Distribution de trousses d’autodépistage du VIH en ligne par un organisme communautaire de lutte contre le VIH dirigé par des pairs

Queensland, Australie
2021

Queensland Positive People (QPP), un organisme communautaire de lutte contre le VIH dirigé par des pairs, a hébergé sur son site Web une page sur laquelle les personnes intéressées pouvaient commander des trousses gratuites d’autodépistage du VIH et se les faire envoyer par la poste. Le programme était destiné aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) âgés de plus de 18 ans, mais était accessible à tous les adultes du Queensland. En tout, 927 trousses d’autodépistage du VIH ont été commandées par 794 personnes. La majorité des premières commandes provenaient de HARSAH (62 %) et de personnes ayant des relations sexuelles non protégées par un condom (50 %). Les principales raisons pour lesquelles les personnes ont opté pour l’autodépistage du VIH sont la commodité (79 %) et le fait de ne pas vouloir attendre pour connaître les résultats du test (44 %). Quarante-cinq pour cent des personnes ayant commandé une trousse d’autodépistage du VIH passaient le test pour la première fois.

Description du programme

QPP a hébergé sur son site Web une page d’inscription au programme d’autodépistage du VIH (parmi d’autres ressources en matière de lutte contre le VIH) où il était possible de commander des trousses d’autodépistage du VIH. La page Web affichait également des liens vers des sources d’information sur le dépistage et le traitement du VIH, ainsi que des liens vers des services d’orientation et de soutien destinés aux personnes ayant récemment reçu un diagnostic d’infection par le VIH.

Les méthodes utilisées pour faire la promotion des trousses de dépistage du VIH sont les suivantes :

  • publicité ciblée sur des applications destinées aux hommes gais (p. ex. Grindr, Squirt) et sur Facebook;
  • publicité dans la presse gaie et sur les sites Web des organismes de lutte contre le VIH et des associations de pairs;
  • promotion sur des sites de petites annonces non spécialement destinées aux hommes gais (p. ex. Craigslist);
  • promotion du site Web;
  • bouche-à-oreille.

Le programme a fait appel à des pairs facilitateurs pour coordonner la réception et l’expédition des trousses d’autodépistage du VIH, qui ont été envoyées par la poste dans un emballage discret. Il était possible de renouveler les commandes. En plus du test OraQuick ADVANCE HIV-1/2, la trousse d’autodépistage du VIH comprenait :

  • des instructions (texte et images) sur la marche à suivre pour effectuer le test et interpréter les résultats;
  • de l’information sur la prophylaxie pré-exposition et post-exposition, et sur les avantages d’effectuer régulièrement un test de dépistage;
  • de l’information visant à faciliter l’accès aux soins en cas de résultat positif (p. ex. coordonnées d’organismes offrant des services de soutien).

En plus de l’information préalable au test fournie avec la trousse, les personnes concernées pouvaient prendre directement contact avec un pair facilitateur pour obtenir de vive voix des explications préliminaires et des conseils concernant l’utilisation du test d’autodépistage du VIH. Trois formules d’information préalable au test étaient proposées :

  • envoi de la trousse d’autodépistage du VIH par la poste, sans information préalable de vive voix;
  • envoi de la trousse d’autodépistage du VIH après qu’un pair facilitateur a pris contact avec le participant;
  • envoi de la trousse d’autodépistage du VIH après que le participant a pris contact avec un pair facilitateur.

Les pairs facilitateurs ont reçu une formation portant sur divers sujets médicaux et sociaux liés au VIH (p. ex. transmission du VIH, stigmatisation liée au VIH), et concernant l’utilisation de la trousse d’autodépistage, la présentation d’information préalable et consécutive au test, et le suivi des personnes ayant obtenu un résultat positif.

Deux semaines après l’envoi du test, un pair facilitateur prenait contact avec les personnes qui en avaient commandé un pour savoir si elles l’avaient reçu, si elles l’avaient utilisé, si elles avaient eu des difficultés à effectuer le test, et quels en étaient les résultats, en leur donnant par ailleurs la possibilité de poser des questions. Si ces dernières indiquaient que les résultats du test étaient positifs, on leur facilitait l’accès à un test de confirmation de l’infection par le VIH, ainsi qu’à des soins anti-VIH. Elles pouvaient aussi être mises en relation avec le programme de navigation par les pairs de QPP, qui offre des services de soutien aux personnes ayant reçu un diagnostic d’infection par le VIH, ou obtenir une consultation le jour même auprès d’un prestataire de soins médicaux spécialisés.

Résultats

Entre décembre 2016 et avril 2018, 794 personnes ont commandé 927 trousses d’autodépistage du VIH, et 14 % d’entre elles en ont commandé deux ou plus. La majorité des personnes qui ont passé une première commande ont été recrutées par des recherches sur Internet (29 %), Facebook (29 %) et le bouche-à-oreille (24 %). La plupart des personnes qui ont commandé des trousses de dépistage du VIH étaient des HARSAH; 62 % des premières commandes et 79 % des commandes renouvelées ont été faites par des HARSAH. Une association significative a été établie entre le fait de s’identifier comme un HARSAH et le fait de commander plus d’une trousse d’autodépistage.

Parmi les 794 personnes qui ont passé leur première commande :

  • 95 % ne souhaitaient pas entrer en contact avec un pair facilitateur avant d’effectuer le test (c.-à-d. recevoir de vive voix des explications préalables et des conseils concernant l’utilisation de la trousse);
  • 45 % effectuaient un test de dépistage pour la première fois et 30 % ont déclaré que leur dernier test de dépistage du VIH remontait à plus d’un an;
  • 85 % étaient des hommes cisgenres;
  • 50 % ont déclaré avoir eu des relations sexuelles non protégées par un condom;
  • 38 % vivaient ailleurs que dans une grande ville.

Les raisons ayant motivé le choix d’un test d’autodépistage du VIH étaient les suivantes :

  • la commodité (79 %);
  • le fait de ne pas vouloir attendre pour connaître les résultats (44 %);
  • le fait de ne pas vouloir parler de sexe (33 %);
  • le fait de ne pas avoir le temps de faire un test ailleurs (29 %);
  • la peur de la stigmatisation (22 %);
  • l’insuffisance de l’offre locale en matière de dépistage (7 %).

La moitié (50 %) des participants ayant passé leur première commande ont invoqué les relations sexuelles non protégées par un condom comme raison de passer un test de dépistage du VIH. Quarante pour cent des personnes ont indiqué qu’elles effectuaient un test de dépistage du VIH parce qu’elles n’en avaient jamais passé un jusque-là, et 35 % des personnes ont indiqué que les tests faisaient partie de leurs pratiques de dépistage régulières. Cinquante et un pour cent des personnes ayant passé leur première commande ont indiqué qu’elles n’étaient pas disposées à payer pour obtenir une trousse d’autodépistage du VIH.

Des démarches de suivi après deux semaines ont été effectuées auprès des 794 personnes qui ont commandé une trousse de dépistage du VIH, et 52 % (428) des personnes qui ont commandé un test ont été effectivement contactées par un pair facilitateur. Au total, une personne a obtenu un résultat positif au test (0,1 %), 48 % des personnes ont obtenu un résultat négatif au test, 6 % n’ont pas utilisé le test, et 46 % des personnes n’ont pas pu être contactées, si bien que leurs résultats ont été classés comme inconnus. Sur les 190 personnes qui ont passé une première commande et répondu au questionnaire de suivi après le test, 21 % ont déclaré qu’elles n’auraient pas cherché à passer le test ailleurs si ce test d’autodépistage du VIH n’avait pas été disponible. La seule personne ayant obtenu un résultat positif avéré a été en mesure d’accéder elle-même à un test de confirmation de l’infection par le VIH sur la base de l’information contenue dans la trousse d’autodépistage, et de s’arrimer aux soins.

Qu’est-ce que cela signifie pour les prestataires de services?

Cette étude a permis de montrer que la mise à disposition de trousses d’autodépistage du VIH en ligne sur le site Web d’un organisme communautaire a rendu le dépistage du VIH plus accessible, en particulier pour les personnes qui ne passeraient pas le test autrement, puisque la majorité des personnes effectuant le test de dépistage le faisaient pour la première fois ou ne l’avaient pas fait au cours de l’année précédente. La distribution des trousses d’autodépistage du VIH par des moyens analogues au Canada pourrait contribuer à réduire le nombre de personnes atteintes d’une infection par le VIH non diagnostiquée. Cela dit, l’étude a également révélé que certaines personnes peuvent être réticentes à payer pour obtenir ces trousses et que des mécanismes de financement de la distribution sont nécessaires.

L’étude a également permis de montrer que l’autodépistage du VIH est un moyen pratique et acceptable d’atteindre une population cible de HARSAH, y compris ceux exposés au risque d’infection par le VIH. Cela peut s’expliquer par le fait que ce moyen permet de surmonter certains des obstacles habituels au dépistage, comme l’incommodité et les risques de stigmatisation et de discrimination. L’étude a par ailleurs montré que cette façon de faire a permis d’améliorer l’accès au dépistage pour les personnes vivant dans des zones rurales où les options de dépistage sont absentes.

Enfin, cette étude a permis d’établir que des mécanismes peuvent être mis en place pour résoudre certains problèmes liés au dépistage du VIH, tels que les conseils préalables au test, le soutien consécutif au test et la facilitation de l’accès au test de confirmation. Dans le cadre de cette étude, des modes opératoires ont été définis afin que les pairs facilitateurs puissent fournir aux personnes le soutien dont elles ont besoin avant et après le test. Ces mécanismes peuvent contribuer à garantir que les personnes concernées effectuent un test de confirmation de l’infection par le VIH et se voient faciliter l’accès aux soins et au soutien en cas de besoin.

Ressources connexes

L’autodépistage du VIH – feuillet d’information

Autodépistage du VIH : mise en pratique – webinaire

Autodépistage du VIH : Apprendre des modèles de programmes internationaux pour faire tester plus de gens

Référence

Bell SFE, Lemoire J, Debattista J et al. Online HIV self-testing (HIVST) dissemination by an Australian community peer HIV organisation: a scalable way to increase access to testing, particularly for suboptimal testers. International Journal of Environmental Research and Public Health. 2021;18:11252.