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États-Unis
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Le programme de traitement de l’hépatite C par télémédecine accompagnée par des pairs (TeleHCV) allie soutien par les pairs et télémédecine en vue d’améliorer le traitement de l’hépatite C. Un essai contrôlé à répartition aléatoire mené dans sept comtés ruraux de l’Oregon a permis de constater que les participant·e·s au programme TeleHCV étaient nettement plus susceptibles d’entamer un traitement et de guérir que ceux et celles qui avaient été orienté·e·s vers des prestataires locaux·ales avec le soutien de leurs pairs (le groupe témoin). Plus précisément, 85 % des participant·e·s au programme TeleHCV ont suivi un traitement et 66 % ont été guéri·e·s, contre 12 % et 16 %, respectivement, dans le groupe témoin1.

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Description du programme1,2

Le programme TeleHCV visait à joindre les personnes qui utilisent des drogues dans les zones rurales et isolées et à instaurer un traitement par télémédecine accompagnée par des pairs pour les personnes vivant avec l’hépatite C. Les personnes faisant usage de drogues (à savoir des personnes ayant déclaré s’être injecté des drogues ou avoir utilisé des opioïdes non prescrits dans les 90 jours précédents) ont été recrutées par des pairs dans sept comtés ruraux de l’Oregon connaissant des taux élevés d’hépatite C et de surdoses liées aux opioïdes. Les participant·e·s ont été recruté·e·s dans le cadre de programmes d’aiguilles et de seringues et dans des lieux de proximité (p. ex. parcs, campements, refuges), ainsi que par recommandation d’autres participant·e·s.

Le programme a fait appel à des pairs, désignés comme des spécialistes du soutien par les pairs (SSP), ayant un savoir expérientiel concernant l’utilisation de substances et qui ont aidé les participant·e·s à s’orienter dans les systèmes de santé ainsi qu’à affronter et à atténuer la stigmatisation. Les SSP ont procédé à une présélection et à un test rapide de dépistage des anticorps dirigés contre l’hépatite C, sauf si les participant·e·s déclaraient eux-mêmes ou elles-mêmes être atteint·e·s de l’hépatite C. Lorsque les participant·e·s obtenaient un résultat positif au test de dépistage des anticorps de l’hépatite C ou déclaraient être atteint·e·s de l’hépatite C, les pairs assumaient les tâches suivantes :

  • faciliter les évaluations préalables au traitement effectuées par les laboratoires locaux, notamment en assurant le transport des participant·e·s; 
  • défendre les intérêts des participant·e·s au sein des systèmes de santé;
  • aider les personnes à surmonter les difficultés liées aux analyses de sang, notamment celles qui ont déjà utilisé des drogues injectables;
  • communiquer les résultats des analyses de laboratoire aux participant·e·s.

Les participant·e·s chez qui la présence d’ARN a été détectée ont été affectés de manière aléatoire au groupe du programme TeleHCV ou au groupe témoin de l’étude. Les participant·e·s du groupe témoin ont reçu des soins habituels renforcés (SHR) : les pairs les ont orienté·e·s vers des prestataires de services de la localité, en facilitant la mise en relation avec d’autres intervenant·e·s locaux·ales, en fournissant une liste des prestataires locaux·ales de services de dépistage et de traitement de l’hépatite C, et en les orientant directement vers des employé·e·s d’organismes de soins de santé locaux. 

Dès que possible après leur affectation aléatoire au groupe d’étude, les participant·e·s au programme TeleHCV ont obtenu une première consultation par télémédecine et une évaluation concernant l’hépatite C auprès d’un·e clinicien·ne collaborateur·trice de l’étude (médecin, infirmier·ère praticien·ne, pharmacien·ne clinicien·ne), en vue de faciliter la prise de rendez-vous et, dans certains cas, l’instauration du traitement le jour même.

Dans le groupe du programme TeleHCV, les pairs ont accompagné les participant·e·s le long du parcours de dépistage et de traitement, notamment par les moyens suivants :

  • en les aidant à remplir les formulaires de souscription d’assurance;
  • en facilitant les consultations de télémédecine (p. ex. en fournissant les appareils de télécommunication);
  • en allant à la rencontre des participant·e·s en situation de logement précaire (p. ex. dans les parcs, les campements, les refuges);
  • en distribuant des médicaments et en veillant à ce qu’ils soient gardés en lieu sûr dans le cadre de programmes de seringues;
  • en favorisant par des suivis l’observance du traitement médicamenteux;
  • en fournissant des articles destinés à la réduction des méfaits; 
  • en arrimant les participant·e·s à un traitement du trouble lié à l’usage de substances (à la demande du ou de la participant·e);
  • en facilitant la réalisation de tests de laboratoire de suivi 12 semaines après la fin du traitement. 

L’équipe clinique du programme TeleHCV était composée de deux spécialistes en médecine interne, d’un·e adjoint·e au médecin, d’un·e pharmacien·ne clinicien·ne et d’une équipe de pairs formés. L’équipe clinique de TeleHCV proposait des rendez-vous à l’improviste le jour même, communiquait directement avec les pairs pour discuter des préoccupations des participant·e·s et effectuait des appels de suivi concernant l’observance du traitement médicamenteux après quatre semaines. Les pairs étaient équipés d’une tablette connectée à Internet pour faciliter les consultations de télémédecine si les participant·e·s ne disposaient pas d’un accès à Internet. Si des analyses supplémentaires étaient nécessaires aux fins de la prise de décision clinique, les pairs aidaient les participant·e·s à surmonter les obstacles dans le système de santé et planifiaient des consultations de suivi par télémédecine avec le prestataire de soins du programme TeleHCV.

Les médicaments ont été expédiés par la poste à l’adresse du domicile des participant·e·s ou à celle d’un organisme partenaire de la région (p. ex. des programmes d’aiguilles et de seringues). Le ou la pharmacien·ne clinicien·ne a joint les participant·e·s par téléphone ou par la télémédecine à la semaine 0 et à la semaine 4 pour confirmer qu’ils et elles avaient bien reçu leurs médicaments, vérifier la tolérance au traitement et évaluer l’observance.

Résultats1

Cette étude a consisté à comparer les taux de guérison de l’hépatite C parmi les participant·e·s du groupe du programme TeleHCV et ceux et celles du groupe des SHR. Entre juillet 2020 et décembre 2022, 774 personnes ont été sélectionnées en vue de leur participation à l’étude. Parmi ces personnes, 227 présentaient un ARN détectable, 221 étaient admissibles et 203 ont été affectées de manière aléatoire à un groupe d’étude. Le groupe du programme TeleHCV comptait 100 participant·e·s et le groupe des SHR, 103.

Dans les deux groupes :

  • L’âge moyen des participant·e·s était de 42 ans. 
  • En tout, 62 % des participant·e·s se sont identifié·e·s comme des hommes et 38 %, comme des femmes.
  • 88 % des participant·e·s se sont identifié·e·s comme des Blanc·he·s, 7 %, comme des Autochtones d’Amérique, 2 %, comme des personnes d’origines diverses, 1 %, comme des Noir·e·s et 2 %, d’une autre manière.
  • 70 % des participant·e·s ont déclaré avoir été sans domicile fixe au cours des six derniers mois.
  • 62 % des participant·e·s ont déclaré avoir utilisé des opioïdes non prescrits et illicites (52 % de l’héroïne, 33 % du fentanyl) au cours des 30 derniers jours et 88 % ont déclaré avoir pris de la méthamphétamine au moins une fois dans la même période.

Les sujets du groupe du programme TeleHCV étaient près de sept fois plus susceptibles d’entamer un traitement que ceux du groupe des SHR (85 % [85/100] dans le groupe TeleHCV contre 13 % [13/103] dans le groupe des SHR, ce qui représente une différence statistiquement significative). Les sujets du groupe TeleHCV étaient cinq fois plus susceptibles de suivre leur traitement jusqu’au bout, 46 % (46/100) ayant terminé le traitement contre 9 % (9/103) dans le groupe des SHR (une différence statistiquement significative). Parmi ceux qui ont entamé le traitement, les taux d’achèvement du traitement étaient comparables (54 % dans le groupe TeleHCV contre 69 % dans le groupe des SHR).

Les participant·e·s affecté·e·s au groupe TeleHCV étaient quatre fois plus susceptibles de guérir de l’hépatite C 12 semaines après la fin du traitement, 63 % (63/100) ayant guéri comparativement à 16 % (16/103) dans le groupe des SHR. Parmi les sujets qui ont entamé un traitement, les taux de guérison étaient comparables 12 semaines après le traitement, soit 74 % (63/85) dans le groupe TeleHCV et 77 % (10/13) dans le groupe des SHR. Les raisons les plus fréquentes pour lesquelles l’élimination virale n’a pas été obtenue, rapportées par 37 participant·e·s au programme TeleHCV, étaient l’abandon du traitement en cours ou la réinfection (59 %), la non-réalisation des analyses de laboratoire (27 %) et la non-utilisation de médicaments antiviraux à action directe (14 %). Il est intéressant de noter que parmi les personnes qui n’ont pas suivi leur traitement jusqu’au bout mais qui ont été guéries (27), 93 % ont indiqué qu’elles avaient observé le traitement à raison de 80 % au premier entretien de suivi. Les paramètres de l’étude n’ont pas permis de distinguer l’échec du traitement et la réinfection lorsque les taux de guérison ont été mesurés 12 semaines après la fin du traitement. 

Qu’est-ce que cela signifie pour les prestataires de services1?

Les résultats de cette étude mettent en relief la nécessité cruciale de mobiliser des personnes ayant un savoir expérientiel de l’utilisation de substances comme pairs dans la mise en œuvre d’interventions destinées aux personnes qui font usage de drogues, et devraient inciter les prestataires de services à envisager d’intégrer des modèles de télémédecine accompagnée par des pairs dans les programmes de traitement de l’hépatite C. Le recours à la télémédecine accompagnée par des pairs à bas seuil d’accès a permis de surmonter les obstacles associés au faible taux d’instauration d’un traitement parmi les personnes qui utilisent des drogues et qui vivent dans des zones rurales. 

S’agissant d’un modèle adaptable et applicable à la plupart des zones rurales, les programmes de télémédecine accompagnée par les pairs sont des interventions prometteuses en matière de dépistage et de traitement des personnes qui font usage de drogues et vivent avec l’hépatite C. Ce modèle constitue un nouvel outil très efficace pour les communautés rurales qui cherchent à éliminer l’hépatite C.

Ressources connexes

Déclaration de CATIE sur l’efficacité du traitement de l’hépatite C chez les personnes qui consomment des drogues – Déclaration de CATIE

Mettre à contribution les technicien·ne·s ambulancier·ère·s paramédicaux·ales communautaires dans le traitement de l’hépatite C dans les régions rurales et isolées – CATIE, Connectons nos programmes, Sommaire de données probantes

Réinfection par le virus de l’hépatite C : risques, réalités et réponses – CATIE, article, Point de mire sur la prévention 

Le traitement de l’hépatite C dans des programmes de réduction des méfaits pour les personnes qui consomment des drogues – CATIE, article, Point de mire sur la prévention 

Références

  1. Seaman A, Cook R, Leightling G et al. Peer-assisted telemedicine for hepatitis C in people who use drugs: A randomized controlled trial. Clinical Infectious Diseases. 2024, ciae520. https://doi.org/10.1093/cid/ciae520
  2. Herink M.C, Seaman A, Leichtling G et al.  A randomized controlled trial for a peer-facilitated telemedicine hepatitis C treatment intervention for people who use drugs in rural communities: study protocol for the “peer tele-HCV” study. Addiction Science & Clinical Practice. 2023;18:35. https://doi.org/10.1186/s13722-023-00384-z