le risque de fracture chez les hommes et les femmes. Comme les effets à long terme sont inconnus, on recommande généralement que le médicament ne soit pas utilisé pendant plus de deux ans.

On recommandait autrefois couramment l’estrogène pour le traitement de l’ostéoporose chez les femmes post-ménopausées. Cependant, il n’est plus recommandé à cause des dangers associés à l’usage prolongé, notamment le risque accru de cancer du sein, de crise cardiaque et d’AVC.

La calcitonine est une hormone thyroïdienne naturelle qui aide à réguler le taux de calcium dans l’organisme. On la prescrivait autrefois pour le traitement de l’ostéoporose chez les femmes post-ménopausées. Cependant, comme la calcitonine fait augmenter le risque de cancer, Santé Canada a retiré le médicament du marché pour cette raison.

Le dénosumab (Prolia) empêche la formation d’ostéoclastes pleinement fonctionnels, c’est-à-dire les cellules chargées d’enlever les os vieux ou endommagés. Tout comme les bisphosphonates, le dénosumab réduit l’évacuation des tissus osseux vieux et endommagés. Il est administré par injection deux fois par année. Les effets secondaires les plus courants incluent des infections respiratoires, urinaires et cutanées, ainsi que des cataractes, la constipation, des éruptions cutanées, la peau sèche et irritée et l’eczéma. Lors d’une étude de petite envergure, on a également fait état d’un risque légèrement accru de cancer et d’infections graves; même si ce résultat n’était pas significatif sur le plan statistique, certains craignent que le risque soit plus élevé chez les personnes vivant avec le VIH ayant un faible compte de CD4. Des cas rares d’ostéonécrose de la mâchoire ont également été signalés parmi des patients recevant du dénosumab. Ce médicament est déconseillé aux personnes ayant un faible taux de calcium ou de vitamine D. Si vous envisagez de prendre ce médicament, demandez à votre médecin de vérifier vos taux de calcium et de vitamine D avant de commencer. Aucune étude n’a évalué l’utilisation à long terme de ce médicament.

Que vous utilisiez ou non l’un des traitements mentionnés ci-dessus, il est important que vous absorbiez suffisamment de calcium et de vitamine D tous les jours afin de protéger la santé de vos os.

Les mesures suivantes sont également utiles pour réduire le risque de chute. Voici quelques conseils pour aménager votre domicile contre les chutes :

  • Rangez ou dégagez toute chose qui pourrait vous faire trébucher, tels que les cordes électriques et les objets à terre.
  • Fixez les tapis au sol pour les empêcher de glisser.
  • Faites en sorte que votre baignoire et votre douche ne sont pas glissantes.
  • Méfiez-vous des médicaments susceptibles de causer la somnolence ou des étourdissements (comme les somnifères et certains antidépresseurs et analgésiques).
  • L’hiver, dégagez la neige et la glace sur votre perron et entrée et dispersez du sel ou du sable.
  • Faites-vous examiner les yeux régulièrement, car une mauvaise vue peut vous empêcher de voir les obstacles à terre.
  • Portez des souliers avec semelles antidérapantes.

Un ergothérapeute peut vous aider à adapter votre domicile pour mieux prévenir les chutes.

Nécrose avasculaire

Outre l’ostéoporose et l’ostéopénie, les personnes vivant avec le VIH sont plus à risque de développer une affection rare appelée nécrose avasculaire. Également appelée AVN ou ostéonécrose, la nécrose avasculaire est une maladie où la réduction du flux sanguin cause la mort des tissus osseux, le plus souvent à l’extrémité supérieure de l’os de la cuisse (fémur), soit la section faisant partie de la hanche. Les études suggèrent que les taux élevés de cholestérol et de triglycérides qui sont parfois attribuables à l’usage d’inhibiteurs de la protéase pourraient contribuer à ce genre de problème osseux.

Les facteurs suivants augmentent aussi le risque de nécrose avasculaire parce que chacun d’entre eux peut contribuer à réduire le flux sanguin vers les os :

  • usage à long terme de corticostéroïdes
  • consommation excessive d’alcool
  • tabagisme
  • blessures osseuses (telles les fractures)
  • infection osseuse
  • plongée sous-marine
  • certaines affections médicales tels le diabète, le lupus, la drépanocytose et la maladie d’Addison (maladie touchant les glandes surrénales qui provoque une production réduite de l’hormone stéroïdienne cortisol; on la traite habituellement avec de l’hydrocortisone à faible dose; même si l’on estime que la dose utilisée ne cause pas la nécrose avasculaire, elle pourrait avoir un effet semblable à celui de l’usage à long terme de corticostéroïdes).

La nécrose avasculaire touche le plus couramment la hanche, mais peut aussi apparaître dans l’épaule, le genou ou la main. Les symptômes précoces courants comprennent les suivants :

  • douleur dans l’articulation de la hanche ou l’aine pouvant irradier le long de la jambe vers le genou, causant parfois une douleur intense
  • raideur de la hanche, souvent la plus particulièrement ressentie le matin en se levant
  • douleur sourde occasionnelle, surtout après une longue marche ou une période prolongée en position debout
  • réduction de l’amplitude des mouvements

Si n’importe lequel de ces symptômes est présent, un examen physique exhaustif s’impose, suivi d’un examen IRM de l’os si cela convient.

Conseils pour vivre avec la nécrose avasculaire

Le traitement vise à corriger la cause de la nécrose avasculaire, si cela est possible. Le traitement peut inclure l’usage de médicaments pour éliminer les caillots sanguins ou encore la prescription d’anti-inflammatoires. Les analgésiques et la réduction des mouvements de l’articulation touchée peuvent aussi être utiles. Si la nécrose avasculaire est décelée tôt, il est parfois possible d’effectuer une intervention appelée décompression chirurgicale. Celle-ci consiste à percer de petits trous dans l’os afin d’accroître le flux sanguin et de faciliter la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins. Il n’existe toutefois aucun remède curatif connu contre la nécrose avasculaire. Si la maladie a trop progressé dans la hanche, il peut être nécessaire d’effectuer une greffe osseuse ou une arthroplastie de la hanche (remplacement de l’articulation). Les personnes séropositives préoccupées par la nécrose avasculaire pourraient trouver utile d’éviter les activités susceptibles d’accroître la pression sur l’articulation de la hanche, telles que certains exercices de musculation, les squats, le jogging sur du béton et le port de poids lourds sur les épaules.